Chronique "Veille d'affaires, technologie et changement" Le management perd un de ses grands penseurs 2005-12-13 Par Richard Legendre Chroniqueur legendre@siiq.qc.ca Veilleur technologique et courtier en information L’inventeur » du management, Peter Drucker, est décédé le 11 novembre 2005. Né en 1909 en Autriche, il étudia en Allemagne qu’il quitta lorsque le régime nazi interdit un de ses ouvrages en 1933. Il se rendra aux États-Unis d’où il réalisera l’essentiel de sa carrière tout en enseignant au Vermont, à New York et en Californie, ainsi que comme consultant auprès de l’industrie Pour les artisans de la nouvelle économie du savoir, Peter Drucker représente une source d’inspiration pour tout ceux qui cherchent à trouver des moyens visant à rendre plus intelligentes les entreprises et organisations. En effet, monsieur Drucker a fait preuve d’avant-gardisme en réfléchissant, depuis plusieurs décennies, sur l’innovation, la gouvernance, l’entreprenariat, la multidisciplinarité et l’importance du capital humain des entreprises. Auteur prolifique d’une trentaine de livres traduits dans plus de 50 langues, on lui attribue un grand nombre de citations. Une d’elles amena la première génération de veilleurs à réfléchir sur leur pratique : « Le principal défi pour les entreprises d’aujourd’hui, ce n’est pas la compétition, mais plutôt le CHANGEMENT ». En effet, vers la fin des années 80, les veilleurs américains se regroupent en créant une association et la nomme Society of Competitive Intelligence Professionals (SCIP). On parle alors de « competitive intelligence » ou de « CI ». Plusieurs veilleurs commencent alors à considérer la veille concurrentielle comme un sous-ensemble de la veille d’affaires ( business intelligence ou BI ). Monsieur Drucker a raison : le principal objectif d’une veille d’affaires consiste à surveiller les changements qui affectent ou pourraient affecter l’entreprise. Les changements peuvent trouver leurs sources chez les compétiteurs, mais également dans la technologie, les habitudes des clients, la réglementation / normalisation et les tendances de la société en général. Le dosage entre ces différents sujets varie selon l’entreprise et son secteur industriel. "La meilleure façon de prédire l’avenir, Cette notion de « changement » représente la clé de voûte essentielle afin de ne pas s’écraser sous le poids de l’infobésité. En effet, ajouter d’autres aspects à couvrir dans le cadre d’une veille augmente dramatiquement la masse d’information à traiter. Cependant, si on concentre nos efforts à surveiller les informations qui changent ou qui représentent des indicateurs de changement, on diminue la masse d’information à traiter. Par exemple, lors d’une foire, on peut retrouver 250 exposants sur le plancher. Mais combien de produits sont nouveaux ? Qui sont les nouveaux exposants ? Qu’est-ce qui diffère de la dernière édition de cet événement ? Si on concentre les efforts de veille à identifier les changements et les signaux faibles, souvent des germes de changements potentiels, on diminue les effets pervers de la surcharge informationnelle et on augmente l’efficacité de la gestion des connaissances de l’entreprise. Également, les changements dans l’offre informationnelle viennent constamment modifier les choix de l’organisation quant aux sources d’informations pour sa veille d’affaires et ses besoins quotidiens. L’industrie de l’information fait preuve d’une grande effervescence. Plusieurs nouvelles sources apparaissent, alors que d’autres disparaissent, influençant ainsi les choix de sources et les stratégies de recherche et de traitement de l’information. Le veilleur d’entreprise doit donc gérer les impacts de tous ces changements et s’assurer du choix des sources d’information les plus efficaces pour les besoins de l’entreprise. Il existe des versions en français de plusieurs livres de Peter Drucker, dont voici quelques titres encore disponibles en librairie : Monsieur Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l’ESCP-EAP en France, déclarait que « depuis Drucker, le management est à l’économie ce que la physique est aux mathématiques : du concret. On est dans le réel donc, forcément, au bout du compte, dans l’humain ». L’information et le savoir sont intimement reliés aux humains et le défi des veilleurs consiste à saisir l’essentiel et aider les entreprises à mieux comprendre leur environnement et ultimement voir venir les changements pouvant avoir un impact sur leurs opérations. Fait à Québec le 11 décembre 2005. |
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