" L'Université Laval : au coeur du développement de la capitale " Notes
pour un discours de M. Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval,
devant les membres de la section de Québec de la Chambre de commerce
italienne du Canada, le mercredi 9 mars 2005, à midi, au salon David du
restaurant Michelangelo de Québec. La version prononcée fait foi. Monsieur le Président, Distingués invités de la table d'honneur, Chers amis,
L'auteur
français Félicien Marceau a écrit : " Un homme qui n'aime pas l'Italie
est toujours plus ou moins un barbare. ". Dans le même sens, le poète
allemand Goethe notait que " celui qui a bien vu l'Italie ne peut
jamais être tout à fait malheureux ".
Ecco doué personé molto intelligenti cône coui sono piou qué d'accordo, anqué sé non sono... oune italiano vero...
J'envoie
ce coup de chapeau à l'Italie parce que je suis devant la Chambre de
commerce italienne du Canada, section Québec. Avec vous, ce midi, je
veux dévoiler ce secret trop bien gardé qu'est l'Université Laval,
véritable cœur du développement de notre région, en vous disant un mot
de ses réalisations, de son potentiel, de sa créativité.
La
campagne de publicité de l'Université Laval en janvier et février
dernier, sous le thème de " L'Université Laval voit aussi loin que vous
", a attiré beaucoup d'attention. C'était le but visé. Les hommes et
femmes d'affaires parmi vous souhaitent tous que leurs produits ou
services " fassent jaser " et attirent l'attention.
À
l'Université, nous avons planifié cette campagne de publicité
audacieuse, un peu dérangeante, pour recruter les étudiants et
étudiantes en leur faisant comprendre que des études à l'Université
Laval comportent une valeur particulière : notre passion pour leur
réussite. L'Université Laval veut attirer les étudiants et, dans la
mesure du possible, les meilleurs de ces étudiants. Elle souhaite donc
mieux faire connaître sa force et son extraordinaire dynamisme. À ce
chapitre, nous faisons comme toutes les universités québécoises, que la
formule de financement du ministère l'Éducation place en situation de
vive, de très vive concurrence pour le recrutement étudiant.
Notre
campagne visait aussi un second but, plus large celui-là, qui était
d'accroître davantage la notoriété de l'Université Laval. Nous avons
voulu mieux faire connaître l'Université dans son propre milieu, au
premier chef à Québec et dans la région tout autour, de même que dans
l'Est de la province. Pourquoi ? La réponse est simple.
L'Université
Laval est tellement insérée dans le paysage de la région de la capitale
qu'on la prend presque pour acquise. Résultat, l'Université Laval est
comme un secret pour un grand nombre de nos concitoyens et
concitoyennes. Pourtant, l'Université Laval, grande université de
recherche qui figure parmi les plus importantes au Canada, est un outil
essentiel au développement de notre région.
Il est de bon ton,
dans certaines tribunes radiophoniques de décrier l'Université Laval,
de la traiter de médiocre, de dire à quel point elle est coupée des
préoccupations des gens dits " ordinaires ". Certains parmi vous, qui
étaient présents au déjeuner " Perspectives " de la Chambre de Québec
il y quelques semaines, ont même pu constater l'influence de ce type de
propos dans les commentaires publics d'un chroniqueur, propos que je me
suis bien sûr empressé de réfuter sur-le-champ.
Or,
sommes-nous, à l'Université Laval, si déconnectés des gens et de notre
milieu ? Est-ce que l'image de la tour d'ivoire s'applique à
l'Université Laval ? Non. L'Université, comme les entreprises qui
réussissent, s'est adaptée et s'est développée.
Le docteur
Michel Maziade a découvert ici à Québec un mécanisme génétique
concernant la schizophrénie. Cette découverte a permis le dépôt d'un
brevet qui pourra mener, par exemple, à un test diagnostic précoce pour
cette maladie qui affecte un être humain sur cent. Pour ces malades et
pour leurs proches, nous ne sommes pas dans les nuages.
L'équipe
du docteur Denis Richard, titulaire de la Chaire en obésité, étudie les
complications de l'obésité viscérale y compris les complications
cardiovasculaires. De son côté, le Dr Natalie Alméras mène un projet
dans les écoles sur de saines habitudes alimentaires alors que le Dr
Angelo Tremblay évalue l'impact de l'activité physique dans ces mêmes
écoles. Les recherches du Dr Michel Bergeron en infectiologie sont très
proches de notre vie quotidienne. Quand le SRAS est apparu à Toronto,
c'est lui qu'on a consulté en tant qu'expert. Il me semble que nous
sommes ici très près de la " vraie " vie.
Lorsque nos
professeurs de sciences de l'éducation étudient la violence à l'école
et cherchent à identifier les causes du décrochage scolaire, ils
travaillent à améliorer la vie personnelle et l'avenir de milliers de
personnes. Il en va de même lorsque nos professeurs étudient les
questions autochtones ou le jeu compulsif.
