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SOMMAIRE | ||||||
Pub et Internet (2e partie) Mot de la direction Le « réchauffement » de la planète Internet sera-t-il significatif en 2004 ? Il semble que oui! Mais il semble aussi que le Québec sera à la remorque du phénomène et pas à l’avant-garde. Plusieurs indices peuvent convaincre d’investir de nouveau dans l’Internet sans attendre. « Aux États-Unis, les niveaux de revenus publicitaires commencent à ressembler aux dépenses en contenu qui prévalaient durant la bulle Internet » (Miles Faulkner, président du Bureau de publicité Interactive du Canada - l’IABC). Selon le même organisme, une augmentation des revenus de 20% est prévue au Canada en 2004. « Les prédictions d’avenir radieux pour Internet, qui ont alimenté la bulle spéculative entre 1999 et 2001, semblent enfin prêtes à se concrétiser », analysait pour sa part le journaliste spécialisé Mathieu Perreault (LA PRESSE du 20 janvier 2004, Montréal), constatant que pour la première fois dans l’histoire d’Internet, il y a plus d’annonceurs que d’espace publicitaire puisque les prix ont augmenté de 15 à 25% en 2003. RECORD POUR LA PUBLICITÉ Sentant le timing poindre enfin, les géants du monde du Web envoient d’ailleurs des messages qui ne trompent pas. Le groupe Google annonçait, en début d’année, que son moteur de recherche comprend désormais 4,28 milliards de pages Web (on estime la capacité totale de l’Internet à 10 milliards de pages), alors que Yahoo! un des trois titans avec AmericaOnline et MSN.com/Microsoft a déjà fait savoir qu’il compte fonctionner sans l’aide de Google et privilégier ses propres outils de recherche à la suite des récentes acquisitions du moteur d’Inktomi et Ouverture Services (pour 2 milliards $). La « planète Web » Soulignons que la « planète Web » ne comptait que 130 sites en 1993 et 2738 en 1994, mais 23 555 en 1995 et 230 000 en 1996 (Mathew Gray, MIT, 1996). Rappelons surtout que la publicité sur Internet a fait son apparition il n’y a pas encore dix ans - soit le 27 octobre 1994 - lorsque HotWired offrit à l’ensemble de ses clients corporatifs des bandeaux (AT&T, Sprint, MCI, Volvo, ZIMA et le Club Med furent les premières entreprises qui signèrent ces ententes de pub). Et pour les férus d’histoire, il faudra encore attendre jusqu’en octobre 2004 pour « fêter » la première décennie de la naissance de la publicité dans Internet. Mais il n’aura pas fallu une décennie complète à cette nouvelle technologie du monde des communications pour devenir un élément qui ne peut plus être ignoré pour tout acteur sérieux de l’industrie des médias. Les observateurs spécialisés du monde de la presse aux États-Unis constatent déjà la force incontournable qu’Internet représente : « Internet est le seul média d’information, à part la presse ethnique et alternative, dont l’audience soit en pleine croissance, particulièrement chez les jeunes », écrivaient les auteurs du rapport État de la presse en 2004, rendu public en mars et réalisé sous la direction de Tom Rosenstiel par Project for Excellence in Journalism, en association avec l’école de journalisme de l’Université Columbia. La publicité sur Internet a fait son apparition La même étude constate une baisse de 11% de la vente des quotidiens américains de langue anglaise au cours des 10 dernières années et une chute de 34% des taux d’audiences des journaux télévisés du soir sur les chaînes locales associées aux grands réseaux. Les mouvements dans 26 sites d’informations considérés comme les plus populaires ont, en revanche, enregistré une augmentation de 70% entre mai 2002 et octobre 2003. Des chiffres qui ne confirment pas encore une réelle « cannibalisation » par Internet de la presse traditionnelle, mais les grands groupes de presse américains ont compris et s’empressent d’investir en conséquence : les deux tiers des 20 sites d’informations les plus consultés dans l’Internet appartiennent à l’un des 20 groupes de presse les plus importants des USA. Et pour ceux qui dénigrent la confiance que l’on peut accorder à la qualité de l’information offerte dans Internet, la confiance dans la crédibilité des quotidiens a chuté de 80% en 1985 à 59% en 2002! Par ailleurs, une étude présentée lors du 57e Congrès mondial des journaux réuni à Istanbul le 31 mai 2004 confirmait encore le déclin, bien que léger, de la diffusion des journaux au niveau mondial (-0,2%). La hausse de crédibilité d’Internet résonne également du côté du cybercommerce, nettement en croissance, et qui confirme que la révolution du Web est là pour rester. Selon une étude de Forrester Research, le chiffre d’affaires du commerce de détail en ligne aux États-Unis aura frisé les 100 milliards $US en 2003 et pour la première fois devrait s’avérer globalement rentable (contre 74 G$ en 2002, un chiffre alors déjà en hausse de 48% par rapport à 2001). Selon la même source, les ventes en ligne compteront en 2008 pour plus de 10% du total des ventes de détails aux États-Unis (contre 3,6% en 2002). Selon Luc Dupont, professeur de publicité à l’Université d’Ottawa, le quotidien La Presse a obtenu de l’organisme qui certifie les mesures de tirage (la ABC de Chicago) l’autorisation de compter une visite Web comme un lecteur. Autre signe rassurant d’un changement structurel positif dans l’industrie. Reprenant une étude menée en 2002 qui estime que les Canadiens consacrent en moyenne entre 30 et 45 minutes à la lecture des journaux les jours de semaine, le président de Zoom Média, Mario Cecchini, est de ceux qui pensent qu’on revient à une ère de contenu. Convaincu que l’avenir est prometteur pour les médias bien centrés pour surprendre les consommateurs, dès 2004, il espère tester des panneaux d’affichage intérieurs sur lesquels ses clients pourraient changer leur message selon l’heure du jour. Bref, c’est déjà l’Internet dans les toilettes et autres lieux publics stratégiques ! À l’enthousiasme débordant de certains gens d’affaires comme le grand patron de Zoom Média, il y en a d’autres qui optent pour la prudence : « Le rôle d’Internet par rapport à ce que ça va faire dans la société n’est pas encore déterminé. On ne sait pas ! Il faut tout effacer et tout recommencer. Trouver les bons modèles (...)On fait beaucoup de réflexions stratégiques sur le sujet (...)Personne ne sait où sera le Net dans 5-10 ans», avouait Alain Préfontaine, le président de Transcontinental Média, alors conférencier devant les membres de la Chambre de commerce de Québec en octobre 2003. Pour l’instant les quelque 37 sites Web de leur groupe, juste pour les hebdos, n’existent que pour supporter leurs publications. Si la revue Commerce n’était plus en kiosque et uniquement sur le Net, pourrait-elle se développer? « Non », a-t-il répondu. « Car il serait impossible de financer ça actuellement ». Certaines personnes affirmeront toujours qu’Internet est en déclin. Elles diront que les gens cliquent de moins en moins sur les bannières dans le Net. Mais posons-nous la question suivante: « Appelez-vous par téléphone tous les annonceurs qui achètent de la publicité dans votre journal favori? La réponse est évidemment NON et c’est la même chose pour Internet », analysait déjà Daniel Moisan, président fondateur de Moisan Marketing, à titre de collaborateur du livre sur la publicité (publié en 2001) de Luc Dupont, cité précédemment. Une vérité que corroborait en entrevue téléphonique un vice-président du Groupe Cossette : « On est encore en train de démontrer que le Web est comme un autre média. Soit que le clic n’est pas obligatoire pour justifier une visibilité publicitaire. On ne clique pas sur une annonce TV », soutient Luc Cormier. Bonne nouvelle donc : les annonceurs commencent beaucoup plus massivement à réaliser qu’une publicité dans Internet peut être efficace même si l’utilisateur ne clique pas dessus, comprenant que ça établit tout de même un nom… tout autant qu’un panneau réclame ! Mais il faut encore traverser la barrière de la concentration : « Fin 2003, une proportion de 85 à 90% des dépenses en Pub (pas en partenariat) aux USA sur le Net est concentrée dans 10 sites et la tendance à une telle concentration serait la même au Québec et au Canada. (…)Actuellement, il y a plus d’argent à faire dans la livraison de DATA de publicité que dans la commission sur vente de publicité, c’est donc ce qui se passe aux USA (apparition de nombreux serveurs publicitaires) et ce qui s’en vient au Québec », ajoute l’expert. L’équipe de Cossette, qui croyait à cette approche dès 1998, a d’ailleurs finalement bâti elle-même un outil de mesure très performant : ADCENTRIC (un logiciel créé par et pour eux). À ce propos d’ailleurs, le Web est de loin supérieur aux autres médias en matière de mesure statistique. Et c’est en définitive ce qui devrait le plus rassurer