Archives de catégorie : Mondialisation

(EXCLUSIF) Tourisme durable : VillageMonde.com arrive

2017 a été choisie par l’ONU « Année du tourisme durable ». Ce qui donnera juste le temps nécessaire pour que le monde découvre bien la vision et l’organisme qu’un homme d’affaires de Québec vient de lancer avec la Fondation Village Monde.

L’Assemblée générale des Nations Unies proclame 2017 « Année internationale du tourisme durable pour le développement » face, notamment, à  l’importance « de favoriser la compréhension entre tous les peuples, de faire mieux connaître le riche héritage des différentes civilisations et de faire davantage apprécier les valeurs inhérentes aux différentes cultures, contribuant ainsi à renforcer la paix dans le monde ».

Avec un timing à propos, une homme d’affaires de Québec se fait à l’idée qu’à l’heure du développement de l’économie collaborative et des nouvelles technologies, la mise en relation d’une offre de tourisme villageois avec des voyageurs en quête de partage et d’authenticité devient possible et simplifiée.

Pour faciliter ces échanges, Village Monde a mis en place sa propre plateforme collaborative qui jouera le rôle de carrefour d’échange pour le développement d’un tourisme responsable par la mise en valeur de destinations et d’initiatives locales : le Airbnb du tourisme villageois! En concordance avec les vœux de l’ONU !

La plateforme collaborative de cette nouvelle entreprise d’innovation sociale de Québec  est en ligne officiellement que depuis le 9 décembre 2015. L’équipe de Village Monde compte trois permanents, en plus de la présence régulière de M. Mony et de son épouse.

Quoi faire après Creaform ?

Parce que Village Monde est une initiative originale de Charles Mony, déjà entrepreneur technologique à succès et fondateur de Creaform.

« Après la vente de Creaform en 2013, je me suis demandé si je devais démarrer une nouvelle Start up ou bien travailler à notre fondation. Notre fondation avait été créée en 2010 avec l’idée d’appuyer le micro-entreprenariat… Mon voyage d’une année autour du monde en voilier m’a permis de valider notre concept de tourisme durable », nous explique-t-il.

Village Monde est au croisement de l’entrepreneuriat technologique et du développement international. L’organisation vise à encourager les initiatives productrices de richesse et à améliorer les conditions de vie des communautés éloignées, partout sur la planète, tout en donnant accès à un nouveau type de tourisme : le tourisme villageois.

« On va s’inscrire dans la pensée de l’économie collaborative… C’est une fusée cette affaire-là… il faut embarquer », s’enthousiasme Charles Mony, rencontré dans la belle et patrimoniale Maison Blanchette de la Côte de Cap-Rouge, qui héberge les bureaux de Village Monde.

C’est quoi un village pour Charles Mony ?

« Un établissement humain avec une taille non-anonyme. Disons entre 300 et 5-10 000 habitants… Notre vision c’est de faire vivre la ruralité avant tout », tranche-t-il au final.

Il faut donc davantage penser ruralité que village. Au cœur de cette ruralité, c’est tout de même un village qui vous accueillera sur place. La labellisation des sites est d’ailleurs bâtie sur sept critères. Ce sera le défi de l’année 2016 : élargir l’offre – qui tient présentement sur 15 destinations – à une centaine et avec l’assurance de la qualité.  « Il nous faut atteindre cette masse critique », insiste le fondateur, qui explique que chaque endroit est visité avant de confirmer l’autorisation d’intégrer le label Village Monde.

S’associera-t-il à des grandes ONG déjà existantes ou des partenaires stratégiques comme des compagnies aériennes ? Certainement.

C’est justement en approchant ONE DROP pour établir un partenariat, qu’il a fait la rencontre d’une senior de la coopération internationale, Danielle Valiquette. Un mois plus tard, il lui offrait de sauter dans son aventure pour occuper le poste de directrice générale.

Elle qui a visité plus de 80 pays autant en Afrique, en Amérique du Sud qu’en Asie, longtemps pour Oxfam-Québec, plus récemment pour ONE DROP avant que le Cirque du Soleil ne change de main, y a vu une opportunité à ne pas laisser passer, même si depuis un mois et demi elle navigue entre Québec et Montréal hebdomadairement. C’est effectivement un très beau défi de recommencer à zéro pour bâtir un projet sans équivalent.

