Gouverner c’est prévoir ! Ce dicton tout politicien implique que les hommes et les femmes en position de décider sur le moyen et le long terme disposent de données, et surtout de données fiables et significatives. Particulièrement en matière de population.
Une chose est certaine depuis quelques années déjà, la majorité de la population de la planète vit en zone urbaine. Bref : en ville ! Plus de 50% des humains sont dorénavant des citadins. Malheureusement aussi, trop souvent, des « bidonvillois » : soit des gens qui survivent dans des quartiers spontanés, souvent illégaux, dans des conditions de vie à la limite du raisonnable.
Les villes qui attirent – peut-on dire accueillent ? – ces hordes de gens en quête pourtant d’une vie meilleure sont souvent qualifiées par les urbanistes et autres planificateurs analystes de « monstre urbain », car elles se composent d’immenses zones de bidonvilles. Des champs et des collines de cabanes en tôle et en bois, sans eau courante, ni électricité, encore moins d’égout et de sanitaire adéquats.
Un « monstre urbain » est une mégapole dont une partie significative de la population vit dans des bidonvilles.
Entre Tokyo (42 millions) et Chicago (10 millions) l’humanité compte actuellement une quarantaine de mégapoles de 10 000 000 d’habitants et plus. Elles ne sont pas toutes des « monstres urbains ». Outre celles qui apparaissent aux Tableaux 1 et 2, il faut compter, en ordres décroissant : la région allemande de la Ruhr, Nagoya, Kinshasa, Bogota, Lima, Bagdad, les chinoises Shenzhen et Wuhan, ainsi que la déjà dite ville de Chicago.
QUAND LA MAUVAISE MESURE EST DE… 100%
Or l’estimation des populations des plus grandes villes de la planète a été très inégale selon ce que révèle notre Tableau 1 (mégapoles dites « monstres urbains »), surtout comparativement aux autres mégapoles mondiales présentées à notre Tableau 2.
Nous y avons mis en rouge celles qui présentent un écart supérieur à 50% entre l’évaluation de 2003 pour 2015 et le réel dénombrement de la population lors de ladite année 2015. Mais ce fut souvent une erreur d’environ 100% : dans cinq villes d’Asie et pour l’Égypte. Par ailleurs, comment des sociétés avancées peuvent présenter des erreurs d’évaluations significatives démontrées pour les cas de New York et de Los Angeles ?
Dans l’autre sens, il est remarquable de constater la justesse des chiffres pour l’Inde. Qu’ont donc fait les Indiens (3 fois) de mieux que les autres ? Même chose (2 fois) pour le Brésil ! Et pour Mexico !
Tableau 1 : Écarts d’estimations des « monstres urbains » de la planète (2003-2015)
Agglomération |
Estimation de 2003 |
Population (Avec écart 50% +) |
Jakarta | 17 500 000 | 30 326 103 |
Karachi | 16 200 000 | 24 475 231 |
Shanghai | 13 600 000 | 24 256 800 |
Manille | 12 800 000 | 24 197 302 (1) |
Pékin | 11 700 000 | 21 516 000 |
Calcutta | 16 700 000 | 15 644 040 |
Bombay | 22 600 000 | 21 900 967 |
Delhi | 20 900 000 | 21 753 486 |
New York | 17 900 000 | 23 632 722 |
Mexico | 20 400 000 | 20 879 830 |
Sao Paulo | 21 700 000 | 20 853 705 |
Rio de Janeiro | 11 500 000 | 12 140 906 |
Los Angeles | 14 500 000 | 18 550 288 |
Lagos | 16 000 000 | 22 829 561 |
Istanbul | 11 400 000 | 14 377 018 |
Dacca | 22 800 000 | 13 064 369 |
Le Caire | 11 500 000 | 20 439 541 |
Estimation de 2003 : selon agence Habitat de l’ONU
(1) chiffre pour 2014
Tableau 2 : Autres grandes mégapoles de la planète (2014-15)
Agglomération | Population | Pays |
Chongqing | 15 294 255 | Chine |
Tianjin | 11 090 314 | Chine |
Canton | 12 700 800 | Chine |
Bangkok | 18 927 786 | Thaïlande |
Séoul | 25 620 552 | Corée du Sud |
Hô-Chi-Minh-Ville | 12 865 411 | Viêt Nam |
Gauteng | 12 728 438 | Afrique du Sud |
Paris | 12 341 418 | France |
Londres | 11 977 482 | Royaume-Uni |
Tokyo | 42 796 714 | Japon |
Osaka-Kyoto-Kobé | 19 777 590 | Japon |
Moscou | 14 837 510 | Russie |
Buenos Aires | 14 235 106 | Argentine |
Téhéran | 13 828 365 | Iran |
CONCLUSION
Sur la base de notre petite démonstration, on peut conclure que c’est dans un rapport de deux fois sur trois (2/3) que l’évaluation de croissance de la population des « monstres urbains » de 2003 pour 2015 aura été très mauvaise conseillère pour aider à la bonne gouvernance de ces villes.
*****
Vous aimez cet article!
Faites une DONATION à notre rédaction par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI!