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Chronique MONDIALISATION | ||||||
Mumbaï, un tournant pour le Forum social mondial par Renaud Blais Après trois ans à Porto Alegre l’organisation du Forum social mondial a subit une mutation en profondeur avec la tenue de sa 4e édition à Mumbaï en Inde en 2004. Lors des trois premières éditions les participantEs originaires de l’Europe de l’ouest et de l’Amérique latine étaient fortement majoritaires (15% de la population mondiale). Malgré une participation (très faible) de personnes des autres continents, la dynamique des discussions, autant le contenu que la « façon de faire », était plutôt occidentale. Avec Mumbaï, le continent asiatique (50% de la population mondiale) a pris véritablement part au processus. Nous le verrons à Porto Alegre en janvier 2005, le FSM a subi une révolution, une mise à niveau. La rue est devenue plus importante que les « meetings ». À Mumbaï, le Forum social mondial a repris contact avec le sens de ce très original et innovateur MOYEN de mise en commun des luttes locales envers « l’ennemi commun » que sont les transnationales prédatrices des ressources de la planète sans aucune considération pour le devenir collectif de la race humaine (leur utilisation de l’évasion fiscale à travers les paradis fiscaux en fait foi). Le fait que les plus radicaux propagateurs d’idéologie ont été mis en minorité est un élément très révélateur de ce tournant. Les idéologues (celles et ceux qui ont encore la prétention d’avoir plus raison que les autres) qui utilisent les même techniques d’endoctrinement qu’ont utilisé les jésuites et autres propagateurs « d’une croyance meilleure que les autres » durant la période coloniale, ont été mis en minorité. J’en veux pour preuve l’organisation parallèle du « Mumbaï resistence » par d’irrésistibles rouges, noirs, les deux et autres Quelques éléments de contenu du 4e Forum social mondial : « Il existe aussi un réel besoin de réformer et d’envisager sous un autre angle les modèles économiques présentés par les institutions telles que la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce et le Fond monétaire international, qui ont si peu de considération pour le Sud, à un degré tel que le prix Nobel Joseph Stiglitz l’a dénoncé. Les débats du FSM se sont focalisés sur les points suivants, entre autres : Comment réformer l’ONU ? L’expansion de son Conseil de sécurité est-elle assez importante, ou bien doit-on conférer plus de pouvoir à l’Assemblée générale, de telle sorte que l’opinion de ses membres soit réellement prise en compte par le Conseil ? Qu’elles sont les politiques et les slogans particuliers qui pourraient permettre une unité du Sud ? Comment les forces démocratiques du Nord peuvent-elles se mobiliser pour soulager les populations du Sud ? Comment lutter de manière efficace contre le fondamentalisme religieux et le sectarisme, alors que l’on assiste à la satanisation des Musulmans dans la lutte contre le terrorisme ? De nouvelles manières de lutter contre le militarisme peuvent-elles être optimisées en isolant les bellicistes et en remplaçant les concepts dominants de sécurité nationale et de pouvoir par des stratégies de paix innovantes ? » Kamal Mitra Chenoy, Le Forum social mondial présente une réelle alternative à la Mondialisation, Professeur d’études internationales à l’Université Jawaharlal Nehru, à New Delhi, et membre du Comité d’organisation indien pour le Forum social mondial 2004. « Les institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ont été désignées comme la plus monumentale source d’inégalité entre les pays et entre les personnes(…) Un consensus existe pour une réorientation de ces institutions pour les mettre au service des peuples et non du capital. (…)la justice économique a également constitué un axe transversal(…) C’est pourquoi, comme le soulignait l’artiste - et homme politique - brésilien Gilberto Gil, le défi pour l’avenir consiste à faire que « la diversité et la pluralité deviennent une pratique s’appliquant à tout » : à la pensée, la création et l’action, à la projection de cet autre monde égalitaire, sans discrimination et avec une justice économique et sociale, c’est l’utopie qui a lancé, non seulement l’évènement Forum, mais aussi un processus qui englobe des millions d’initiatives et de propositions dans le monde entier. Un autre monde est possible, urgent et nécessaire. » La diversité en scène, Irene León. Sur la question : Le FSM une organisation permanente ou un lieu de mise en commun? : « La force qui mettra