« Mon premier défi reste de nous positionner et de mobiliser des partenaires », nous précise Danielle Valiquette, gestionnaire chevronnée de programmes et projets internationaux.

Le concept de Village Monde ne se limitera pas à l’amélioration des rapports Nord-Sud.

« Nous avons déjà le Nord du Québec dans la mire », de répondre encore la directrice générale.

Village Monde : une graine semée par des citoyens sans frontières.

 

www.VillageMonde.com

http://media.unwto.org/fr/press-release/2015-12-10/les-nations-unies-proclament-2017-annee-internationale-du-tourisme-durable-

Lire le plus récent article:

commercemonde.com/2016/07/transat-solidarite-french-tech-rennes-st-malo-vogue-village-monde/

Évolution des plus grandes entreprises mondiales : quand la Chine tasse les USA

Cinq – la moitié – des entreprises qui formaient le peloton de tête des plus grandes entreprises mondiales en 2001 se sont fait tasser, dans la même liste pour 2014. L’arrivée de 4 sociétés de la Chine aura notamment fait disparaître 3 sociétés des USA du Top 10. Encore en 2014, la majorité du Top 10 représente l’industries du pétrole et de l’automobile avec 7 entreprises (contre 8 en 2001).

Évolution des 10 plus grandes entreprises mondiales

2001
(chiffre d’affaires)

2014
(chiffre d’affaires)

Wal-Mart (USA)

Exxon Mobil (USA)

General Motors (USA)

BP (UK)

Ford (USA)

DaimlerChrysler (Allemagne)

Royal Dutch Shell (Pays-Bas/UK)

General Electric (USA)

Mitsubishi (Japon)

Toyota (Japon)

Wal-Mart (USA)

Sinopec Group (Chine)

Royal Dutch Shell (Pays-Bas/UK)

China National Petroleum (Chine)

Exxon Mobil (USA)

BP (UK)

State Grid Corporation of China 

Volkswagen (Allemagne)

Toyota (Japon)

Glencore (Suisse/UK)

* Avec un regard canadien, la Banque Royale arrive au 53e rang mondial du plus récent listing Fortune 500 (pour 2014) et la Banque TD au 66e rang.

 

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Financer le climat avec l’aide de la Banque des règlements internationaux

Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), uniquement en 2007, le volume quotidien des transactions monétaires sur le marché des changes était de l’ordre de 3 200 milliards $. C’est beaucoup, beaucoup d’argents. Imaginez ça maintenant sur toute une année! Imaginez financer le climat…

Nous avons trouvé une autre source qui quantifiait, dans ce cas pour toute l’année 2002, la sphère financière mondiale avec les chiffres astronomiques suivants :

TABLEAU 1 – Quantification de la sphère financière mondiale

Type de transactions Valeur mondial en $ (2002)
Sur les produits dérivés 699 000 milliards
Sur les changes 384 400 milliards
Sur opérations financières (Bourse, etc.)   39 300 milliards
Sur biens et services (PIB mondial)    (2,8%) 32 300 milliards
Total    1 155 000 milliards

Ce qui veut dire que le PIB mondiale, soit toute la production mondiale de biens et de services – que chiffre la dernière des quatre lignes du Tableau 1 – ne compte que pour 2,8% du total des transactions.

Par ailleurs, en 2008, la portion des transactions sur les changes qui allait pour des fins commerciales ou touristiques ne représentait que 2% de cette catégorie. Oui, il faut comprendre que 98%, presque la totalité, des transactions sur les changes – la seconde des quatre lignes du Tableau 1 – ne va pas à la véritable création de richesse. Juste à titre d’exemple, le cas de George Soros, qui avait spéculé sur les taux de changes avec la livre sterling en amassant une fortune de 7 milliards $ est bien documenté.

Ce qui veut surtout dire qu’une proportion bien plus importante de la sphère financière mondiale que ce que pense la majorité de l’humanité sert à quelque chose davantage artificielle que générateur de bien être pour elle.

Ce qui veut surtout dire qu’en additionnant notre 2,8% du Tableau 1 avec l’autre 2 % (de 2008) on obtient en gros 95%.

Que 95% de toutes les transactions financières mondiales consistent donc en des opérations de spéculation : une valeur de 1 100 milliards $ en chiffres de 2002. Un rapport de 40 contre un contre l’économie productive.

 

Économie spéculative 40;  économie productive 1

 

La spéculation ne crée pas de véritable richesse. Elle est notamment qualifiée de ponction sur la richesse créée par l’économie et ses acteurs tels les travailleurs, les inventeurs/innovateurs, les entrepreneurs, etc.

L’observation avertie démontre que les mécanismes financiers spéculatifs ne créent ni plus-value, ni valeur… et n’enrichissent réellement que ceux qui les contrôlent!

Regardons maintenant qui fait en sorte qu’il en soit ainsi?

La liquidité du système financier mondial est fondamentalement possible parce que les banques centrales des pays l’alimentent en faisant périodiquement fonctionner les planches à billets. En 2007/2008 la fameuse et bien triste crise du Papier commercial (PCAA) a montré un beau cas de figure : des valeurs sur papier de dizaines de milliards $ (32 G en PCAA juste au Canada) s’envolaient en fumée et il fallu bien remettre de l’argent dans le système…

Banque centrale de chaque pays souverains, plus Banque des règlements internationaux, cela fait deux acteurs publics dans le système.

Ce qui veut dire que malgré toutes les mesures de libéralisme économique et de déréglementations des dernières décennies, les opérateurs et acteurs publiques sont encore bien au cœur du système financier mondial. Ils sont en mesure de connaître les chiffres, et surtout de contrôler les flux d’argents et de valeurs.

Comment financer le climat?

Harvey Mead, le chroniqueur invité par Commerce Monde à analyser les chances de succès de la COP21 à Paris, début décembre 2015, devant son défi de conclure une entente pour lutter contre les changements climatiques, s’était fait « annonceur d’échec » à cause des énormes problèmes que causera le financement de tout ça. Et surtout du déséquilibre entre les capacités des pays développés et des pays moins industrialisés à assumer la facture.

La COP21 de Paris ne fut pas un échec politiquement parlant; entente historique il y eut. Mais facture et très lourde il y aura également. Il faudra dégager des centaines de milliards de tous les dollars, euro, yen, rouble, peso, etc. que la Terre compte. Comment?

Le 1 155 000 milliards $ de 2002 de notre Tableau 1 était passé à un total de 2 200 000 milliards $ en 2008. Si le 95% tient la route, on trouve là des opérations spéculatives pour quelque chose comme 2 millions de milliards $ au bas mot.

Deux millions de milliards… non, nous n’écoutons pas parler, ici, le capitaine Haddock!

Si la gouvernance mondiale veut encore dire quelque chose comme avoir des politiciens et des chefs d’États et de gouvernements capables de bâtir des solutions aux problèmes mondiaux de l’humanité, il est aisé de convenir qu’il y a ici un champs d’investigation à dégagement de moyens financiers à la hauteur du défi environnemental et climatique devant nous.

Un 6e Forum Planèt’ERE à Montréal en 2017

L’historique COP-21 de Paris vient tout juste de se terminer sur une note plutôt positive et surtout pleine d’espoir, mais il faudra encore beaucoup d’efforts de sensibilisation et d’éducation avant de s’assurer que le drame climatique est bien derrière nous. C’est particulièrement en se sens que la confirmation que la sixième édition du Forum Planèt’ERE se tiendra au Québec, dont la phase nationale à l’UQAM, du 26 au 30 juin 2017, est une nouvelle significative.

Le coup d’envoi à ce projet encore novateur, afin de susciter l’adhésion et la participation des différents acteurs du milieu, a été fait le 3 décembre 2015 par la directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) qui est aussi professeure au Département de didactique de l’Université du Québec à MontréalLucie Sauvé et Robert Litzler, président de l’Association québécoise pour la promotion de l’éducation relative à l’environnement (AQPERE).

