SOMMAIRE
Afrique et NEPAD vus du Sénégal
L'ambassadeur du Canada, Denis Thibault, se fait invitant
par Daniel Allard
De
passage à Québec fin février 2003, celui qui occupe le poste
d'ambassadeur du Canada au Sénégal depuis un an et demi a pris le
temps d'échanger avec COMMERCE MONDE sur sa vision de cette Afrique
qui change, de cette Afrique qui progressivement - et inégalement - se
met à l'heure du fameux NEPAD (Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique), dont COMMERCE MONDE a déjà parlé, entre
autres, dans son précédent
numéro et lors
d'une entrevue avec l'ambassadeur du Canada au Cameroun, Michel E.
Perrault, le 12 septembre
2002. |
« Le NEPAD part d'un constat d'échec que la
formule de l'aide publique au développement n'a pas fonctionné et qu'on a
besoin aussi de l'investissement privé pour réussir le développement de
l'Afrique... ce qui signifie également que l'existence de la règle de
droit, la bonne gouvernance et la démocratie sont essentielles ». Les
premiers mots de celui qui est ambassadeur du Canada au Sénégal depuis un
an et demi sont francs, lucides et surprenants! Voir un ambassadeur faire
un tel constat de 30 années d'efforts des gouvernements, dont il est
lui-même l'un des représentants officiels à très haut niveau, témoigne
bien de la petite révolution qui secoue profondément l'Afrique depuis
environ deux ans. Peut-être parce que ce vent de changements - qui est le
fruit de deux démarches parallèles issues de dirigeants africains
eux-mêmes (le Plan OMEGA du président sénégalais Wade et le plan
d'Afrique anglophone, qui se sont amalgamés pour faire naître le NEPAD) -
permet de croire que l'Afrique se met cette fois réellement en marche et
que les gouvernements des pays riches, dits « bailleurs » de fonds, n'ont
d'autres choix que de prendre acte, sans cachette, il reste que le
discours est inhabituel. On sent bien qu'une diplomatie du réalisme s'est
mise en marche. Et pour l'ambassadeur Denis Thibault, qui vit cela
de Dakar, capitale d'un des « pays phares » de l'espoir appelé NEPAD,
l'analyse est loin d'être abstraite.
« Pour réussir à attirer des investissements
privés en Afrique, il faut nettoyer la maison, a aussi répondu le G8,
en appuyant à sa façon la démarche du NEPAD », souligne sans aucune nuance
Denis Thibault, en rappelant du coup le leadership important assumé par le
premier ministre Jean Chrétien au Sommet de Kananaskis, en
juin 2002 au Canada, et sa satisfaction de voir Jacques Chirac
poursuivre le travail en prévision du sommet de l'été 2003, à
Évian-les-Bains, en France. Il trouve effectivement en Jacques Chirac « un
bon relais pour s'occuper de garder l'Afrique à l'agenda du G8 ». Un
président de la France qui affirmait, fin février, se faire « l'avocat
inlassable de l'Afrique dans toutes les enceintes internationales »,
annonçant déjà qu'il proposera donc aux membres du G8 son projet de
moratoire sur les aides aux exportations agricoles qui actuellement «
déstabilisent les marchés africains ».
Un Jean Chrétien pour qui, justement, les
intentions sont très claires dans la tête de l'ambassadeur: « Monsieur
Chrétien vise le G8 d'Évian où il va mettre ses réalisations sur la table
et dire: J'ai fait ça! Et vous? », prédit avec l'assurance d'un initié
Denis Thibault.
COMPTER SUR LES INVESTISSEMENTS PRIVÉS ÉTRANGERS
Compter sur les investissements privés étrangers,
c'est par exemple répéter des exemples comme TOUCH Technologies, de
Laval, au Québec, qui monte actuellement des ordinateurs au Sénégal en y
profitant d'une main-d'oeuvre compétente et très compétitive. Et c'est
encore la compagnie Les moteurs Dubé, d'Asbestos, qui est, elle
installée à Thiès, une ville à une heure de route de Dakar.
Denis Thibault croit aussi que réussir le
développement de l'Afrique ne passera pas uniquement par un rôle majeur
pour les investisseurs privés provenant des pays riches. Il compte
également sur un retour important de la diaspora. Un exemple comme
BA-EAU-BAB, une entreprise fondée par des Sénégalais ayant étudié à
Québec et devenue florissante à Dakar dans le domaine de l'eau purifiée,
doit se répéter.
Fin des tarifs douaniers
pour 34 pays d'Afrique depuis
janvier 2003
« Il faut aussi savoir que depuis le 1er janvier
2003, le Canada a mis en application sa décision d'éliminer immédiatement
toutes les barrières tarifaires envers 56 pays pauvres, dont 34 d'Afrique
», explique-t-il encore. À quelques exceptions près (volaille, oeuf, lait
et textile, ou dans ce dernier cas, un protocole doit être signé au
préalable entre le Canada et chacun des pays pour prévoir le mécanisme de
règlement des cas de litiges potentiels, surtout en matière de respect des
règles d'origine, qui sont établies à 25%), le Canada a donc ouvert toute
grande la porte de son marché. Environ la moitié des importations du
Canada en provenance des PMA sont assujetties à des droits de douane ou
autres, qui atteignent en moyenne 19%. Les importations totales depuis les
PMA ne représentent que 0,1% de toutes les importations du Canada, soient
environ 300 millions $ par année.
Comment qualifie-t-il ce geste positif et
unilatéral du Canada envers ses partenaires africains: « Il s'agit ici
d'un changement majeur, entre le Canada et l'Afrique... et d'un nouveau
contexte d'opportunités que les gens d'affaires canadiens doivent vite
saisir », clame-t-il, en confirmant qu'effectivement le message commence à
passer et que le téléphone sonne plus souvent à Dakar depuis janvier.
LE SÉNÉGAL SORT DÉJÀ GAGNANT DU NEPAD
Le fait que de Dakar, l'ambassadeur du Canada
s'occupe également des relations diplomatiques avec quatre autres pays de
l'Afrique de l'Ouest montre bien comment le Sénégal se démarque dans le
contexte du NEPAD.
« Au Cap-Vert, il y a maintenant une bonne prise
de conscience de l'importance des enjeux du NEPAD et le gouvernement
demande d'ailleurs la création d'un sous-groupe pour les pays insulaires;
la Mauritanie accorde aussi beaucoup d'importance au NEPAD; en Gambie,
après des critiques sévères contre le NEPAD, le gouvernement est plus
calme; la Guinée-Bissau... qu'est-ce que je peux dire sur la
Guinée-Bissau... l'anti-thèse de la bonne gouvernance. Comment voulez-vous
que je dise à une entreprise de s'intéresser à ce pays qui n'a pas
d'électricité plus que trois heures par jour! », résume l'ambassadeur.
Bref, Denis Thibault explique que la compréhension
du NEPAD est très inégale d'un pays à l'autre, mais que le Sénégal est
certainement l'un de ceux qui en profitera le plus rapidement. Pourquoi?
Beaucoup parce que ce pays récolte déjà un dividende démocratique: « Je
pense que le Sénégal joue bien sa carte. Il y a même des clubs NEPAD qui
se créent à travers le pays, vous savez! »
Le Sénégal est, par exemple, des 18 pays faisant
partie du comité directeur du NEPAD. De plus, Dakar accueillera le siège
d'un de ses quatre secrétariats. Effectivement, à entendre parler, on
constate que beaucoup de choses se préparent. Mais y a-t-il déjà du
concret? Est-ce encore qu'un concept ou sa fonctionne déjà le NEPAD?
« Oui, ça fonctionne déjà! Le Canada, par exemple,
reprenant l'engagement du G8 de s'impliquer avec les pays bons élèves, a
créé un fonds spécial de 500 millions $. Dans les pays africains même, il
y a aussi la création des quatre secrétariats qui est en route. Il n'y a
pas encore d'échéancier, quant au début de leur fonctionnement, mais ça va
conduire à l'émergence de projets concrets. Il y a déjà un engagement de
consacrer 5,8M $US, sur trois ans, au financement de celui de Dakar (on
parle de créer un Trust Fund via le PNUD, suite à une
proposition du président du Sénégal, Abdoulaye Wade), qui sera
responsable des questions d'infrastructure, d'énergie et de technologie de
l'information », répond sans hésitation Denis Thibault.
