SOMMAIRE Bilan de notre expert sur BioContact 2003 par José Slobodrian, CFA
Pendant trois jours, au début du mois d'octobre, des centaines d'experts en biotechnologies du Canada et d'un peu partout dans le monde convergent sur le magnifique Château Frontenac, impatients de faire connaître leurs découvertes et leurs sociétés à autant d'investisseurs et de partenaires potentiels. Au-delà des percées médicales toujours aussi spectaculaires que laissent présager les sociétés de biotechnologies, la conférence de cette année a été marquée par l'espoir prudent issu de la reprise des IPOs (première appel public à l'épargne) et de la hausse des indices boursiers depuis la « fin » de la guerre avec l'Iraq, mais aussi, localement, par le questionnement sur l'impact du changement de gouvernement au Québec. ***** "Vue d'ensemble
de BioContact" On tente de « tenir le coup » jusqu'à ce que les revenus rentrent ou jusqu'à ce que « l'histoire » de l'entreprise soit suffisamment solide pour effectuer un premier appel public à l'épargne (IPO) ou pour refaire un financement public. En fait, la situation pour plusieurs sociétés est que l'argent dont elles disposent leur donne un répit assez court. En parlant à plusieurs CFOs (chefs de la direction financière) et présidents de sociétés présents à la conférence, on note que l'expression « burn rate » revient fréquemment. Il s'agit, pour les non-initiés, du temps dont dispose une société selon le taux auquel elle dépense son encaisse. Dans certains cas, ça semblerait tourner autour de 1 an à 2 ans. Donc, priorité aux présentations de vente! Il faut convaincre les investisseurs potentiels que les travaux déjà engagés, les brevets, l'équipe de direction, ainsi que l'équipe de recherche et de développement vont porter fruit. Et bientôt! Dans le contexte actuel, certains banquiers ont même été jusqu'à recommander de ne pas se perdre dans les négociations et de prendre le financement lorsqu'il est offert, point! BioContact, le plus grand rassemblement du genre au Canada, regroupe les représentants des sociétés, qui sont souvent médecins ou scientifiques, les représentants des milieux financiers et divers autres participants dont les fournisseurs de services et les organismes de développement économique régionaux. Les participants viennent de partout dans le monde. Certes, le Canada est fortement représenté. Mais les sociétés des États-Unis sont nombreuses, et les Européens, qu'ils viennent d'Espagne, de Londres, de l'Italie ou de la Suisse (et j'en passe), sont aussi de la partie. Lors des pauses-café, des dîners et des cocktails, les salles du Château Frontenac vibrent d'énergie. Tous ces cerveaux visionnaires et ces chercheurs de fortune sous un même toit, il y a de quoi faire tourner la tête! Le plus grand problème auquel on fait face lors d'un tel événement est qu'il y a 5 et parfois 6 salles de conférences qui opèrent en simultané. Il faut donc, malheureusement, choisir. Ira-t-on écouter parler des derniers essais cliniques « miraculeux » démontrant que la « simple » inhibition, à l'aide de micro-molécules, d'un sous-type très spécifique de lymphocytes T permet à la moelle épinière d'une souris d'éviter le trauma secondaire et de guérir d'une entaille de telle façon qu'elle court à quatre pattes (au lieu de se traîner à deux)? Ou, ira-t-on écouter les représentants des milieux financiers nous dicter l'évolution des réalités auxquelles devront faire face les sociétés en quête de nouveaux financements? (Vous devinerez que j'ai penché du côté de la finance internationale). Le progrès des biotechnologies dépendra souvent du mariage entre ces deux mondes si disparates. Et les enjeux sont incroyablement élevés. Au-delà des fortunes potentielles, on parle de guérir des maladies qui hantent l'humanité depuis des millénaires ou depuis peu. Le cancer, le diabète, la malaria, les MTS, la sclérose en plaques, sont autant de cibles pour ces guerriers de la guérison, dont certains ne demandent qu'à poursuivre leurs recherches. Inutile de dire que, dans cette lutte acharnée pour maintenir le financement et au carrefour de tant d'intérêts convergents, mais aussi divergents, on se demande si on ne risque pas de passer à côté du remède miracle. L'hyperbole semble faire partie du discours de bien des présentateurs. Le mot « stellaire » revenait souvent et seuls les initiés seraient en mesure de dire si la désignation était légitime. On note une évolution autant dans le camp des sociétés de biotechnologie que dans celui des sociétés financières. Les premières se dotent de plus en plus de financiers et de gestionnaires expérimentés, alors que les seconds se dotent de scientifiques. Par contre, ce n'est pas toujours le cas et le degré d'expertise nécessaire pour gérer ces sociétés et les placements qu'on y fait semble encore parfois une denrée rare. Le changement récent du gouvernement est très présent à l'esprit de bien des conférenciers. Plusieurs conférenciers, notamment lors des présentations effectuées par les sociétés de capital de risque et les banques d'affaires, ont aussi fait mention du rôle du gouvernement dans le secteur. Certains en bien, et certains en mal. Par contre, dans une conversation avec Stephen M. Nagler (voir la section Le financement international) lors du cocktail de jeudi soir, ce dernier a avoué que certaines personnes aiment lancer des commentaires à contre-courant pour le plaisir et que, pour des raisons plutôt évidentes, tout apport au succès des sociétés qui n'imposerait pas des contraintes déraisonnables est effectivement dans l'intérêt de ces dernières et de leurs investisseurs. La suite de ce texte couvre sommairement la présentation de Mary MacDonald, pour ensuite présenter les discussions du panel des sociétés de capital risque et du panel des banquiers d'affaires, en faisant escale par Londres, sa bourse et celle de la Suisse. OPTIMISME PRUDENT... Mary MacDonald, de Macdonald & Associates, nous a dépeint une image du secteur en reprise légère. Au-delà des statistiques, certains événements n'ont certainement pas contribué au succès des marchés financiers en 2003, dont la guerre américaine contre l'Iraq, mais aussi, plus près de nous, le SRAS. Elle mentionne que le Québec bénéficie à l'heure actuelle de 60% de tous les investissements en biotechnologie. Cependant, elle questionne la stabilité de cet apport en capital à la lumière du changement de gouvernement. De plus, les montants investis par transaction au Canada diminuent et la contribution des américains, jadis les plus importants investisseurs, diminuerait elle aussi. Le financement international : BioContact 2003 a donné lieu à une séance très enrichissante sur le financement international, présidée par Marie-Lucie Morin, sous-ministre adjoint, Commerce international et délégué commercial en chef du ministère des Affaires étrangères et du commerce international du Canada. Cette séance comportait deux panels, le premier sur le capital risque et le second sur les activités des banquiers d'affaires (investment banking). L'entracte a vu défiler les bourses de Londres de la Suisse, et une société montréalaise dont une partie des opérations se trouve à Londres : Prométic. Les sociétés de capital risque : que cherchent-elles et que font-elles? Le premier panel fut présidé par John McGonegal de AMEX et le très coloré gentleman ange investisseur, Stephen M. Nagler, de Tristate Ventures à New York. Ce dernier nous informe dès le début qu'il croit qu'il existe encore peu d'interfaces entre le Canada et les États-Unis dans les investissements du secteur des biotechnologies. Par contre, il croit que l'exposition des sociétés canadiennes augmentera avec la croissance de son industrie des sciences de la vie. Les panélistes ont d'abord été invité, à tour de rôle à nous donner le portrait de leurs sociétés en mettant l'accent sur leurs activités de placement. Portraits rapides David Collier (DC), de CMA Ventures, une société spécialisée dans les technologies de l'information (TI) et les Sciences de la Vie (SV), nous explique que cette dernière gère présentement 5 fonds et travaille à la mise sur pied d'un sixième qui combinerait les TI et les SV. Ils investissent dans les sociétés au début de leur développement et donc, ils ne font pas de PIPEs. Pour leur part, Boston Millenia Partners (BMP) n'en font pas non plus puisque les PIPEs impliqueraient un problème de dilution et d'une encaisse appauvrie et qu'ils les considèrent passifs nous explique leur représentant, Robert D. Marshall (RM). En effet, BMP occupe généralement un siège au conseil d'administration des sociétés dans lesquelles elle effectue des placements et elle favoriserait plutôt une relation active auprès de la haute direction. Elle investit dans tous les secteurs de la haute technologie et ses placements dans les SV se concentrent surtout dans les thérapeutiques. Monsieur Marshall a aussi mentionné qu'elles se tiennent à l'écart des TI pharmaceutiques telles les spécialistes en bio-informatique. Samuel Wu (SW), de Schroder Ventures Life Sciences, nous explique que cette dernière gère quatre fonds à vocation large dans les biotechnologies et les SV, et s'assimile plus à du capital privé. Dans les biotechnologies, elle investit en phase pré-clinique avancée jusqu'en phase 2. Elle fait également des placements de démarrage dans les sociétés de conception d'appareils, ainsi que quelques placements dans les sociétés publiques. Chris Grant (CG), Directeur, Ventures, de Kaiser Permanente, HMO, nous dit que cette dernière investit dans les sociétés publiques et les IPOs, mais qu'elle évite généralement les PIPEs, le délai de prise de décision étant trop court. Il nous explique également qu'elle a déjà de l'expérience dans l'investissement direct au Canada. Kaiser se démarque des autres panélistes puisqu'il ne s'agit pas d'une société financière mais d'un HMO (Health Management Organisation : c'est-à-dire, gestionnaire de fournisseurs de soins de santé) et d'un assureur. Thomas McNerney &Partners (TMP) gère un fonds de 215 M$ en se spécialisant dans les « device » et les diagnostiques. James Thomas (JT) nous explique qu'elle augmente ses placements dans les sociétés en phase tardive dont le « burn rate » est élevé. Elle place entre 2 et 20 M$ par société et assure une participation active au sein des conseils d'administration de ces dernières. Elle s'intéresse aux pharmaceutiques spécialisées dans les médicaments pour les maladies rares (il y aurait 98 sociétés de ce genre aux États-Unis), par contre, elle se tient à l'écart des sociétés d'outils, de cellules souches ou de manipulation génétique virale. Exemples des plus récentes transactions DC : Ils font du « washout finance », un financement conçu pour diluer la part des principaux actionnaires à un point tel que s'ils n'embarquent pas sur cette ronde, ils perdent leur part de contrôle sur l'actionnariat, c'est-à-dire qu'on fait le ménage. La dernière année a été peu active en raison de la baisse constante des évaluations. Les deux investissements les plus récents ont été effectués dans une société de Stanford (Californie) qui développe un traitement pour la sclérose en plaques et dont l'évaluation était très faible. RM : Les récents placements ont visé une société qui développe un appareil orthopédique pour les personnes souffrant de problèmes d'articulations (genoux, épaule...), mais qui ne sont pas candidats pour une chirurgie de remplacement. Un second placement vise un produit qui renverserait en quelques minutes l'engourdissement de l'anesthésie donnée par les dentistes. Ce dernier produit bénéficierait d'un processus d'approbation réglementaire relativement rapide. SW : Travail présentement sur quatre plates-formes : une préclinique, deux appareils, et une en soins de la santé. Un récent « spin off » de Genentech. On finance également deux autres sociétés, dont l'une développe un antagoniste de facteur de croissance des nerfs qui minimise les effets de la chimiothérapie, et l'autre, un appareil destiné aux maladies cardiovasculaires. CG : Typiquement, ils sont le seul corporatif dans la transaction. Ils ont investi dans une société qui développe un produit pour traiter l'accoutumance à la cigarette et aide cette société à augmenter son équipe de gestion. JT : Il privilégie les placements contre-cycliques et dans des sociétés qui font des choses « inintéressantes », par exemple, la virologie ou l'échantillonnage. Il privilégie également les sociétés spécialisées dans les biomatériaux et les appareils orthopédiques. Par ailleurs, les placements se font généralement de façon à ce qu'un déplacement au lieu de la société n'excède pas trois heures. Sociétés canadiennes, incitatifs gouvernementaux JT : Il n'a aucun intérêt pour les incitatifs gouvernementaux. Selon lui, ils ne font qu'encourager le démarrage de sociétés qui n'auraient jamais du voir le jour (il cite en exemple l'Allemagne). Les placement à l'extérieure des États-Unis représentent 10 % de leurs actifs. Il mentionne qu'au Canada on favorise l'innovation et pas les vieilles idées. Il croit que les sociétés canadiennes seraient concurrentielles, mais souffrent devant le cachet de Stanford ou de Boston. Elles auraient donc avantage à se faire mieux connaître à l'étranger. CG : Son expérience avec une société manufacturière financée par la province aurait été « désastreuse ». Selon lui la proximité est pratique, mais pas un facteur suffisamment important pour empêcher les américains d'investir dans de bonnes sociétés canadiennes. Par contre, il rappelle que le Canada a beaucoup moins de « deal flow » (flux des propositions d'investissements). SW : Les incitatifs gouvernementaux ne seraient pas déterminants pour la conclusion d'une transaction. Il recherche les transactions au Canada à condition qu'elles soient plus concurrentielles qu'aux États-Unis. Dans le capital de démarrage ou de séries ultérieures, il doit être le meneur. Pour les placements au Canada, il doit s'assurer qu'il existe un véhicule de placement américain. Lorsque le gouvernement est impliqué dans le financement, il questionne toujours les objectifs poursuivis. Les gouvernements ne sont pas nécessairement impliqués pour faire de l'argent, ils poussent parfois aussi des politiques sociales... RM : La recherche en biotechnologies au Canada est de calibre mondial. L'argent du gouvernement ne représente pas un fort incitatif. Pour ce qui est des avantages fiscaux, on peut rencontrer des problèmes dans leur application à un véhicule d'investissement destiné aux résidents des États-Unis. Le risque au niveau de la gestion des entreprises est plus élevé au Canada puisque le bassin de dirigeants talentueux y est plus restreint et il est plus difficile de les y attirer. Par ailleurs, le risque de syndication se retrouve dans le fait que les investisseurs préfèrent travailler avec des partenaires connus, à défaut de quoi le niveau d'anxiété peut augmenter sensiblement. DC : Il aime travailler avec des gens avec qui il a déjà travaillé et il en connaît moins au Canada. Il vient de conclure une première transaction dans un nouveau fonds d'investissements. Qu'est-ce qui s'en vient? (12 prochains mois) RM : Ils feraient 3 ou 4 transactions sur des sociétés des SV au cours des 12 prochains mois. Les évaluations (séries A, B, C) sont à, ou près de, leurs creux historiques, ce qui dénoterait un retard relativement aux sociétés publiques. Les sociétés en phase avancée vont augmenter en prix car il y a beaucoup d'investisseurs et ce, dans un contexte où peu d'entre elles recherchent du financement. SW : Ils feraient 7 à 8 transactions et demie dans les SV et une demie dans les dispositifs médicaux. CG : De façon générale, il s'agit d'un bon moment pour investir. Les évaluations n'ont pas encore atteint le creux de la vague. Donc, 4 à 6 transactions dans les 12 prochains mois. JT : Prévoit 4 à 5 transactions, il y a beaucoup d'argent dans les coulisses. Il y aura quelques frénésies. Par exemple, « mezzanine » pourrait devenir un euphémisme pour « tu as payé plus que tous les autres ». Par ailleurs, la « dernière » ronde ne l'est généralement pas. Enfin, si les investisseurs des séries (rondes) A et B, ne se pointent pas pour C, il dit que ça sent généralement le carnage. On nous aura avertis... LONDRES, SES AVANTAGES, SA BOURSE ET PROMÉTIC Trevor Novak et Cyril Theret, respectivement de U.K. Trade & Investment et de la London Stock Exchange (LSE), nous ont fait valoir les avantages de la collaboration entre le Canada et le Grande-Bretagne dans les entreprises de biotechnologie et aussi les mérites de la LSE. M. Novak nous informe que son pays, qui compte 23% des médecins les mieux cotés au monde, arrive en deuxième place après les États-Unis pour le capital risque. Les crédits britanniques à la R&D s'élèveraient à quelque 1,5 milliard de livres sterling par année. La Grande-Bretagne disposerait de « la » banque de cellules souches et elle a été instrumentale dans la mise en place de l'équipe canadienne responsable de ce type de recherche. Pour plus d'informations, il nous invite à voir : www.BritaininCanada.org M. Theret, pour sa part, nous dit que la valeur des transactions sur titres étrangers effectués sur la LSE s'élève à quelque 3 200 G$ CAN par année. Quarante-huit valeurs canadiennes seraient à la cote de la LSE (23 actions et 25 instruments de dette). Selon lui, la LSE serait le marché le plus liquide des marchés internationaux. Par ailleurs, il existe également le marché AIM pour les entreprises plus petites ou en croissance. Robert Bryant, avocat chez McCarthy Tétrault, a enchaîné avec une brève présentation sur la démarche à suivre par une société désireuse de se coter sur ces marchés. Essentiellement, en utilisant une société britannique (dite « nomad ») qui agit comme « sponsor » les sociétés déjà cotées sur TSX bénéficieraient d'un « fast track » pour LSE-AIM. Les états financiers doivent respecter les PCGR (normes comptables) UK ou US ou encore les PCGR canadiens, pour autant qu'ils soient dotés d'une note de réconciliation. Une exigence générale veut que la société dispose de 12 à 18 mois de fonds de roulement. Le coût de la démarche d'inscription se situerait à un minimum de 250 et de 500 mille livres sterling pour AIM et LSE respectivement, selon les conseils du représentant de McCarthy Tétrault. Pierre Laurent, président de la société de biotechnologie Prométic (cotée TSX : PLI) nous explique que cette dernière dispose d'installations de recherche et de production au Canada et en Grande-Bretagne. Prometic a une capitalisation boursière qui se situe récemment aux alentours de 170-200 $ millions. Elle dispose de bureaux aux États-Unis, Grande-Bretagne et au Canada. Son objectif est de faire fructifier la technologie par l'entremise de partenariats qui permettent un partage des besoins de financement, de la technologie, des ressources humaines et des marchés, ainsi que d'atteindre un effet de levier sur la stratégie corporative. Parmi ses partenaires, on compte la Croix Rouge américaine. Prometic disposerait de quelque 105 employés, dont 70 % sont des scientifiques, mais avec les partenariats, le nombre de scientifiques disponibles se chiffrerait à 900. La formule du succès, selon M. Laurent, comporte une quantité suffisante de produits commercialement viables et dont le temps moyen à leur mise en marché est relativement court. Et la Bourse de la Suisse... Pour clore cette section, ce fut au tour de Philippe-Jean Allamel de la Bourse de la Suisse (SWX) de faire sa promotion, mais pas avant de faire une mise au point sur l'état des marchés. Selon lui, Sarbanes-Oxley (la Loi américaine sur la gouvernance corporative qui a résulté des scandales à la Enron) n'a certainement pas aidé le secteur des biotechnologies ou les marchés. Les biotechnologies souffrent de l'opposition entre l'industrie pharmaceutique à long terme et les investisseurs à court terme. En ce moment, la vogue est aux prises de contrôle inversées (reverse takeovers) et aux nouveaux financements effectués par PIPEs. Les IPOs se font rares avec un délai de quelques 34 à 38 mois entre les fenêtres d'opportunités. On recherche présentement des sociétés matures, dont les « burn rates » sont sous contrôle, avec un accent sur les produits et suffisamment de nouveau potentiel entamé. Pourquoi la SWX? On y retrouve beaucoup des grands noms de la pharmaceutique qui opèrent déjà en Suisse. Les banques d'affaires (Investment Banking) : la fenêtre des IPOs est ouverte! Les participants du panel, constitué de représentants de banques d'affaires américaines et présidé par Stephen M. Nagler de Tristate ventures, ont abordé, à tour de rôle les quatre points suivants: « Qu'est-ce qui est intéressant et qu'est-ce qui ne l'est pas? », les transactions récentes, ainsi que les termes exigés pour les placements et les considérations spécifiques au Canada. Voici donc l'essentiel de leurs propos. Annette Grimaldi, Managing Director, Investment Banking, de SG Cowen, nous dit que les marchés s'améliorent, les actions sous-jacentes au secteur des biotechnologies témoignant déjà d'une bonne performance. Les offres sortent présentement, par exemple : convertibles, rondes de suivi, IPOs (13 pour le secteur aux États-Unis). Les road shows ont déjà repris avec quelques sociétés bien constituées, matures et en phase avancée. Il n'y a pas de retard dans la présentation des offres et elles se feront de façon contrôlée. Les transactions récentes de SG Cowen incluent Spirion, Onyx, Acusphere et Tolerex. Les termes d'un financement sont proportionnels à la vigueur financière de la société, moins elle est forte plus la structure sera contraignante. Pour Mme Grimaldi, plus c'est simple, mieux c'est, donc autant simplement augmenter l'escompte. Par ailleurs, il semble y avoir un délai dans le niveau des évaluations des marchés privés en comparaison avec celui des marchés publics. Les évaluations augmentent avec le potentiel pour un événement de liquidité. L'avenir s'annonce prometteur. Pour ce qui est des sociétés canadiennes, elle mentionne qu'elles ont avantage à se faire connaître tôt dans leur développement des investisseurs américains. Par contre, il faudra ensuite attendre le moment propice pour s'inscrire au Nasdaq, car si la capitalisation est trop faible les analystes n'en parleront pas. Nelson Campbell, de Friedman Billings Ramsey (FBR), nous explique que sa société gère quelque 8 milliards $, dont un hedge fund en biotechnologies, et qu'elle se classe première pour les IPO et dispose de 50 analystes en actions couvrant 400 sociétés. Il a débuté ses propos en disant qu'il croit qu'il y a un escompte sur les sociétés canadiennes en raison du manque de liquidité et que FBR pourrait aider. Il partage l'avis que les évaluations des marchés privés sont en retard sur celles des marchés publics. Il conseille aux sociétés qui décideraient de devenir publiques trop tôt dans leur développement, de prendre beaucoup d'argent au cours de la prochaine bulle. La popularité des PIPEs résulterait en partie des sociétés qui n'avaient pas pris assez d'argent au cours de la dernière bulle. Récemment, FBR aurait investi 60 M$ dans 12 sociétés par l'entremise d'un fonds de VC affilié. Elle a été impliqué dans deux PIPEs et deux placements privés. M. Campbell mentionne Isotechnika (cyclosporine analog) et une autre société qui travaille au développement de vaccins transdermiques. Selon Campbell, les principaux termes d'un financement tournent autour de l'escompte, des bons de souscription (warrants), de la liquidité et des termes d'anti-dilution sont souvent encore exigés. Pour les PIPEs, ils n'entrent pas toujours seuls. Ils font souvent des placements privés. Les sociétés du Canada ne font pas l'objet de contraintes particulières, quoique certains investisseurs ont le réflexe de ne pas vouloir investir sur le TSX. Il existe parfois une « valuation haircut » (c'est-à-dire, une escompte additionnelle) nécessaire pour devancer les sociétés américaines. Il dit, enfin, comme Mme Grimaldi, que les sociétés doivent augmenter leur capitalisation avant de se présenter sur Nasdaq. Matt Kaplan est analyste chez Punk Ziegel (PZ), une banque d'affaires spécialisée en biotechnologies et pharmaceutiques pour des transactions en équité de 10-60 M$. Leur présence canadienne n'est qu'à titre d'analystes (Biovail, Labopharma) et non d'investisseurs. Il croît que ce qui est intéressant en ce moment ce sont les produits thérapeutiques en phase 2 ou 3. La découverte de médicaments ne l'est pas. Aussi, les évaluations des petites capitalisations se situaient relativement bas et il resterait encore quelques opportunités à ce niveau. Ils ont récemment participé, à titre de co-gestionnaire, au IPO de Genitope sur Nasdaq qui a levé 25-30 M$. Les termes des financements privés sont au marché avec des bons de souscription et une légère prime. Par contre, c'est très spécifique à chaque société. Pour ce qui est du Canada, M. Kaplan nous informe que certains fonds américains n'ont pas le droit d'investir dans des sociétés non-américaines et un peu de réactions redevables au contexte géopolitique. John J. Borer III est président de Rodman & Renshaw (R&R), une banque d'affaires spécialisée comptant huit analystes qui a effectué 25 financements (surtout des PIPEs) de 10 à 250 M$ dans la dernière année pour un total de 450 M$. Selon lui, ce qui est intéressant présentement c'est que la Food & Drug Administration (FDA) aux États-Unis diminue les barrières et accélère le processus d'accréditation des médicaments, par exemple, en adoptant un fast-track pour les traitements en oncologie ce qui diminue le temps nécessaire à leur mise en marché. Par contre, les produits de diagnostique ne sont pas en faveur. En revanche, les petites entreprises peuvent représenter de bonnes occasions. R&R ne fait pas d'IPO, mais elle fait beaucoup de PIPEs, entre autres récemment pour Biomira, Trinity Biotech et Supergen. Puisque R&R effectue des financements à l'aide des PIPEs, les termes des financement sont souvent simplifiés : contrats standards, rapidité d'exécution (« jeudi à lundi »). Pour ce qui est du Canada, M. Borer dit que la présence de tous ces panélistes des États-Unis témoignent de l'intérêt pour notre secteur de biotechnologies qui est en train de se faire découvrir tel que l'a été, jadis, le secteur des ressources naturelles. La différence de devises n'a pas d'impact significatif. Pour ce qui est du rôle du gouvernement, tout financement non-diluant est bon. Bref, toute une panoplie de possibilités… La présence de ces panélistes et conférenciers étrangers démontre clairement que les investisseurs étrangers sont intéressés aux sociétés de biotechnologies canadiennes et québécoises. Ce survol de leurs activités et de leurs exigences illustrent clairement la variété de possibilités qui s'offrent aux sociétés en recherche de financement, ainsi que certaines des conditions inhérentes à chacune. Enfin, il ressort très clairement de ces présentations qu'il y a tout intérêt à se faire connaître des investisseurs étrangers! Vos commentaires ou questions sont les bienvenus à l'adresse suivante: jose.slobodrian@hotmail.com |
Commerce Monde #38 |