Sommet mondial de la nordicité
Québec attend le monde en février 1999

par Daniel Allard

 

A moins de cinq mois du premier des rendez-vous sur la nordicité qu'il donne au monde entier, Bernard Paquet met lapubnord.gif (65626 bytes) dernière main au programme de l'événement. Quelque 60 conférenciers sont confirmés. Les quatre jours de débats - les 2, 3, 4 et 5 février 1999 - en plein Carnaval de Québec, annoncent plusieurs gros noms: Claude Cossette, René Dussault, Pierre-Marc Johnson, Hervé Serieyx, Bernard Voyer, le fondateur de l'Association des villes d'hiver, le vice-président de la Douma russe, le maire de Bergen, en Norvège.

"Le Sommet va être très concret. Par exemple, quelle est l'incidence des matériaux sur un éventuel TGV construit dans le climat du Québec? Comment une bonne gestion de l'information touristique sur le froid a une incidence sur l'augmentation du tourisme en Allemagne?", explique son président-fondateur.

"Cela va peut-être en surprendre plusieurs, mais ici notre éclairage est californien! J'amène à Québec l'expert mondial par excellence de l'éclairage urbain en milieu nordique, Julle Oksanen, un ingénieur de Finlande. Le Sommet va dire: le froid, c'est important. On va parler de l'organisation du froid, de l'importance de s'approprier le froid", ajoute-t-il.

Selon Bernard Paquet, il n'existe pas d'événement comparable actuellement dans le monde. Il n'y a, à vrai dire, que l'Association des villes d'hiver, qui a son siège à Sapporo, au Japon, et regroupe 55 villes qui y discutent des aspects de la gestion des villes d'hiver. En mars dernier, monsieur Paquet a aussi participé au Xème Congrès international de la viabilité hivernale de l'Association mondiale de la Route, à Lulea, en Suède. "A partir du concept de la nordicité, on apportera quelque chose de nouveau, une possibilité de créer des échanges et de susciter l'innovation", soutient-il.

Sous le thème générique de l'adaptation au froid, ce premier Sommet de la nordicité a choisi de traiter plus en détail de quatre thématiques: environnement, habitat et société, tourisme, transport et communication. Il souhaite attirer 850 participants et 100 exposants. L'exposition d'accompagnement - une foire fermée accessible sur invitation - illustrera de façon concrète les derniers développements techniques et se tiendra aussi au Centre des congrès.

Le caractère hautement international de l'événement est déjà assuré. Outre le Canada, au moins douze autres pays seront représentés: Chine, Danemark, États-Unis, Finlande, France, Islande, Japon, Norvège, Pays-Bas, Russie, Suède, Suisse. On compte dans le monde 33 pays nordiques ou alpins. L'Association d'affaires des premiers peuples, qui a accepté de favoriser la participation des communautés autochtones de chaque pays nordique, est par ailleurs jumelée au comité organisateur du sommet grâce à une entente de partenariat.

POSITIONNER QUÉBEC AU SEIN DES TECHNOPOLES DU NORD
"Québec n'existe pas sur l'échiquier mondial en tant que ville du froid. La ville n'est pas positionnée. Parlez du froid avec des Européens et ils pensent au Minnesota ou au Wyoming," explique celui qui a résolu de mettre sa ville sur la carte de l'industrie du froid.

"On va créer un positionnement: Québec, capitale de la nordicité. Les gens de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Québec Métropolitain m'ont parlé de l'idée de créer une Agence des technologies nordiques. Je leur ai dit qu'ils faisaient une erreur. Pas nordiques, mais de la nordicité! ", corrige-t-il.

Il y a assurément là un créneau de développement pour Québec. Cette initiative, qui vise à positionner la région comme centre d'excellence en matière de technologie d'adaptation au froid, mettra en valeur l'expertise de plusieurs entreprises déjà actives dans le domaine. ADS, Biogénie, École d'escalade l'Ascensation, Les Consultants Laforte, Métallifer, S.E.M. et les opérateurs du brise-glace Capitaine Joannis sont les entreprises de la région de Québec faisant actuellement partie de la programmation du Sommet.

paquet.gif (16597 bytes)

"En balayant l'univers de la nordicité, Québec sera une capitale du Nord des Amériques comme Saint-Pétersbourg pour l'Europe."

Bernard Paquet, président-fondateur du Sommet

L'historien de Québec Louis-Edmond Hamelin, père du concept de la nordicité, mais pas du tout à l'origine du projet de sommet, voit même dans cette initiative "un témoignage de la volonté de la région à devenir l'une des technopoles du Nord".

"Le Sommet mondial de la nordicité est une organisation à but non lucratif qui propose à la communauté internationale un forum bisannuel sur l'adaptation au froid, favorisant le réseautage et l'innovation tout en positionnant Québec comme capitale mondiale de la nordicité", expose d'ailleurs la mission de l'entreprise.

