SOMMAIRE Analyse par Daniel Allard Le feu vient de prendre entre le nouveau président de la Chambre de commerce de Québec et le maire de la Ville de Lévis sur l'état des choses en matière de concertation régionale dans le grand territoire de la capitale du Québec. Le premier, Patrick Simard, vient de se désoler, à l'occasion de son discours de la rentrée devant quelque 450 gens d'affaires, de l'initiative du maire Jean Garon de mettre sur pieds un Commissariat aux entreprises de Lévis et Chaudière-Appalaches (CELCA), plutôt que de mettre l'épaule à la roue au sein de POLE Québec-Chaudière-Appalaches, créé en janvier 2003. Le second, maire d'une ville qui est effectivement partie à la Communauté métropolitaine de Québec (Québec, Lévis et trois MRC de la rive nord), rappelle qu'il est aussi le pôle central de la Région Chaudière-Appalaches, et ce depuis une décision vieille de bientôt vingt ans. Ce débat de clôture est mal engagé et se révèle même être un faux débat, si on analyse la situation froidement. Si l'existence de la Région Chaudière-Appalaches (12) a été gagnée il y a deux décennies, c'est que son territoire, qui va jusqu'aux frontières avec les États-Unis, se rend trop loin pour justifier un réel sentiment d'appartenance à la ville de Québec, son centre administratif régional d'avant. La population était mal desservie. Et toute personne exempte de chauvinisme pourra reconnaître cette réalité sans peine. La question pertinente en 2003 n'est pas vraiment de savoir si la Région de Québec (03) doit s'entendre comme englobant la rive nord et la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Les visiteurs qui survolent le territoire avant d'y atterrir constatent sans difficulté que la civilisation, l'urbanité et l'état de ville sont bien présents, d'un seul bloc, des deux côtés d'un fleuve imposant se concevant comme un atout de développement économique enviable. C'est ce qu'ils voient à vol d'oiseau autant qu'à vue de bateau sur les traversiers Québec-Lévis. La force économique et urbaine de ce tout, à l'évidence, est un seul gros ensemble interdépendant, qui doit simplement rechercher les meilleurs moyens de se mettre en valeur et de mieux se développer. On n'a jamais trop d'outils La naissance d'un CELCA va tout à fait dans cette direction et devrait donc être saluée positivement par tous. On n'a jamais trop d'outils pour se développer. On se fait cependant des problèmes lorsqu'on s'équipe en double. Patrick Simard annonce la création d'un forum visant à la concertation des efforts entre la Rive-Nord et la Rive-Sud. Débattre du tracé de la clôture n'avancera pas à de grandes choses. Mais s'entendre sur la manière de concerter les outils en notre possession peut faire avancer les choses positivement. La Région de Chaudière-Appalaches ce n'est pas la Région de Québec. Les voisins vivent mieux lorsqu'ils savent se parler, s'aider et travailler main dans la main. Ce qu'il faut, c'est un CELCA fort et dynamique qui oeuvrera en n'ignorant pas la démarche de POLE, qui ne dédoublera pas les précieuses ressources surtout pour les démarches à l'international, grâce à un mécanisme fonctionnel de concertation. La création de ce mécanisme de concertation institutionnel apparaît de toute évidence comme un mandat tout naturel pour la Communauté métropolitaine de Québec. (Un Comité tripartite CMQ-POLE-CELCA par exemple.) Après bientôt les deux premières années à sa présidence, le maire de Québec ne cèdera pas le poste à un autre élu comme c'était la tradition à la défunte CUQ. Mais le maire de Lévis est toujours d'office le vice-président du comité exécutif de la CMQ et on peut voir là une belle occasion pour Jean Garon de prouver qu'il fait la bonne lecture des enjeux de développement collectif du grand territoire de la capitale québécoise, de ce qu'est en fait cette capitale : le « Pôle Québec-Lévis ». |
Commerce Monde #37 |