De Rio à Planèt’ERE

Née au Québec à la suite du Sommet de Rio en 1992, Planet’ERE est une organisation internationale qui œuvre à la promotion de l’éducation relative à l’environnement dans l’espace francophone. Elle se dit la seule organisation internationale qui s’occupe d’éducation à l’environnement dans l’espace francophone.

L’organisme est né de manière informelle le 24 novembre 2001, au lendemain de la clôture du forum Planète’ERE 2, lorsque les coordonnateurs nationaux ont donné le feu vert à la création d’une ONG internationale francophone dédiée à la promotion de l’éducation relative à l’environnement.

Trois rencontres importantes – organisées en France – jalonnent ensuite son parcours :

La Rencontre de Rambouillet (18-20 mai 2002)
La Rencontre de Boulogne sur Mer (19-21 novembre 2002)
L’Assemblée générale de fondation (15 avril 2005) organisée en marge du « Colloque International sur l’Education à l’environnement pour un Développement durable« .

Planèt’ERE a pour mission d’encourager le développement et la promotion de l’éducation à l’environnement vers le développement durable EEDD afin que celle-ci serve de moteur à l’amélioration de la qualité de vie de tous les êtres humains qui peuplent la planète.

Rappelons que le 5e Forum s’était déroulé en juin 2013. Le 4e Forum Planèt’ERE s’était, lui, déroulé au Cameroun du 17 au 29 juillet 2010.

On sait déjà que le 6e Forum Planèt’ERE 2017 réunira 12 institutions d’enseignement supérieur au Québec. Les phases régionales se dérouleront simultanément dans huit universités (Université du Québec en Outaouais, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Université du Québec à Chicoutimi, Université du Québec à Rimouski, Université du Québec à Trois-Rivières, Université Laval, Université de Sherbrooke et Université de Montréal) et quatre cégeps (Cégep de Rosemont, Cégep de St-Jérôme, Cégep de Victoriaville et Cégep de Thedford Mines) en prévision de la phase nationale qui se tiendra l’UQAM.

www.planetere.org

« COP21 : un échec annoncé », prédit Harvey Mead

C’est demain le 30 novembre que s’ouvrira à Paris la déjà historique Conférence des parties (COP21) de la stratégie de l’ONU afin de lutter contre les changements climatiques. L’optimisme est de mise, mais c’est plus complexe que simple. COMMERCE MONDE a donc demandé à un analyste respecté de partager son OPINION sur les attentes à avoir.

Harvey Mead fait partie de ces quelques Québécois rares, très engagés, avec une vision très large des enjeux environnementaux, ayant à la fois participé à la fondation de Nature Québec, mais également accepté une fonction de direction publique de haut niveau à l’invitation du Gouvernement du Québec. Il connait ainsi très bien les défis et les moyens à mettre en branle.

Merci M. Mead pour votre texte d’opinion que nous offrons à nos lecteurs avec fierté.

Par Harvey Mead (1)

Le printemps dernier, le groupe financier Mercer a publié un rapport pour ses investisseurs qui ciblait les risques et les occasions d’affaires associés au changement climatique.

Pensant à ce qui pouvait sortir de la Conférence des parties (COP) sur la question du changement climatique qui débute à Paris aujourd’hui, le rapport formule quatre scénarios pouvant guider les décisions d’investissement : (i) Transformation, dans le contexte d’une hausse maximale de 2°C de la température planétaire, (ii) Coordination (sic), en présumant d’une hausse de 3°C, (iii) Fragmentation avec dommages limités et (iv) Fragmentation avec dommages importants, ces deux derniers présumant d’un contexte d’une hausse de peut-être 4°C.

Le tout se situait dans le contexte des travaux du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIÉC), organisme créé sous l’égide des Nations Unies. Le GIÉC avait publié les différentes parties de son cinquième rapport d’évaluation de la situation en 2013 et 2014.

Ce rapport tablait sur un consensus établi par les quelque 200 pays réunis dans les COP qui ont eu lieu tous les ans depuis deux décennies, à l’effet qu’il est essentiel de garder la hausse de température sous les 2°C. Pour rendre cela possible, il faut limiter nos émissions de gaz à effet de serre (GES), et dans son cinquième rapport le GIÉC calculait le « budget carbone » qui est en cause. Les scénarios de Mercer s’inséraient dans ce calcul.

La COP21 devant le budget carbone

Il s’agit d’un nouvel élément dans les processus marquant nos décisions d’affaires et nos décisions comme sociétés. Les représentants des gouvernements qui seront à Paris pour la COP21 pendant les 10 prochains jours se butent aux contraintes dramatiques qui sont en cause. Les responsables le savaient très bien, et depuis deux ans cherchaient par tous les moyens à inciter les gouvernements du monde à planifier leur développement pour les prochaines décennies dans le respect du budget carbone.

Depuis quelques semaines, ces responsables nous informent que les engagements obtenus auprès de pays représentant 85% des émissions globales de GES situaient les possibilités pour un accord à Paris en dehors de la limite imposée par la cible d’une hausse maximale de 2°C. Les engagements pris par ces pays nous placent plutôt devant une hausse prévisible d’environ 3°C, et il n’y a aucune raison de penser que des changements importants dans ceux-ci soient à l’ordre du jour de la COP21.

Une étude canadienne nous fournit des explications de cette situation. En juillet, Renaud Gignac et Damon Matthews ont publié leurs calculs sur les implications du budget carbone pour l’ensemble des pays sous le titre « Allocating a 2°C carbon budget to countries ».

D’une part, l’étude présente des allocations aux différents pays en fonction du budget carbone et de leur population. D’autre part, reconnaissant des désaccords profonds qui ont marqué les COP depuis celle de Kyoto en 1997, voire de Rio en 1992, elle établit les implications d’une résolution de ces désaccords. Un processus de contraction/convergence éliminerait progressivement d’ici 2050 les inégalités historiques et contemporaines entre les pays pauvres et les pays riches, permettant aux premiers de poursuivre avec modération et pour un certain temps leurs efforts de développement pendant que les deuxièmes commenceraient immédiatement et de façon importante à réduire les leurs. L’objectif serait de mettre l’ensemble des nations sur un pied d’égalité en matière d’émissions, et de potentiel (réduit) de développement économique, vers 2050.

Les pays pauvres n’accepteront rien de moins, d’après de nombreuses interventions de leur part. Les pays riches se trouvent ainsi dans une situation qui est quand même intenable, la contraction esquissée les obligeant à éliminer rapidement leur utilisation de l’énergie fossile, alors que cette utilisation se trouve au fondement même de leurs activités économiques et que les énergies renouvelables n’ont tout simplement pas la capacité de la remplacer. ( petrole.blog.lemonde.fr )

Les pays riches ont fait leurs calculs, techniques et politiques, et savent qu’ils ne peuvent répondre à l’appel du GIÉC et de la COP21. Réduire leurs émissions – et leur consommation de pétrole, de gaz et de charbon – aux niveaux requis équivaudrait à planifier une sorte de « récession permanente » pour leurs économies. ( ftalphaville.ft.com )

Le rapport de Mercer suggère que l’échec de la conférence ouvrira les perspectives pour les trois scénarios catastrophiques : l’entente « historique » en décembre 2014 qui voyait la Chine s’engager à des réductions de ses émissions à partir d’un pic de celles-ci en 2030 rendrait le scénario « Coordination » probable, avec une hausse de la température d’environ 3°C. On peut soupçonner que c’est la même chose pour les engagements des États-Unis lors de cette entente.

http://www.harveymead.org

La technologie ne sera pas à la rescousse

Les manifs, les marches, les intenses efforts de sensibilisation auprès des populations menés depuis plusieurs années par une multitude d’organismes de la société civile, avec 350.ong à la tête, ne tiennent tout simplement pas compte de cette contrainte, qui marque une situation que définit notre refus d’agir depuis des décennies. Nous savons que nous devons agir pour contrer la hausse de la température de la planète. Pour la première fois, nous pouvons même quantifier l’effort nécessaire. Mais nous n’avons pas évalué ce que cette action exige, ce que nos dirigeants ont fait.

