Zoom 1997-2007 Droits et Démocratie prépare le terrain à une future convention internationale 2006-04-19 Par Daniel Allard Pourquoi associer la question des investissements à l'étranger avec celle du respect des droits humains ? Et pourquoi souhaiter y impliquer les autorités publiques ? Il y a environ huit ans, une étude portant sur les 100 plus grandes compagnies canadiennes avait révélé que seulement 6% d'entre elles avaient un code de conduite avec référence aux standards internationaux face au respect des droits humains. Un colloque sur le sujet, en 1996, avec le Conseil canadien des chefs d'entreprise, avait été ensuite un pas dans la bonne direction. Mais il fut difficile d'aller plus loin. « Les règles actuelles, par exemple le code de l'OCDE, sont inadéquates au sujet des droits humains, principalement parce qu?elles sont volontaires », explique Diana Bronson, coordonnatrice du programme Mondialisation et Droits de la personne de Droits et Démocratie. Elle, a voulu aller plus loin ! Et c?est tout le poids d?un organisme crédible, internationalement connu, qu?elle a lancé dans cette cause. Madame Bronson est donc à l?origine de l?initiative de Droits et Démocratie portant sur les études d?impact sur les droits humains. Un projet échelonné sur trois ans visant à améliorer la capacité des organisations de la société civile à évaluer les impacts des investissements étrangers sur les droits humains. Son but est de mettre au point un modèle d'évaluation d'impact sur les droits humains (EIDH) à l'intention des décideurs et des collectivités, afin de responsabiliser les acteurs concernés et d'éviter que les investissements et le financement de projets n'aient pas d'effets contraires aux normes internationales des droits humains.
Très souvent, les populations locales directement touchées par les projets d'investissements sont mal informées, n'ont pas accès aux instances décisionnelles et connaissent très mal leurs propres droits fondamentaux. Les ONG ou les collectivités touchées par de grands projets d'investissement controversés sont mal outillées pour défendre leurs intérêts face aux entreprises, aux décideurs gouvernementaux et aux commanditaires internationaux, ou pour négocier avec ces acteurs. Ce projet vise à corriger cette inégalité de pouvoir en mettant au point un outil à l'intention des personnes désireuses de protéger les droits humains. Il développera une méthodologie pour les décideurs et les communautés intéressés à améliorer la responsabilité financière des entreprises et à assurer que les investissements et le financement de projets n'entrent pas en conflit avec les lois et normes internationales régissant les droits humains. L?outil s'adresse d'abord et avant tout aux groupes de la société civile, mais ils sont plusieurs à espérer qu'il saura aussi intéresser les acteurs gouvernementaux et le secteur privé. Questionnée à savoir pourquoi on ne remarque pas la présence de représentants des chambres de commerce dans l'initiative qu'elle coordonne, Diane Bronson répond d?ailleurs avec un brin de déception: « Ce n'est pas parce que je n'ai pas essayé ! » CINQ ÉTUDES DE CAS VALIDERONT LE GUIDE En fait, outre la publication du Guide, on publiera également les études de cas et les leçons apprises. Mais avant, il reste beaucoup de travail à faire. Déjà, l?ébauche d?une méthodologie a été développé. Elle est basée sur les Normes des Nations Unies sur la responsabilité des sociétés transnationales. C?est cette méthodologie - un document préliminaire qui fait actuellement 80 pages - qui est présentement testé dans le cadre de 5 études de cas. Ces cinq études de cas formeront la base du projet innovateur d'Évaluation d'impacts des droits humains de Droits et Démocratie. Les cinq cas, qui ont été sélectionnés parmi 40 soumissions émanant de différentes organisations à travers le monde, reçues en réponse à une demande de propositions lancée au début de 2004, sont :
