Conçu en partenariat avec lentreprise suisse Digi-sens,
le milieu universitaire et des scientifiques réputés dans le secteur de
lenvironnement, le nouveau système de traitement des déchets domestiques (TDD) mis
au point par lentreprise québécoise Gespro Technologies va bientôt
modifier nos habitudes environnementales, encourageant ainsi les 3RV (réduction,
réemploi, recyclage et valorisation). Le système TDD est une balance électronique qui
permettra aux collecteurs de déchets de connaître le poids exact des rebuts domestiques
éliminés par les résidences, commerces et entreprises dune municipalité pour
ensuite en facturer le coût à lutilisateur. Avec une marge derreur de
seulement 0,4%, le TDD est le seul système répondant aux nouvelles normes établies par Mesures
Canada.
Selon Mario Girard, président de Gespro et son directeur de la
Division Environnement, John Izzi, lentreprise est la seule à être en cours
dhomologation à Mesures Canada. Pour le moment, aucune autre entreprise na
initié le processus. Ce qui place Gespro dans une position plus que confortable dans un
marché qui représente une valeur potentielle de 3 milliards $. "Nous avons une
avance denviron 18 mois sur tout concurrent éventuel, expliquent-ils. Bien
quen affaire être le premier ne soit pas toujours bon, il faut avouer que cette
fois, le timing est parfait."
GESTION DES DÉCHETS DOMESTIQUES: DEUX POIDS, DEUX FACTURES!
Cest à la demande de Recyc-Québec que Gespro
Technologies sest penchée sur le problème du poids des rebuts domestiques.
"Avec notre expertise des balances électroniques développées pour le secteur
forestier, après deux ans et demi defforts et de recherches et un investissement de
2.5 millions $, le TDD est maintenant au point. Déjà, de nombreuses municipalités du
Québec se sont montrées intéressées à implanter le système chez eux", confie M.
Girard.
En effet, le nouveau plan daction gouvernemental sur la gestion
des matières résiduelles obligera les municipalités à augmenter les habitudes de
recyclages de leurs résidents. "La mise en place de ce plan daction provoque
un engouement certain pour le système TDD qui arrive juste au bon moment", nous dit
Mario Girard. Selon lui, il est essentiel de régler maintenant le problème de
laccumulation des déchets: "Les gens ne veulent plus des sites
denfouissement sur leur territoire. Et il est impératif de laisser un monde plus
propre aux générations futures. Notre système est une solution parfaite pour régler au
moins une partie du problème."
Ce que permet le Système TDD, cest de peser les quantités de
déchets jetés par les résidents et demmagasiner ces données dans un ordinateur
installé dans les camions de ramassage. Sur chacun des bacs à ordures se trouvera une
puce informatique permettant den identifier le propriétaire et de facturer à
celui-ci le poids des rebuts dont il veut se débarrasser. Cela signifie que,
périodiquement, chaque résident recevra un compte pour lenlèvement de ses
déchets. "Selon des études, la tarification des déchets domestiques augmente
denviron 30% les habitudes de recyclage, explique Mario Girard. Bientôt, les gens
seront facturés pour ce quils vont jeter et ils recycleront davantage. En fait, le
principe est simple: plus tu jettes, plus tu payes! Dailleurs, dans un sondage
effectué en Suisse, 80% des répondants se sont montrés favorables au système de
lutilisateur/payeur."
Pour John Izzi, le problème des sites denfouissement est
particulièrement épineux: "Chaque année au Québec, 6 millions et demi de tonnes
de déchets sont enfouies. Le système de tarification permet de diminuer du tiers cette
quantité. Dans ce sens, une augmentation de 30 à 40% du recyclage contribue fortement à
rétablir la situation. La durée de vie dun site denfouissement se trouve
ainsi augmentée, permettant des économies substantielles pour les municipalités".
Pour améliorer la gestion des rebuts, les intervenants auront besoin dinformations
nouvelles. "Qui pollue, qui recycle? Les municipalités ont le mandat de mettre sur
pied des programmes déducation incitant leurs résidents à recycler davantage. Ces
programmes devront prendre en considération la question des clientèles, car il semble
que ce soit la portion la plus aisée de la population qui recycle le moins",
poursuit John Izzi.
PARTENAIRE SUISSE
Un des principaux problèmes à régler lors de la mise au point du
système fût celui de la pesée en mouvement. "Comme un collecteur dordures visite en moyenne 1000 foyers par jour, il
était primordial que la pesée se fasse sans ralentir le travail. Pour cette raison,
Gespro sest associée à une entreprise suisse qui avait déjà mis au point et
breveté un système de pesée par lames vibrantes permettant de réaliser cette
opération", précise Mario Girard. Lors de la collecte des déchets, le camion
soulève le bac et, sans quaucun arrêt soit nécessaire, le TDD effectue
lopération. Les informations contenues sur la puce sont transmises directement à
lordinateur de bord qui emmagasine les données. Une fois de retour au site de
déchargement, à 1000 pieds de lordinateur central, les données sont
automatiquement teléchargées par un système sans fil. La manoeuvre ne provoque ainsi
aucun retard dans les opérations.
Cette innovation rend le système particulièrement attrayant pour les
marchés nord-américains. Utilisable tant dans le chargement frontal que latéral, il est
conçu aussi pour les industries. "Aux États-Unis, les réactions sont très
favorables et le produit intéresse les gestionnaires. Bien que les normes y soient moins
rigides, la précision et la très faible marge derreur quoffre leTDD
représente un atout majeur pour lindustrie parce quil permet un excellent
retour sur linvestissement et une gestion plus efficace. Et cest un marché
gigantesque", poursuit M. Girard.
VISER RAPIDEMENT TOUT LE MARCHÉ NORD-AMÉRICAIN
Sur tout le continent nord-américain, on dénombre environ 168 000
camions ramasseurs de déchets. Comme linstallation du système TDD coûte entre 25
000 et 30 000$ par camion, le montant total du marché potentiel sélève à trois
milliards $. "Aux États-Unis et au Canada le ratio des camions est de 10 pour un. En
proportion, les Américains ne génèrent pas plus de déchets que nous. Mais ils sont aux
prises avec les mêmes problèmes de gestion", précise M. Izzi.
Firme de service-conseil en informatique fondée en 1984, Gespro
Technologie a, au fil des ans, élargi son champ daction en créant des unités de
recherche indépendantes spécialisées dans divers champs dactivités. Pour mener
le projet à terme, Gespro les a toutes mises à contribution, profitant ainsi de
lexpertise developpée par chacune delle dans quatre domaines précis:
environnement, foresterie, transport et gestion de la connaissance. Ces divisions ont un
champs daction bien défini mais la philosophie de lentreprise est basée sur
la coopération. "On joue au blocs lego avec nos divisions. Chaque division est une
unité daffaire et doit rendre compte à la direction de la pertinence de son
travail. Mais quand on a un projet de développement comme celui de TDD, tout le monde
apporte sa contribution. Cest comme ça quon fonctionne", explique le
président.
Gespro est aussi une coopérative de travailleurs actionnaires.
"Les 185 employés possèdent 25% du capital action. Ce système a été mis en place
en 1994 dabord sur une base volontaire mais, aujourdhui, tous doivent y
adhérer. Cela provoque un sentiment dappartenance et une atmosphère de travail
conviviale et stimulante. Tout le monde profite des succès de Gespro et ici, tout
est ouvert. On peut parler à tous, nimporte quand, aucune porte nest jamais
fermée. Ça fait perdre un peu de temps mais les relations personnelles sont plus
harmonieuses", ajoute Mario Girard.
En effet, la philosophie de Gespro est basée sur trois idées
maîtresses: qualité, harmonie et progression. Mario Girard précise que la qualité de
vie est fondamentale dans son entreprise. On y respecte les valeurs familiales, le travail
supplémentaire nest pas obligatoire, bien que rémunéré en conséquence, et le
taux de roulement des employés est très faible.
Des quatre actionnaires fondateurs de lentreprise mise sur pied
en 1984, Mario Girard est le seul qui reste. Il en est maintenant le principal actionnaire
mais gère son entreprise avec de nouveaux partenaires financiers et un conseil
dadministration. Avec un DEC en informatique du cégep de Jonquière en poche, il
arrive à Québec au début des années 80 pour faire un stage à la compagnie
dassurance La Mutuelle. Il est aujourdhui à la tête dune
entreprise qui, avec des innovations comme celle du système TDD, avec ses partenaires de
lAmérique, de lEurope et de lAfrique, est en voie de devenir plus que
florissante.