Commercialement parlant, la Colombie serait de loin le plus sous-estimé des pays de l'Amérique du Sud. Premier exportateur mondial d'émeraudes, important producteur de pétrole et de café, seul le Brésil est plus riche que la Colombie au titre des richesses naturelles. Depuis août 1998, le pays est dirigé par un président conservateur, Andrés Pastrana Arango, dénonciateur crédible de la corruption dans le pays, qui a promis aux réformistes de changer la vie des Colombiens. Les négociations qu'il a réussi à engager, avec les deux groupes de guérilleros révolutionnaires toujours très actifs dans le pays, sont bien engagées. Dernièrement, il était d'ailleurs question que le président de Cuba, Fidel Castro, ainsi que celui du Vénézuela, Hugo Chavez, jouent un rôle de médiateur dans la négociation du processus de paix en cours. Quarante ans de guerre civile ont fait plus de 120 000 morts dans ce pays de près de 40 millions d'habitants.

"Cette année, j'ai choisi de conduire la mission en Colombie, parce que le moment est stratégique pour s'intéresser à ce pays. C'est le prochain Chili", croit Gérard Verna, professeur à la Faculté des sciences de l'administration, qui fait partie des missions depuis trois ans. Si, effectivement, le vent de paix continue de souffler sur la Colombie, les entreprises qui y auront cerné les opportunités et qui se seront positionnées avant le retournement risquent d'en sortir grandes gagnantes.

Déjà, le pays a pu compter sur une croissance ininterrompue au cours des quarante dernières années, avec un PIB qui a augmenté de 16% depuis quatre ans. Et avec le Chili, il est le seul pays de toute l'Amérique latine à bénéficier d'une cote de solvabilité élevée (BBB) de Standard and Poors.

Luc Gauvin, président d'Aéro Photo, une entreprise de L'Ancienne-Lorette, connaît bien la Colombie. Il est associé là-bas en consortium avec une entreprise locale, SADEC, depuis 1994 et y a déjà fait trois voyages: "La première fois, évidemment, on a une certaine crainte, avec tout ce qui se dit sur ce pays, mais une fois sur place, tu réalises que ce n'est pas le pire. Je pense à plusieurs pays d'Afrique, par exemple. Nous, en Colombie, toutes nos affaires se sont toujours bien passées. Je marche dans les rues le soir et on mange très bien. Je n'ai jamais eu de problème", raconte-t-il.

ALLIER LE COMMERCIAL ET LE TECHNIQUE

Un élément important distingue le projet de cette année d'avec les deux missions des années précédentes: la participation d'étudiants de la Faculté des sciences et de génie. Les entreprises qui confieront un mandat auront donc l'avantage de pouvoir compter sur une expertise à la fois commerciale et technique. Cette approche serait une première au Canada.

Cette année, le groupe ajoute aussi le "diagnostic export" à ses tâches d'étude des marchés visités. Une démarche préliminaire consistant à déterminer si le client est prêt à relever le défi que représente l'exportation sera effectuée au sein de l'entreprise avant le départ pour Bogota.

La vingtaine de membres du groupe, partagée entre des étudiants de la Faculté des sciences de l'administration et de la Faculté des sciences et de génie de l'Université Laval, sont présentement à la recherche de mandats auprès des entreprises.

Avant même l'événement de lancement officiel de la Mission, le 18 janvier dernier, en présence de plusieurs dignitaires, au Grand Théâtre de Québec, deux entreprises de la région de Québec avaient déjà accordé un mandat: la société Précitech Inc, ainsi que Les logiciels Avantage.

C'est la première fois, en trois ans, que des mandats sont officiellement attribués avant le traditionnel cocktail de lancement du mois de janvier, signe que le projet a réussi à acquérir une certaine notoriété au cours de ses deux premières années d'existence.

En demandant 3 250$ par mandat, les "missionnaires" offrent un service plus que compétitif. Comparativement à la réalisation d'une étude de marché par les moyens habituels, qui coûte facilement 10 à 15 000$, le recours à cette formule, pour une fraction du coût d'embauche d'un consultant, rend abordable pour une PME, outre la recherche directe de la clientèle étrangère, l'évaluation d'un produit ou d'un service, l'élaboration d'une stratégie de marketing ou d'une stratégie de transfert de technologie.