un investisseur dans une perspective à long terme. Le long terme. Venons-y donc ! Que réserve Internet à long terme ? EN ROUTE VERS « INTERNET 2 » ET BIEN PLUS Les têtes de chapitre et sous-chapitre de ce livre donnent largement le ton : • La prochaine génération d’Interne ; Ouf !!! Et encore ouf, trois fois, une fois que la lecture complète de l’ouvrage est terminée. Parce que ce livre vous transporte dans toutes les grandes sphères de la vie en société et vous impose une réflexion sur le « possible » et le « souhaitable » qui remuera même les plus rébarbatifs à l’insertion des nouvelles technologies dans les affaires du monde. L’avenir D’abord pourquoi 2025 et pas 2010-15 ou 20? En 2001, le président de la papetière Kruger lui demandait : « Croyez-vous vraiment qu’avant 2025 des appareils électroniques ultra légers permettront de faire l’expérience de la lecture de manière aussi agréable qu’avec le papier tout en livrant des images vidéo de qualité ? » Comme ce chef de grande entreprise lui faisait manifestement la démonstration que, lui, était déjà en mode de s’imaginer le futur à l’échelle de 2025, Jean Lanoix avait là, d’une certaine manière, le point de départ de son livre. Mais l’explication est ailleurs : « Initialement, l’idée était de prendre 2024 et de faire le lien avec 1984, le fameux livre de George Orwell. Mais comme finalement je n’avais pas vraiment d’élément du type Big Brother et le reste, j’ai changé le 4 en 5 et cela donne 2025 ! » Son objectif n’est d’ailleurs pas de prédire l’avenir, mais plutôt « de décrire les services Internet du futur qui pourraient avoir un impact significatif dans l’existence de chacun d’entre nous », avertit-il dès les débuts de son livre. Sa réponse à M. Kruger permet tout de même de toucher au cœur de l’enjeu orwellien : « Le jour où la majorité de la population des pays industrialisés possédera un tel appareil, cela aura certainement de solides répercussions sur l’industrie des journaux et des magazines imprimés », expose Lanoix dans son livre publié fin 2003. Pour quand alors ce grand dérangement? LE NŒUD TECHNOLOGIQUE : FAIRE NAÎTRE L’ÉCRAN « AGRÉABLE » C’est la lecture électronique « agréable » « Heureusement, l’avenir d’Internet est beaucoup plus facile à prédire que ne l’a été celui de l’aviation. Nul besoin d’être visionnaire pour affirmer que la prochaine génération d’Internet deviendra le média le plus puissant de l’histoire, parce qu’elle fusionnera l’imprimé, la télévision, le téléphone, la radio et l’ordinateur. Une grande partie des technologies existe déjà en circuit fermé. Par exemple, le projet Internet 2, en place aux États-Unis, relie plus de 200 universités à la vitesse de la lumière et offre déjà une expérience multimédia exceptionnelle », écrit-il aussi. Osez seulement penser à ce que représente le fait que les périodes d’attente de quelques secondes sur Internet à haute vitesse d’aujourd’hui se résument à quelques millièmes de secondes sur Internet 2 ! Mais les défis, autant technologiques que sociaux, et enjeux sont phénoménaux. D’où l’importance d’IMAGINER LE FUTUR ! Et à ce propos, personne ne pourra jamais reprocher au livre de Jean Lanoix d’y aller à fond. Que dites-vous de la mise en place d’une « centrale mondiale des profils de consommateurs », pour que ces derniers n’aillent qu’un formulaire électronique à remplir plutôt qu’un par services Internet utilisés. En plus de rassurer les personnes qui se préoccupent des risques d’intrusion dans leur vie privée, cette formule de centralisation et d’uniformisation de la procédure permettrait aux annonceurs d’obtenir de l’information fiable avant d’engager des dépenses de publicité : « Pour accéder à un service Internet associé à la base de données mondiale, le membre n’a qu’à indiquer son numéro de membre et son mot de passe. Le profil de consommateur « anonyme » est alors transmis au service Internet et, automatiquement, les publicités qui apparaissent à l’écran correspondent au profil de consommateur du membre. Dans ce processus, les annonceurs n’ont jamais accès aux profils des consommateurs. » Ce qui est fascinant - le saviez-vous ? c’est que la technologie actuelle dans Internet permet la création immédiate d’une telle « centrale » ! Et si l’apparition des « coopératives d’achat sur Internet » se concrétisait selon l’ampleur dont parle l’auteur, personnes ne fera plus son magasinage comme