L'Histoire
et D'Iberville rapprochent Québec et La Havane |
par Daniel Allard (EXCLUSIF) Le maire de Québec, Jean-Paul
L'Allier, participera-t-il à la 7e
Rencontre pour la coopération et la solidarité des mairies ibéro-américaines?
Cet événement se déroulera à Cuba,
les 18-19 et 20 novembre prochain, dans la foulée des
manifestations marquant le 480e anniversaire de fondation de La Havane, la
capitale. Officiellement invité, le maire, qui consulte Ottawa et Québec,
"ne prendra sa décision qu'en septembre", confirme pour
l'instant son cabinet. Selon les informations recueillies par COMMERCE MONDE Québec Capitale, les fêtes du 480e de La Havane ne seraient pas l'unique raison justifiant l'invitation officielle des autorités cubaines qu'a reçue le maire de Québec depuis plusieurs mois déjà. Un projet d'inauguration dans le vieux port de La Havane, le 16 novembre 1999, d'une "Plaza de Québec", pourrait aussi le mener jusqu'à Cuba. En partie pour souligner le fait historique qui a vu mourir l'explorateur Pierre Le Moyne D'Iberville dans la capitale cubaine en 1706, alors qu'il préparait des plans d'invasion des colonies américaines, le geste du maire deviendrait aussi une importante manifestation de rapprochement, dans un climat international, en 1999, qui ne rallie pas tous les premiers venus aux autorités de l'île que gouverne Fidel Castro. UN VIEUX PROJET "Ce
projet ne date pas d'hier" témoigne Yves
Lacourcière, de son bureau du Conseil
International des métiers du patrimoine, sur la Côte de la Montagne,
dans le Vieux-Québec, très familier avec Cuba. "Je sais que Euzebio
Leal Spengler, historiador de la
ciudad de La Havane, qui admire beaucoup le maire L'Allier, avait déjà
promis que si ce dernier venait en personne pour l'inaugurer, il rénoverait
- pour en faire un centre culturel du Québec - une maison historique du
Vieux-Havane." Démontrant tout le sérieux de l'affaire, il ajoute
aussi se rappeler que "le comédien Albert
Millaire - qui a longtemps personnifié Pierre Le Moyne d'Iberville
dans la fameuse série télévisée - a même fait un voyage à Cuba pour
ça, il y a quelques années déjà". Cette fois
dans les murs même de la capitale, le projet et la date du 16 novembre se
discutaient comme si tout était confirmé, par certains participants bien
informés du Sommet Cuba 99,
qu'organisait, en mars, le Centre
de commerce internationale de l'Est du Québec (CCIEQ). À propos, des gens d'affaires se joindraient-ils au maire L'Allier? Il est encore tôt pour le dire, bien que: "Les Cubains souhaitent aussi que cette mission comporte un volet économique. L'Ambassade de Cuba à Ottawa nous a effectivement interpellé afin de participer dans l'organisation de cette mission", confirmait-on encore récemment du côté de la direction du CCIEQ. CONSULTATIONS AVEC OTTAWA Dans les
derniers mois, le président Castro a raffermi son pouvoir en demandant,
par exemple, fin mai, à Roberto
Robaina, considéré comme un modéré, de céder son poste de
ministre des Relations extérieures. Celui qui était jusque là secrétaire
particulier du président, Felipe
Perez Roque, 34 ans, occupe dorénavant ce poste stratégique. Les
observateurs interprètent ce limogeage comme l'aboutissement du
durcissement du régime cubain, placé plus que jamais sous l'emprise
personnelle de Fidel Castro. Roque suit le lider
maximo comme son ombre depuis sept ans. Réservé, familiarisé comme
peu de personnes avec les idées et la pensée de Castro, le nouveau chef
de la diplomatie cubaine n'est cependant pas considéré comme un dur du régime.
Serait-il le Dauphin? Depuis
mars, le gouvernement canadien a de son côté annoncé une révision de
sa politique envers Cuba. Des rencontres ministérielles ont ainsi été
annulées. De plus, Ottawa a récemment confirmé que c'est dans la ville
de Québec, en 2001, que se tiendra le prochain Sommet
politique au plus haut niveau sur la négociation de la Zone
de Libre-Échange des Amériques (ZLÉA), auquel le président de Cuba
demeure toujours le seul chef d'État des Amériques qui ne sera pas invité. En prenant
tout en perspective, on comprendra que le maire de Québec préfère
attendre le plus tard possible avant de prendre sa décision. |