La COP21 marque une première dans l’histoire de notre relation avec l’environnement que nous saccageons depuis des décennies. Depuis les débuts du mouvement environnemental, nous essayons de tenir compte des impacts environnementaux de nos activités tout en prenant pour acquis que nous ne pouvons pas abandonner notre « développement économique » ; une longue série d’efforts de « mitigation » et de compromis en était le résultat.

À Paris cette semaine, pour la première fois, les gouvernements du monde sont confrontés au constat que cela ne marche plus.

Nous connaissons raisonnablement bien ce qui nous attend si la température de la planète dépasse le 2°C : fonte de la glace de l’océan Arctique et début d’un processus de rétroaction qui stimulera le processus de réchauffement ; phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus sérieux et de plus en plus fréquents ; sécheresses dans les régions où nous cultivons nos aliments ; acidification des océans dont nous tirons d’autres aliments ; perturbations sociales à l’échelle de la planète face à des pénuries de toutes sortes. Ce n’est plus une question de mitigations.

Et nous connaissons – du moins, nos gouvernements connaissent – les conséquences des interventions nécessaires pour respecter le budget carbone et le processus de contraction/convergence qui mettrait fin aux énormes inégalités qui marquent les relations internationales depuis trop longtemps : ralentissement dramatique de la production industrielle dépendant de l’énergie fossile ; transformation de l’agriculture industrielle fondée sur un recours massif à l’énergie fossile ; baisse conséquente des revenus des populations entières ainsi que des gouvernements ; déstabilisation de l’ensemble de nos sociétés. C’est une récession permanente qui s’annonce.

La technologie à la rescousse ?

Les économistes qui oeuvrent à l’échelle internationale savent que les risques pour l’économie mondiale et pour la civilisation telle que nous la connaissons sont de plus en plus graves. Parmi eux, Jeffrey Sachs, en concertation avec le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, voyait les implications de cette situation et a lancé l’an dernier le Deep Decarbonization Pathways Project (DDPP) pour prévenir l’échec de la COP21. L’objectif du DDPP : fournir le portrait des interventions technologiques qui pourraient, d’ici 2050, permettre le maintien de la croissance économique tout en respectant le budget carbone du GIÉC.

Un premier rapport en septembre 2014 laissait quelques doutes quant au succès de l’initiative, mais maintenait le cap pour un rapport plus global pour 2015, avant la COP21.

Le travail réunissait des équipes dans 16 pays représentant environ 75% des émissions de GES et 85% de l’activité économique mondiale.

En septembre 2015, le résumé exécutif de ce deuxième rapport (toujours non disponible dans sa version intégrale à la veille de la rencontre de Paris), concluait que ses efforts aboutissaient à l’abandon de l’objectif de concilier la croissance économique et le respect du budget carbone avec une probabilité raisonnable ; d’après ses travaux, cette conciliation serait « aussi probable qu’improbable », ce qui comporte un risque inacceptable.

En fait, la lecture de ces documents, qui prévoient entre autres une augmentation de l’activité économique d’ici 2050 de 350%, permet de voir jusqu’à quel point les risques déjà identifiés par les responsables du Forum économique mondial de Davos exigent des interventions inimaginables – ou presque, puisque le DDPP essayait justement de les imaginer.

Un échec prévisible

Issu prévisible, presque inévitable : les pays riches vont décider de courir le risque de continuer à mitiger les impacts de leur développement économique en espérant que les pays pauvres seront forcés à rester dans leur situation de pauvreté relative. C’est ce qui marque nos relations depuis près d’un siècle (ou plus) et il y a peut-être de l’espoir que le développement économique de la Chine et de l’Inde, pour ne mentionner que ces deux pays qui hébergent presque la moitié de l’humanité, s’effondrera.

 

(1) Auteur, L’indice de progrès véritable: Quand l’économie dépasse l’écologie, 2011 (MultiMondes)
Commissaire au développement durable, 2007-2008
Président (Chair), Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, 2002-2005
Président Nature Québec 1981-1989, 1994-2006
www.harveymead.org