Il est d?ailleurs tout à fait fascinant d?apprendre que chacune des cinq études de cas dispose d?un budget de 20 000 $, pour ce qu?en gère la coordonnatrice! C?est dire toute la volonté et l?investissement en temps qu?apportent les organisations partenaires sur le terrain. En chef d?orchestre, Diana Bronson surveille et guide tout son monde, pour s?assurer d?un travail de qualité. « Il y a déjà une des études qui en est à la rédaction de son rapport », nous confiait-elle, en entrevue, début avril 2006. L?ONU AVANCE AUSSI SUR LA MÊME PISTE Bref, c?est un sujet qui ne peut pas rester dans l?ombre. Et les Nations Unis sont certainement à un niveau d?intervention pertinent. Pourquoi
|
Depuis le 14 février 1999 est en vigueur au Canada la Loi concernant la corruption d'agents publics étrangers et la mise en oeuvre de la Convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales, et modifiant d'autres lois en conséquence. Le Parlement du Canada a voulu ainsi transformer en droit national la convention de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Le Canada avait signé le traité en décembre 1997 et rapidement soumis sa loi pour sanction, un an plus tard. En vertu de cette loi, il est interdit de donner ou même d'offrir à un agent public étranger une récompense ou un avantage en contrepartie d'un acte pour obtenir un avantage dans le cours des affaires. |
L?EXEMPLE DU CONGO
Reprenons la question de fonds : pourquoi associer la question des investissements à l?étranger avec celle du respect des droits humains et pourquoi y impliquer les gouvernements? L?industrie minière regorge d?exemples de situations qui n?ont rien d?honorables. Il demeure plutôt facile pour des entreprises d?exploration d?arriver de nul part, de bouleverser un tissu social local, à la recherche d?or, de diamant, d?argent, etc. au nom de l?espoir d?un meilleur développement, de ne rien trouver, et de repartir ni vu ni connu ! Parfois des projets conduisent à la catastrophe. Et quand les affaires tournent mal, c?est souvent vers son gouvernement qu?une entreprise étrangère se retourne pour tenter de gérer la crise.
Pays en pleine transition, après un cruel cycle de guerres, le cas de la République démocratique du Congo (RDC) a justement fait l?objet d?un colloque international organisé à Montréal par le Groupe de recherche sur les activités minières en Afrique (GRAMA). Le thème : "Gouvernance et secteur minier : le défi congolais", aura attiré une bonne centaine de personnes, le 31 mars 2006, à l'auditorium de la Bibliothèque nationale du Québec.
Bien des gens dans la salle en savaient bien plus que la moyenne des Québécois sur l?histoire du « massacre de Kilwa d'octobre 2004 », qui tourmente encore les dirigeants de la compagnie canado-australienne Anvil Mining ( www.anvil.com.au/PDF/NGO%20Documents/B10%20-%20News%20Release-%20Anvil%20Confirms%20That%20Allegations%20Are%20Unfounded%20August%2023,%202005.pdf ) Et tapez « Bulyanhulu » sur votre moteur de recherche Internet préféré. Cette mystérieuse et troublante affaire, en Tanzanie, en juillet 1996, concernant la mort de pas moins de 52 mineurs, hante aussi une autre compagnie minière canadienne propriétaire du site dont il vaut encore mieux tenir dans l?ombre le nom.Ce colloque du GRAMA n?était pas une première. « Il y a deux ans, aucune compagnie privée n?a voulu venir à notre colloque », nous a avoué sa représentante. Mais les temps changent et cette année les trois premières compagnies contactées ont toutes accepté l?invitation. Ainsi, des représentants de SNC-Lavalin, Banro Corporation et Phelps Dodge étaient de la programmation du 30 et 31 mars 2006.
