Avec Coast2Coast-fx Studio Virtuel Concept consolide l'axe Vancouver-Québec; les producteurs cinéma 3D d'Amérique en entendront parler ! 2006-04-19 Par Daniel Allard (Crédit photo en Une et à gauche: scène du film Dinosaurs 3D, produit par Sky High Entertainment, conçue à Québec par SVC.) Sa journée de travail avait commencé à 5 h 30, le matin de notre entrevue ; vendredi saint ! C'est qu'il vit à l'heure de ses dinosaures. Ce qui veut dire très vite. Tout doit être prêt pour la sortie du film sur les écrans IMAX, prévue en décembre 2006. Dinosaures ! Oui, les fameuses créatures vont encore une fois être la source du succès dans le monde du divertissement. Pour l'entreprise de Québec Studio Virtuel Concept, spécialisée dans les nouveaux médias et qui roule sa bosse depuis plus de dix ans, il ne s'agira pas d'une consécration, mais Dinosaurs 3D devrait permette de véritablement les lancer sur ce marché spécialisé et prometteur. « Un premier film sur les dinosaures a été fait pour IMAX en 1997. Mais T-REX n'avait que 2 minutes d'animation, au total. Dans notre film, qui durera quarante minutes au total, il y aura 22 minutes d'animation, 22 minutes qui ont été complètement confiées à SVC », expose clairement son président, Mario Couturier, dans son bureau tamisé du Centre de services du Parc technologique du Québec métropolitain, en nous montrant les deux séquences déjà réalisées. Et ce n'est pas tout: « Un deuxième film va suivre bientôt ! », nous annonce-t-il. Donc des mois et des nuits de travail en perspective. « Là, nous développons une expertise en IMAX stéréoscopique, ainsi que dans le main frame stéréoscopique, de telle sorte que notre chiffre d’affaires dans le multimédia va devenir secondaire », prévoit-il. Il faut savoir que la compagnie, en faite, ne se spécialise en effets spéciaux sur IMAX que depuis 2003. « Nous avons la même expertise que les grosses boîtes américaines, mais moins chère en main-d’oeuvre et avec un dollar canadien qui est à notre avantage », avance-t-il pour expliquer son succès. Mais ce n’est pas si simple, ou si facile, de percer dans ce monde de contacts. SVC avait précédemment fait des scènes pour le film Vikings – « qui sera lancé en salle à Québec bientôt », prévient-il – pour le même producteur (Sky High Entertainment). Ce film IMAX avait donc été leur premier pas dans cet univers. « Viking était surtout en deux dimensions (2D) et un peu en trois dimensions (3D). Nous avions mis la main sur ce mandat grâce à notre contrat avec la firme Technicolor de Québec, qui nous avait recommandée ». Merci à ce bon contact ! Maintenant, ils ont la chance d’être dans le réseau... L’homme d’affaires prend acte de la chance qui lui sourit et n’en reste pas là. Il a réorganisé toute sa stratégie d’affaires pour profiter de la conjoncture qui s'annonce. « Le 3D s'en vient également dans les salles standards grand public. (...) Dans les cinq prochaines années, on devrait voir se généraliser l'usage des lunettes permettant le trois dimensions dans presque toutes les salles grand public », prévoit-il. Et le monde de la production cinématographique grand public est encore plus un monde de contacts. ALLIANCE STRATÉGIQUE QUÉBEC-VANCOUVER Car ils se partageront ainsi chacun leur côté des Amériques, jamais à la merci des fuseaux horaires. « À Québec, nous sommes à une heure d’avion de New York et des gros producteurs de la côte atlantique, et à Vancouver, il ne faut que trois heures à Martin pour être à Los Angeles. » « Martin L’Heureux m’avait d’abord téléphoné en 1994. C’est moi qui l’ai recontacté, à l’automne 2004, parce que je recherchais un producteur. Son entreprise s’implique maintenant dans le projet dinosaures. (...) Martin est un gars originaire de Charlesbourg (...) il avait dû fuir la région de Québec, en 1994, pour pouvoir réaliser ses rêves. C’est à Vancouver que je l’ai retrouvé », raconte Mario Couturier. (Sur la côte ouest, Martin L’Heureux a travaillé pour Industrial Light and Magic comme Sequence Animation Supervisor. Il a entre autres mis son talent au crédit des films Men in Black 2, Star Wars: The Phantom Menace et Small Soldiers. Il a été honoré d’un Clio award, AICP/Moma Award et d’un Anicomm Award. Sa réputation à Hollywood compte autant pour son style que son souci du détail.) Un succès Mais en 1994, les Mario Couturier et compères avaient plus d’attention pour les suites à donner à leur implication dans la démarche entrepreneuriale qu’ils avaient entamée à titre d’étudiants. Douze ans plus tard, il fait effectivement bon de rappeler qu’Entrepreneuriat Laval a incubé avec succès le projet «Studio Virtuel Concept», alors développé par six étudiants de l’Université Laval. « L'idée du Studio Virtuel Concept inc. a enfin vu le jour. Elle a même valu à ses concepteurs