Archives de catégorie : Général

Conférence sur l’or nazi : 1 G de $ et 20 ans plus tard (1997-2017)

« Deux valises de 8 à 10 kilos sortaient chaque semaine du camp », soit l’équivalent de 2 millions de francs suisses de l’époque, et ça c’était rien que pour ce camp relativement peu « rentable ».

Cette déclaration de l’arracheur de dents de Treblinka est lourde et lugubre, surtout lourde de conséquences ! En septembre 1946, une commission tripartite est établie pour examiner les demandes des gouvernements en vue de la restitution de l’or monétaire volé par le régime nazi. Composé de représentants des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, l’organisme a mandat de s’assurer que chaque pays demandeur obtienne restitution, par l’intermédiaire du « Gold Pool » mis sur pied dans la foulée­, en proportion de ce que les Allemands avaient volé. L’Albanie, l’Autriche, la Belgique, la Tchécoslovaquie, la Grèce, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas émettent alors des revendications. Mais rien ne sera officiellement fait pour l’or des personnes privées. Les dents de Treblinka et autres horreurs…  Il faudra attendre le 2 décembre 1997 pour qu’une conférence, au Château de Lancaster, vienne redonner espoir aux familles héritières des victimes des camps de la mort hitlériens.

« La conférence est censée établir des faits historiques relatifs au commerce de l´or avec le IIIe Reich », s’expliquera, par communiqué officiel, le gouvernement de la Confédération helvétique, en confirmant sa participation comme plus de 40 le feront.

L’événement fut effectivement important !

Cette conférence sera suivie d’un accord signé le 12 août 1998 concernant la restitution de 1, 25 milliard $ permettant de constituer un fonds des victimes. Très spécifiquement, un accord, dit global, intervint entre le Congrès juif mondial (CJM), au nom des défenseurs de rescapés de l’Holocauste ou d’ayants droit, et les deux principales banques commerciales suisses accusées de spoliations, soit l’UBS et le Crédit suisse. À verser sur trois ans : 1,25 G$, somme qui s’ajouta à l’argent du Fonds spécial pour les victimes de l’Holocauste créé par les banques et l’industrie suisses début 1997 (voir au bas l’encadré).

Cet accord, certes historique, portait sur l’ensemble des plaintes déposées contre le Crédit suisse et l’Union de Banques Suisses par des milliers de personnes qui réclamaient au total une vingtaine de milliards de $, celles contre la Banque nationale suisse (BNS) et le gouvernement de Berne, bien que tous deux n’aient officiellement pas participé aux négociations, et celles contre l’industrie suisse.

Et que s’est-il passé ensuite ? Qu’est devenu tout cet argent ? Cela fait un autre vingt ans cette année… Combien en reste-il des survivants des camps ?

L’ARGENT EST ALLÉ AUX PLUS DÉMUNIS

Ce n’est qu’en 2013 qu’un bilan officiel de la gestion de la restitution des fonds juifs fut rendu public par le juge Edward Korman, établi à New York. Sa présentation d’un « premier bilan provisoire » de l’accord historique signé en 1998 entre les banques suisses et le Congrès juif mondial (CJM) portant sur la restitution des avoirs juifs en déshérence affirmait que « 1,24 milliard $ avaient été distribués aux survivants des victimes de l’Holocauste ».

Pour la petite histoire, le juge avait initialement placé ces fonds, en attendant qu’ils soient distribués, en obligations d’État des USA.

QUI ? COMBIEN ?

Selon le rapport du juge Korman :

  • Quelque 457 000 survivants de l’Holocauste et des héritiers ont touché des fonds;
  • Environ 199 000 anciens travailleurs forcés de l’Allemagne nazie ont touché 288 millions;
  • 4 100 réfugiés juifs qui ont été refoulés par la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale ont touché 11,6 millions;
  • 236 000 victimes des Nazis particulièrement démunies, qui vivent principalement dans l’ancienne Union soviétique ont touché 205 millions;
  • Un montant de 800 millions était prévu pour les détenteurs de comptes bancaires ou leurs héritiers (mais seuls 726 millions ont été distribués); il y a eu 2 900 versements pour 4 600 comptes en déshérence;

En 2010, le juge a versé à ceux qui avaient déjà touché quelque chose une rallonge de 45%, car il restait encore de l’argent à distribuer.

