Zoom 1997-2007 Le maire de Montréal croit aux ''Objectifs du millénaire de l'ONU'' et lance les villes en relève 2006-04-11 Par Daniel Allard « Il ne s'agit pas de se substituer à l'action (...) des gouvernements. Ce n'est pas notre rôle. Ce qui nous appartient cependant, c'est le partage de nos valeurs, de notre crédibilité, de notre expertise. » Si les États semblent avoir oublié les objectifs du millénaire des Nations Unies, lui, non ! Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, en aura probablement surpris plusieurs en tenant un discours très orienté sur la solidarité internationale, devant la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), à titre de conférencier invité, le 6 avril 2006, sous le thème: « Agir pour Montréal sur la scène internationale ». Après avoir rappelé ce que Montréal représente déjà en tant qu?acteur important sur la scène internationale (siège de 90 consulats et délégations étrangères, de plus de 60 organismes internationaux majeurs, etc.) il s?est présenté comme un leader à la défense des grandes villes des pays en développement : « Dans cette ère de mondialisation, dans ce moment particulier de notre histoire où les besoins des uns heurtent de plein fouet les acquis des autres, il est grandement temps que des villes prospères partagent savoir et expertise.... Nous ne pouvons plus, ne devons plus, nous contenter d?agir uniquement dans des situations de crise, quand la détresse se fait insupportable. Nous ne pouvons plus attendre un tsunami ou un autre cataclysme pour aider les villes en voie de développement à restructurer leurs infrastructures, combattre la maladie ou mettre en place un partenariat mondial pour le développement. » « Nous devons, nous villes prospères, Il a expliqué que depuis sa réélection, il s'est d'ailleurs rendu à Washington pour rencontrer le président de la Banque mondiale, pour lui demander de créer un fonds pour les villes et qu?il faut avoir des jumelages pour permettre aux villes riches d?appuyer les villes plus pauvres : « Nous avons rencontré récemment à Washington la Banque mondiale pour convaincre sa direction que nous étions prêts à appuyer des villes en développement au niveau de l?urbanisme, de l?aménagement du territoire, des infrastructures, du transport, de l?environnement et du développement économique. Nous lui avons demandé d?investir dans ces villes où la croissance démographique est importante et les problèmes de plus en plus prévisibles. » Il faut rappelé qu?effectivement, en février dernier, à Washington, Gérald Tremblay a été élu vice-président pour l?Amérique du Nord de Cités et Gouvernements locaux unis, la nouvelle association internationale de villes qui assurera l?interface avec l?ONU et les institutions financières internationales comme la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de financement et aussi l?ACDI. Pour lui, l?objectif poursuivi est d?assurer la place de Montréal au sein de ces réseaux de villes, « (...) pas seulement pour la renommée ou le prestige mais parce que, de plus en plus, c?est là que se dessine le nouveau visage de la planète ». « C?est à travers les grandes institutions internationales que les autorités locales du monde entier s?échangent des informations stratégiques, se transfèrent des expertises et se donnent une voix », argumente le maire Tremblay. Aucun montant n?a encore été déterminé en ce qui a trait au fonds que la Banque mondiale pourrait réserver à cette initiative des villes. Mais celles-ci ont aussi commis le secrétaire général des Nations unies en leur faveur, lors de la rencontre des Maires avec Kofi Annan, à New York, en septembre 2005 : « Nous nous sommes entendus sur le fait que ce sont les ONG et les grandes villes des pays industrialisés qui ont l?expertise et la crédibilité pour combattre la pauvreté urbaine dans les pays en développement. Bien souvent, ce sont elles qui, dans leur champ de juridiction, sont le plus en mesure de contribuer à l?atteinte des Objectifs du Millénaire... Nous avons, nous les maires, convaincu l?ONU que les villes étaient des partenaires incontournables du nouveau développement et de l?atteinte de ces objectifs. » Le maire de la métropole du Québec souhaite donc positionner les grandes villes des pays développés comme des joueurs incontournables en matière de développement international. Pensez-vous à la formule de la Fédération canadienne des municipalités, qui avec du financement de l?ACDI permet depuis longtemps à des villes canadiennes d?aider au développement de villes des pays en développement, avons-nous demandé au maire à sa sortie de la salle ? « Ça pourrait être quelque chose qui ressemblerait à cela », a-t-il répondu sans hésitation. « Certes, nous allons continuer de nous enrichir Dans un discours où il aime changer le mot « compétition » pour « coopération », l?inventeur des « grappes industrielles » du temps où il était ministre de l?Industrie et de Commerce dans le gouvernement de Robert Bourassa, il insiste également pour convaincre que maintenant le développement social sert de levier pour accélérer le développement économique. Avec en tête ceci : « Lorsque nous parlons de la vocation internationale de notre ville, nous oublions trop souvent que Montréal est un grand centre d?entreprises, d?institutions et d?organismes très actifs dans le domaine du développement international. Économiquement bien sûr, mais aussi socialement. Je pense à OXFAM, au CECI, à Alternatives, à la Fondation Paul Gérin-Lajoie, aux Oeuvres du Cardinal Léger, à la Croix-Rouge, à Développement et Paix, au Club des petits déjeuners, à la Fondation des Parlementaires, au Cercle de la Paix. Je pense encore au travail remarquable de nos universités, des syndicats et du mouvement coopératif à l?étranger. »
Parce que Gérald Tremblay n'est pas que le maire de Montréal ! Il est membre du conseil d?administration de la Fédération canadienne des municipalités. Il est directeur pour la région Saint-Laurent/Québec de l'Alliance des maires des Grands lacs et du St-Laurent. Il est aussi membre du Bureau exécutif de Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU), vice-président exécutif et trésorier de Métropolis, membre fondateur du Conseil mondial des maires pour les changements climatiques et membres des Maires pour la paix. Récemment il a été élu vice-président de l'Association internationale des maires francophones (AIMF). Pas étonnant que les affaires internationales sont restées sous sa responsabilité, lorsqu?il a formé le nouveau comité exécutif, en novembre 2005, et qu'elles relèvent directement de lui à la Ville de Montréal. Le maire est très fier que Montréal soit le siège du Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, de l?Institut de la statistique de l?UNESCO et encore de l?Institut international des grandes métropoles au sein de Métropolis (dont le mandat international est de former des administrateurs du monde municipal). Et que dire de l?Organisation de l?aviation civile internationale (OACI), avec ses 800 fonctionnaires internationaux! Mais il était aussi fier de dire que la politique d?accueil et de soutien d?organisations internationales, mise en ?uvre par Montréal International, avait conduit seulement au cours des deux dernières années 4 nouvelles organisations internationales à s?ajoutées : l?International Design Alliance, le Human Proteome Organisation, le Programme Cospas-Sarsat et l?Association internationale de science politique. Il a également rappelé que Montréal accueille annuellement quelque 17 000 étudiants étrangers, autant « d?ambassadeurs » sur lesquels peut compter la ville sur la scène internationale. Sur le plan économique, il n?est pas sans ambition non plus, ayant affirmé dans son discours qu?il veut aussi que Montréal « soit responsable de 70% des exportations du Québec ». Tout un défi ! Face à cet aspect, il est intéressant de remarquer qu?il a cité des exemples qui semblaient pour lui des succès : la Région Rhône-Alpes en France, Barcelone, Boston, Denver, Dallas, Seattle, San Francisco et San Diego.
Fait à Québec le 11 avril 2006. |
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