Faites un don à
Commerce Monde
PayPal - Donate
SOMMAIRE

USA, Union européenne, Inde, Brésil et Australie, le nouveau G-5, en tête
L’OMC, avec ses 147 pays membres, se vivifiera-t-elle à Hong Kong en décembre 2005?

par Daniel Allard

« L’OMC: un avenir pour les pays en développement? » C’était sous ce thème que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait tenu sa 5ièm conférence ministérielle, en septembre 2003, à Cancun. Et elle s’était terminée en catastrophe, sans consensus ! Les membres convinrent ensuite de se rencontrer de nouveau en décembre de la même année, cette fois à Genève, toujours pour essayer de sauver le Cycle de négociations de Doha débuté en novembre 2001, dans un lourd processus de négociation entre 147 joueurs. Les derniers jours de juillet 2004 auront finalement confirmé, dans ce que l’histoire retiendra probablement comme le « compromis de Genève sur l’agriculture », que l’OMC demeure un outil fonctionnel en matière de gouvernance du commerce international. Cinq acteurs clés (USA, Union européenne, Inde, Brésil et Australie), représentant les différents intérêts en jeu en matière de commerce agricole, sont d’abord parvenus à un accord de principe, accord qui a ensuite inspiré l’ensemble des 147 pays membres de l’OMC à conclure le fameux consensus tant recherché. Résultat : on sait depuis que se sera quatre ans après son amorce que la conclusion du Cycle de Doha sera écrite, puisque c’est dans la ville chinoise de Hong Kong et pour décembre 2005, comme viennent de l’annoncer les autorités de l’OMC, que les 147 pays membres se sont engagés à viser la conclusion de ces négociations.

Mais déjà les doutes sont grands quant à la capacité des pays membres de l’OMC de véritablement s’entendre sur des règles du commerce qui amélioreront véritablement la qualité de vie de l’ensemble de l’humanité. Parlant de ce groupe de cinq pays ayant pris le leadership des négociations sur l’agriculture, fin juillet, à Genève (USA, Union européenne, Inde, Brésil et Australie), un négociateur de la Suisse, Luzius Wasescha, ne s’était pas fait tendre à leur égard : ils « se prennent pour les dirigeants de la planète alors qu’ils ne le sont pas, ils ne sont même pas capable de négocier correctement ».

Que deviendra ce nouveau « G-5 » dans la course de négociation qui s’amorce jusqu’au rendez-vous de Hong Kong ? À tout juste trois semaines de l’échéance de juillet 2004, le directeur général de l’OMC, Supachai Panitchpakdi, avait demandé aux Ministres du G-90, le groupe des pays en développement, réunis à l’île Maurice, de penser aux « avantages considérables dont ils bénéficieraient si le cycle aboutissait », et il leur a rappelé que se serait « les pays en développement qui paieraient le tribut le plus lourd en cas d’échec ». Que pourront faire les négociateurs de l’Inde et du Brésil entre le G-5 et le G-90 ?

Un contexte qui rappel des enjeux traités lors d’un colloque tenu le 11 décembre 2003, au Centre de recherches pour le développement international, à Ottawa, avec pour thème : « Le système de commerce mondial :  défis et possibilités sous l’angle du développement ».

Depuis plus de 30 ans, le CRDI collabore étroitement avec les chercheurs des pays en développement et les appuie dans leur quête de moyens de créer des sociétés en meilleure santé, plus équitables et plus prospères. Et le colloque de cette société d’État canadienne, chef de file à l’échelle mondiale de la production et de l’application de nouvelles connaissances pour relever les défis du développement international, soulevait plusieurs enjeux auxquels le grand rendez-vous de Hong Kong de l’OMC apportera plusieurs réponses :

  • Quels sont les avantages du multilatéralisme, autrement dit, de l’OMC, pour les pays en développement ?
  • Est-il préférable pour eux d’envisager des accords commerciaux bilatéraux ou régionaux ? 
  • Est-il nécessaire de remanier l’OMC pour permettre une plus grande participation des pays en développement ? 
  • Comment les États-Unis et d’autres pays industrialisés continuent-ils d’utiliser le système pour protéger leurs intérêts ?
  • Comment certaines industries (dont l’industrie sidérurgique, l’industrie textile et l’agriculture) s’y prennent-elles pour contourner le système ?

Bref, l’OMC relèvera-t-elle le défi de se vivifier avec ce rendez-vous de décembre 2005, ou donnera-t-elle raison à ses détracteurs ? En attendant cette échéance, le rapport annuel de la Banque mondiale sur le financement du développement en deux volumes, sous-titré " Harnessing Cyclical Gains for Development " ne contient que des bonnes nouvelles. Le rapport révèle que les mouvements de capitaux privés nets vers les pays en développement ont augmenté à 200 milliards $ en 2003, et indique que le financement externe des pays en développement a atteint le niveau le plus élevé en cinq ans. Ce rapport exhaustif contient des données et des analyses, allant du commerce à court terme au financement d'infrastructure à long terme. Dans le premier volume, les tableaux d'analyse et les tableaux sommaires illustrent les récentes perspectives et les tendances concernant tous les mouvements liés au développement, et contiennent l'évaluation globale de la Banque. Dans le deuxième volume, les tableaux d'analyse et les tableaux sommaires contiennent les données statistiques de 136 pays ainsi que régions et catégories de revenu. Vous pouvez consulter ou télécharger le rapport à l'adresse suivante: http://www.worldbank.org/prospects/gdfhome.htm

Fait à Québec le 15 août 2004.