SOMMAIRE Où va le 1% des profits de casino du Québec? par Daniel Allard Oui! Rappelons-le, les jeux de hasard financent aussi officiellement la solidarité internationale au Québec. Depuis 1997, la société d'état Loto Québec doit remettre 1% des profits nets de son réseau de casinos. Approximativement 3 millions $ chaque année, que gèrent ensuite le Secrétariat à l'aide internationale du Québec, une direction du ministère des Relations internationales créée conséquemment en mars 1997 et responsable de coordonner l'ensemble des actions du gouvernement du Québec en matière de développement et de coopération internationale. Où va donc ce 1% des profits de casino pour la solidarité internationale? « À financer des petits projets en partenariat avec les organismes de coopération internationale (OCI) du Québec », via le Programme d'aide à l'action humanitaire internationale du gouvernement (qui changera d'ailleurs de nom à partir d'avril 2003 pour devenir le Programme québécois de développement international), résume Francine Lemieux, conseillère au sein de l'équipe de huit personnes de ce secrétariat, qui est sous la direction de Marjolaine Ricard, à Québec. Des petits projets qui, selon les nouveaux critères qui s'appliqueront à partir d'avril 2003, sont de l'ordre de 20 à 100 000$ et d'une durée d'une seule année et pour lesquels le Secrétariat offre une contribution maximale de 75 000$. Le Secrétariat accepte aussi de financer ce qu'il désigne comme « grand projet », soit toutes initiatives de plus de 100 000$ et d'une durée de deux ans, pour lesquelles sa contribution maximale ira jusqu'à 300 000$. Tableau 1 EXEMPLES DE PROJETS DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE ACTUELLEMENT FINANCÉS GRACE AU 1% DES PROFITS DE CASINO AU QUÉBEC
(Source: Secrétariat à l'aide internationale du Québec, mars 2003) C'est aussi dans le même 1% que le gouvernement pige lorsqu'il décide de décaisser pour son Fonds d'urgence humanitaire. « Dans ces cas, les décaissements sont habituellement de 50 000$ et l'enveloppe est de 200 000$ par an, ce qui signifie que nous prévoyons toujours être en mesure de répondre à quatre événements de cette nature par année, et ce toujours pour appuyer la demande d'un OCI faisant la démonstration de sa capacité de répondre très rapidement à la situation de détresse en cause. Dans ces cas, nous ne donnons jamais d'argent directement à un autre gouvernement », précise encore Francine Lemieux. Depuis 1997, près de 1,7 million $ a été alloué pour appuyer ce type d'actions humanitaires d'urgence. LE QUÉBEC PREND SA PLACE Au Québec, dès le début des années 60, des organismes voués à la coopération internationale (OCI) ont pris le relais des traditionnelles organisations caritatives religieuses. C'est avec cette relève que collabore le Secrétariat pour le financement et la mise en oeuvre de projets de développement. On parle ici d'une soixantaine d'organismes, dont bon nombre sont membres de l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). Il manque Les quelque 3 millions de $ que le Québec ajoute ainsi annuellement sont évidemment bien modestes, face au défi d'assurer à l'humanité entière tous les services de base. « Mais pour les OCI, l'aide du Québec est très importante, car elle est considérée par l'ACDI comme faisant partie de la capacité à lever des fonds ailleurs, ce qui fait que l'ACDI leur donne de plus gros financements par la suite », explique Francine Lemieux. Officiellement, seulement les OCI sont d'ailleurs admissibles. Puisque les moyens sont très limités, il a été décidé de ne pas accepter des projets qui proviendraient par exemple directement des citoyens, ou des syndicats et des municipalités. Et avec les nouvelles modalités qui s'appliqueront dès avril 2003, il ne faudra pas manquer sa chance, car il n'y aura plus qu'un seul appel à propositions par année. Pour 2003, la date fatidique pour déposer une demande de financement est le 7 avril. Pour la période 1997-2001, on recense donc 296 projets réalisés dans 51 pays, à partir d'une contribution financière du gouvernement du Québec totalisant 15,8 millions $. Des sommes qui, si elles vont largement en Afrique (31%), dans les Antilles (28%), en Amérique centrale (20%) et en Amérique du Sud (14%), prennent aussi quelques fois les routes de l'Asie (3%), du Moyen-Orient (3%) et même de l'Europe (1%). Bref, l'aide du Québec va dans les quatre coins de la planète sur tous les continents, sauf l'Australie. Tableau 2 PRINCIPAUX PAYS BÉNÉFICIAIRES DE L'AIDE DU QUÉBEC
(Source: Secrétariat à l'aide internationale du Québec, mars 2003) Le gouvernement du Québec fait-il de la politique avec son aide internationale? Puisque ce programme d'aide ne permet pas au gouvernement de prendre lui-même l'initiative d'aider un pays plutôt qu'un autre, le TABLEAU 2 ne signifie pas, par exemple, que l'aide à Haïti est une priorité pour le gouvernement du Québec. Ce sont les OCI qui prennent l'initiative de proposer des projets à financer. Ce sont eux qui donnent donc la direction où aller! Les chiffres du TABLEAU 2 démontrent plutôt que le Québec compte beaucoup d'OCI qui interviennent en Haïti. Gérés par l'équipe du Secrétariat à l'aide internationale du Québec, deux autres programmes structurent également les efforts de solidarité du Québec. Le Programme Québec sans frontières finance des stages, dont certains aux jeunes des communautés du Sud, afin qu'ils puissent réaliser au Québec une expérience de coopération internationale au contact de la culture et du savoir-faire québécois. Les 6,3 M$ alloués durant la période 1995-2001 auront financé 1344 stagiaires de 18 à 35 ans, à travers 148 projets de stages dans 22 pays d'Afrique, des Antilles et d'Amérique latine. Le budget du programme Enfin, à partir du Programme de sensibilisation du public aux enjeux de développement et à la solidarité internationale, le Secrétariat soutient la réalisation d'activités de sensibilisation de la population. Un programme de 1,8 M$ dont la coordination est confié depuis 1997 à l'AQOCI. Ces deux programmes ne sont cependant pas financés à partir du 1% des profits de casino.
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Commerce Monde #34 |