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Chronique « AFFAIRES URBAINES »

Retour sur les référendums
Maintenant, aux autorités de Québec de satisfaire la banlieue et d’assurer le développement économique

par Benoît Routhier

Les référendums sur les démembrements des municipalités fusionnées de force par le gouvernement du Québec ont eu lieu et, dans la grande région de Québec, il n’y a que les ex-municipalités de L’Ancienne-Lorette et de Saint-Augustin-de-Desmaures qui ont réussi à quitter le giron de la Capitale. Cela ne signifie toutefois pas que les autres ex-municipalités soient satisfaites de la situation actuelle et que le maire de Québec, avec son comité exécutif, peuvent faire semblant que tout va comme dans le meilleur des mondes! Plusieurs de ces ex-municipalités, comme Sillery, Sainte-Foy, Saint-Émile, Lac-Saint-Charles, ont en fait voté pour le retour à la situation d’avant les fusions. C’est grâce à la loi 9, qui édicte de nouvelles règles démocratiques (?!), si ces «secteurs» continueront d’appartenir à la Capitale. Tout le monde sait que les gouvernements libéraux sont depuis toujours en faveur des fusions. Ce n’est que pour s’assurer de prendre le pouvoir que le Parti libéral de M. Jean Charest a pris l’engagement d’ouvrir des registres et de tenir des référendums.

Mais pour s’assurer qu’un minimum de ces ex-municipalités demeurent parties de la ville-centre, il a créé la loi 9 qui exige que 35% des personnes inscrites sur la liste électorale se prononcent en faveur du démembrement. Belle astuce! Aux fusions forcées ont succédé des référendums presque truqués! Mais il est entendu que les gouvernements ont le droit de fixer d’autres règles à l’exercice de la démocratie que celle du 50% plus un…

Par ailleurs, bien des citoyens de Beauport, Charlesbourg, Val-Bélair, etc. auraient bien aimé voter pour quitter la Capitale. Mais la loi 9 et les déclarations à l’emporte-pièce qui ont été faites durant un mois pour faire peur à la «maudite banlieue» ont eu leur effet. Ces citoyens ont craint des augmentations de taxes indécentes au lendemain d’un démembrement. Il faut admettre que le spectre d’une hausse de taxes de l’ordre de plus de 200$ d’un coup a de quoi susciter des hésitations… Certains se demandaient ce qu’il adviendrait de leur ex-municipalité si elle était la seule à vouloir quitter la ville-centre. D’ailleurs plusieurs citoyens de L’Ancienne-Lorette doivent se poser des questions sur le sort qui leur sera réservé. Il faut espérer que les autorités de la ville de Québec ne seront pas trop revanchardes.

Tout cela pour dire que bien du mécontentement persiste un peu partout en banlieue, qu’on ait voté en faveur on contre le démembrement. L’administration du maire L’Allier devra en tenir compte et ne pas jouer au mauvais vainqueur.

Le Comité de transition voulait une grande ville de Québec qui accorderait une large place aux arrondissements. Force est de constater que l’administration L’Allier n’a pas écouté le Comité à ce sujet. Il faut souhaiter qu’elle se reprenne maintenant que M. L’Allier est assuré de régner sur une grande ville presque intacte.

Il devra éviter l’arrogance face à l’opposition qui continue d’avoir le droit et le devoir de jouer son rôle…d’opposition. Tous les conseils d’arrondissements formés des ex-municipalités de la banlieue sont composés en très grande majorité, et en totalité dans plusieurs cas, d’élus qui siègent dans l’opposition. Ils doivent avoir le droit de parole au même titre que les autres conseillers qui sont au pouvoir.

L’administration L’Allier devra aussi se rapprocher des citoyens de la «maudite banlieue». Elle devra poser plus de gestes susceptibles de démontrer aux citoyens des 10 ex-municipalités de banlieue que les gens au pouvoir ne les regardent pas de haut.

Cette administration devra aussi prendre tous les moyens pour que les fonctionnaires de l’ancienne Ville de Québec acceptent ceux qui viennent des municipalités de banlieue. Des fonctionnaires de l’ancienne Québec continuent de voir d’un mauvais œil que des départements, des directions de la Ville soient dirigés par des gens de la banlieue.

L’administration L’Allier devra faire en sorte que les bonnes idées de la banlieue soient prises en compte afin de corriger les lacunes administratives de l’ancienne Ville de Québec qui l’ont conduite au gouffre financier qui a mené à la fusion forcée.

DU CÔTÉ DE LÉVIS
Du côté de Lévis aussi les «défusionnistes» ont raté leur coup. Les citoyens de Saint-Étienne-de-Lauzon et de Saint-Nicolas ont voté pour se séparer de Lévis mais n’ont pu atteindre la norme de 35% des gens inscrits sur la liste électorale. Le maire Jean Garon devra en tenir compte et voir à ce qu’il y ait un certain retour, dans ces «secteurs», des taxes que les contribuables lui envoient. Depuis la fusion, ces gens, particulièrement à Saint-Étienne-de-Lauzon, ont nettement la conviction qu’ils paient des taxes uniquement pour les autres parties de la grande ville… trop grande d’ailleurs. Il aurait été beaucoup plus logique de faire deux villes de ce côté du fleuve. L’ouest de la rivière Chaudière n’aurait jamais dû être englobé dans la ville de Lévis.

Enfin, la situation actuelle fait en sorte que les autorités municipales de Québec et de Lévis n’auront plus aucune excuse si elles ne réussissent pas à assurer le développement économique, harmonieux, de cette grande région. Depuis longtemps M. L’Allier dit que la concurrence se fait entre Québec et Montréal, et Toronto, et Boston. Que la création d’une seule ville sur la Rive-Nord ferait cesser les chicanes de clocher et assurerait un bel avenir à la région. À lui de faire ses preuves.