Tant qu'à lever le
voile sur l'Université Laval, permettez-moi de rappeler des faits
intéressants. Ainsi, le centre de recherche du CHUL est le plus
important centre de recherches biomédicales au Canada.
Je
pourrais vous laisser le soin d'évaluer l'effet sur la région de la
présence d'une activité recherche aussi intense. Je me permettrai
d'être plus explicite. Par exemple, la seule usine fabrication de
vaccins au Canada est ici, à Québec. ID Biomedical est l'usine qui
fournit présentement les quelque 55 millions de doses manquantes de
vaccin aux Américains. Des entreprises comme Aeterna,
Infectio-Diagnostic, Diagnocure ou Anapharm qui sont implantées
maintenant partout dans le monde, sont nées ici, à Québec, à cause de
l'Université Laval et de sa capacité de recherche que représentent ses
1 500 professeurs et 9 000 étudiants aux cycles supérieurs.
Le
centre de recherche en optique photonique de l'Université Laval, dont
vous avez sûrement entendu parler, est non seulement la tête du réseau
canadien de centres d'excellence dans ce domaine, mais il est à
l'origine de très nombreuses retombées concrètes pour la ville et pour
la région.
Parmi la vingtaine d'entreprises en
optique-photonique de la région de Québec * , 15 ont été fondées par
des finissants ou des ex-employés de l'Université Laval. Il en va de
même pour les centres de recherche et d'expertise avancée, comme
l'Institut national d'optique (l'INO), qui contribuent énormément au
dynamisme de l'économie régionale, notamment par la création
d'entreprises. Je ne parle pas ici de Mississauga ou de ville
Saint-Laurent. Je parle de Québec.
Toutes les entreprises du
secteur de l'optique-photonique de notre région sont issues directement
ou indirectement de l'Université Laval ou de l'INO. Fait intéressant,
nous assistons à l'heure actuelle à l'émergence d'entreprises de
deuxième génération (par exemple Opsens issue de Fiso et Telops issue
d'ABB-Bomem), c'est-à-dire de jeunes pousses provenant elles-mêmes
d'autres entreprises de la région.
Or, ce n'est pas à vous que
j'expliquerai la nécessité de la diversification économique de la
région de Québec, diversification qui doit reposer sur l'innovation.
Pour cette raison, le rôle de l'Université Laval n'en est que plus
important. La ville de Québec a longtemps fait reposer sa santé
économique sur la présence gouvernementale et le tourisme. Mais cette
recette a atteint ses limites. Sur la Rive-Sud à Lévis et en Beauce,
l'agroalimentaire et l'industrie manufacturière dominent. Là encore, la
mondialisation tend à fragiliser et à menacer ce type d'économie. La
Rive-Sud et la Beauce ont tout autant besoin de l'innovation que la
ville de Québec.
Or, l'innovation en agroalimentaire comme en
entreprise manufacturière passe aussi par la recherche, et dans notre
milieu, c'est, de façon prépondérante, à l'Université Laval que ça se
passe. Que ce soit en agroalimentaire, avec l'Institut des
nutraceutiques et aliments fonctionnels, l'INAF, en génie des matériaux
pour l'industrie du plastique, en seconde transformation du bois, en
génie des eaux, en robotique, en géomatique ou en logistique, nos
entreprises savent de plus en plus qu'elles peuvent compter sur notre
capacité de recherche et de transfert des applications de cette
recherche afin d'être des entreprises innovantes. La force de recherche
et d'innovation de l'Université Laval est au service comme jamais de
notre ville et de notre région. Cette force est utile et positive. Mais
il y a plus.
En effet, pour fournir les travailleurs qualifiés
requis par les entreprises de la nouvelle économie, il faut les former.
Mon prédécesseur, le regretté François Tavenas, avait l'habitude de
dire que dans le domaine des industries de haute technologie, un
travailleur qualifié doit avoir un doctorat. C'est aussi cela
l'économie du savoir qui, ici comme partout dans le monde développé,
repose sur la création et la transmission de la connaissance, ce qui
est la mission universitaire par excellence.
Mais au-delà du
savoir, il faut aussi le savoir-faire. C'est pour cela que l'Université
Laval est première au Québec pour les ententes DEC + Bac, qui
permettent aux finissants du cégep technique de poursuivre leurs études
à l'Université sans être pénalisés. C'est ce qui explique aussi notre
profil entrepreneurial qui offre la possibilité à nos étudiants et
étudiantes de démarrer leur propre entreprise.