en œuvre toutes ces alternatives sera les masses opprimées, qu’elles aient ou non participé aux forums. » Le Forum social mondial à la croisée des chemins, Sohi Jeon, d’Action du peuple coréen contre les Accords de libre échange et l’OMC (KoPA). Une participante exprime le désir de voir adopter les principes et valeurs véhiculés au FSM dans les débats et organisations internationales classiques comme l’ONU, l’OMC et autres : « la reconnaissance de la diversité culturelle, sexuelle, ethnique et générationnelle; les principes de justice redistributive; la garantie des États du respect de leurs obligations dans le cadre des accords auxquels ils sont arrivés à l’interne et comme membre de la communauté internationale; requestionner l'opposition et la hiérarchisation des sphères publiques et privées; la révision de la subordination des logiques reproductives par rapport à celles productives et la non confessionnalité des États. » Democracia, desarrollo y derechos humanos: conceptos claves en las reflexiones de una agenda radical, Roxana Vásquez Sotelo Lima. Les femmes font deux propositions au Conseil international du FSM : « La Marche mondiale des femmes réaffirme son engagement envers la Charte de principes du Forum social mondial et sa participation au Réseau mondial des mouvements sociaux en tant qu’espace légitime pour l’articulation des luttes, la construction féministe, l’élaboration d’analyses et de stratégies de tous ceux et celles qui croient qu’un autre monde est possible car il est en train de se construire à chaque instant. Ce sera une année décisive pour la survie du FSM en tant qu’espace d’articulation des luttes sociales populaires et laboratoire libre d’actions et d’alternatives aux systèmes actuels : 1- La première consiste à tenir, à partir de 2005, des rencontres à tous les deux ou trois ans. L’après-mumbai - Retour sur le Forum social mondial, par : Julia DiGiovanni, Marche mondiale des femmes Brésil, Bulletin de liaison, Mars 2004, Vol. 7, numéro 1. Actualité internationale : Depuis la déroute du gouvernement Aznar en Espagne, la perte du pouvoir par le BJP en Inde, verrons-nous l’échec du référendum contre Chavez ? Et qui sait, la non réélection de Bush, ou cela s’arrêtera-t-il ? Réussirons-nous à faire enfin mentir le « there is no alternative » de la dame de fer ? Le fait que ces questions parmi d’autres aient été intensément débattues par des délégués de 140 pays de tendances politiques variées rend le FSM encore plus représentatif que le Forum économique mondial (Davos), auquel il fait contrepoids. Les activistes et les dirigeants des organisations présentes au FSM sont bien plus représentatifs des peuples et de leurs aspirations que les ministres des finances et les CEO présents à Davos, qui ne représentent qu’eux-mêmes et surtout les pouvoirs politiques et financiers dominant le monde. Journée historique pour le mouvement altermondialiste ! « Aujourd’hui, 15 juin 2004, à 15h35 la proposition de loi sur l’instauration d’une taxe Tobin - variante Spahn a été votée dans la Commission des finances et du budget de la Chambre des députés fédéraux. Une majorité alternative de socialistes et démocrates chrétiens a ratifié la proposition. Parce que, un autre monde est nécessaire d’urgence ! » Éric Goeman, porte-parole Attac-Vlaanderen. In : Grain de sable No. 473 - 16 juin 2004. Éléments de réflexion intéressants sur les concepts très galvaudés de « société civile » et « bien commun » : Dans l’éditorial du numéro 17, janvier 2004, de la revue Cités, publiée par les PUF, Yves Charles Zarka tient des propos intéressants au sujet du concept de « société civile ». Il exprime l’avis que ce concept est utilisé par des individus qui ne représentent qu’eux-mêmes, ce qu’il déplore. Là où je trouve ces propos intéressants, c’est lorsqu’il en circonscrit l’utilisation comme suit : « cette référence est justifiée pour rappeler les politiques à leurs devoirs, mais qu’elle ne l’est plus pour se substituer à eux. » « …il semble que l’on puisse encore penser le bien commun dans nos sociétés. Cela à la faveur d’un individualisme ouvert, un peu comme le défendent les altermondialistes qui cherchent à mettre en place de nouvelles manières d’envisager la vie en communauté sans nier les réalités marchandes, sociologiques et religieuses. » Que reste-t-il du bien commun? - Entre le bon et le juste, par : André Lacroix, Directeur adjoint, Chaire d’éthique appliquée, Université de Sherbrooke, in : Le Devoir, 2 août 2004.
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