Le juge a aussi autorisé des versements en 2006 pour 12 300 demandes qui étaient « plausibles mais pas documentés ». Les familles ont touché à chaque fois un versement forfaitaire de 5 000 $.

LA SUISSE ET LES AUTRES…

La machine de guerre allemande avait désespérément besoin des pays neutres: la Suède avec son fer et les roulements à bille, le Portugal fort de ressources minérales indispensables, dont le tungstène, l’Espagne avec ses accès sur la mer, la Turquie pour son chrome. Mais ces pays n’acceptent alors pas le reichsmark en paiement. La Suisse jouera le rôle du banquier propre.

 Parmi les pays neutres,
la Suisse fut le principal banquier
et intermédiaire financier
des nazis.

Dès la fin de la guerre, Washington lance l’opération «Safehaven» (ainsi appelée parce qu’il s’agissait d’éviter que les avoirs nazis volés trouvent « un refuge sûr »). Les négociateurs alliés estimèrent alors qu’entre 200 et 398 millions de dollars-or volés étaient en Suisse à la fin de la guerre (plusieurs milliards de $ d’aujourd’hui).

« Il n’était pas question
de se mettre les «neutres» à dos
pour dédommager
les juifs. »

Mais les voûtes helvétiques ne s’ouvriront pas comme par enchantement et angéliquement par des banques pleines de bonnes intentions. Devant l’inflexibilité suisse, les Alliés réduisent même à 130 millions $, puis à 88 M, leurs prétentions sur le montant de l’or volé en Belgique que les Suisses reconnurent posséder.

Et finalement ils payeront 58 M$, en 1946, pour « solde de tout compte » concernant toutes les prétentions éventuelles sur les transactions entre la Suisse et la Reichsbank. Les négociateurs suisses faisant même inclure dans le préambule de l’accord, que la Confédération helvétique ne jugeait pas fondée en droit « la restitution de l’or », mais que son gouvernement était « désireux de contribuer à la pacification et à la reconstruction de l’Europe, y compris le ravitaillement des contrées dévastées » !

Le 25 mai 1946, l’Accord de Washington est signé. La commission tripartite retrouvera 337 tonnes d’or. Elle en a redistribué 331,5 tonnes aux États (l’or monétaire).

Selon une recherche du Congrès juif mondial,
30%
de l’or pillé par Hitler
aurait été en fait de l’or provenant de
victimes du nazisme.
Une commission présidée par l’historien suisse
Jean-François Bergier
a retrouvé la trace de
119,5 kilos d’or
prélevés dans les camps de concentration.

Les preuves de Merkers

Printemps 1945, la 3e armée du général Patton s’avance sur l’Allemagne et le 4 avril entre dans la ville de Merkers. Des rumeurs y circulent sur une cargaison secrète parvenue de Berlin, qui aurait été dissimulée tout près dans une mine. Plusieurs GI décident de descendre mener l’enquête : 800 m plus bas, ils tombent sur une énorme porte en acier qui cache plus de 7 000 sacs soigneusement empilés. Ce qu’on trouve à l’intérieur est tellement incroyable que trois hommes parmi les plus puissants du monde veulent le voir de leurs propres yeux : George Patton, son supérieur Bradley, ainsi qu’Eisenhower, alors commandant suprême des forces alliées en Europe. Plus de 8 000 barres d’or sous forme de lingots, 2 000 sacs de pièces d’or: des reichsmarks, des souverains anglais, des napoléons, des pièces US de 20 dollars or et des centaines de sacs de pièces d’or provenant d’autres pays.

En en s’avançant vers le fond de la mine, Patton découvre la cache d’un ignoble butin. Tout l’arrière de la chambre était constitué de biens qui avaient été volés aux victimes des camps de concentration. Un empilement de valises remplies d’argenterie, d’alliances, de dents en or. Chaque sac, caisse ou malle avait été inventorié avec soin et estampillé d’une étiquette marquée Melmer, qui était l’officier SS allemand effectuant les allers-retours avec les camps de concentration pour ramasser tout ce qu’il pouvait afin de les acheminer vers Berlin. Au cours de la guerre, il avait fait comme ça au moins 77 livraisons contenant le fruit de son pillage.

Source : www.loretlargent.info/or/lor-nazi-histoire-de-lor-6/1860/

En 1997, le gouvernement de Londres, souhaitant réparer les injustices, proposa que le résidu de cet or, exactement 5,5 tonnes, qui reste encore dans les comptes de la commission tripartite, serve à financer un fonds commun en faveur des 300 000 survivants de l’Holocauste.

Encadré

Début 1997, la Suisse a par ailleurs créé un Fonds humanitaire, pour les victimes de l’Holocauste. Une action humanitaire indépendante de la question des comptes en déshérence et de l’Accord global de 1998 entre banques suisses et plaignants juifs.

Ledit « Fonds en faveur des victimes de l’Holocauste » aura distribué 295 millions de CHF à 312 000 survivants dans le besoin. La plus grande part des fonds allant vers l’Europe centrale et orientale. Mais des personnes démunies vivant dans des pays riches en ont également bénéficié. Parmi elles, une centaine de Suisses. Des rescapés de l’Holocauste vivant, selon les critères retenus par le Fonds, dans un vrai dénuement. « C’était la première fois qu’une instance officielle s’intéressait à leur sort », expliquera le président de la fondation, Rolf Bloch, lors de l’annonce de la fin des opérations.

Aux États-Unis, au Canada et en Israël, 124 000 personnes ont aussi touché entre 600 et 2 000 francs. Une somme dite « symbolique ».

  • 295 millions de CHF (200,6 millions EUR) à 312 215 bénéficiaires ;
  • L’argent non affecté, soit environ 3 millions CHF, attribué par la Confédération à des organisations humanitaires ;
  • Chaque bénéficiaire a reçu une somme comprise entre 600 et 2 000 CHF :
  • 255 078 personnes vivants dans les pays de l’Est et en Israël,
  • 41 512 persécutés politiques,
  • 13 763 Roms,
  • 1 649 « Justes des nations »,
  • 9 homosexuels,
  • 69 témoins de Jéhovah,
  • 103 chrétiens d’origine juive,
  • 32 personnes handicapées.

Source : fr.wikipedia.org/wiki/Fonds_suisse_en_faveur_des_victimes_de_l’Holocauste

*****

EXTRAIT : Berne, le 18 décembre 2002

Dissolution du fond spécial en faveur des victimes de l’Holocauste/la Shoa dans le besoin

Le Conseil fédéral a décidé de dissoudre le fonds spécial en faveur des victimes de l’Holocauste/la Shoa dans le besoin avec effet au 31 décembre 2002. Le solde des avoirs du Fonds, capital restant de ce fonds, à hauteur de 12 millions environ, de francs provenant en particulier notamment des intérêts, est sera consacré affecté pour un tiers à l’aide aux victimes de la torture et de la guerre et transféré pour deux tiers à la World Jewish Restitution Organisation.

Le Conseil fédéral avait créé le Fonds (…) par ordonnance du 26 février 1997. Le but de ce fonds était de distribuer aux survivants de l’Holocauste dans le besoin les subventions dons des banques suisses, de l’industrie, des sociétés d’assurance et de la Banque nationale.