Ce virage est
déjà reconnu, puisqu' il y a quelques semaines, à Montréal,
l'Université Laval, première université à recevoir cet honneur, a reçu
le Prix Paul-Arthur Fortin remis par la Fondation de l'entrepreneurship
québécois. Par ailleurs, selon une étude réalisée à l'Université Brock
en Ontario, l'Université Laval s'est classée première au Canada en
2003-2004 quant à la variété de la formation offerte en
entrepreneuriat, à l'intégration de cette formation dans les facultés
et au nombre d'étudiants inscrits à un cours en entrepreneuriat. Enfin,
c'est toujours avec fierté que je rappelle que notre faculté des
sciences de l'administration a été le premier établissement de
formation en gestion non anglophone au monde à avoir été agréé par
l'AACSB International - The Association of Advance Collegiate Schools
of Business. Cet agrément assure la reconnaissance internationale des
connaissances et des compétences acquises à la FSA.
L'Université
Lava, vous le constatez, a changé, et elle a changé pour le mieux. Plus
ouverte que jamais à son milieu proche et à sa région, elle s'est
également ouverte à l'international. Elle est la principale fenêtre de
notre région sur le monde, elle qui accueille plus de 3 000 étudiants
étrangers annuellement, et qui, à ce jour, réussit à envoyer chaque
année près de 1 000 étudiants québécois poursuivre une partie de leurs
études à l'étranger. Chez les jeunes cégépiens du Québec, c'est
maintenant bien reconnu que " si tu veux faire un stage international
pendant tes études universitaires, c'est à Laval que ça se passe ".
Je
n'oublie pas, cependant, que je suis à la Chambre de commerce
italienne. J'ai un regret, regret que je souhaite transformer en défi.
Le regret, c'est que trop peu d'étudiants italiens - à peine 24 cette
année - viennent étudier à l'Université Laval, se privant ainsi de la
chance de découvrir une des plus belles villes du monde. Parallèlement,
trop peu d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval, moins de 10
cette année, vont faire une partie de leurs études en Italie. Pourtant,
l'Université Laval a au moins une dizaine ententes cadres actives avec
des universités italiennes, que ce soit à Naples, à Parme, à Florence,
à Rome ou à Turin et Milan et Gênes. Nous avons donc du travail à faire
!
Le défi sera d'accroître les échanges entre les étudiants
d'Italie et ceux de l'Université Laval. Ce n'est pas quelque chose qui
se fait en claquant du doigt : c'est une entreprise de moyen et de long
terme. Si nous nous y mettons aujourd'hui, nous commencerons d'ici 5 ou
10 ans, à en ressentir les effets, car ces étudiants qui viennent chez
nous ou qui vont à l'étranger deviennent tous et toutes d'excellents
ambassadeurs et ce, pour la vie.
Je termine. Jusqu'ici, mon
discours s'est voulu très positif, même enthousiaste. J'espère vous
avoir communiqué ma passion pour cette institution extraordinaire
qu'est l'Université Laval. Et encore, je ne vous ai pas parlé de
l'autre moitié de l'Université, soit le volet des sciences humaines et
sociales, des arts et des lettres, du patrimoine et de la musique, du
droit, de la littérature et de la philosophie, où la contribution de
l'Université Laval à la société est, là aussi, inestimable.
Mais
je me dois aussi de solliciter votre appui. L'Université Laval ne
reçoit pas le financement de base auquel, selon des études de la
Conférence des recteurs et du ministère de l'Éducation, elle a droit
aujourd'hui. Dans le réseau universitaire, l'Université Laval n'a pas
la part qu'elle devrait avoir et ce, depuis 2000-2001. Sans entrer dans
les détails, ce n'est pas pour rien que nous demandons depuis un an un
réinvestissement spécifique de 11 M$ dans notre budget de base.
Je
vous raconte une anecdote. Peu avant les fêtes, j'expliquais cette
situation à un ministre du gouvernement du Québec. Après avoir écouté,
il m'a dit : " je vous trouve bien raisonnable de ne pas demander 44 M$
de correction à un sous-financement qui dure depuis 4 ans "…
Vous
le voyez : malgré un financement difficile et inadéquat, l'Université
Laval demeure un atout unique pour le développement de la région de
Québec Chaudière-Appalaches. Elle est un bien collectif qui, dans notre
milieu, n'a pas son équivalent. Je vous invite tous et toutes, dans vos
milieux respectifs, à mieux faire connaître ce secret qui, grâce à
vous, je l'espère, sera moins bien gardé. Et je le répète, l'Université
Laval voit aussi loin que vous. Je vous remercie.
*ABB
(Bomem), CorActive, Cybiocare, DiCOS Technologies, Do Networks, Doric
Lenses, EXFO, Fiso Technologies, Gentec Électro-Optique, Infodev,
InSpeck,LYRtech, Obzerv, Opsens, Optel Vision, Optolys, Photintech,
Régent Instruments, ShinShan Optique inc., Technologies SWAG inc.,
Telops, TeraXion
|