aujourd’hui. Le livre a aussi beaucoup d’aspects très idéalistes, comme cette « (…)loi internationale sanctionnée par les Nations Unies, en 2010 » faisant que « tous les individus ont le droit fondamental d’avoir accès à leur dossier personnel dans toutes les organisations privées et publiques (exception faite des organismes responsables de la protection civile).» Mais certainement pas très loin de la réalité, Jean Lanoix touche le présent en imaginant qu’en « (…)2005, un organisme international indépendant appelé Bozo a été créé pour mettre fin à cette épidémie (de pourriels : les trop souvent indigestes courriels non sollicités) et ayant pour but d’inventer des méthodes permettant aux individus de filtrer efficacement les courriers électroniques de nature commerciale. » L’HEURE DES VÉRITABES MÉDIAS INTERNET N’EST PAS ENCORE ARRIVÉE « En 2025, certains grands journaux du XXe siècle comme le New York Times et Le Monde ont survécu, mais ils n’existent plus en format imprimé. Les livres électroniques portatifs sans fils reliés à Internet à très grande vitesse ont transformé l’industrie du journalisme en permettant de regrouper l’information textuelle et les segments vidéo sous la forme de bulletins de nouvelles multimédias. » En imaginant Le citoyen global, un service des nouvelles multimédias dont l’incorruptibilité des journalistes serait célèbre de par le principe fondamental de l’organisation : The Wall (un règlement qui stipule qu’un mur infranchissable sépare la salle des nouvelles des annonceurs), Jean Lanoix est certainement à contre-courant des habitudes des années 1990-2004. Un seul exemple suffit : c’était plein de fierté qu’un collègue journaliste faisait visiter à un représentant du cyberjournal Commerce Monde les nouveaux bureaux montréalais de Reuters, à l’automne 2003, précisant que pour la première fois la salle des nouvelles de cinq journalistes et les bureaux des vendeurs étaient tous ensembles, dans les mêmes espaces de travail. Mais il vise certainement juste en tenant pour base de « (…)satisfaire le droit du public de savoir. » Et aboutit à une analyse finalement pleine de réalisme : « Plus de profondeur et de contenu pour chaque reportage constituera dans le futur la plus importante caractéristique de l’information journalistique sur Internet. Présenter une diversité de points de vue avec objectivité est une nécessité au sein des démocraties. (…)Cependant, au bout du compte, la qualité… dépendra d’abord et avant tout de l’attitude des dirigeants des salles de nouvelles, de l’importance qu’ils accorderont au rôle social du journalisme au sein des démocraties modernes. » Plus loin dans son livre, il coupera cependant l’appétit à tous les éditeurs trop ambitieux de l’actuel monde de la presse en affirmant : « Il n’existe pas encore de modèles économiques viables qui pourraient permettre à des organisations journalistiques d’envergure de produire des informations exclusivement sur Internet. » Le modèle actuel du bulletin de nouvelles télévisé, Il serait cependant sage de conclure, pour tous les gens d’affaires se disant avisés, que le temps de se préparer est, lui, largement arrivée ! Jean Lanoix les aura d’ailleurs prévenu : « Si l’écran portable qui permet une lecture à l’écran et des images vidéo de qualité se développe rapidement et devient populaire avant l’an 2010, les journaux et les magazines imprimés subiront une transformation radicale. L’industrie journalistique doit se préparer en vue de cette véritable convergence des médias. » Et lorsqu’il dit que dans un monde idéal, un moteur de recherche sur Internet devrait aider à trouver « …les meilleures sources d’information les plus neutres et les plus objectives, sur tous les sujets », il faut garder à l’esprit que produire des contenus de qualité demeure toujours une entreprise coûteuse, et que quelqu’un doit de toute façon payer la note ! Appelant à la naissance d’une « première génération du portail des connaissances » (un autre fruit de son imagination du futur), il invite aussi les écoles, ce dès le niveau du secondaire, à se pencher sur la nécessité d’enseigner les techniques d’analyse de la fiabilité des sources d’information. Vous, connaissez-vous qui finance le site Internet X, Y ou Z que vous vous plaisez à consulter « en toute confiance » en prenant l’initiative de tenter de vous guérir de telle ou telle petite maladie bénigne ? Savez-vous