Source : www.admin.ch/cp/f/3e005dae_1@presse1.admin.ch.html

C’est donc un long rappel que de se souvenir de l’or nazi volé et spolié… De 1939 à 1945…, de 1946 à 1997…, de 1997 à 2002, de 1998 à 2013…

Bref, de 1946 à 2017, plus de 70 ans après la fin de cette ignoble guerre, on peut dire que l’histoire de l’or nazi volé aux juifs est une affaire enfin réglée.

Paix à toutes ces âmes et aux mauvaises consciences.

—————————————————————

Source de la Une: footage.framepool.com/fr/shot/667909193-or-nazi-reichsbank-lingot-d’or-merkers-mine

Sources complémentaires:

french.ruvr.ru/2012_07_11/81044379/

www.alterinfo.net/Allemagne-80-000-victimes-de-l-Holocauste-seront-indemnises

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

 

L’incontournable triangle du MENA : Turquie, Iran, Égypte

Le mois de février 2017 aura vu le premier leader politique d’Israël passer rencontrer son homologue à Washington. Cette première visite officielle entre les deux politiciens n’aura pas fait disparaître les incertitudes sur l’avenir du Middle East North Africa (MENA) comme région sensible du monde. Mais ce qui est une certitude, c’est que les trois pays de pointe du triangle géographique Turquie, Iran, Égypte s’imposeront comme incontournables politico-économiques d’ici 2025 et au-delà.

Cela essentiellement pour des raisons démographiques. Pour 2025, les démographes annoncent déjà que l’Égypte dépassera les 100 millions d’habitants et la Turquie comme l’Iran les 90 millions.

Le monde actuel
ne compte que 11 pays
dépassant 100 millions
d’habitant

À eux trois, ils seront de loin les pointes stratégiques d’une région de plus de 600 millions de population, surpassant encore plus celle de l’UE (500 M en 2017). Mais une région triangulaire qui encadrera en son centre une trop longue liste de pays déstabilisés et imprévisibles : Irak, Syrie, Israël-Palestine, Chypre et Liban, en plus de l’Arabie Saoudite, Bahreïn, du Koweït, des Émirats arabes unis, du Qatar et de la Jordanie, dont aucun n’approchera leur démographie respective.

À eux trois, ils compteront notamment les trois plus imposantes mégalopoles du MENA : Le Caire, Istanbul et Téhéran, qui sont déjà des agglomérations déca-millionnaires de 10-13 millions de citoyens.

L’IMPLACABLE GÉOGRAPHIE

Même si elle continue de rêver à un rôle européen, Istanbul se devra de regarder dans sa cour. Les grands barrages des monts Taurus font, plus que jamais, dépendre de la Turquie le débit des eaux fluviales en Syrie comme en l’Irak. Et le potentiel est même là pour apporter la précieuse ressource eau douce jusqu’à Gaza et Jérusalem.

Les eaux du Nil n’ont, pour elles, rien à voir avec les autres pays du MENA et c’est plus sur l’Éthiopie africaine que l’Égypte concentre les regards quant à l’enjeu de l‘approvisionnement. En fait le plus long fleuve du monde traverse 9 pays d’Afrique. Mais les forces productives et le rôle politico-militaire de l’Égypte collent le pays entier au destin du MENA. Le Canal de Suez est avant tout un acteur méditerranéen!

Quant à l’Iran chiite et persane, ses voisins orientaux de l’autre frontière sont l’Afghanistan, le Pakistan et le Turkménistan. L’enjeu de l’exploitation de sa force pétrolière se jouera beaucoup plus intensément avec la carte du MENA, sur son flan occidental. Même chose pour son leadership politico-religieux. Téhéran restera certes la plus incertaine des capitales des trois pays ici en cause. Comment se terminera la question du nucléaire pour ce pays ? Comment son rôle dans l’actuelle crise syrienne se développera-t-il ? Mais sa population jeune et très instruite regarde à l’ouest.

