60 ans et des ventes de 60 M$ Julien vieillit très bien ! 2006-05-03 Par Daniel Allard (Photo en Une : Tous embauchés chez Julien en 1974, les quatre doyens Fernand Côté, Pierre Laplante, Raynald Linteau et Marc Poirier entourent leur patron, Gilles St-Pierre (au centre), montrant la montre qui a été remise en cadeau à chacun des 300 employés. Heureux hasard ! Julien Inc. fêtait le 12 avril ses 60 ans d’existence, avec autant de millions en chiffre d’affaires ! Mais cette logique ne tiendra pas la route des prochaines années. L’objectif est de rapidement doubler l’actuel chiffre d’affaires de 60 millions $. Pas question de se contenter de suivre les années ! Sa capacité de croissance a déjà été prouvée: l'entreprise qui générait 15 millions $ de chiffre d'affaires en 1995 fait maintenant quatre fois plus en 2006. La nouvelle division résidentielle, créée il y a trois ans, permet d'ailleurs tous les espoirs. Bien qu’elle ne représente que 10% du chiffre d'affaires actuel, on a bon espoir qu’il atteigne 25 à 30% d'ici 5 ans. En septembre 2004, Julien avait d’ailleurs annoncé une nouvelle entente de distribution avec Astracast, un des plus importants manufacturiers d'éviers de cuisine, qui est basée au Royaume-Uni et appartient au groupe Jacuzzi Brands Inc., un manufacturier et distributeur mondial de produits de marque dans le secteur de la salle de bain et de la plomberie et desservant les marchés résidentiel, commercial et institutionnel. Selon l'accord, les produits résidentiels Julien sont depuis offerts dans toute l'Union Européenne et la Fédération de Russie, au moyen d’un réseau de distribution existant. Sa toute jeune division résidentielle était donc déjà représentée dans 58 pays à la grandeur de l'Europe, incluant l'ex-URSS. Mais bien d’autres raisons militent en faveur d’un avenir prometteur pour cette entreprise québécoise qui se dit « (...) la seule entreprise au monde capable d'atteindre un niveau aussi élevé de perfection et d'innovation dans la transformation de l'acier inoxydable ». Il est vrai que depuis qu'elle a pris en 1993 un virage majeur avec le marché de la sous-traitance industrielle, le nom de Julien dépasse largement celui de la production d'équipements des cuisines professionnelles sur-mesure. Son plus grand marché est devenu celui des électroménagers ! Exemple: des pièces pour des réfrigérateurs.Julien occupe le 1er rang « Notre personnel est notre plus grande force », lance convaincu Gilles St-Pierre, pdg et aussi actionnaire principal de Julien Inc. Les appels étatiques a investir dans la formation et la modernisation ont été entendus depuis longtemps par la haute direction: « Nous faisons autour de 2,9 millions $ d’achats d’équipements et d'immobilisation par année et alors que le gouvernement recommande 1% en formation, ici, ce chiffre atteint 3% de notre masse salariale, qui est consacré dans la formation de notre personnel », se plaisait à rappeler M. St-Pierre, devant environ la moitié de ses 300 employés, lors du petit-déjeuner anniversaire tenu au siège social à Québec, le 28 avril dernier, et juste avant de saluer personnellement les quatre plus anciens employés toujours en poste... arrivés en 1974 ! Grâce à son excellent réseau de distribution, l’entreprise de Québec exporte aussi ses produits non seulement partout en Amérique du Nord, mais à l’échelle mondiale. UN CARNET DE RÉALISATIONS DANS TREIZE PAYS... Par le biais de ses divisions commerciale et de sous-traitance industrielle, Julien a jusqu’ici réalisé des projets dans 13 pays, pour des secteurs aussi variés que le transport, l'électronique, l'agroalimentaire, l'électroménager et les domaines médical et alimentaire. Et un nouveau marché étranger, où Julien a réussi à percer récemment, le Mexique, « (...) où on réalise actuellement plusieurs contrats », s'est contenté d'expliquer son pdg, fera bientôt passer cette liste à 14 pays. Mais l’essentiel de la production prend encore la route des États-Unis. Et si les États-Unis sont encore de très loin le premier marché d'importance pour cette entreprise qui exporte 70% de son chiffre d'affaires (en 2005 seulement 1% fut exporté ailleurs qu’aux USA), Gilles St-Pierre avoue ne pas s'occuper vraiment de la concurrence: « Pour nous, c'est plus court d'aller à Boston qu'à Toronto », image-t-il. Et au surplus: « (...) Là-bas, des compagnies de notre grosseur, il y en a très peu », explique-t-il, en disant qu’il ne retrouve aux USA que des plus petits que lui, généralement des petits entrepreneurs. Le chanceux, va ! Effectivement, une recherche sur Internet nous a fait découvrir le site www.stainless-steel.us . On y trouve les noms de 33 compagnies, dont seulement quatre à l’ouest de Houston ; aucune avec un grand rayonnement. Étrangement, comme si elle avait elle-même engendré son propre émule dans sa propre cour, la vénérable compagnie Julien retrouve son principal concurrent ici même, à Québec: « La compétition a la stratégie de nous suive et de nous copier de deux à trois ans derrière nous », lance d’abord un Gilles St-Pierre qui avoue incidemment ne pas trop vouloir donner de détails. Il acceptera plus tard dans l’entrevue de nous dire que ce fameux concurrent est Sani Métal, qui effectivement s'est mis à faire de la sous-traitance dans le domaine résidentiel depuis quelques années. (Le siège social de SML Groupe Acier Inoxydable est aussi situé à Québec. Forte de ses 40 années d’expérience en pièces et assemblages, SML se dit d’ailleurs: « Le numéro un de la fabrication sur mesure de Cuisines commerciales et industrielles au Canada. ») Le grand patron de Julien n’a pas caché non plus sa stratégie contre une autre forme de concurrence, en affirmant sans gêne qu’il choisit ses visiteurs: « Oui, nous refusons les demandes de visite des Chinois. Nous n'avons rien à apprendre d’eux ». L’entreprise accueille tout de même des stagiaires en management du Pérou. Il a aussi mentionné que son équipe travaille au développement d'un nouveau plan d'affaires. Pour renforcer les approvisionnements, il a récemment fait l'acquisition d'une ébénisterie de Québec d’une quarantaine d'employés: Améco. En nous montrant le « monstre », encore en rodage dans une section isolée de l'usine, il explique qu’il aura fallu deux ans pour procéder à l'acquisition et l’implantation d'un robot de polissage, une technologie italienne. Ce qui révèle des stratégies de plus en plus tournées vers la robotisation ; tendance qui par ailleurs ne l’empêche nullement de se vanter d’une excellente relation avec le syndicat d’une entreprise qui gère une convention collective depuis 1963. « Ce qui compte le plus pour nous, c'est la qualité de notre main-d’œuvre », répètera-t-il à plusieurs reprises. Image en main, visiblement orienté croissance, il nous explique également que les plans pour agrandir les usines sont prêts (bien qu’il n'y ait aucune date d'arrêtée), afin de réunir enfin le bâtiment du 935 à celui du 955 de la rue Lachance, où l’entreprise est implantée depuis plusieurs décennies. Il a également échangé sur ses récentes contraintes au niveau de l’importation de sa matière première: « Julien achète en moyenne 20 000 feuilles d’acier inoxydable par mois. Jusqu'à il y a trois ans, je pouvais encore en acheter chez Atlas, une compagnie de Sorel. Mais elle a fait faillite et restait le seul fournisseur disponible au Canada. Dorénavant, je m’approvisionne soit aux États-Unis, soit en Europe », selon les aléas du marché.
Ce fameux acier inoxydable, relativement rare, puisqu’il s'en produit environ « (...)vingt fois moins que de l'acier, (...)alors que son prix est de quatre à cinq fois supérieure », nous explique-t-il encore, très généreux de son temps. L’inox, ce merveilleux mélange d'acier avec du nickel, du chrome et du molybdène, produisant ce matériau idéal, qui ne rouille pas, ne se souille pas, se nettoie facilement, etc. C’est même un produit « vert », selon l’expression du pdg, qui permet à sa compagnie de fabriquer des éviers faits à 90% d’acier inoxydable recyclé. « Serons-nous encore là dans 60 ans? Pourquoi pas ! », répond tout de go Gilles St-Pierre. « (...)Dans notre milieu, le financement n'est pas problématique. (...) La limitation est plus dans le capital humain. Il nous est parfois difficile de trouver des employés qui partagent nos valeurs (respect du client, respect des employés, en donner au client pour plus que son argent...). » Cherchant des employés modèles, pas surprenant que le pdg avoue faire face « à un sérieux problème de main-d'œuvre ». Un contexte qui se généralise de plus en plus dans la région de Québec et qui le pousse à penser fortement utiliser la voie de l’immigration pour trouver ses employés du futur. JULIEN... UN NOM BÂTIT PENDANT 60 ANS ! Au début des années 80, Julien est présente partout au Québec. On décide de se lancer à la conquête de nouveaux marchés géographiques. Ce sera abord l'Ontario, puis les Maritimes, avec la création d'une filiale via l’acquisition de Jessom Food Equipment Ltd., une compagnie de Darmouth, en Nouvelle-Écosse. En 1983, débute le développement des marchés d'outre-mer. L'année suivante, l'acquisition de la filiale Condon Barr Food Equipment Ltd., en Alberta, ouvre grandes les portes de l'Ouest canadien. Chargées de la distribution de certaines gammes de produits d'acier inoxydable spécifiques, les deux filiales ont pour mission de répondre efficacement à la demande sans cesse croissante des provinces canadiennes. En 1987, l'entreprise passe aux mains de Berthier Chénard. Mais quelques années plus tard, en 1995, Gilles St-Pierre et six autres cadres de l'entreprise en font l'acquisition et mettent l'accent sur le développement de son secteur d'activité et de ses marchés. Ils gèrent alors un chiffre d’affaires de 15 M$. Originaire de Québec, gradué de l'Université Laval en 1976, le pdg St-Pierre maîtrise très bien le monde des métaux pour avoir aussi travaillé chez Alcan pendant dix ans, à Arvida, avant de joindre les rangs de Julien. En 1998, il change la raison sociale pour devenir tout simplement Julien Inc. L'année suivante, le chiffre d'affaires atteint 36 M$. Il grimpe à 45 M$ en 2000. Devenue chef de file de l'industrie en Amérique du Nord, l’entreprise compte aujourd'hui parmi ses clients des noms réputées comme Prévost Car, Electrolux, General Electric Appliances, Whirlpool/Inglis et Cisco. Avec la force de ses 300 employés et un chiffre d’affaires de 60 millions $, Julien n’hésite pas à innover et l’a encore prouvé en s’associant à un designer de la Californie pour préparer son arrivée dans un nouveau marché pour elle: les suites de salle de bain. Pour septembre 2006, Julien prévoit effectivement lancer sa première collection salle de bain Julien SUITE Troy Adams Design. Oui, tout laisse croire que Julien vieillit très bien! Fait à Québec le 3 mai 2006. |
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