Nouvelle victime: le Brésil Connaissez-vous le "syndrome hollandais" ? 2006-01-25 Par Commerce Monde et (collaborationn spéciale) Stephen S. Poloz Produits de base qui grimpent en flèche, monnaie forte, exportateurs préoccupés, marges bénéficiaires en baisse, faible productivité : cela vous rappelle quelque chose? Bienvenue au Brésil, où certains symptômes économiques sont les mêmes qu’au Canada. Le Brésil est une vaste économie, diversifiée, qui dépasse la nôtre de près de 50% si on ajuste les chiffres en fonction des variations du pouvoir d’achat relatif. Et, comme au Canada, le secteur des produits de base y occupe une grande place. Minerai de fer, acier, autres métaux et minéraux, et produits agricoles comme le soja, les agrumes et le café représentent environ 70% de ses exportations. Mais le Brésil dispose aussi d’un important secteur manufacturier, qui produit notamment des automobiles, des avions, de la machinerie industrielle et de l’électronique. Et même si le pays conserve de nombreuses restrictions au commerce, les entreprises de ces secteurs ressentent la pression de la concurrence étrangère comme tout le monde. Étant donné la nature de l’économie brésilienne, lorsque les marchés des produits de base s’enflamment, la vitesse s’accélère au Brésil, les taux d’intérêt montent et la monnaie s’apprécie. Après une croissance inférieure à 1% en 2003, l’économie a cru de près de 5% en 2004, lors du boom des produits de base, puis elle a ralenti autour de 3% en 2005 et devrait progresser d’environ 3,5% en 2006. L’empêcheur de tourner en rond, c’est le taux de change : après une moyenne de 3,0 BRL/1 USD entre 2002 et 2004, le real s’est apprécié d’environ 20% l’an dernier (2,30 BRL/1 USD). C’est là le signe classique du C’est là le signe classique du « syndrome hollandais », tout comme au Canada, et les fabricants brésiliens crient au scandale. Les exportateurs, dont les contrats sont en général libellés en USD, voient ainsi leurs recettes diminuer de 20%. Ils peuvent essayer d’augmenter leurs prix à l’exportation, mais c’est difficile dans l’environnement concurrentiel actuel, et cela ferait de toute façon ralentir les exportations. Pour l’instant, les exportations semblent se porter toujours assez bien puisqu’elles ont crû de plus de 22% en 2005. Celles des produits manufacturés ont augmenté de 24%, même si elles ont baissé par rapport à 2004, le boom mondial les ayant alors fait progresser de 33%. Il faut probablement s’attendre à une croissance encore plus lente en 2006, l’économie mondiale devant marquer le pas. Mais cela dépendra de la manière dont les compagnies brésiliennes répondront à l’appréciation de la monnaie. INSPIRATION CANADIENNE Conclusion? La situation des fabricants brésiliens et canadiens ne s’améliorera sans doute pas en 2006. Il est possible que les cours des produits de base diminuent légèrement, et que les monnaies se déprécient quelque peu, mais les pressions fondamentales de la concurrence ne s’estomperont pas. Le succès sourira aux investisseurs et aux innovateurs. Fait à Québec le 25 janvier 2006. |
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