L’annonce par le gouvernement fédéral canadien de l’imposition d’un prix aux émissions de carbone à partir de 2018 vient de frapper un grand coup dans le décor des manœuvres post-Accord de Paris sur les changements climatiques. Presque jour pour jour synchro avec le oui de l’Inde, puis le oui du Parlement européen, qui confirmaient le nombre suffisant de ratifications pour permettre à l’Accord de Paris d’entrée en vigueur, le premier ministre du Canada Justin Trudeau est venu surprendre tout le monde, et encore plus au Canada même, en faisant un déclaration surprise en Chambre le 3 octobre 2016, à savoir:
« (…) qu’Ottawa imposerait un prix de 10 $ la tonne dès 2018, qui augmentera de 10 $ chaque année pour atteindre 50 $ en 2022 ».
En effet, Justin Trudeau n’a pas attendu que les provinces et territoires se mettent d’accord sur une tarification sur le carbone et a annoncé un prix minimum pour la tonne de CO2, auquel ils devront tous se soumettre.
L’annonce a donc soulevé le mécontentement et plusieurs ministres de l’Environnement des provinces ont quitté une réunion qui se tenait le même jour, avec leurs homologues, en signe de protestation.
Mais des encouragements sonnent aussi dans le ciel. « Enfin le commencement d’une stratégie climatique nationale qui se fait attendre depuis longtemps », clame la Fondation David Suzuki.
Malgré que la plus grande partie de l’économie canadienne se fait déjà imposer un prix pour ses émissions de CO2, la mesure annoncée par le gouvernement fédéral garantira que l’ensemble des provinces et territoires avanceront vers une économie sobre en carbone tout en assurant l’équité et la flexibilité entre les provinces, plaide-t-on.
Et malgré le retrait de trois provinces et un territoire de ladite rencontre des ministres de l’Environnement, qui se tenait, elle, à Montréal, le Canada doit aller de l’avant, selon la Fondation.
« Le Canada ne peut plus se permettre d’attendre l’unanimité pour agir. Ceci équivaudrait à accorder un droit de véto à tous ceux qui veulent stopper notre transition énergétique.
Le gouvernement fédéral devra également mettre en œuvre des mesures additionnelles pour atteindre ses objectifs de réduction des GES pour 2030, vu le prix relativement bas imposé au carbone. Les efforts additionnels pour réduire les émissions devraient aussi contempler la fermeture totale des centrales au charbon d’ici dix ans, l’obligation pour les fabricants automobiles de commercialiser des véhicules zéro émission partout au pays, des investissements dans les énergies renouvelables et le transport en commun, ainsi que l’élimination des subventions au secteur des énergies fossiles, qui œuvrent délibérément contre l’imposition d’un prix au carbone », explique Karel Mayrand, directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki.
« Le prix plancher pour le carbone envoie un signal clair aux marchés : les technologies propres seront plus abordables et les technologies polluantes, plus coûteuses », explique encore Karel Mayrand.
*****
Vous aimez cet article!
Faites une DONATION à notre rédaction par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI!