CAMERON BILLARD Visant Rockport, il rebondit à Las Vegas et gagne la partie par Denis St-Gelais |
Printemps '97, direction Rockport (Maine), Denis
Cameron et un ami prennent la route pour se re/ndre à Co-entreprise
Québec-Maine, répondant ainsi à
l'invitation du gouvernement québécois de participer à
la troisième édition de cette rencontre annuelle. Constructeur
de tables de billard, M.Cameron arrive sur le site de l'événement
et, au bout d'une heure, a déjà fait le tour des exposants.
Se rendant compte qu'il n'y a là, pour lui, aucun contact possible,
il décide de prendre le taureau par les cornes et de se débrouiller
par ses propres moyens... Il emprunte alors des bottins téléphoniques
et cherche les adresses des distributeurs de tables de la région.
Avec quelques noms en poche, lui et son ami se rendent directement sur les
lieux. Ce sera leur façon de rendre profitable un voyage qui les
a tout d'abord déçus.
C'est en établissant un contact direct avec ces marchands américains que le séjour prendra une toute autre allure. En discutant avec l'un d'eux, une rencontre est rapidement organisée à Québec dès la semaine suivante avec présentation des produits de Cameron Billard inc. et une visite de l'usine. Les deux hommes s'entendent pour se rencontrer à nouveau dans la ville de LasVegas pour assister à une grande exposition consacrée au billard. Ce même jour, Denis Cameron se voit octroyer la commande de deux tables et, quelques mois plus tard, une autre commande lui parvient, celle-là, de 40,000$. C'était plus que ne lui laissait entrevoir sa première impression de la rencontre Co-entreprise. M.Cameron n'a pas que des bons mots pour cette événement. Cela lui a semblé &laqno; inadapté aux besoins des entrepreneurs.» Selon lui, c'est une rencontre de &laqno;pétage de bretelle et un prétexte pour se rendre à des cocktails.» Il n'y a rien trouvé correspondant à ses besoins. &laqno; On y rencontre beaucoup de fonctionnaires et de firmes de consultants. Les premiers sont là pour se montrer, et les autres pour vendre des services qui ne te sont pas toujours nécessaires, explique-t-il. Je ne voulais pas faire de rencontres pour avoir des promesses, mais plutôt réaliser des ventes. » Et c'est parce qu'il a réagi rapidement à sa déception que ce voyage s'est avéré fructueux.
Pour le fabriquant, il s'agit maintenant de percer le marché américain. Mais pour le moment, il n'a pas l'infrastructure nécessaire pour y parvenir. &laqno; Cela demande du temps, de l'énergie et de la persévérance. Le marché est énorme et je tiens à entrer en contact directement avec les fournisseurs. Je ne veux pas d'agents, pas d'intermédiaires, confie-t-il. Il me faudra plusieurs vendeurs sur les routes pour y parvenir. Ce n'est pas chose faite mais nous allons y arriver. Je suis très tenace.» C'est en effet avec de grandes doses de persévérance et de ténacité que Denis Cameron a, voilà presque huit ans, commencé à s'intéresser à la fabrication des tables de billard. Après s'en être procuré une pour son propre amusement, il a constaté plusieurs défauts importants dont il s'est mis à chercher les solutions. Avec un ami qui est maintenant le technicien de l'entreprise et son seul employé, il a fait des recherches sur les modes de construction, sur les matériaux utilisés pour finir par trouver une nouvelle façon de faire des tables qui, selon lui, est révolutionnaire. En 1995, Cameron Billard voit officiellement le jour. L'apport majeur est d'avoir imaginé un châssis d'acier pour soutenir les très lourdes plaques d'ardoise qui entrent dans la construction de toutes les tables. Normalement fait de bois, ce châssis s'affaisse inévitablement avec le temps, déformant ainsi la surface de jeu. On peut la redresser mais, à court terme, ce problème surviendra à nouveau. Le châssis d'acier conçu par Denis Cameron, capable de supporter une très grande masse règle ce problème une fois pour toutes. Il est très fier de son innovation. &laqno; Mon père a travaillé dans l'acier toute sa vie et j'avais une certaine expertise dans ce domaine. C'est ça qui m'a donné l'idée, ajoute-t-il. » L'autre changement important est d'avoir imaginé des pattes amovibles et facilement réglables. En insérant un niveleur au centre de celles-ci, on peut les ajuster à volonté et même les changer soi-même. La structure d'acier permet, avec seulement deux vis, de fixer ou d'enlever rapidement les pattes. En utilisant un cric de voiture, il suffit de soulever celle-ci et le tour est joué. Mais en réalité, on peut modifier toutes les composantes des tables Cameron. Il est possible d'en changer l'allure extérieure en remplaçant les panneaux de recouvrement de la structure, par d'autres d'un style différent. Les poches et les bandes n'y échappent pas non plus. &laqno; Quand un client veut changer de style, il n'a pas à changer de table. On peut la lui modifier à volonté. Et bientôt, s'il est un peu bricoleur, il pourra le faire lui-même, » dit M.Cameron. À son usine de Joly, la construction va bon train. Le seul employé direct de l'entreprise y travaille à préparer le matériel nécessaire à la confection du produit. Enfin, le matériel qui n'est pas fabriqué directement sur les lieux, car la plupart des composantes sont usinées par des sous-traitants de la région qui sont en grande partie d'anciens employés. Durant la période de grande production, en novembre et décembre, Cameron Billard inc. donne du travail à plus de trente personnes. Tout ce qui est fabriqué en dehors de l'usine y est ensuite acheminé pour être classé, entreposé, prêt à servir et à répondre aux commandes. Lors d'une livraison, la table est transportée entièrement démontée et assemblée chez le client. Cette opération dure quelques heures et ne nécessite la présence que de deux personnes. Le style de marketing que privilégie Denis Cameron est le vente directe. Rien ne lui fait plus plaisir que de rencontrer un client pour lui expliquer en long et en large, durant deux heures, ce qu'est une bonne table, sa construction, ses composante et même la façon de jouer. &laqno;J'aime laisser le temps aux gens de réfléchir avant d'acheter. Je leur dis toujours de n'apporter ni argent, ni chéquier, ni carte de crédit. On prend le temps de jaser. Je les écoute me parler de leurs besoins, du budget qu'ils consacreront à l'achat, et je les conseille. Ils repartent généralement satisfaits et, la plupart du temps, me rappellent. C'est comme ça que je conçois la vente En fait, explique-t-il, je ne vends pas de tables, je prends des commandes.» Car une des choses qu'il n'aime pas, ce sont les vendeurs de prix. Selon lui, il existe une déficience flagrante, chez les vendeurs, dans la connaissance des tables. &laqno;Ils sont des vendeurs de meubles», déclare-t-il. Pour l'entrepreneur, la clientèle est vaste et le groupe d'âge se situe entre trois et 90 ans. Il vend des tables à des familles, des groupes de personnes âgées, des professionnels et des travailleurs de tous les milieux. &laqno; Avant, la clientèle se retrouvait principalement chez les notables, les professionnels. Aujourd'hui, à cause des prix moins élevés que nous affichons, celle-ci s'est étendue, dit-il. Nous vendons à des gens de milieux très divers. Cela nous a permis de tripler notre chiffre d'affaire depuis l'année dernière et nous comptons bien le faire grimper encore plus. Si nos projets d'expansion à l'étranger marchent comme nous l'espérons, ça deviendra une réalité.» Cameron Billard inc. distribue ses produits dans plusieurs régions du Québec, entre autre, à Montréal et au Saguenay-Lac-Saint-Jean ou il peut compter sur la présence de deux vendeurs à temps partiel qui sont aussi formés pour faire l'entretien des tables Cameron vendues dans cette région. Le prochain produit qui sortira de l'usine Cameron sera une tablede billard payante destinée au marché des bars et des endroits publiques. Elle sera conçue sur le même principe de fabrication que les tables domestiques et Denis Cameron compte beaucoup sur ce nouveau et vaste marché pour rendre son entreprise encore plus florissante.
Skieur professionnel au début des années 70, ancien membre des Forces armées canadiennes, Denis Cameron a roulé sa bosse. Il a occupé plusieurs emplois qui l'ont amené à beaucoup voyager à l'étranger. Ces expériences ont fait de lui un fonceur et il a l'habitude de mettre la barre haute dans les projets qu'il met en branle. Il conduit son entreprise de cette manière, n'ayant pas peur des défis mais les recherchant plutôt. L'expansion vers l'étranger, il la désire et il compte bien devenir le meilleur fabricant de tables de billard au monde, rien de moins |