LA CARTE ALIMENTAIRE

Turquie, Iran, Égypte sont par ailleurs les trois pointes d’une fournaise de plus en plus assoiffée et affamée : le MENA est mondialement devenu la première région importatrice de produits alimentaires de base (blé, orge, sucre, huile végétale, viande) depuis quelques années déjà.

Maintenant qu’elle le peut, avec des forages de milliers de mètres en profondeur, cette civilisation de l’irrigation puise désespéramment dans ses eaux fossiles (on pense surtout à l’exemple de la Libye), mais quant 50 à 80 % de l’eau extraite tourne à la perte par évaporation, il faudra innover pour améliorer les bilans agricoles.

À eux trois, Turquie, Iran, Égypte, les incontournables du MENA, avec l’horizon 2025 pèseront pour près de 300 millions d’habitants d’une population fort jeune et éduquée. Retenez cette image avant d’installer un bureau régional à l’étranger.

————————

Lire notre article de novembre 2016 : CONNAISSEZ-VOUS LES MÉGA-PAYS DU MONDE ?

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

Qui cherche encore les hydrates de méthane océaniques ?

Si on vous dit que 1 centimètre cube de cette glace libère jusqu’à 164 centimètres cubes de méthane ! Oui : 164 fois la mise… Sous des conditions de température et de pression particulières, la glace (H2O) peut piéger des molécules de gaz, formant une sorte de cage emprisonnant les molécules de gaz. On appelle les composés résultants des hydrates de gaz ou encore des clathrates (du latin clatatrus, encapsulé). Le cas qui nous intéresse ici est celui des hydrates de méthane, une glace qui contient une quantité énorme de gaz.

Énormément beaucoup de gaz !

Le long de la seule côte sud-est des États-Unis, une zone de 26 000 kilomètres carrés contient 35 Gt (milliards de tonnes) de carbone. C’est plus de 100 fois la consommation de gaz naturel des USA en 1996 !

Mondialement, on estime même que les hydrates de méthane des fonds océaniques contiennent deux fois plus en équivalent carbone que la totalité des gisements de gaz naturel, de pétrole et de charbon connus. Wow !

LE JAPON ACTIVEMENT DANS LA COURSE

Parce que le gouvernement japonais a fait stopper la plupart des centrales nucléaires du pays suite à la catastrophe de Fukushima et que des prospections sismiques et des forages exploratoires ont souligné la présence d’environ 1 000 milliards de mètres cubes de méthane au large de sa côte est, le Japon est actuellement en tête des puissances qui tentent d’exploiter cette « glace qui brûle ».

Appelé familièrement
«glace qui brûle»
ce composé glacé est inflammable
dès qu’il fond et en présence d’oxygène
ou d’un oxydant

La Japan Oil, Gas and Metals National Corporation (JOGMEC) qui réussissait en 2013 à extraire du méthane de manière satisfaisante durant un essai au large des péninsules d’Atsumi et de Shima grâce à son navire de recherche Chikyu, planifiait une seconde ronde de tests in situ pour 2015. Pour l’instant, il ne nous a pas été possible d’en apprendre davantage pour confirmer si la phase 2015 a été effectivement réalisée. L’internet est muet.

Seule l’expérience de 2013, réalisée à 330 mètres en sous-sol sous 1 000 mètres de profondeur marine est documentée publiquement. Elle a consisté à provoquer une chute de pression pour récupérer le gaz, enfermé avec de l’eau sous forme cristallisée dans les sédiments superficiels des eaux océaniques profondes, sous des conditions de forte pression et basse température. Du gaz avait effectivement été obtenu en surface pendant 6 jours (120 000 m3). Assez pour alors planifier une plateforme d’extraction à développer entre 2016 et 2018 avec une exploitation commerciale en mire.

Un exercice de résolution de problèmes réalisé à l’Académie de Nantes : www.pedagogie.ac-nantes.fr proposait que « l’exploitation des hydrates de méthane donnerait une autonomie au Japon vis-à-vis du nucléaire de 37 ans ».

