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Chronique MONDIALISATION | ||||||
Le Forum social mondial : un « tsunami » pour les commerçants
Renaud
Blais, Avec une 5e édition en janvier 2005 - une 4e à Porto Alegre, en plus de Mumbay l'an dernier - le Forum social mondial n'a plus aucune raison d'être ignoré par les grands médias. Pourquoi continue-t-il de l'être ? S'il recevait sa juste part de couverture médiatique, le Forum social mondial serait considéré comme un véritable tsunami pour les grands commerçants du monde. Comme la seule liberté qui existe pour les commerçants est la libre circulation des marchandises et que les valeurs véhiculées par le Forum social mondial (FSM) sont toutes autres... cette confrontation devrait être mise en évidence. Illustrons en quelques mots quelques grandes valeurs du FSM :
Le Forum social mondial remet de plus en plus clairement en question l'appréciation du monde par l'œil de l'économiste. Cette idéologie du néolibéralisme dont transpire de plus en plus fiévreusement notre vie de tous les jours et qui nous est imposée par ceux « à qui cela profite » et j'ai nommé les commerçants. Ceux qui ont imaginé la mondialisation avant de nous l'imposer. Depuis l'époque coloniale les commerçants construisent la mondialisation du commerce. Vendre partout dans le monde... viva la mondialisation! Plus récemment, avec la « financiarisation » de l'économie, qui origine de la fin de « l'étalon or », décision de l'administration Nixon, les possédants de capitaux n'ont plus à tenir compte de l'approvisionnement en matière première, en énergie, ni de la production, ni de la distribution des ventes ou de quoi que ce soit; c'est la dictature du capital, et surtout, il faut que ça rapporte et que cela rapporte beaucoup et tous les moyens sont permis. Les observations de soit disant experts nous donnent toujours la même vision exclusivement économique du monde. Pourquoi alors les grands médias négligent-ils de mettre en lumière l'Autre point de vue ? La réponse est simple, de grands commerçants sont propriétaires des grands médias. Et que dire brièvement des médias publics : dans leurs cas, à cause du pingre financement en provenance des administrations publiques, ceux-ci sont aussi dépendants des grands commerçants qui font de « gros placements publicitaires... ». Par ailleurs, le Forum social mondial n'a pas eu besoin des grands médias pour exister, n'a pas eu besoin des grands médias pour se développer et n'aura pas besoin des grands médias pour rayonner partout sur la planète, au plus grand profit de celle-ci et peut-être encore pour au moins sept générations. Le point de vue altermondialiste devrait avoir « droit de citer » dans les médias. Quand « un événement » survient dans l'actualité, quand la recherche journalistique consiste à « recueillir les différents points de vue », le point de vue altermondialiste devrait s'y retrouver. Quand un budget est déposé par un gouvernement démocratiquement élu, les médias nous présentent mur à mur des commentaires de soit disant experts (remarquez bien, ceux-ci sont à peu près tous d'accord sauf sur des peccadilles qui ne veulent rien dire pour le citoyen). Aucun, sauf à de très rare exception, ne questionne les principes de redistribution implicites dans la préparation de ce budget. Les 400 plus gros contribuables des États-Unis d'Amérique ont eu un revenu brut, avant impôts, de 70 milliards $ en 2000, dont 50 milliards provenant de revenus en capital : dividendes, intérêts, plus-values. Pour l'Asie : un prélèvement fiscal mondial exceptionnel ! Par Jacques Nikonoff, président d'Attac France, dans: Grain de Sable n° 495 – 5 janvier 2005 – journal@attac.org Un moyen d'illustrer cet hégémonisme d'appropriation des richesses du monde est le déficit des États-Unis d'Amérique (ÉU). Celui-ci est de plus de 400 milliards $ par an et en croissance. Sans soulever la question : à quoi ces ressources servent-elles, je me questionne à savoir d'où vient cet argent ? Un ami économiste m'a répondu simplement : « de l'épargne du monde ». Alors pourquoi cela est-il possible qu'une très grande partie de l'épargne du monde soit siphonnée par et pour l'Empire ? Ceci malgré que la majorité des citoyens de la planète auraient voté contre cet hégémonisme en novembre dernier. Bref, cela est possible parce que le dollar des ÉU sert de monnaie d'échange partout sur la planète. Sans doute aussi dans les milieux « off impôt » que sont les paradis fiscaux et les milieux clandestins de tous genres. Des voies se lèvent, surtout avec la récente dépréciation du fameux billet vert, pour que la valeur du baril de pétrole soit dorénavant libellée en euro. Si un jour l'OPEP pose ce geste, ce serait le début de la fin du règne du dollar ÉU, sur notre petite planète bleue, malheureusement en voie de brunissement... Je laisse la conclusion à un groupe de recherche très universitairement sérieux... « En guise de conclusion, les mouvements sociaux internationaux ont pour l'instant un faible pouvoir d'influence, mais ils en ont un sur quelques dossiers majeurs tel celui de l'annulation de la dette des pays les plus pauvres. On s'entend aussi généralement pour dire que c'est une force politique croissante. Les OCI qui participent à ces mouvements sont aussi en pleine croissante. Certes, ces organisations peuvent prendre des directions différentes ; plus humanitaires pour les unes, plus engagées dans la construction de nouveaux réseaux internationaux pour les autres; plus près des gouvernements pour les unes, plus «alternatives» aux institutions publiques pour les autres... Leur représentativité est souvent questionnée mais la preuve de leur pertinence n'est cependant plus à faire. L'avenir des mouvements sociaux et des OCI est-il du côté de la construction de grandes réformes de la gouvernance mondiale ou du côté de la maîtrise de la mondialisation dans le débat politique de chacun des pays où ils sont présents? Sans doute un peu des deux. Dossier à suivre. » Altermondialisation, développement et démocratie : la contribution des organisations de coopération internationale (OCI) Abdou Salam Fall, Louis Favreau et Gérald Larose, Université du Québec en Outaouais, Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), Juin 2004. Le FSM
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