Industries technologiques À contre courant des autres villes nord-américaines, Québec performe ! 2006-02-15 Par Daniel Allard Pour souligner le dix ans du début des Rendez-vous technologiques, l’une des deux chambres de commerce de la ville de Québec a eu la bonne idée de tracer un bilan de l’état des industries technologiques dans la grande région de Québec. Surprise ! Outre de confirmer la bonne santé de ce secteur économique, une croissance de 3% de l’emploi entre 2002 et 2006 doit être interprétée comme un grand succès nord-américain ! « Un 3% de croissance, c’est minime, mais dans le contexte, c’est extraordinaire et surprenant, car c’est à l’inverse des autres grandes villes en Amérique du Nord, depuis l’éclatement de la bulle technologique en 2000 », analyse Ianik Marcil, économiste principal chez E&B Data, en présentant les chiffres de son Profil statistique des entreprises du secteur des Technologies appliquées, Zone QCA-2006, devant un parterre de quelques centaines de gens d’affaires attentifs de ce 10e Rendez-vous technologique, tenu le 9 février 2006 à Québec. Dans ce même domaine, depuis 2002, on parle d’un 4% de perte d’emploi à Montréal (-4%), précisera-t-il après, pour comparer et imager le mot surprenant de son propos. Cette initiative de la Chambre de commerce des entrepreneurs de Québec (CCEQ) aura généré deux études réalisées par PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, E&B Data et le CEFRIO. Et c’est en regardant le bilan de l’état de l’emploi par filière que se révèle vraiment la solidité de ce secteur économique dans la capitale québécoise Tableau 1
Ce sont les trois filières représentants le plus grand nombre d’emplois (services informatiques, logiciel et électronique), pesant pour 63% du total, qui affichent les plus forts pourcentages de croissances, avec des variations positives variant entre 16% et 22%. Et sur six filières, seulement une affiche une baisse, soit l’optique-photonique, qui d’ailleurs n’est pas celle qui pèse le plus lourd dans la production de richesse, avec une estimation des ventes minimales de 145M$. À ce titre, les poids lourds sont dans l’ordre les Services télécom (545 M$), l’Électronique (300 M$), les Services informatiques (280 M$) et la filière Logiciel (235 M$). Avec une estimation du chiffre d’affaires minimal de 35 M$, c’est la filière Géomatique qui ferme la marche. En guise d’explication, on peut avancer qu’au cours des 10 dernières années, la croissance de l’industrie des hautes technologies a été une priorité régionale. À partir de la fin des années 90, l’arrivée de nombreuses entreprises dans le Quartier St-Roch (stimulées par les incitatifs fiscaux du Centre National des Nouvelles Technologies de Québec) a permis de revitaliser ce secteur et de créer une masse critique d’entreprises. Aujourd’hui, le secteur des hautes technologies est généralement en santé et dans une meilleure position qu’en 1995.
« 1,6 G$ divisés par 14 000 emplois, ça me donne environ 100 000$ de revenus par emploi. C’est rien ! », a cependant lancé le président de Taleo, Louis Têtu, lorsqu’il est monté sur la tribune pour commenter les résultats des études. « La région est tapissée de trop d’entreprises. Il n’y en a pas assez de grosses pour performer à l’étranger », pense-t-il aussi. À travers une série d’entrevues, l’étude du CEFRIO souligne d’autres ombres au tableau. Le capital de risque demeure le défi numéro un des entreprises et plus particulièrement des biotechs. Comme conférencier, Andrew Sheldon, le président de Medicago, a d’ailleurs révélé que 50% des biotechs du Québec avaient tout juste assez d'argent pour survivre une année. Par comparaison, ce pourcentage est de 35% au Canada et de 15% aux États-Unis. Explications : le gouvernement du Québec n'a cessé de réduire sa participation dans le capital de risque ; de leader dans le domaine des biotechs, il a glissé au troisième rang derrière la Colombie-Britannique et l'Ontario. Autre grande faiblesse des entreprises technologiques de la Zone Québec- Chaudière-Appalaches : la commercialisation. On a des bons produits, mais on ne sait pas les vendre, disent les chefs d'entreprises ! Ça prendrait des bons vendeurs, des stratégies de marketing, des budgets et des gens bien formés ! Mais ces arguments ne résistent pas à Louis Têtu, pour qui il ne faut pas s’attendre à toujours trouver du capital et de bons vendeurs juste de l’autre côté de la rue : « Allons les chercher là où ils sont ! (…) Il y a actuellement pour 26 milliards $US de capitaux en recherche de bonnes occasions d’investissements (over hang !) aux États-Unis. Ce n’est pas facile pour autant, mais il faut prendre la peine d’aller à Boston leur présenter nos projets », rabroue avec conviction celui qui dit avoir pris 167 avions seulement en 2004. Quant à l’argument de la « qualité de vie » pour attirer des travailleurs de l’étranger à Québec : « À -20 Celsius l’hiver, les Américains déchantent vite ! Et les niveaux d’impôts sont un autre irritant majeur », pense un Louis Têtu qui n’a pas caché sa gêne de devoir encore accueillir ses invités sur le tarmac de l’aéroport à Québec ! Il ne le fait plus d’ailleurs, et les retrouve à Montréal ! « Le défi pour la région est d'investir dans la recherche pour développer des marchés à l'international. Et il y a urgence, car la concurrence asiatique, qui a secoué l'industrie manufacturière, menace maintenant notre industrie du savoir », avait prévenu juste avant, lui aussi de la tribune des commentateurs, le réputé chercheur Fernand Labrie. Les études étaient aussi accompagnées d’une série de suggestions. Si la création récente de la Plate-forme Création Multimédia est vue positivement, plusieurs souhaitent aussi voir s’implanter à Québec un centre de sciences et de technologies. La ville demeurant la seule parmi les 20 plus grandes agglomérations canadiennes à ne pas avoir un tel outil, pour entre autres sensibiliser les jeunes au potentiels offerts en sciences et technologies. MÊME BILAN OPTIMISTE EN R&D Le secteur des Sciences de la vie fait donc bonne figure en matière de recherche et développement. Malgré la restructuration du secteur, celui-ci a su se démarquer en créant plus de 1000 emplois dans la région. Du coté des entreprises, selon PÔLE QCA, les 34 entreprises en biopharmaceutique (24) et équipements médicaux (10) de ce secteur employaient 2 350 personnes en 2006, une augmentation de plus de 30% au cours des cinq dernières années (ou de 7% annuellement). En 2002, on parlait de 40 entreprises avec 1 810 emplois. En ce qui a trait à l’emploi, malgré une sensible diminution du nombre d’entreprises, on a donc créé 540 nouveaux postes. Les principaux employeurs demeurant : AEterna-Zentaris, Atrium Biotechnologies, Corporation Stéris, Endorecherche, GSK–ID Biomédical, Orthofab, Savard Ortho Confort, SFBC-Anapharm, Stryker Bertec. « C’est un bilan général très positif qui ressort des études déposées dans le cadre de ce 10e Rendez-vous technologique », a souligné André Di Vita, président de la CCEQ. ____________________________ Fait à Québec le 14 février 2006. |
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