d'être déclarés gagnants du Défi Bell au premier gala d'Entrepreneuriat Laval, le 12 octobre dernier (1994), et de bénéficier, par la suite, de l'assistance technique et professionnelle de Bell Québec. Plus encore, ils ont également mérité ce soir-là une bourse de 5 000 $ attachée au troisième prix du Concours «De l'idée au projet». (...) Maintenant que leur entreprise a pignon sur rue au 840, rue Sainte-Thérèse, à Québec, ces jeunes entrepreneurs sont conscients qu'ils doivent une fière chandelle à Entrepreneuriat Laval », écrivait-on alors (Fil des événements, mars 1995). C'est en fréquentant Entrepreneuriat Laval – qui existe toujours - qu'ils ont en effet pu profiter pleinement, entre autres, du réseau de relations, que l'organisme voué au développement de l'esprit entrepreneurial à l'Université Laval a réussi à tisser. Jean-François, Patrick et Richard Bergeron, Martin Boudreault, Mario Couturier et François Gingras, des étudiants de relations industrielles, communication, génie électrique et mécanique (Université Laval), design industriel et graphisme (Cégep de Sainte-Foy), avaient non seulement un projet en tête, mais ils ont eu un jour la bonne idée d'entrouvrir la porte d’Entrepreneuriat Laval. Une initiative qu’ils ne regrettent certainement pas : Patrick Bergeron, maintenant le directeur R&D, Richard Bergeron, le directeur artistique, et Mario Couturier, le président, vivent leurs passions toujours à la tête de cette entreprise. Toujours impliqués, les 6 fondateurs voient maintenant leur avenir prendre le mode expansion : « Avec Coast2Coast-fx, nous visons une compagnie d’environ cent employés, 45 à 50 à Québec et autant à Vancouver. De 20 que nous sommes actuellement, nous passerons très prochainement à 28, avec 7 nouveaux employés à Québec est un de plus à Vancouver », explique Mario Couturier, en ce 14 avril 2006. « Nous avons un problème de ressources humaines très, très aigue. Il y a, par exemple, une pénurie mondiale de compositeur... Les jeunes, ils sortent des écoles prêts... à apprendre le métier ! On doit donc les former à l’interne. Mais au fond, c’est un peu normal, les logiciels évoluent à un rythme fou braque », poursuit l’homme dans la trentaine qui semble très à l'aise, bien qu’il soit loin d'être un expert en informatique. « Moi, je suis diplômé en gestion des ressources humaines. Ma tâche est de faire en sorte que les gens soient heureux de travailler pour nous », précise-t-il, amusé autant que sérieux, au nom des quatre fondateurs principaux, dont il fait partie, qui en 1994 unirent leurs destinés et qui sont toujours ensemble dans la belle aventure de Studio Virtuel Concept. UN AVENIR QUI DEVRA COMPOSER AVEC L’INDE ! Mario Couturier n’affiche d’ailleurs pas grand stress devant le défi de convaincre des producteurs, de New York ou de Los Angeles, de lui confier des contrats. Il a actuellement largement de quoi faire pour 18 à 24 mois. « Nous avons le temps de voir venir », nous a-t-il dit en souriant. Mais son regard n’oublie pas de regarder bien au-delà, dès à présent : « (...)La concurrence, tantôt, viendra de l’Inde. La compagnie Disney a déjà commencé à délocaliser dans ce pays. À 400 $ par mois pour un chef animateur, c’est dur de rivaliser avec le salaire de 200 000 $US qu'il faut accorder aux États-Unis. Nous avons cinq à six ans encore, avant que cela nous rentre dedans, car il y a d’énormes difficultés de gestion des fuseaux horaires », confie-t-il de ce qu’il sait de l’expérience de Disney. D’ici là : « La concurrence, sur Montréal, qui pourrait nous toucher, déborde de travail, actuellement ! » Un peu sur le même registre, il explique que la crise en main-d'oeuvre qualifiée oblige à offrir des salaires plus élevés. « La conséquence, malheureusement, c’est que nous ne pourrons plus travailler sur de petits projets. » Ce, même si l’avantage de Québec : « (...)c’est les coûts de main-d'oeuvre et les talents locaux : trois de nos jeunes recrues sont d’ici, du Collège Bart ». Au moins, dans ce monde à part qu’est celui du cinéma, il est plutôt rare de vivre des problèmes de financement. Le financement est généralement au rendez-vous, tant qu’ils ont bien négocié leurs contrats en conséquence ! SVC jouera donc sa carte cinéma tant qu’elle lui portera chance. Sinon, les plans B ne sont pas très loin derrière, car malgré les aléas des livrables en cours, le patron nous a confié qu’il allait « (...)revenir au e-learning fort, éventuellement ». Pour l’instant, il est nettement plus intéressant de savourer la notoriété qui monte, comme en fait foi la reproduction de cette lettre (ci-bas), reçue en janvier par SVC, fièrement exposée dans le site Internet de l’entreprise. Pourquoi pas !
Fait à Québec le 17 avril 2006. |
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