Cité de l'optique et avenir de l'INO

Deux visions s'affrontent

par Daniel Allard

Tous les invités présents pour la cérémonie de la première pelletée de terre du chantier d'agrandissement de l'Institut National d'Optique (INO), en juin, dans le Parc technologique du Québec métropolitain, avaient unanimement un large sourire aux lèvres. Personne ne s'objectera à voir ce fleuron technologique régional prendre de l'ampleur. Cette phase II - un chantier de 7,5 millions $ qui fait presque doubler les espaces disponibles - apportera aussi une centaine d'emplois de chercheurs.

Vue de l'INO une fois l'actuelle phase d'agrandissement terminée.

L'unanimité n'était cependant plus de mise lorsqu'on abordait le sujet de la future "Cité de l'optique". Annoncée lors du dernier budget du gouvernement du Québec, cette initiative doit permettre à la région de la capitale de pousser plus loin sa reconnaissance en tant que pôle majeur du domaine de la photonique, de l'optique et du laser. Que sera cette fameuse "cité"? Les opinions sont partagées.

CITÉ RÉELLE OU VIRTUELLE?

Un premier groupe veut une "cité virtuelle", qui n'aurait pas de lieu physique bien délimité et qui permettrait de relier grâce à l'Internet un ensemble d'intervenants de l'industrie sur une base régionale. Il semble d'ailleurs que cette option - immédiatement séduisante avec son appel aux nouvelles technologies en communication - soit en avance dans le cercle des initiés.

Un deuxième groupe défend le concept de la cité réelle. Rien n'empêcherait d'y rattacher des acteurs qui sont ailleurs, mais l'importance qu'ils accordent à la synergie d'un lieu physique commande pour eux de doter la cité de l'optique d'un territoire d'attachement délimité. Allant au bout de leur réflexion, les tenants de la cité réelle affirment que le Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM) est tout désigné pour jouer se rôle. Jean-Guy Paquet, pdg de l'INO, fait partie du second groupe. Il sait qu'il a encore beaucoup de monde à convaincre. "Pour l'instant, notre point de vue est minoritaire. Toute cité a son Hôtel-de-ville et je souhaite que le PTQM joue ce rôle", défend-t-il, loin de s'avouer vaincu.

Pour l'instant, il faut encore attendre que le gouvernement se fasse une idée, en mettant la chaire sur l'os de la future "Cité de l'optique". Loin d'exister, le consensus régional sera d'autant plus difficile à trouver, du fait que le gouvernement a clairement démontré à chacun qu'au départ il n'avait aucune idée de ce que cette initiative allait donner. Le gouvernement du Québec a en effet accordé 125 000$ à la Société Innovatech Québec-Chaudière-Appalaches pour la réalisation d'une étude conceptuelle sur cette initiative de "Cité de l'optique" quatre mois (mi-juin) après l'annonce, lors du budget de mars, de sa création! On comprend donc qu'à l'époque, il s'agissait encore d'une coquille vide.

Un comité d'une dizaine de personnes travaille actuellement à définir ce que pourrait être concrètement une "Cité de l'optique" à Québec. Présidé par Régis Labeaume, vice-président du conseil de la Société Innovatech, il remettra son rapport à l'automne.

Déjà, des intervenants du PTQM ne cachent pas que des propositions très concrètes ont été faites à EXFO, qui doit impérativement agrandir ses installations actuellement à Vanier et qui chercherait éventuellement à se relocaliser. Mais devant l'incertitude du moment, l'attente et la discrétion sont de mise pour les prochains mois.

Début juillet, une annonce gouvernementale est cependant venue fixer un pan de ce que risque de devenir la future "Cité de l'optique", en démontrant que le vent demeure favorable aux tenants du concept de "Cité virtuelle". Un crédit d'impôt équivalent à 40% du salaire pour tout emploi qui sera créé dans la région de Québec par une entreprise du secteur de l'optique-photonique a été accordé par le ministère des Finances du Québec. La mesure vise exclusivement la région de Québec - rive nord et rive sud - mais toute la région. Elle couvre aussi bien les entreprises nouvelles qu'existantes. Ce programme sera en vigueur jusqu'en 2002.