Entrevue avec Jacques Audibert, consul général de France à Québec
 
             Le projet Antenne Québec a tout son appui

 

Ce diplomate quittait son poste de Québec après trois ans en fonction. Les malles étaient déjà expédiées et lui prenait l’avion dans moins de 48 heures. Jacques Audibert, encore consul général de France à Québec, a accepté de nous accorder une entrevue, le 14 juillet 2004, à sa résidence officielle de la rue des Braves. C’est de l’Ambassade de France à Londres, où il a pris le rang de #2 depuis le 1er août, qu’il continue maintenant sa carrière.
 

Entrevue réalisée par Daniel Allard.

Même le premier membre du corps consulaire en poste dans la capitale du Québec n’a pas hésité à commenter ainsi le maintien de la nouvelle ville, confirmé après les historiques référendums du 20 juin 2004 : « En bas de 500 000 habitants, un investisseur étranger ne vous considère même pas. Vous n’existez pas ».

Quel est donc, selon-lui, le principal point fort de cette nouvelle Ville de Québec ? « C’est d’être un attrait, un pôle attractif. »

Et son principal point faible ? « La réalité fait qu’à Québec, énormément de choses passent par Montréal. Il faut vivre avec ça. »

Il a d’ailleurs clairement dénoté le problème du transport entre Québec et Montréal sur un ton très critique : « Le train devrait prendre 1h30 entre les deux villes ! »

Que pense-t-il, dans la perspective de la France, de la mission conjointe au Mexique que réaliseront les premiers ministres français et québécois en novembre 2004 (une suite de la rencontre des premiers ministres Raffarin et Charest réunis au Québec en mai 2003) ? « Il n’y a pas de précédent avec le Québec... Mais sûrement avec d’autres pays, je pense, dans le cas de la France. C’est un dossier qui est mené directement de Paris… » Qui a eu l’initiative de cette démarche ? « Je pense que c’est le Québec », a-t-il répondu, bon diplomate, après quelques secondes de réflexion. Et en ce qui regarde le projet d’une seconde mission conjointe, en 2005 ou 2006, celle-là en Pologne semble-t-il, le consul général ne confirme rien : « Non, ce n’est pas déterminé encore. La Pologne, la Roumanie, il faudra voir ! »

Concernant le rêve du président de la section de la ville de Québec de la Chambre de commerce française au Canada, l’avocat François-Xavier Simard, de voir prendre forme prochainement le projet Antenne Québec, le consul avait des mots très encourageants (Antenne Québec est une initiative de longue haleine de la CCFC-Section Québec qui vise à doter concrètement la ville et la région de Québec d’un bureau officiel constituant un point de chute logistique au bénéfice des entreprises françaises et au service de l’ensemble des intervenants économiques régionaux en France, théoriquement chaque Conseil régional de chacune des 22 régions de France, dans l’objectif d’accroître les relations commerciales entre la France et le Québec. Cette nouvelle avait fait la une du #39 de CommerceMonde.com (lien) : « Je viens justement d’envoyer une lettre officielle recommandant fortement aux autorités des régions françaises de répondre positivement à cette initiative. »

Mais son message aux gens d’affaires de France qui s’imaginent qu’il est facile, parce qu’ils parlent eux aussi le français, de réussir en affaires au Québec, mérite d’être très bien entendu. Jacques Audibert, qui a su se faire un bon nom à travers la communauté des gens d’affaires de la capitale en lui accordant beaucoup d’attention et a appris à la connaître, lance ceci comme principal conseil : « Il ne faut pas sous estimer les différences culturelles au plan économique. Les Québécois sont avant toute chose des nord-américains parlant français. Un Français ferait une grave erreur en pensant que la langue commune est un grand avantage ».

Quels secteurs économiques devraient être prioritaires en matière de relations commerciales entre le Québec et la France ? « La santé, l’éducation, la modernisation de l’État sont ce qui préoccupe le plus le gouvernement de la France… Du côté économique, ce sont les entreprises qui déterminent les priorités » affirme-t-il, en démontrant clairement son approche non interventionniste en ce domaine. Il a tenu à rappeler l’implantation de la nouvelle usine de l’Oréal, à Montréal : « 1200 emplois ! »

Dans le contexte de la réingénierie de l’État québécois qu’entreprend le gouvernement de Jean Charest, est-il préoccupé du sort d’institutions de la coopération bilatérale France-Québec comme l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) ? « Monsieur Charest a nommé à la tête de l’OFQJ un de ses amis personnels, alors je n’ai aucune inquiétude. »

Enfin, après trois ans à Québec, quel conseil aimerait-il donner au successeur de l’actuel maire de Québec, qui vient d’annoncer la date de sa retraite politique, après seize années en fonction ? « Je lui souhaite d’être aussi bon que Jean-Paul L’Allier ! »

 

L’entrevue est un style journalistique qui permet d’aller au fonds des choses avec la personne qui accepte de ce prêter à cet exercice. Au file des années, l’équipe de CommerceMonde.com a pu obtenir de telles entrevues - qui durent généralement une bonne heure - avec plusieurs personnalités influentes des diverses facettes de la mondialisation. Et même plusieurs années plus tard, il est souvent très d’actualité de refaire une lecture de tels moments privilégiés de la vie en démocratie. Nous vous invitons à oser les (re)consulter : 

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