Développement
de l'industrie des croisières
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par Daniel Allard Oui, Québec
a un grand potentiel, pas pour offrir des croisières de luxe, pas pour
offrir des croisières écotouristiques, mais pour offrir des forfaits
terre-mer avec croisières de 3-4 jours. Une enquête approfondie auprès de 39 agences de voyages de New York, Boston, Philadelphie et Chicago spécialisées dans l'industrie des croisières met également en évidence l'opportunité de développer des croisières en partance de Québec. La stratégie des promoteurs de l'aménagement d'un premier terminal de passagers dans le Port de Québec est donc d'y attirer un navire qui ferait du hangard de la Pointe-à-Carcy son port d'attache, pour 22 semaines par année, de mai à octobre.
Vue de la Pointe-à-Carcy aménagée avec un premier terminal de passagers pour les croisières. Un investissement de 19,6M$ permettrait de réaliser ce projet pour la saison de l'an 2001. Confiant et maintenant muni d'une étude de faisabilité détaillée, le pdg du port, Ross Gaudreault, se fait donc plus convaincant que jamais avec ses projets de développement de l'industrie des bateaux de croisières. Mais son défi n'est pas de ce côté. Il doit maintenant - et rapidement, "d'ici 2-3 mois", affirme le pdg - convaincre ses partenaires régionaux de s'impliquer avec lui afin de réussir un montage financier d'une vingtaine de millions de $ qu'il ne peut pas assumer seul. Sa dernière conférence de presse du 13 juillet avait donc pour objectif de sensibiliser la population et de convaincre les trois paliers de gouvernement d'embarquer rapidement. DÉFI: RÉUSSIR L'ENJEU RÉGIONAL Du côté
d'Ottawa, on peut penser que le travail sera plus facile, puisque Développement économique Canada a déjà accepté de commanditer
l'étude de faisabilité par une mise de 150 000$. C'est la firme américaine
Bruno-Elias & Associates, Inc.
qui a réalisée ce mandat de quelques mois donc les résultats sont
maintenant publics. L'étude
affirme que 48 navires de croisières sont présentement en construction
à travers le monde, ce qui provoque à court-moyen terme un important redéploiement
dans cette industrie. C'est ce contexte qui fait dire à Ross Gaudreault
que la région de Québec doit agir immédiatement, en étant pro-active,
pour saisir les opportunités de ce boom de construction navale qui finit
dans deux ans. Dans cette
chasse à l'offre de nouvelles destinations, la ville de Houston a, par
exemple, battu Québec de vitesse, l'an dernier; alors qu'en même temps
le géant NORVEGIAN SKY a changé
son projet de ligne New York-Québec en sept jours, pour plutôt offrir
une croisière New York-Québec-New York sur dix jours, parce que Québec
n'offrait pas les infrastructures nécessaires et les liaisons aériennes
pour agir comme terminal, argumentent les gens du port de Québec. Carnaval
Cruise Line, la plus grosse compagnie de croisières au monde, ne
vient toujours pas à Québec. Un terminal changerait probablement cette
situation, pense-t-on aussi. Dans sa
stratégie, monsieur Gaudreault refuse cependant de commencer par tenter
de faire signer un propriétaire de navire, avant de bâtir toutes les
nouvelles infrastructures. Ce qui aurait l'avantage de rassurer les
partenaires financiers qu'il sollicite. "Cette industrie ne
fonctionne pas comme ça. Pour un premier terminal, c'est impossible de
les impliquer, car l'offre est trop grande", explique à ce sujet Alexis
Ségal, v-p Marketing à l'Administration
portuaire de Québec. Il y a
trois façons d'aborder l'industrie des croisières: accueillir des
navires en escale, opérer comme terminal, agir comme port d'attache d'un
navire. Cette dernière est évidemment la plus intéressante économiquement
parlant. Sur la base d'un seul navire de 1 600 passagers, en port
d'attache, avec 44 passages à Québec, les projections de Bruno-Elias
& Associates, Inc. sont impressionnantes: pour 2010, elles
chiffrent le nombre de croisièristes à Québec à 230 000, avec des
retombées économiques de 222M$ et la création de 1 777 nouveaux
emplois.
Dans une
phase II, Ross Gaudreault prévoit aussi transformer le Quai 104 de la
Gare maritime du Foulon comme deuxième port d'attache, pour 2003-2004, en
injectant un autre 17.2 M$. Une phase III est aussi dans les cartons et
concerne encore la Gare maritime du Foulon, mais cette fois le Quai 103
qui serait aménagé, en 2009-2010, pour répondre à la croissance générale
de l'achalandage. Coût de la facture: 9,2M$. |