Le Business Intelligence et le commerce électronique: comment profiter de ce profond bouleversement pour gagner des galons? (Première partie) Frédéric
Turcotte
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Le
choc sera brutal pour ceux qui attendent encore avant de transformer leur
entreprise en une compagnie axée sur le ecommerce.
Si la plupart des dirigeants d’entreprise utilisent le courrier électronique
et naviguent sur le web occasionnellement, la grande majorité sont encore
loin de se douter des changements à venir. Ce texte présente, dans un
premier temps, quelques grands changements qu’apporte avec lui le ecommerce.
La seconde partie placera l’intelligence d’affaires dans ce contexte
en illustrant comment cet outil stratégique peut intervenir pour aider
les entreprises à faire face à ces changements. PREMIÈRE STATION: TOUT LE MONDE DESCEND! À
la poubelle la vieille façon de faire des affaires. Internet permet au
consommateur de communiquer directement avec le fournisseur et le
fabriquant. La chaîne de production vient de se transformer. Adieu les
vendeurs et les intermédiaires. On commande directement nos pièces dans
l’ordinateur d’un fournisseur et
pire, on peut choisir lequel est le moins cher, commander seulement
ce que l’on a besoin et vérifier où en est la fabrication. C’est le
client qui déterminera le prix qu’il veut payer. Priceline.com, un
service qui vous permet de rechercher les meilleurs hypothèques, le
meilleur prix pour un billet d’avion, etc. ne fait que débuter la valse
du client qui a toujours raison, de la distance qui n’existe plus et des
comparaisons de prix d’un simple clic de souris. Internet fait donc
disparaître les frontières physiques, mais fait aussi naître la compétition
presque instantanément. Les
entreprises devront miser sur le service à la clientèle inégalé et
maintenir de très bonnes relations avec les clients, pour espérer les
conserver. Les prochains agents intelligents feront les recherches pour
nous sur le web, modifiant notre façon d’acheter.
Les Ebay et les “auctions” de toutes sortes sont des bons indicateurs des nouvelles
tendances mondiales de transactions entre un vendeur et un acheteur. Le
ecommerce, ce n’est donc pas seulement acheter un bouquin sur Amazon.com. Comme le mentionne
Michel Cartier: [i],
“les pays industrialisés vivent actuellement une rupture avec le passé,
un nouveau contexte est en train d’émerger”, et c’est le commerce
électronique entre les entreprises (business-to-business)
qui va modifier grandement le monde des affaires. Nous
assistons à une “E-réingéniérie”, à une diminution sérieuse de
la longueur de la chaîne de
production grâce au ecommerce, rendant du même coup
plusieurs catégories d’entreprises très vulnérables.
Selon Gartner Group, les
grandes sociétés ne sont pas loquaces à ce sujet, mais ce rapprochement
entre le producteur et le consommateur est une tendance très lourde.
C’est le “just-in-time” déjà en place dans un bon nombre
d’industries et le commerce électronique ne fera qu’accélérer cette
tendance. Au Québec, une récente
étude de la firme de consultants ScienceTech rapporte que les grandes
entreprises québécoises traînent de la patte (80 entreprises seulement
effectuent du commerce électronique avec paiement en ligne à partir d'un
serveur sécurisé) et elles accusent un retard d’au moins deux ans sur
les États-Unis (…) [ii]
Les autres changements notoires sont les interrelations encore plus fréquentes
entre les sociétés, les alliances, les associations entre concurrents
pour certains produits et marchés, etc. Toutes ces nouvelles façons de
faire ne seront plus seulement des exemples des meilleures pratiques que
l’on retrouve dans les magazines de gestion. Si
les sociétés ne sont pas en mesure de surveiller les sites où les matières
premières seront échangées, les sites ou les idées et nouvelles
tendances sont discutées, elles ne seront pas capable de demeurer dans la
nouvelle économie que le commerce électronique est en train de façonner. Dans un modèle classique de mise en place d’une veille stratégique pour une entreprise, on doit mettre en place un système de collecte d’information par le personnel intermédiaires de l’entreprise, les vendeurs, les acheteurs, les commis, etc. Avec leur mise au rancard, c’est un tout autre type d’intelligence qu’il faudra mettre en place. Comment positionner la veille dans ce nouveau monde? Nous aborderons cet aspect dans le prochain numéro. RDV le 15 septembre prochain! [i] Michel Cartier, Professeur au département des communications et chercheur à l’Université du Québec à Montréal. Texte disponible sur www.mmedium.com/veille [ii]
André Bélanger,
Le Devoir, Juin 1999 |