Biozymes Sa découverte va répandre ses enzymes dans le monde entier! par Carole Towner
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Seconde en Amérique du Nord après
l'Américaine Scientific American Laboratories, Biozymes est l'unique
compagnie au Canada produisant la pancréatine, mais elle seule connaîtra la
"recette" du procédé de fabrication qui révolutionne ce produit! Grâce à sa
découverte, la jeune PME de Sainte-Foy s'est mérité le Grand Prix "Relève et
innovation technologique" ainsi qu'une bourse de 15 000$ lors du Gala de l'exportation
du Salon international "Le Monde des Affaires", en septembre 97. Fabriquées à base de biomasse animale, les enzymes sont vendues comme ingrédients actifs pour des médicaments et des produits naturels destinés aux troubles digestifs. Avec la nouvelle technologie mise au point par deux docteurs en microbiologie, Moushine El Abboudi et Martin Beaulieu, on peut maintenant vendre un produit d'une qualité supérieure. Un brevet scientifique canadien et américain a été déposé à cet effet au printemps 1997. Les écologistes pourront d'ailleurs s'en réjouir, puisque contrairement au procédé traditionnel de fabrication, Biozymes n'utilise aucun solvant organique (un matériel toxique et explosif). "Cela diminue les risques de fuites et d'émanations dans l'atmosphère, de dire M. El Abboudi, et c'est ainsi plus sécuritaire pour les employés et pour l'environnement." Associés avec un troisième actionnaire, Françis Bellavance, V.-P. Marketing, les deux chercheurs ont un bel avenir devant eux et sont convaincus de pouvoir affronter le monde sans trop craindre la concurrence. Normalement sécrétée par l'organisme, la pancréatine est nécessaire à la digestion des aliments. Des personnes souffrant d'insuffisance pancréatique, par exemple les gens atteints de fibrose kystique, doivent en absorber quotidiennement sous forme de médicament. Ce que Biozymes commercialise, c'est l'ingrédient actif qui entre dans la fabrication de ces médicaments pour approvisionner le secteur pharmaceutique et celui des produits naturels, dans une proportion des deux tiers pour le premier et d'un tiers pour le second; 80% de la production est destinée aux marchés étrangers. "On a déjà commencé à exporter en petites quantités (quelques centaines de kilos), surtout aux États-Unis", fait savoir F. Bellavance, qui, par l'intermédiaire de IDÉe-PME et du réseau des ambassades a commencé à recruter des distributeurs et des clients internationaux. EXPORTER POUR SURVIVRE "Créer des alliances stratégiques avec des compagnies pharmaceutiques pour pénétrer certains marchés internationaux comme l'Europe, l'Asie et les États-Unis, où la réglementation est très stricte, est une condition sine qua non pour survivre et ce n'est un secret pour personne", explique M. El Abboudi, conscient des exigences de cette industrie spécialisée. |
Le marché local - le Canada - est trop restreint pour
assurer un seuil de rentabilité suffisant, quand on parle de produits destinés à la
fabrication de médicaments. Principalement dans les secteurs des biotechnologies, il faut s'attaquer à un marché plus vaste, c'est-à-dire exporter! Et le produit ne doit laisser aucun doute quant à sa qualité. Il doit répondre à des normes très strictes, particulièrement celles des États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration), l'équivalent de Santé Canada. Une fois approuvé par la FDA, le produit devient cependant plus crédible, notamment pour les Européens. Spécialisés dans les enzymes, MM. El Abboudi et Beaulieu ont débuté leurs recherches en 1994, dans leur local loué au Pavillon Comtois de l'Université Laval. Ainsi "incubés", ils avaient accès à de l'équipement dispendieux, qu'une petite entreprise en phase de démarrage n'aurait jamais pu s'offrir pour commencer. Ce projet leur avait d'ailleurs mérité une bourse de 5 000$ en services-conseils de Samson Bélair Deloitte & Touche, au Gala d'Entrepreneuriat Laval de 1995. Ils ont également bénéficié d'un local au Centre de Recherche et de Développement agro-alimentaire de St-Hyacinthe (CRDA), où ils ont pu mettre au point la mise à l'échelle du produit, c'est-à-dire passer d'une centaine de grammes à plusieurs kilos, évaluant ainsi le produit dans le but d'une production industrielle. Françis Bellavance, diplômé en Gestion Internationale des Entreprises, s'est greffé au duo pour amorcer la stratégie de marketing et les plans de financement de la nouvelle PME. La deuxième phase du projet étant amorcée: vendre la pancréatine en quantité industrielle, l'heure était venue de sonder le marché en vue d'installer une usine pharmaceutique et de choisir un site stratégique. C'est donc à Bernières, dans le parc industriel de St-Nicolas, sur la rive-sud de Québec, que la compagnie compte emménager au début de 98. L'usine, qu'on installera cet automne, fera suite au financement actuellement en phase finale de négociation. "Avec l'usine, nous serons en mesure de fournir l'équivalent de 75 tonnes métriques, c'est-à-dire 75 000 kilos par année de pancréatine et de pancrélipase; nous commencerons par des quantités de 20 à 30 tonnes la première année, pour réajuster la production au mieux, selon le rythme du marché", confie M. El Abboudi. Cinq personnes s'ajouteront à l'équipe d'ici l'an prochain et on peut espérer que d'autres enzymes seront produites et commercialisées par la jeune entreprise. Le Fonds Technorégion, mis sur pied par le Bureau fédérale de développement régional du Québec, a d'ailleurs accordé, plus tôt cette année, un prêt de 300 000$ à Biozymes, qui investira 2,75 millions $ dans la production d'enzymes. Des ventes de 5 à 10M$ sont prévues. |