Depuis décembre 1998,
l'entreprise est partagée, à titre de filiale, entre Dessau-Soprin (51%) - une
des plus importantes firmes de génie-conseil du Canada - et Hydro-Québec
International (49%). Ces dernières ont décidé d'unir leurs ressources de
développement et leur expertise technique et financière pour augmenter de façon
considérable la capacité d'intervention d'ÉCONOLER INTERNATIONAL au niveau du
marché international. Plusieurs médias d'information ont résumé l'opération à la
création d'une "nouvelle" entreprise. Cette dernière transaction est en fait
un retour aux sources. Éconoler Inc., fondée en 1981 par Nouveler Inc.,
une division d'Hydro-Québec, avait procédé, en 1985, à la mise sur pied
d'ÉCONOLER INTERNATIONAL, cherchant à développer le "concept Éconoler" par
la constitution d'un réseau de licenciés à l'étranger. L'équipe d'ÉCONOLER
INTERNATIONAL a depuis beaucoup navigué à travers ADS, SOPRIN ADS
et Groupe Dessau-Soprin, mais à l'interne, c'est plutôt la stabilité qui la
caractérise: Raymond Fortin, son président-fondateur, est toujours là, à titre de
conseiller spécial, et Pierre Langlois, qui a pris sa relève en 1997, est dans l'équipe
depuis plus de 10 ans.
1,3 MILLIONS $ POUR GÉNÉRER DES "ESE"
ÉCONOLER INTERNATIONAL se veut, depuis toujours, un chef de file
reconnu dans l'implantation de projets d'efficacité énergétique à travers le monde.
Privilégiant les approches de transfert de savoir-faire et de technologie nécessaires au
démarrage et à l'opération d'ESE, elle joue aussi le rôle de partenaire financier,
tant dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement.
Historiquement, il faut se rappeler qu'Hydro-Québec a mis
plusieurs centaines de millions de dollars pour stimuler, avant de se retirer, l'industrie
québécoise de l'efficacité énergétique. Pendant ce temps, pas moins de 1000 projets
ont été réalisés et dès 1981, en tant que président d'Éconoler, Raymond Fortin
faisait preuve de leadership en développant le concept des entreprises d'économie
d'énergie (ESE) au Québec. En tant que président d'ÉCONOLER INTERNATIONAL jusqu'en
1997, il réalisera aussi le démarrage de plus de dix filiales dans quatre continents.
Pèlerin lui aussi en son temps, Pierre Langlois se rappelle des jours
où les fonctionnaires internationaux qu'il devait aller côtoyer à Washington lui
avouaient ne pas connaître d'entreprise, nul part dans le monde, active en matière
d'ESE, alors que lui faisait ça depuis dix ans! Aujourd'hui, ce passé sert bien
l'équipe que dirige l'ingénieur, qui est avec Éconoler depuis sa sortie de
l'Université Laval, en 1986.
"Le concept des ESE est maintenant devenu "in" dans les
Institutions Financières Internationales (IFI)", explique celui qui n'est par
ailleurs pas étranger à la chose et qui continue d'aller à Washington quatre fois l'an.
Persévérance rime souvent avec succès et c'est justement avec une IFI que Pierre
Langlois a concrétisé un des plus beaux coups de sa carrière. Doué d'une grande
expertise dans le domaine du financement international de projets en efficacité
énergétique, il a mis la main sur 1,3 M$ de la Société financière internationale
(SFI), une agence spécialisée de la Banque Mondiale.
Ce prêt, signé l'an dernier, offre des conditions particulièrement
avantageuses (congé de remboursement de capital et d'intérêt pour trois ans, crédit de
remboursement s'il y a atteinte d'objectifs, aucune contrainte par rapport à la
participation à laisser aux nationaux au sein de l'entreprise). Il permettra de démarrer
de nouvelles ESE à l'étranger. Fin janvier, Pierre Langlois était justement en Tunisie,
pour le "closing" du dernier né du réseau, pour lequel il vient d'investir un
demi million $.
"Nous sommes les premiers à avoir fait des ESE avec la Banque
Mondiale. Et nous sommes encore la seule entreprise au monde à bénéficier de leur
programme de financement dans le cadre des ESE", insiste-t-il.
"Il va se créer 150 ESE
dans les dix prochaines années
à travers le monde"
Pour l'instant, en soutenant avoir un avantage concurrentiel dans la
francophonie, il s'intéresse prioritairement à quatre pays: l'Algérie, l'Égypte, le
Maroc et la Tunisie, dans lesquels il pense allouer l'ensemble des fonds dont il dispose:
"Mais si demain matin je peux justifier qu'il faut plutôt aller tout de suite
démarrer une ESE en Chine, je n'ai aucune raison de croire que la SFI
s'objecterait", explique-t-il, pour montrer la souplesse de l'entente dont il
profite.
"Il va se créer 150
ESE dans les dix prochaines années à travers le monde et 50 d'ici cinq ans. On doit
capitaliser immédiatement sur notre expertise... Je considère avoir 2 ou 3 concurrents
actifs sur les mêmes marchés que nous, et encore; mais dans deux ans, j'en aurai
dix", explique-t-il avec confiance. Prévision qu'il confirme lui-même,
lorsqu'invité à les cibler: ÉCONOLER Belgique (détachée du groupe et
maintenant indépendante), l'américaine SRC System, les françaises BCEOM, EPS
Technologies et La Société générale des eaux.
"Et comme le monde n'est plus à la consultation, il faut être
prêt à s'impliquer financièrement. Nous, nous sommes des investisseurs, finalement, et
idéalement, d'ici cinq ans, nous aurons 3 ou 4 autres ESE", annonce-t-il.
Pourquoi se limiter ainsi? "C'est d'abord une question de
capacité financière. L'efficacité énergétique, c'est difficile à faire financer.
Beaucoup plus que des infrastructures, par exemple."
"Il y a une rareté d'expertise technique
dans notre domaine de spécialisation."
"Ensuite, il y a aussi le personnel compétent qui reste toujours
difficile à trouver. Quand bien même que je placerais un appel de candidature dans les
journaux, personne ne pourrait répondre aux qualifications que nous exigerions. Il y a
une rareté d'expertise technique dans notre domaine de spécialisation",
poursuit-il.
Actuellement, l'équipe compte huit personnes. "ÉCONOLER
INTERNATIONAL ne deviendra pas une grosse entreprise. Je ne prévois que 5 à 6 personnes
de plus, ici, dans notre bureau de Québec. On engagera aussi plus de consultants",
planifie le PDG.
UNE PRESSION ENVIRONNEMENTALE FAVORABLE
La mise sur pied d'Entreprises de Services Éconergétiques (ESE), tout
comme la réalisation de projets en gestion de la demande énergétique, sont de plus en
plus perçues comme des approches privilégiées pour maîtriser l'accroissement de la
demande des pays et les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effets de serre.
Des actions que la problématique du changement climatique rend prioritaire pour notre
avenir collectif.
Les pressions environnementales sont donc, à terme, le meilleur allié
d'ÉCONOLER INTERNATIONAL, croit Pierre Langlois. Actuellement, il recherche surtout les
pays où les prix de l'énergie sont élevés. "Mais la réalité des pays en
développement où les coûts de l'énergie sont largement subventionnés est en train de
changer et ouvre de nouveaux marchés", observe-t-il.
La clé de leur succès - une structure organisationnelle qui se
mobilise pour prendre en charge tant les aspects techniques que les questions relatives au
financement de projets d'efficacité énergétique, enlevant ainsi les principaux
obstacles à leur réalisation - n'ouvre tout de même pas toutes les portes facilement.
"Plus le pays est développé, plus c'est facile. Ce ne sont pas
tous les pays qui acceptent nos modes de financement, par exemple, le prêt hors bilan.
L'équivalent de la simple location est parfois un concept non-applicable. Il faut donc
faire preuve d'imagination et de débrouillardise", témoigne-t-il encore.
Imagination et débrouillardise! Deux qualités qui n'ont pas fait
défaut à l'équipe d'ÉCONOLER INTERNATIONAL, lorsqu'elle a valorisé des résidus de
biomasse dans une usine au Sénégal. Mais ce que Pierre Langlois aime le plus raconter,
c'est son projet au siège social de la multinationale Samsung, en Corée du Sud,
où il a installé des "banques de glaces". Un projet qui a mérité un prix
canadien du génie-conseil, en 1990, ainsi qu'un prix d'excellence du gouvernement
coréen.
