Élection 2006 au Mexique L'Ambassadeur du Canada fait le point sur les années Fox 2006-02-25 Par Daniel Allard Le passage de l'Ambassadeur du Canada au Mexique devant les membres du Centre d’études interaméricaines de l'Université Laval, le 23 février 2006, a permis d'en apprendre beaucoup sur le contexte de l’élection présidentielle qui se déroulera dans ce pays partenaire du Canada, en juillet prochain. En poste à Mexico depuis septembre 2003, Gaëtan Lavertu n'a pas caché les pas de géant effectués par le Mexique dans les dernières décennies. Rappelant qu’autrefois il était connu comme la "dictature parfaite", ce pays est devenu une démocratie imparfaite qu'il a qualifiée de "démocratie électorale". Après les 71 années ininterrompues de pouvoir par le PRI, le changement de garde de l’an 2000 et le bilan de mandat de l’actuel président Vicente Fox, qui prendra une retraite obligée après l’élection du 2 juillet 2006, restent imposants.L'ambassadeur a cité les gains suivants:
Il y aurait 10 millions Poursuivant sur l’aspect économique, même si ce pays de 110 millions d’habitants s’en sort bien au niveau de la croissance, il lui faudrait encore créer un million de nouveaux emplois par année pour absorber les nouveaux travailleurs. Hors, il est très loin du compte ! Résultat : au moins 400 000 citoyens mexicains réussissent à traverser illégalement la frontière au nord, pour aller tenter leur chance aux États-Unis, à chaque année. Il y aurait 10 millions de Mexicains sans statut légal aux États-Unis ! TROIS CANDIDATS À SURVEILLER ! Que se passera-t-il lors de l’élection présidentielle du 2 juillet 2006 ? Le Mexique se retrouve dans un scénario électoral inédit, selon l'ambassadeur : « Toujours en tête dans les sondages, depuis deux ans d'ailleurs, l'ancien maire de Mexico et actuel chef du PRD, Andres Manuel Lopez Obrador, mène une campagne de parti de gauche, avec comme thème ''Pour le bien de tous, les pauvres en premiers''. Taxé d'être le ''Chavez mexicain'', son désavantage est d'avoir un parti très faible sur le terrain… Au deuxième rang (depuis décembre), vient le chef du PAM, Felipe Calderon, qui offre dans l'ensemble un programme politique de droite…Le candidat du PRI, Roberto Madrasso, a le désavantage de ne pas inspirer confiance à plus de 40% des Mexicains et a glissé au troisième rang depuis le mois de décembre. Mais avec un faible taux de participation, il pourrait se glisser entre les deux autres candidats, car son parti à une très forte organisation sur le terrain », prévient l'ambassadeur canadien, en concluant ce bref tour d’horizon. ÉTAT DES RELATIONS CANADA-MEXIQUELa balance commerciale est nettement à l’avantage du Mexique. Les échanges avec le Canada atteignent maintenant une valeur totale de 18 milliards de $ annuellement, mais c’est le Mexique qui vend pour près de 13 milliards $, alors que le Canada en fait pour la moitié avec moins de 6 milliards $. Mais le commerce entre les deux pays est toujours en plein développement, depuis que le Mexique a rejoint l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Pas moins de 1 500 entreprises canadiennes sont actuellement actives au Mexique, selon les chiffres de l’ambassadeur. Et aucun différend majeur n’existe entre les deux pays. Ce qui n’est pas le cas pour les États-Unis ! « Il est intéressant de noter que 40 millions d'hispaniques vivent aux États-Unis, dont 25 millions sont des Mexicains. Le gouvernement mexicain ne met, selon moi, pas assez d'efforts pour contrôler sa frontière, mais il faut savoir que ses ressortissants aux États-Unis représentent sa deuxième source de devises après le pétrole ! D’un autre côté, si les Mexicains n'étaient pas là, la Californie certainement serait en faillite », analyse encore l’ambassadeur canadien. « (…) si les Mexicains n'étaient pas là,
Avant d'aller plus loin sur le thème du libre-échange dans les Amériques, il faudra cependant compter sur « (…) la complicité tacite entre les États-Unis et le Brésil pour ne pas aller trop vite… Le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) n'est pas mort, mais ce n'est pas un oiseau qui vol très haut en ce moment, bien qu’il reste favorable à long terme… Tous attendent les résultats des négociations au niveau de l’Organisation mondiale du commerce », précise le diplomate de carrière. L’ambassadeur a ici rappelé que la conférence de HongKong de décembre avait remis en avril son échéance. Et concernant ce qui se passe en Amérique du Sud, il a aussi mis en contexte le fait que les derniers mois ont fait naître la Communauté d’Amérique du Sud, au grand plaisir du Brésil, qui tente de ce faire incontournable dans cette région du monde. Mais c’est pourtant le Mexique qui, avec sa poussé des dernières années, est devenu la neuvième puissance économique mondiale ! Donc un joueur qui compte ! L’Ambassadeur du Canada au Mexique effectue présentement une tournée pancanadienne de sensibilisation, afin d’augmenter l’intérêt des gens d’affaires canadiens envers ce partenaire commercial important. D’ailleurs, il devra être à Ottawa début mars, pour préparer l’accueil du ministre mexicain des affaires étrangères, attendu dans les prochains jours pour une visite officielle au Canada. Centre d'études interaméricaines: www.cei.ulaval.ca/ Fait à Québec le 24 février 2006. |
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