Un conseil d'administration de huit personnes gère la société à but non lucratif créée à l'automne 1997: François Boulay, Chambre de commerce régionale de Sainte-Foy, François Ducharme, Associé, Ducharme Perron Communications Affaires Publiques, Michel Fillion, pdg, Métallifer inc., Charles Huot, Québec Voyages et Congrès, Jacques-André Lapointe, Banque de développement du Canada, Pierre Prémont, professeur, Université Laval, Jean-Paul Nadeau, adjoint au vice-rectorat à la recherche, Université Laval, ainsi que le président du sommet, Bernard Paquet.

LE MARCHÉ DU NORD
La nordicité, c'est la notion qui fait référence à tous les éléments qui influencent les conditions de vie à l'intérieur de la zone froide de l'hémisphère boréal. Le fait central est celui du froid; il s'associe à l'humidité, la neige, tous les types de glace, le vent, le relief, les extrêmes saisonniers, les courants atmosphériques et marins pour former des vastes espaces bioclimatiques caractérisés par la végétation et la faune. "La notion est assez large pour ne rien refuser de ce qui peut contribuer à la compréhension maximale de toutes les manifestations de tous les pays froids. La nordicité exprime l'"état de nord", qu'il soit perçu, réel ou vécu, pourvu que l'on demeure à l'intérieur de l'hémisphère boréal", selon Louis-Edmond Hamelin.

Les aménagements de Manicouagan, par exemple, sont pour lui "des phénomènes nordicistes réussis et admirés".

Mais où est donc ce Nord? Un indice, comportant dix facteurs, fixe cette frontière mondiale entre le 50e et le 70e degré de latitude. Le Québec, qui a une intensité nordique élevée - plus forte que celle du Yukon!- se présente comme un lieu approprié pour organiser un sommet mondial consacré à la nordicité, selon les organisateurs.

La limite sud de la région arctique, dans le cadre du Programme de protection environnementale des Nations unies, se maintient généralement au nord du 60e parallèle, telle que définie par les huit pays circumpolaires. Bien que l'étude des limites de la zone froide demeure une question ouverte, la nordicité concerne en quelque sorte les territoires qui sont au sud des régions arctiques. Il ne faut pas confondre le Nord et le Grand Nord arctique. L'Arctique est circumpolaire et la nordicité est géographiquement circumterrestre.

Qu'importe les débats sur les différentes facettes du nord de la planète, celui-ci recèle nombre de ressources et représente un enjeu hautement stratégique. Les rivières du Nord transportent environ 10% des eaux qui coulent dans les rivières du monde. La forêt boréale, pour sa part, est un immense écosystème qui renferme plus du quart des arbres de la planète et plus de la moitié des conifères du monde. Le Nord est aussi un milieu fragile et vulnérable, car il ne possède pas la capacité de se régénérer rapidement. Environ 20,000,000 de personnes y vivent, dont 125 000 Inuit. L'occupation adéquate du Nord par l'être humain soulève encore bien des défis.

La population de Québec vit le froid sans conteste. L'appropriation du froid lui est même nécessaire. Il y a ici bien des gens compétents pour parler de cela. Preuve que l'équipe de Bernard Paquet n'est pas seule à considérer Québec comme carrefour des affaires du Nord, l'International Artic Social Sciences Association (IASSA) a choisi d'établir son secrétariat à l'Université Laval pour les trois prochaines années. Cette organisation internationale, qui regroupe environ 300 chercheurs et professeurs en sciences sociales provenant d'une dizaine de pays nordiques, tiendra son congrès triennal à Québec en 2001. Un événement qui coincidera avec le second Sommet mondial de la nordicité, prévu également en 2001. Un second Sommet qui prévoit alors s'intéresser aux thèmes de la géographie et de la juridiction.

Du 1er au 5 février prochain, Québec vibrera à la fois au son de son 45ième Carnaval d'hiver et de son 1er Sommet de la nordicité. Le jumelage des deux événements permettra aux organisateurs du Sommet de capitaliser sur le Carnaval comme élément culturel de sa programmation. Toutes les soirées seront libres et inviteront les congressistes à se faire carnavaleux!

Pour Bernard Paquet, qui est aussi à Québec le président de P.E Poitras Services d'expositions, la nordicité deviendra probablement un tremplin. Début 1997, l'homme d'affaires avançait l'an 2000 comme date réaliste pour tenir ce qu'il appelait alors un "salon de la nordicité". En avance d'un an sur son programme, ce spécialiste du marketing - il a été cofondateur de l'agence de publicité Cossette - n'a jamais caché sa volonté d'organiser ici même nos propres événements et de ne pas attendre la venue à Québec de congrès et conférences de l'étranger.

"Je m'occupe de nordicité pour les cinq prochaines années. Il y aura un autre Sommet en 2001 - c'est déjà confirmé - après, moi, je passe à autre chose. Avec la nordicité, on se fait les griffes. J'en ai quatre autres dans mes cartons." Ses prochaines cibles: les domaines de la biomasse, de l'optique-laser et de l'aluminium.

Pour plus d'informations: www.nordicite.org