  • Depuis l’an 2000, Ressources naturelles Canada aura investi plus de 16 millions $ et de 2002 à 2008, le Japon, autour de 60 M$, pour financer des tests dans l’Arctique canadien.
  • Un projet allemand dit « SUGAR (Submarine Gashydrat-Lagerstätten: Erkundung, Abbau und Transport), lancé à l’été 2008 par l’Institut Leibniz pour les sciences marines de Kiel, sous tutelle des Ministères fédéraux de l’économie et de la technologie (BMWi) et de l’enseignement et la recherche (BMBF) avec l’appui de 30 partenaires économiques et scientifiques et un budget initial de près de 13 millions d’euros, visait à extraire du méthane marin et à stocker à sa place du CO2 capté au sortir de centrales thermiques ou d’autres installations industrielles.
  • Les autorités des USA on aussi procédé à des tests en Alaska en 2012.
  • En mars 2012 un groupe d’investisseur Taiwano-Allemand fut créé pour étudier les ressources en méthane dans la mer de Chine.
  • L’Inde, la Norvège, la Chine, ainsi que la Corée du Sud veulent suivre le Japon à la recherche de cette énergie de transition.

Sources: Wikipedia et CBC

Il est vrai que depuis, l’extraction des clathrates est présentée comme une « bombe écologique en puissance ».

Les autorités canadiennes ont d’ailleurs mis un terme à des investissements dans le même sens, après notamment une coopération avec le Japon (voir encadré). Parce que l’extraction des clathrates est dite dangereuse et coûteuse.

Pour la première fois, une solution technologique intéressante avait été démontrée sur le site de Mallik, dans l’extrême-nord du Canada. Un site de recherche rapidement devenu international pour l’étude des hydrates de gaz naturel de l’Arctique dans le delta du Mackenzie. En 2002, un consortium élargi de sept partenaires internationaux et de plus de 300 scientifiques et ingénieurs avait permis le forage d’un puits d’une profondeur de 1 200 m pour l’exploitation et de deux puits adjacents pour l’observation scientifique.

C’est d’ailleurs grâce aux travaux à Mallik que le Japon a pu confirmer la technique de la chute de pression – la dépressurisation – comme procédé pour récupérer le gaz.

Mais le Canada ne semple plus y croire.

Les critiques craignent, par exemple, que ce type d’exploitation cause d’immenses glissements de terrain sous-marins sur le talus continental, entraînant des tsunamis très importants menaçant les populations riveraines.

LA FRANCE CHERCHE À COMPRENDRE

Ce qui est certain, c’est qu’en septembre 2015, quarante géologues et chimistes sont sortis en mer Noire, au large de la ville roumaine de Constanta, pour y étudier la dynamique des hydrates de méthane, à bord du navire océanographique français « Pourquoi pas ? » dans le cadre de la mission scientifique GHASS.

Cette campagne était menée par l’Ifremer en collaboration avec des chercheurs allemands (GEOMAR), roumains (GeoEcoMar), norvégiens (NGI) et espagnoles (université de Barcelone).

Enjeux de la campagne GHASS

  • Améliorer les connaissances sur les hydrates de méthane et leurs stabilités dans un contexte de changement global;
  • Identifier les aléas liés à la déformation sédimentaire des fonds marins («glissements sous-marins»).

Les connaissances à propos de cette ressource énergétique exceptionnelle sont relativement récentes, car ce n’est qu’en 1996, dans l’océan Pacifique, que le navire de recherche Sonne remontait d’une profondeur de 785 mètres, environ 500 kg d’hydrate de méthane.

Gaz à effet de serre par excellence, toute manipulation de méthane commande une extrême attention.

———————————————–

Source de l’image: connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/hydrates-de-methane

www.notre-planete.info/actualites/actu_818_clathrates_energie_bombe.php

www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s3/hydrates.methane.htm

www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/12/premiere-extraction-sous-marine-reussie-d-hydrates-de-methane_1846446_3244.html#t37xGIogYb628GoQ.99

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

Un historique tour du monde en 40 jours !

