Éditorial Nouvelle politique internationale : un Québec ASSEZ solidaire ? 2006-06-10 Par Daniel Allard La ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, y aura mis finalement presque deux ans. Mais le Québec a maintenant sa nouvelle Politique internationale. Essentiellement des bonnes nouvelles : crédits additionnels de 20 M$ sur trois ans ; augmentera des ressources à Los Angeles, Washington et Atlanta ; en Europe, le bureau du Québec à Munich deviendra une délégation générale et ses effectifs augmenteront, de même que les effectifs déployés à Berlin, et en Italie, les effectifs du bureau de Rome seront accrus mais ils devront aussi desservir le Maghreb ; en Asie, un bureau du Québec sera ouvert à Mumbaï (Bombay), en Inde, pour tirer davantage profit des occasions d'affaires ; les «effectifs économiques» augmenteront pour les mêmes raisons à Beijing (Pékin) et Shanghai, en Chine ; le Québec s'installera enfin au Brésil. Le Québec ouvrira, enfin, Un redéploiement des effectifs à l'étranger, par un ajout de 22 personnes aux 260 actuellement affectées à cette mission de représentation du Québec, aura paradoxalement comme résultat de voir s’effacer la présence officielle du Québec à Miami (transfert à Atlanta) et à Lima (fermeture). Dans ce dernier cas, il faut probablement comprendre qu’après un retour de plusieurs années dans son pays d’origine, mais au service du Québec, Manuel Delfin veut passer à autre chose. Mais le péruvien aura fait sa marque au MRI en réussissant, année après année, à littéralement grappiller son petit budget annuel d’antenne du Québec à Lima, de tout juste 40 000$ parfois en mettant à parti jusqu’à trois ministères différents, pour réaliser son rêve de bâtir des liens entre le Québec et le Pérou. Le dynamique et si aimable Manuel en aura aussi fait beaucoup pour Hydro-Québec. Merci Manuel et bonne continuation, avec ton épouse française qui n’a pas hésité à te suivre dans ton beau pays. Pour en revenir à la nouvelle politique, qui peut être contre les cinq objectifs visés ?
C’est dans la dose et les quantités d’efforts qu’il y aurait plus à dire ! Dans les moyens d’action, on parle de renforcer les capacités de recherche et d’innovation, d’attirer davantage d’immigrants qualifiés en les intégrant plus vite à la vie professionnelles et économique du Québec. Un Centre de gestion intégrée de l’information de sécurité comportant un important volet international sera mis sur pied au ministère de la Sécurité publique. Bref, que pour aider le Québec et les Québécois. Nous avons aussi Pourtant, toute proportion gardée, le Québec est une force économique parmi les plus riches du monde. Nous sommes dans le club des pays riches. Ce qui veut dire que sur la scène internationale, nous avons un « devoir de solidarité » ! En coopération internationale, la politique cible effectivement deux grandes priorités : la formation des ressources humaines et le développement des capacités de gouvernance. Mais on ne sent pas du tout que ce volet est une priorité importante... En 2008, pour la deuxième fois de son histoire, la ville de Québec recevra le Sommet de la Francophonie. Le quart des pays du monde, souvent parmi les plus pauvres, sont membres de l’OIF. Ils rêvent tous d’une plus grande coopération avec le Québec, pour faire, entre autres, changement d’avec la France. Peu de Québécois savent que 1% des profits des casinos alimente, depuis plusieurs années, un petit budget de coopération internationale. Des sommes qui vont souvent en secours d’urgence lors de catastrophes naturelles. Il aurait été intéressant de voir la nouvelle politique annoncer que le 1% passerait à 2%, voire 3% dans les prochaines années. Ou encore que les profits de la Société des alcools (SAQ) seront traités de la même façon. Si le jeu peut avoir un petit goût de solidarité internationale, les Québécois lèveraient aussi certainement avec plaisir et fierté leur verre pour la même cause (surtout qu’ils ont maintenant fini de fumer pour éliminer le déficit olympique)! Le Québec n’a pas assez les moyens de ses politiques à l’international et il faut changer la situation. J’ai déjà lu que nos si nombreux missionnaires à l’étranger, jusqu’aux années 1960-70, ont déjà fait en sorte que quelque chose comme 10% du PIB du Québec prenait la route des « pays pauvres » (les quêtes à la messe du dimanche constituaient aussi une formidable machine de solidarité internationale). La bonne réputation du Canada à l’étranger, encore aujourd’hui, n’est pas tombée du ciel ! Autre temps, autre mœurs ! Mais c’est encore le volet de la solidarité internationale qui permettrait le mieux au Québec de faire sa marque à lui dans le monde. Les casinos de Loto-Québec ont déjà fait le pas de - modestement - remplacer nos églises, ajoutons-y nos succursales de la SAQ et là, on parlera de moyens significatifs ! Pour, exemple, impliquer massivement la jeunesse québécois et financer des stages de solidarité-jeunesse, un peu comme les Peace Corp aux États-Unis. Non, il n’est pas trop tard pour rajouter ce glaçage sur le gâteau de votre nouvelle politique, madame la ministre !Daniel Allard est l'éditeur et rédacteur en chef. Plan d'action 2006-2009 La Politique en version intégrale Fait à Québec le 10 juin 2006. |
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