En créant TRANSTECH Alliance International, le Groupe D.D.A. vise d'abord le MERCOSUR par Daniel Allard |
Il n'est pas rare que l'international soit l'aboutissement d'un cheminement de carrière. Le fondateur de TRANSTECH Alliance International n'est pas du tout surpris de se voir, aujourd'hui, obligé de faire au moins quatre voyages par année en Amérique du Sud. "Avec Transtech, j'en suis à ma sixième carrière", synthétise Denis Dufour. "Mes proches disent que je suis devenu un "broker" en technologies!" Effectivement, être "courtier en technologies" résume assez bien le concept qu'il a bâti, cumulant plus de 25 ans d'expertise, tantôt comme ingénieur, tantôt comme fonctionnaire, représentant commercial, consultant ou voyagiste. Diplôme d'ingénieur en mécanique bien en poche, le réflexe d'aider les gens à solutionner leurs problèmes est quelque chose qu'il développe dès sa sortie des bancs de l'université. D'abord, comme conseiller technique auprès des vendeurs d'Hydro-Québec, dans les bonnes années du programme d'économie d'énergie. Puis, comme représentant de la compagnie Lennox, à Québec. Voyage Optimum, à Place de la Cité, qu'il fonde avec son épouse en 1987, le prépare d'une autre façon à embrasser le domaine international. Depuis 1981, la firme d'ingénieur conseil qu'il fonde - et qui deviendra l'assise du Groupe D.D.A. - l'amène aussi à déborder des frontières du Québec. Dans les années 80, il a l'occasion de s'associer à d'autres équipes d'ingénieurs pour des mandats au Cameroun, en Côte-d'Ivoire et au Pérou. En 86-87, il décroche le contrat d'adaptation des équipements venus d'Italie et la supervision des travaux à la source d'eau NAYA, à La Chute. Il se rappelle aussi un dossier venant de France en transfert de technologie, en matière de compostage, en 92-93. D'abord basée sur la rive-sud de Québec (elle opère toujours un bureau à Saint-Jean-Chrysostome), l'entreprise saute dans le train du Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM) en 92. "On a fait partie des premiers occupants du Centre de ressources fraîchement construit." Une opération, avoue-t-il, qui pariait sur les nouvelles opportunités suscitées par le concept du parc. Six ans plus tard, Denis Dufour trouve bien mince le bilan de son adresse de la rue Einstein. L'appartenance au PTQM lui a-t-elle été d'un apport quelconque dans son cheminement à l'international? Il n'en a pas le sentiment. Pas plus, pas moins qu'ailleurs!
L'AVENTURE DU CHAUFFE-EAU Un jour, un client lui montre un chauffe-eau innovateur. C'est le début d'une aventure qui le mènera jusqu'au Chili. "J'ai vu dans cette technologie un potentiel intéressant et j'ai proposé au client de m'associer avec lui." En décembre 1996, il est de la cinquantaine d'entreprises québécoises ayant un kiosque à l'imposante foire Expo-Canada '96, de Santiago. "On est allé au Chili pour véritablement tester le marché. Malheureusement, les coûts élevés de l'énergie y rendaient difficile l'introduction de notre chauffe-eau instantané", rapporte-t-il. Néanmoins, il continue à chercher du financement et de nouveaux partenaires, pour ce projet toujours en développement. Chauffe-eau ou pas, Denis Dufour profite de son séjour pour pousser son exploration des marchés sud-américains en investissant aussi deux semaines en Argentine. De ce cheminement nourri d'opportunités saisies une à une, l'année '97 sera celle de l'aboutissement. Le virage officiel. Jugeant le fruit assez mûr, il constitue au sein du Groupe D.D.A. une troisième entreprise qu'il choisit de nommer Transtech Alliance Internationale. Cette entité est issue du regroupement d'entreprises oeuvrant dans les domaines de l'ingénierie, de l'énergie, de l'informatique et de la R&D. Sa création découle du constat de l'importance grandissante des besoins en communication et en information créés par la mondialisation des marchés. Mission: assister ses clients à découvrir les marchés étrangers et les technologies en identifiant les partenaires potentiels et les technologies à être transférées. Objectifs: l'assistance dans le transfert de technologie, les alliances stratégiques et l'import/export de produits technologiques. Transtech offre le <<savoir-faire>> canadien et par son intermédiaire, la technologie en provenance des autres pays affiliés. "L'idée de base, c'est de faire une boîte qui sert à faire le lien entre les entreprises", résume son président. Pour tisser la toile d'un réseau de petites entreprises qu'il voit déjà aux quatre coins du globe, il boucle donc pour lui-même des ententes avec ce qu'il appelle ses ''entreprises affiliées''. Comme, à ce jour, les quatre pays du Mercosur sont les seuls où le réseau d'alliances de Transtech profite d'accords stratégiques fermes, (par exemple avec des entreprises de construction et d'autres ingénieurs sur place), l'équipe de Denis Dufour vise prioritairement l'Amérique du Sud. La France, le Mexique, le Moyen-Orient et l'Afrique font également partie des territoires où l'entreprise possède une expertise. En moins d'un an, la petite équipe de Transtech a amassé une dizaine de mandats, du domaine de l'environnement, de l'énergie, des matériaux de construction, des technologies de l'information et du logiciel, en passant par la biotechnologie et la géomatique/gestion municipale. "En Argentine, j'ai trouvé une technologie suisse dans le domaine de la récupération/recyclage tout a fait sans pareil au Québec. Ici, Québec Expérience (voir le profil dans COMMERCE MONDE #1) nous a confié son concept d'avant-garde, avec le mandat de développer le marché sud-américain." Transtech va-t-elle devenir une grosse boîte de consultation internationale? "Dès mes débuts, j'ai fait le choix de demeurer une petit PME et c'est ce que nous sommes toujours", explique le fondateur. Au fil des années, son équipe a toujours oscillé entre 8 et 24 personnes. Actuellement, le Groupe D.D.A. en compte 9, dont deux ingénieurs et Daniel Usberto, directeur de commercialisation Amérique du Sud et seule personne qui se consacre à Transtech, en plus du président. "Certains pensent qu'on peut développer l'Amérique latine en y allant une fois par année. Il faut y faire au moins quatre voyages par an", constate Denis Dufour. Il consacre maintenant plus de la moitié de son temps à Transtech. Mais puisqu'il concentre tout à la même adresse, il continue en même temps de développer les deux autres entreprises du groupe que sont Les Consultants D.D.A. ltée et D.D.A. Énergie. Des firmes avec lesquelles il a entre autres pu saisir sa part du marché de l'économie d'énergie, décrochant des mandats d'édifices de prestige tels le Musée du Québec et Le Boisé des Augustines.
LES BRÉSILIENS ARRIVENT Fraîchement débarqué d'un voyage en Amérique du Sud - de trois semaines, celui-là - Denis Dufour est surtout préoccupé par le projet brésilien qu'il ramène: "Les gens qui gèrent un parc technologique dans une ville là-bas m'ont demandé si je voyais des possibilités d'établir un partenariat avec un parc technologique d'ici." Avec en poche le concept de développement des autorités de la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, une des 13 villes de la Communauté urbaine de Québec, ainsi que sa connaissance du potentiel de développement du PTQM, où il a lui-même pignon sur rue depuis '92, il a vite impressionné ses interlocuteurs. "Ils m'ont demandé d'organiser une mission de maires du Brésil, dès cet été. Avec le Mundial de soccer en juillet, je leur propose maintenant de venir en août", raconte-t-il. "Ces gens veulent beaucoup plus que venir voir comment on fonctionne ici. L'organisme m'a demandé de monter une véritable alliance avec un parc d'ici," ajoute-il, sourire aux lèvres. Avis aux intéressés! Mi-mai, le jour de l'entrevue, il s'agissait sans conteste du dossier qui préoccupait le plus le courtier en technologie. En août '98 - avec, souhaitons-le, des Brésiliens plein les bras - la petite équipe de Transtech aura officiellement un an. Un anniversaire que Denis Dufour veut assurément franchir avec un premier mandat mené à terme. |