Nous vous avons parlé de ces voiliers qui bientôt voleront … L’affaire vient de vivre une nouvelle étape, historique ! C’est bien sur la mer et par des hommes experts que l’exploit vient d’être réalisé. Mais il y avait aussi de la technologie. 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes : c’est le chrono historique que vient de ramener la capitaine Francis Joyon, en effaçant le précédent record datant de 2012.

Parti le 16 décembre 2016 de la Bretagne sur son maxi-trimaran Idec Sport, avec cinq coéquipiers, 40 jours plus tard il se méritait le Jules Vernes, ce prestigieux trophée que gagne le navigateur à voile réalisant la plus rapide traversée du globe en mer. Et Joyon ne bat pas Loïck Peyron de justesse : c’est par plus de 4 jours et demi qu’il abaisse le record.

Le maxi-trimaran de 31,5 mètres de long a donc livré la marchandise. En 2012, le Banque Populaire de Peyron faisait, lui, 40 mètres et il était doté d’un équipage total de 14 marins.

40 jours ! Aucun marin n’aura ainsi tourné aussi vite autour de la planète, d’une seule traite, bien que cette performance de Joyon avec sa petite équipe n’arrive pas seule :

  • Alors que Joyon était déjà en mer, le 25 décembre, Thomas Coville a lui aussi battu un record – qui tenait depuis 8 ans – avec son tour du monde en solitaire de 49 j 3h 7 m à la barre du Sodebo, un grand trimaran de 30 mètres de long.
  • Et le 19 janvier 2017 restera la victoire d’Armel Le Cléac’h remportant le Vendée Globe en un temps record de 74 j 3 h 35 m 46 s pour son tour du monde en solitaire sans escale à la barre de son monocoque Banque Populaire VIII.

Mais c’est le témoignage de l’équipe Joyon qui montre bien que l’heure des voiliers qui volent est à nos portes. Comme nous en avait parlé, à bord même du trimaran French Tech Rennes St Malo, le québécois Charles Mony qui s’apprêtait à quitter Québec avec trois collègues, en août 2016, pour tenter de joindre le premier St-Malo, dans le cadre de la 9e édition de cette transat.

« Les premières traversées en course ont été de 78 jours. Dix ans plus tard, nous en sommes à 48, et un skipper projette d’abaisser ça à 45 jours. Nous sommes loin du fameux Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne, du nom dudit trophée de cet exploit au début », nous racontait alors Charles Mony en expliquant les progrès techniques de ces formules un de la mer.

C’était en août dernier, de 2016.

L’Histoire n’aura pas attendue longtemps.

« J’ai vu un 48 nœuds (…) Notre projet était porté par une approche très différente de ceux qui se sont lancés jusque là dans le Trophée Jules Verne. Il misait sur la légèreté plutôt que la puissance. Cela fonctionne, même si nous avons été moins performants dans les zones de petit temps où nous aurions bien voulu avoir un plus de hauteur dans le mât (…)

(…) Les dernières évolutions nous montrent que les bateaux volants marchent très bien aussi », a raconté à l’arrivée un membre de l’équipage Joyon, Clément Surtel.

À sa création, il y a 25 ans, l’objectif était de faire moins de 80 jours. Désormais, il va s’agir de faire moins de 40 pour essayer de ravir ledit trophée.

  • 1895: premier tour du monde en solitaire par Joshua Slocum (3 ans en mer);
  • 1921: deuxième tour du monde en solitaire par Harry Pidgeon (4 ans en mer);
  • 1968: les premiers solitaires autour du monde sans escale, d’abord Robin Knox-Johnston en 313 jours, et Bernard Moitessier en 304 jours;
  • 2005: Ellen MacArthur y va d’un 71 jours en mer en solitaire.