Évidemment, la RDC n?est pas encore un jardin de roses. « Avec autant de richesses naturelles, si le Congo allait bien, son économie serait tirée par la Chine comme c'est le cas au Canada actuellement », a fait remarquer avec justesse, dans sa synthèse de clôture du colloque, la journaliste Madelaine Drohan. « Ce qui existe, c'est un secteur minier encore très disfonctionnel, une crise de leadership et une corruption active », a-t-elle ajouté. Mais ce pays vivra tout de même ses premières élections démocratiques en 46 ans quelque part en juin-juillet 2006. Et le 18 décembre 2005, un référendum historique a largement validé la nouvelle constitution, avec 84% de oui
Autre raison pour inspirer la confiance, depuis 2001 la Banque mondiale a recommencé à s'engager dans ce pays qu'elle avait quitté en 1990. Plus de 2 milliards $US en investissement. Son approche : le secteur minier offre les meilleures perspectives pour y faire croître l'économie et baisser la pauvreté.
Une confiance encore corroborée par Chuck Rising, le directeur des ressources humaines en Afrique de Phelps Dodge, une vénérable compagnie fondée en 1834 à Phoenix (Arizona) et pour qui l'exploitation du cuivre n'a plus beaucoup de secrets. Sur un ton assuré, il a partagé ainsi sa tactique d'affaires en RDC : « Avoir comme état d'esprit de participer à un moment historique de ce pays » !
Juste avant lui, Martin Jones, v-p développement des affaires pour la compagnie d?exploration canadienne Banro Corporation, avait expliqué qu?il fonde beaucoup d'espoir sur le nouveau code minier en vigueur depuis juin 2003 en RDC, un code qui serait « le meilleur d'Afrique », selon lui! Banro (TSX: BAA) est de retour en République démocratique du Congo depuis novembre 2004, après avoir récupéré des terres qu?elle avait précédemment achetées en 1995 et que l?état de guerre lui avait confisquées.
Ce qui est tout à l?honneur des organisateurs du colloque, d?autres conférenciers étaient à la même table pour partager un autre point de vue : « Le secteur minier est encore une arme politique où la mafia et la corruption rodent », a prévenu l?évêque de diocèse de Kilwa-Kasenga, monseigneur Fulgence Muteba. « Il y a encore un ??Club des investisseurs patriarches?? (...) deux investisseurs canadiens et un d'Afrique du Sud ont subi le sort des balles, en 2003, pour n'avoir pas respecté le code de ce club », a-t-il aussi rapporté, nous avouant par la suite en entrevue ne vouloir rien cacher pour sciemment maintenir la pression sur le monde des gens d?affaires, afin que les choses puissent continuer de s?améliorer dans son pays.
Bref, ce coeur de l'Afrique - c?est finalement de ce dont il était question ici, car on parle de onze pays - que tente d?ailleurs de rapprocher le processus de La conférence internationale sur la région des Grands Lacs, n?est certainement pas encore sans risque pour y brasser des affaires. Mais l?ambassadrice du Canada pour la région des Grands Lacs, Anne Leahy, aussi conférencière, a expliqué que l?initiative de la conférence, qui lutte à sa manière contre l?exploitation illégale des ressources naturelles dans l?ensemble des pays de la zone, attend justement les résultats des élections de juillet en République démocratique du Congo avant de conclure ses travaux.
Globalement, on peut donc retenir qu?il y a là un contexte d?embellie qui mérite sûrement l?attention de tous les gens d?affaires avertis.
Fait à Québec le 19 avril 2006.
Fondé en 1997 35 000 lecteurs Rubriques Éditorial Comment Québec peut parier sur la Chine? L'EAU c'est la vie! 1ère Symphonie Grands Lacs/St-Laurent, Québec, juin 2012 Trouvez le monde... Que faire et ne pas faire dans certains pays? Géopolitique mondiale Diploweb Système d'info mondial pour le dév. durable www.mediaterre.org Le Convertisseur de devise Équivalent en $CAN d'une monnaie étrangère Créez votre "Délégué commercial virtuel" Haute Finance/Québec? Survivre à Londres Profils d'entreprises technologiques (PTQM) Industries Rocand, OpenPole, PESCA Environnement, ForwardSim, MCG3D, Immanence, Explora, IC2, Studio Virtuel Concept, dö networks Entrevues exclusives Plus de 30 rencontres Mot des délégations du Québec REPEX / ExportPro.org François Breault nommé V-P Exécutif |