toujours vraiment ce que vous lisez en tant qu’internaute ? Il y a aussi cette idée de création d’un Centre mondial de formation en communication interactive, parce « (…)qu’aucune université au monde n’a les ressources et les moyens financiers pour créer et soutenir elle-même une formation de première qualité dans tous les domaines d’expertises reliés à Internet ». Basé sur la collaboration, « voie du futur en éducation » soumet-il, plutôt que la concurrence, un tel centre « (…)pourrait devenir l’un de nos meilleurs investissements de l’histoire », rien de moins, lance aussi Jean Lanoix en guise de conclusion optimiste. À LIRE AVANT TUNIS 2005 Et on ne parle pas ici de grande futurologie: les applications de cette technologie ont déjà généré un marché de 219 M$US en 2003 (écrans d’appareils photo numériques, de cellulaires, de radios d’auto, etc.). La même source parle d’un marché atteignant plus de 3 milliards $ d’ici cinq ans. D’ailleurs, point besoin de se projeter dans le monde de 2025 pour déjà objecter que l’Internet bouleverse tout. Donnée stratégique fondamentale, la communication - maintenant étendue à l’informatique, l’électronique et la téléphonie - représente globalement « l’industrie lourde de notre temps », analyse Ignacio Ramonet (« Le cinquième pouvoir », dans Le Monde Diplomatique, oct. 2003). Une nouvelle donne qui menace l’un des droits les plus précieux du citoyen qu’est celui de communiquer librement sa pensée et ses opinions en pleine connaissance de cause, et son corollaire immédiat : que seule la recherche de la vérité constitue la légitimité de l’information. Pourtant les grands groupes médiatiques cherchent à toujours élargir leur taille et font pression sur les gouvernements pour briser les lois limitant la concentration ou empêchant la constitution de monopoles ou duopoles. Ils ne souhaitent même plus s’ériger en quatrième pouvoir et encore moins agir comme contre-pouvoir garant du droit des citoyens à une information indépendante. Ces grands groupes médiatiques possèdent désormais deux caractéristiques nouvelles: ils s’occupent de tout ce qui relève de l’écrit, de l’image, du son et diffusent au moyen de canaux les plus divers (presse écrites, radios, télé hertziennes, par câble ou satellite, via Internet et par toutes sortes de réseaux numériques); et ils sont mondiaux, planétaires, globaux, bref pas seulement nationaux ou locaux. Un constat qui suscite ici une réflexion fondamentale sur la pertinence d’user le plus vite de l’outil qu’est l’Internet pour former, bâtir, des contre poids face à la tendance monopolistique de l’actuel « industrie médiatique » dans le monde. RÉAGIR À « L’INDUSTRIE LOURDE DE NOTRE TEMPS » Alors que les penseurs du Monde diplomatique parlent d’offrir de l’information « bio » et de participer à la création du « cinquième pouvoir » - celui qui redonne au citoyen du monde la capacité d’agir démocratiquement par rapport aux forces politico-économiques dominantes on peut, du coup, se demander si le moment est également propice à l’émergence d’un mouvement en la matière de ce côté-ci de l’Atlantique ? Passant pour sa part immédiatement de l’analyse à l’action, Ignacio Ramonet annonçait également, dans son article, la création de l’Observatoire international des médias/Media Watch Global, parce que « (…)les médias sont aujourd’hui le seul pouvoir sans contre-pouvoir et qu’il s’est créé ainsi un déséquilibre dommageable pour la démocratie. » Une tentative qu’il faudra certainement suivre avec intérêt, particulièrement au Québec. C’est René Vézina, le rédacteur en chef du journal hebdomadaire montréalais LES AFFAIRES, alors qu’il était conférencier pour l’événement « La Boule de cristal du CRIM », le 5 février 2004, devant des centaines de participants réunis au Palais des congrès de Montréal, qui analysait ainsi le rapport entre la technologie et la culture des affaires au Québec : « (…) Il existe cependant quelques certitudes. Une d’entre elles est que la technologie avance plus vite que la culture et qu’il faudra bien veiller à ne pas croire que tout ce que l’on invente est nécessairement gobé par le public… La technologie, c’est aussi un phénomène de culture, on a tendance à l’oublier. Idem quand on parle d’économie, de financement et de technos. La dimension culturelle est omniprésente. » Fait à Québec le 15 juin 2004. |
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