La région de Québec pavoise alors que la
planète est essoufflée BioContact 98 par Daniel Allard
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Dans une
région qui avait plutôt envie de fêter, les organisateurs de la 5e édition de BioContact,
tenue les 1 et 2 octobre derniers à Québec, vivaient un paradoxe. Dans une région qui
voit présentement se bâtir le siège de Laboratoires AEterna, qui sait qu'une
entreprise pivot comme ACT International signe des ententes stratégiques en
Hollande et en Angleterre et ouvre des bureaux à Montréal et aux États-Unis, qui
savoure encore l'ouverture récente, dans son parc technologique, de BioVac - la
branche de BioChem Pharma spécialisée dans les vaccins qui est la seule usine de
production de vaccins au Canada -, les participants venus à BioContact 98 se faisaient
dire que "le secteur manque de souffle"! BioContact est
devenu Mais par les temps qui courent, ceux qui investissent du capital à la bourse dans ce secteur se demandent même s'il-y-a encore de l'avenir dans ce dernier! Oui, mais la traversée du désert n'est pas terminée, répondent les analystes. Le marché doit se replacer, avant que les biotechnologies reviennent dans la mire des investisseurs. En 1994, un peu plus de 200 participants avaient pu entendre 36 chercheurs présenter leurs travaux. Cinq ans plus tard, BioContact offrait 80 entreprises émergentes privées, publiques et internationales, présentant des programmes en parallèle à plus de 750 personnes de 13 pays, dont 20 États américains et 6 provinces canadiennes. "Je viens à BioContact depuis trois ans. C'est maintenant l'événement numéro un au Canada dans le domaine et je souhaite que BioContact se tienne éventuellement à Montréal, dans les prochaines années", témoignait Christian Archambault, rencontré sur place. Satisfait de son séjour à Québec, il confirmait faire partie de ceux qui ont signé une entente à l'occasion de BioContact. Sur une note moins positive, son passage dans la capitale lui rappelait aussi qu'il avait encore sur le coeur d'avoir eu des problèmes avec l'Office de la langue française pour le nom de sa jeune entreprise, IMMUNOGLOBE/GENETIKA. Pour Guy Charron, du centre de recherche du CHUM de Montréal, l'événement est devenu trop gros: "on nous dit que BioContact aura finalement attiré près de 1 000 personnes cette année. C'est trop! Pour moi, pour être vraiment intéressant pour les participants et leur permettre de bien faire fonctionner le réseautage, un tel événement devrait regrouper 500 personnes maximum." Pour la région de Québec, la biotechnologie représentait 8 entreprises en 1994. Elles sont 38 en 1998. Certaines ont d'ailleurs profité de BioContact pour faire le point. On a donc pu apprendre que Infectio Diagnostic (IDI), a signé plusieurs licences en 97-98 et que l'entreprise a pas moins de sept produits qui visent les marchés pour 1999 ou 2000. Serge Pitre, pdg de Diagnocure, était pour sa part fier d'annoncer que son équipe compte sur la collaboration du Dr John Murphy, de Boston, pour réaliser son prochain produit, dans le domaine de l'oncologie moléculaire. Anapharm, Cifra Médical, Diagnocure, Infectio Recherche, TGN Biotech, Véridis et Virocell sont les autres entreprises de la grande région de Québec impliquées dans le cadre des activités officielles de BioContact 98. Une quarantaine d'entreprises en biotechnologies Avec sa session "Compagnies internationales", l'événement a aussi permis à plusieurs entreprises biopharmaceutiques internationales de participer de façon proactive au processus de biopartenariat. Les entreprises présentatrices à ce volet étaient Cubist (É-U) avec une nouvelle génération d'antibiotiques; Cantab (R-U), dont l'approche interpelle le système immunitaire; P.P.L. Therapeutics (Écosse) avec son expertise transgénique dont la brebis "Dolly" est devenue le symbole; Cel SCI (É-U), qui propose l'immunothérapie pour le traitement du cancer, le sida et d'autres maladies infectieuses; Evax (Allemagne) avec ses vaccins recombinants; Urogène (France) dont les travaux portent sur le cancer de la prostate.
CONFÉRENCE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE RECHERCHES MÉDICALES DU CANADA Lors de sa conférence à BioContact 98, le président du Conseil de recherches médicales du Canada, Henry Friesen, a expliqué que par rapport à ses concurrents internationaux, "la recherche en santé au Canada a encore beaucoup trop de rattrapage à faire". Il a rappelé qu'il n'en a pas toujours été ainsi: "Nous avons déjà eu au Canada une solide base de recherche, mais nous n'avions pas la capacité de commercialisation pour passer à l'étape suivante." "Aujourd'hui, les chercheurs pensent différemment. Ils pensent à réaliser le potentiel commercial de leurs découvertes eux-mêmes Et regardez tout ce qui a été accompli jusqu'à présent. Selon à qui vous posez la question, le Canada se classe deuxième ou troisième dans le monde pour la biotechnologie, juste devant ou derrière le Royaume-Uni... et qui plus est, nous disposons des capitaux nécessaires pour procéder rapidement à la commercialisation. En 1996, pas moins du quart de tout le capital de risque au Canada a été investi dans les sciences de la vie - soit plus que dans n'importe quel autre secteur, y compris l'informatique, et cinq fois plus qu'il y a trois ans. A titre de comparaison, en 1995, les investisseurs en capital de risque européens ont placé seulement 2% de leurs capitaux en biotechnologies, et même aux États-Unis, ce secteur n'a attiré que 24% du capital de risque. Qu'on vienne dire ensuite que les Canadiens ne prennent pas de risques!" "Qu'on vienne dire ensuite que les Canadiens ne prennent pas de risques!" Dr Henry Friesen, "Les chiffres étant ce qu'ils sont, je crois que le secteur des sciences de la santé au Canada se trouve au même point que le secteur des télécommunications il y a 10 ou 20 ans - prêt à connaître un essor dont on n'aurait pas osé rêver il y a dix ans." "Le problème se situe maintenant au niveau de la base de recherche... Et nous risquons grandement de perdre la nôtre au Canada... Mais je ne veux pas vous décourager. En réalité, je n'ai jamais été aussi optimiste que je le suis actuellement." Faisant la promotion du projet d'Institut canadien de recherche en santé, qui stimulerait le flux de nouvelles idées et permettrait d'uniformiser les capacités de recherche clinique dans un réseau national, le Dr Friesen confirmait aussi que son organisme avait accepté d'investir 25M$, au cours des cinq prochaines années, dans la génomique, pour aider à transformer le groupe de travail sur le génome en un organisme sans but lucratif à part entière et préserver la place du Canada à la table du Projet sur le génome humain.
APPUI AU CENTRE DU DR LABRIE Le Dr Friesen a également parlé des "plans détaillés en vue d'une importante expansion" du Centre hospitalier de l'université Laval et du Dr Fernand Labrie en disant que "c'est comme un rouleau compresseur qui se dirige sur moi, mais c'est le genre de problème qui me plaît". |