Caractéristiques du maxi trimaran
IDEC SPORT

  • Architectes : Cabinet VPLP (Van Péteghem-Lauriot Prévost)
  • Noms précédents : Groupama 3, Banque Populaire VII
  • Longueur : 31,50 m
  • Largeur : 22,50 m
  • Déplacement : 18 000 kg
  • Tirant d’eau : 5,70 m
  • Hauteur du mât : 33,50 m
  • Structure : carbone-Nomex
  • Voilure au près : 411 m2
  • Voilure au portant : 678 m2
  • Date de la première mise à l’eau : juin 2006

www.idecsport-sailing.com/les-six-fantastiques/#/

 

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

Manquerons-nous de sel un jour ?

Pétrole, cuivre, argent, or… bien des matières premières ou ressources naturelles sont dites non-renouvelables et, graduellement, doivent être gérées par l’humanité en conséquence de cette finitude. Qu’en est-il du sel ?

Oui, ce sel qui eut toujours une importance substantielle dans l’histoire. Ce sont des barres de sel qui transitaient par le Sahara avec les grandes caravanes de chameaux et alimentaient le commerce entre la Méditerranée et l’Afrique noire en y permettant la vie des siècles entiers. Et encore le sel qui permettait aux Européens de conserver plus longtemps leurs aliments et de résister aux famines.

La valeur du sel semble moindre en 2017, mais le sel est encore partout dans l’alimentation, dans l’industrie et dans le déglaçage des routes en hiver !

Alors comme pour le reste, manquerons-nous de sel un jour ?

Non. Pourquoi non ?

L’océan comporte, et ce de manière stable depuis 1 milliard et demi d’années, 48 millions de milliards de tonnes de sels. Et il existe aussi des mines de sel sur la terre ferme. L’eau des fleuves ayant ruisselé sur tous les continents en rapporte d’ailleurs continuellement ; de 3 à 4 milliards de tonnes de sels par an juste avec l’érosion des roches continentales. Ce qui reste très peu face à 48 millions de milliards de tonnes.

À quoi
peut bien correspondre 
cette
masse de milliards de tonnes 
de sel ?
Elle recouvrirait d’une couche haute de
140 mètres
l’ensemble des continents
émergés de la Terre.

Et il faut aussi avoir en tête que l’océan mondial (océans, mers, détroits…) est constitué de 1 370 millions de kilomètres cubes d’eau salée.

Chaque kg d’eau de mer comporte en fait 964,85 g d’eau pure (H2O), donc 96,5%; s’y trouvent aussi 10,77 g de sodium (Na) et 0,399 g de potassium (k), notamment (en plus de 19,354 g de chlore et moindrement du magnésium, calcium, strontium, bore, sulfate, des carbonates, du brome et un très petit brin de fluor).

Alors sel ou sels ?

Effectivement soyons précis, car si l’océan mondial contient bel et bien en moyenne 34,7 g de sels par kilogramme d’eau, ce tout de salinité se décompose en plusieurs constituants spécifiques :

  • très largement du chlorure de sodium (77,75%)
  • et pas mal de chlorure de magnésium (10,88%)
  • un peu de sulfate de magnésium (4,74%)
  • de sulfate de calcium (3,60%)
  • de sulfate de potassium (2,46%)
  • un brin de carbonate de calcium (0,35%)
  • et de bromure de magnésium (0,22%)
  • et même d’encore d’autres sels mais si peu… (pour moins de 0,01%)

(Source : d’après P. Tchernia, 1936)

Alors lorsque l’on parle du sel marin, on parle essentiellement du chlorure de sodium (NaCl) et du chlorure de magnésium (MgCl) qui représentent environ 90% des sels dissous de l’océan.

Mais que toute cette abondance ne vous fasse pas saler davantage votre assiette.

Moins de sel c’est généralement mieux pour la santé humaine !

————————————

Source de la Une: sel-de-mer.com

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !