Trois
ans avec la SPEQM
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Entrevue réalisée par Daniel Allard
"Tout était
à faire. Le défi était stimulant et le moment était venu pour que la SPEQM
se rapproche des besoins à l'accompagnement à l'exportation des entreprises,
car ce créneau de services n'existait pas auprès des autres services publics -
pas de manière aussi pointue - et il répond à un véritable besoin des
entreprises", se rappelle-t-il. "Le défi était d'aller plus loin que
de dire ou d'offrir des généralités. Et maintenant, la SPEQM est reconnue
comme ayant cette capacité de répondre de façon pointue à des questions précises
des entreprises."
Mais aux yeux de Michel Lafleur, les gens d'affaires de la région n'ont pas encore tous développé certains réflexes essentiels pour réussir à l'international: "Mon opinion générale à propos des gens d'affaires dans la région: on note une évolution très positive face à l'exportation. Cependant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Ainsi, les entrepreneurs sont habitués d'aller vite et n'ont pas de temps à perdre avec les structures. Parfois, ils vont trop vite et agissent de façon instinctive. Ce qui provoque des insuccès, par manque de planification. De plus, j'ai remarqué qu'un certain nombre sous-estiment les difficultés. Ils "rêvent en couleur" et sous-estiment la préparation requise à l'international, où le succès instantané n'est pas la règle."
"...encore beaucoup de gens d'affaires,
même sensibilisés à la chose,
vont être hésitants
à investir dans de l'expertise spécialisée
et le développement d'une stratégie à l'international."
Si davantage
d'entrepreneurs avaient recours à des spécialistes avant de s'engager, il
croit qu'ils éviteraient des erreurs en tâtonnements qui incitent parfois à
renoncer après avoir dépensé des sommes souvent considérables. "Face à
la possibilité d'engager, pour quelques milliers de dollars, une aide extérieure,
encore beaucoup de gens d'affaires, même sensibilisé à la chose, vont être hésitant
à investir dans de l'expertise spécialisée
et le développement d'une stratégie à l'international. On ne va pas à
l'international sans une stratégie bien préparée, avec au moins l'ABC d'un
plan d'affaires. Investir 6 ou 12 000$ pour bien se préparer, c'est assurément
de l'argent bien placé. Cela évite les surprises et elles peuvent être
nombreuses! Malheureusement, c'est encore un problème majeur à faire
comprendre dans la région", constate Michel Lafleur. Et ce, même si les
besoins de nos PME restent essentiellement orientés vers les marchés américains.
Grâce au Répertoire
(1) mis sur pied par la SPEQM depuis 1997, nous savons que la région compte
actuellement 496 entreprises exportatrices et que 606 ont la volonté de le
devenir ou cherchent à exporter vers de nouveaux marchés. Ensemble, le nombre
total d'entreprises exportatrices ou intéressées à exporter atteint 904
firmes distinctes. "L'avenir de la croissance économique de la région réside
essentiellement dans le succès de ce millier d'entreprises. Et de ce nombre, je
dirais que 50 à 75 sont des entreprises matures à l'international, dont la
majorité des ventes proviennent des marchés étrangers. Il reste donc beaucoup
de travail à faire, puisqu'il existe encore un fort potentiel de développement
de richesse au sein de la région", constate-t-il.
Avec ce travail
de base, la phase d'identification de ceux qui font et qui veulent faire de
l'exportation est un acquis. Quant à l'évaluation du potentiel concret de ceux
qui peuvent développer des stratégie d'affaires sur les marchés
internationaux, l'équipe de la SPEQM ne s'est par encore rendue jusque là.
La multiplication dans la région des activités de
sensibilisation sur les marchés étrangers est un autre sujet de préoccupation
sur lequel il tient à lancer un message:
"Mais je
suis confiant que c'est dans cette direction qu'on se dirige. Il y a beaucoup de
progrès qui ont été réalisés au cours des dernières années. Les récentes
missions en Chine, en Belgique et en France, dirigées par le maire de Québec,
sont d'ailleurs un exemple de collaboration régionale dont on pourra tirer
profit et s'inspirer pour d'autres activités", poursuit Michel Lafleur.
Quel est son plus beau souvenir?
"Idéalement,
j'aurais voulu demeurer en poste une quatrième année pour maximiser tout le
travail accompli", termine-t-il. C'est donc après une longue réflexion
qu'il explique avoir accepté de relever un nouveau défi, suite à l'offre du
ministère des Finances.
S'il laisse son
poste à la SPEQM, Michel Lafleur ne délaisse pas pour autant la mission
d'appuyer le développement du Québec sur la scène internationale. À titre de
directeur de la Direction du développement
du secteur financier au ministère des Finances, à Québec, sa priorité est actuellement de conseiller le
gouvernement sur le dossier de l'avenir de la Bourse de Montréal. Ensuite, il attaquera en profondeur le dossier
des fonds communs de placement et des centres financiers internationaux. Alors
ne vous surprenez pas de le croiser dans un aéroport. "Je risque de me
retrouver souvent à l'étranger", assure-t-il, la tête déjà à hauteur
d'avion, dans son bureau du 30e étage de l'édifice du Radisson Gouverneur, au centre-ville de Québec.
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(1) Toujours selon le répertoire de la SPEQM, l'intérêt à exporter des entreprises selon le continent prioritaire - la même entreprise peut être intéressée par des continents différents - confirme l'attrait des marchés traditionnels:
Amérique du Nord: 204
Europe de l'Ouest: 186
Asie: 123
Amérique Centrale: 103
Amérique Latine: 92
Afrique: 64
Europe de l'Est: 52
Moyen Orient: 43
Océanie: 37