Logiciel Synergie
Active en transfert technologique, en transfert
de savoir-faire, en financement et en gestion de la demande, ÉCONOLER INTERNATIONAL
commercialise également le logiciel Synergie, par l'entremise d'une autre filiale
du Groupe Dessau-Soprin, pour laquelle Pierre Langlois est gestionnaire à titre de
vice-président exécutif. Énerco conçoit et distribue, en exclusivité mondiale,
ce logiciel qui permet de supporter toutes les activités réalisées par une ESE.
Multilingue, adaptable à tout mode de tarification, ce logiciel a déjà été implanté
dans plus de dix pays à travers le monde et est utilisé par toutes les filiales
d'ÉCONOLER INTERNATIONAL. |
Éconoler
à travers le monde
Dès 1985, Econoler USA est créée à
Burlington, au Massachusetts, en vertu du droit corporatif américain.
Également en 1985, une entente de licence est
conclue avec la Belgique, pour la mise en place de deux entreprises sur la base du concept
Econoler. Ainsi, la firme Éconoler S.A. constitue la première ESE de Belgique et se
consacre rapidement à développer le marché national, ainsi que celui du Luxembourg. La
seconde entreprise, Éconoler Développement S.A., se consacre à la diffusion du concept
Econoler en Europe.
En 1987, Éconoler Développement S.A. obtient
d'ÉCONOLER INTERNATIONAL les licences pour l'exploitation du concept en Hollande et en
France. En France, les partenaires originaux d'Éconoler Développement S.A. furent la
Banque Nationale de Paris et le groupe SPIE BATIGNOLE.
En 1988, Éconoler Développement S.A. conclut
une entente avec des partenaires techniques et financiers pour la création d'Éconoler
Espagne. Les partenaires financiers originaux dans ce pays étaient SODIGA et ENERGESA.
En 1991, des opérations similaires sont
déployées au Portugal, qui est ajouté aux licences accordées à Éconoler
Développement S.A.
En 1988, ÉCONOLER INTERNATIONAL conclut une
entente avec la Development Bank of Singapore (DBS) et implante une opération Éconoler
dans la division DBS land, responsable des opérations immobilières de la banque.
La Corée du Sud a aussi joint les rangs du
réseau Éconoler en 1990, lorsque ÉCONOLER INTERNATIONAL a octroyé une licence
d'opération à la firme Joong Ang Development Corporation, une filiale du géant coréen
Samsung.
De 1992 à 1995, ÉCONOLER INTERNATIONAL,
appuyée par l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI), a introduit les
concepts de services éconergétiques au Maroc, en réalisant plus d'une trentaine de
projets éconergétiques.
En 1993, elle a appuyé le démarrage d'une ESE
en Jordanie. Ce projet a par la suite permis l'introduction du concept aux Émirats Arabes
Unis, en Arabie Saoudite, au Liban, en Égypte et au Quatar.
En 1996, un plan d'affaires pour le démarrage
d'une ESE au El Salvador a permis l'établissement d'un partenariat avec une entreprise
d'utilité publique salvadorienne.
En 1997, elle est mandatée par la Banque
Mondiale pour appuyer l'entreprise d'utilité publique de la province de Henan, en Chine,
au développement d'un concept d'ESE.
En 1997, l'Institut de l'Énergie et de
l'Environnement de la Francophonie a mandaté ÉCONOLER INTERNATIONAL afin de développer
et d'implanter un projet de démarrage d'ESE en Afrique francophone et d'effectuer un
montage financier pour la mise en place du projet. Un fonds de plus de 1 M$ a été ainsi
monté, avec le Fonds de l'Environnement Mondial (FEM).
Depuis 1998, ÉCONOLER INTERNATIONAL réalise un
programme de formation et de transfert de savoir-faire portant sur le démarrage et
l'opération d'ESE pour le compte du Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD), dans les pays suivants: Yémen, Arabie Saoudite, Bahrain, Liban, Égypte, Tunisie
et Jordanie.
Depuis 1998, mise en place d'une ESE en Tunisie,
en partenariat avec la Société Tunisienne de l'Électricité et du Gaz (STEG), des
banques tunisiennes et des investisseurs privés. Cette nouvelle société, opérant sous
le nom de Société Tunisienne de Gérance de l'Énergie (STGE), développe des projets
dans les secteurs industriel, commercial et tertiaire. ÉCONOLER INTERNATIONAL y a une
participation de 51%. |