UN FONDS DE 100 M$ POUR DES INFRASTRUCTURES QUI SE
CHERCHE ENCORE UN GESTIONNAIRE
Parce que la couverture financière est encore très
difficile en Afrique, le Canada a aussi décidé de créer, au bénéfice des
entreprises canadiennes, un fonds dédié de 100 millions $, qui servira à
générer et à financer des projets d'infrastructures en Afrique. Via la
Corporation commerciale canadienne (CCC), il procède d'ailleurs
actuellement à un appel d'offre pour trouver un organisme (une banque, ou
par exemple la Caisse de dépôt et placement du Québec) capable d'en
assumer la gestion, qui aura en fait la responsabilité de le créer, d'en
diriger les activités et d'y intéresser le secteur privé. « On vise à ce
qu'il fonctionne d'ici la fin de 2003 », précise l'ambassadeur.
Cette contribution de 100 millions $ fait partie
des activités financées par le Fonds canadien pour l'Afrique de 500
millions $, qui relève de l'Agence canadienne de développement
international et dont le premier ministre Jean Chrétien avait annoncé la
création au cours du Sommet du G8 tenu à Kananaskis.
En établissant ce Fonds, le gouvernement du Canada
poursuit trois objectifs :
- diriger vers des pays africains des
investissements supplémentaires d'au moins 200 millions de dollars, dont
100 millions viendront directement du gouvernement du Canada, le reste
étant souscrit par d'autres investisseurs;
- influer positivement sur le développement de
l'Afrique grâce à l'augmentation des investissements étrangers directs;
- maximiser les effets positifs des activités du
Fonds sur les intérêts canadiens.
La Corporation commerciale canadienne (CCC)
dirigera la sélection du gestionnaire du Fonds et la définition de sa
structure. Elle mettra en œuvre, à cette fin, un processus ouvert,
transparent et indépendant pour proposer au gouvernement le candidat le
plus qualifié. Les soumissionnaires devront préciser comment ils
s'attendent à tenir compte des normes internationales de responsabilité
sociale (notamment celles que recommandent la Banque mondiale et l'Organisation
de coopération et de développement économiques), comme condition
préalable à l'obtention de la contribution du gouvernement. Le comité de
sélection comprendra des représentants de l'ACDI, du MAECI et du secteur
privé.
Le gestionnaire du Fonds devrait être désigné
d'ici mai 2003, ce qui permettra au Fonds d'investissement pour l'Afrique
d'être opérationnel au cours de l'automne 2003. (Le processus de sélection
est lancé depuis fin novembre et on en trouve tous les détails sur le site
Web de la CCC.)
Autre grand changement pour le Canada vis-à-vis
l'Afrique, il n'y fait plus de gestion par projet: « On fait maintenant du
dialogue de politiques, avec de l'appui budgétaire. Cette approche est une
recommandation de l'OCDE et elle est maintenant appliquée par le
Canada pour le Sénégal », ajoute Denis Thibault en tentant de résumer
simplement cette décision qui change bien des habitudes.
LE SÉNÉGAL PARMI LES
PREMIERS ÉLUS DU FONDS SPÉCIAL DE 500 M$
Le Sénégal, ainsi que l'Éthiopie, le Ghana, le
Mali, le Mozambique et la Tanzanie, pourront soumettre des projets qui
seront financés par l'enveloppe - non récurrente - de 500 millions $
d'aide spéciale qu'accorde le Canada au pays d'Afrique qui font des
progrès démocratiques. Ce premier groupe de six pays a été confirmé
récemment par le secrétaire d'État à l'Amérique latine, à l'Afrique et
à la Francophonie, Denis Paradis.
Pressé d'agir, le gouvernement du Canada a
pour cette fois demandé à l'ACDI et à son ministère des
Affaires étrangères de désigner une première liste de pays
admissibles. Mais le Canada souhaite que ce soient les Africains
eux-mêmes qui identifient les pays qui devraient recevoir cette aide.
Il faudra cependant attendre quelques années avant que les indicateurs
du NEPAD donnent des résultats concluants à ce propos.
Le premier volet du fonds spécial qui sera mis
en oeuvre visera les partenariats d'affaires et sera l'un des plus
importants, avec une somme de 100 millions $ grâce à laquelle on
espère d'ailleurs générer un autre 100 M$ d'investissements avec des
partenaires. L'ACDI est présentement en processus d'appel d'offres
pour trouver un groupe capable d'administrer cette partie du programme
qu'on espère mettre en branle début 2004. |
Nouvelles initiatives
canadiennes pour l'Afrique
Accès en franchise de droits et hors
contingent pour les pays les moins avancés (PMA)
Depuis le 1er janvier 2003, le gouvernement du
Canada accorde l'accès en franchise de droits et hors contingent à
toutes les importations, sauf les produits laitiers, la volaille et
les oeufs, en provenance de 48 pays moins avancés, dont 34 pays
africains. Cette mesure entraîne l'annulation des droits de douane
imposés sur toutes les importations admissibles provenant de ces pays
ainsi que l'élimination de tous les contingents appliqués aux produits
admissibles.
Cette initiative répond au désir exprimé par
les pays africains dans le NEPAD d'élargir les marchés pour leurs
produits en obtenant un meilleur accès aux marchés étrangers. Alors
qu'ils comptent 13% de la population mondiale, les pays africains ne
sont à l'origine que de 2% du commerce international. Par
l'intermédiaire du Plan d'action pour l'Afrique, les pays du G8
ont convenu d'oeuvrer en vue d'assurer l'accès en franchise de droits
et hors contingent aux PMA. Environ la moitié des importations du
Canada en provenance des PMA sont assujetties à des droits de douane
ou autres, qui atteignent en moyenne 19%. Les importations totales
depuis les PMA ne représentent que 0,1% de toutes les importations du
Canada, soient environ 300 millions $ par année. Le Canada importe
principalement de ces pays des vêtements, des aliments et du pétrole
brut.
Fonds d'investissement pour l'Afrique
Le Canada versera une contribution de 100
millions de dollars sur trois ans pour créer un fonds d'investissement
pour l'Afrique, qui fournira du capital de risque pour les
investissements privés porteurs de croissance en Afrique. Il aura la
souplesse nécessaire pour appuyer des partenariats accrus entre les
PME africaines et canadiennes.
Renforcement des capacités commerciales de
l'Afrique
Le Canada investira 20 millions de dollars sur
trois ans dans trois initiatives visant à aider les pays africains à
repérer des débouchés à l'exportation, à produire de nouveaux produits
recherchés sur les marchés d'exportation et à renforcer leurs
capacités, y compris par la formation du personnel des organisations
commerciales africaines.
Plus précisément, le Canada investira :
- 7 millions de dollars sur trois ans dans le
Programme intégré conjoint d'assistance technique du Centre du
commerce international, de l'Organisation mondiale du commerce et de
la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.
Ce Programme, qui est financé par 13 donateurs, dont le Canada,
apporte un soutien aux pays africains pour qu'ils puissent
participer davantage au système commercial multilatéral et tirer
profit des débouchés commerciaux. Comme de nombreux pays africains
ont des besoins similaires, le JITAP peut leur fournir efficacement
un soutien et leur permettre de tirer parti de leur expérience
respective.
- 8 millions de dollars sur trois ans dans
les activités du Centre du commerce international et du Bureau de
promotion du commerce du Canada, afin de fournir une aide pratique
qui permettra de renforcer la capacité du secteur privé africain de
faire des affaires à l'échelle internationale et de promouvoir ses
exportations. De par leur travail en Afrique, les deux organismes
possèdent une expertise reconnue en la matière.
- 5 millions de dollars sur trois ans pour la
création en Afrique d'un centre de compétences en politique
commerciale, en partenariat avec la Commission économique pour
l'Afrique, qui a pour mandat de promouvoir le développement
économique et social de l'Afrique. Le Centre accroîtra le nombre
d'experts africains possédant les compétences requises pour
représenter les intérêts africains lorsqu'il s'agit de négocier des
accords multilatéraux, d'intégrer le commerce dans la politique
économique et de promouvoir le commerce.
Appui à l'entrepreneurship et aux technologies
de l'information et des communications en Afrique
Le Canada investira 10 millions de dollars sur
trois ans pour appuyer la création d'un réseau pour l'entrepreneurship
dirigé par le secteur privé et relevant du Groupe d'experts sur
l'accès aux nouvelles technologies (GEANT) afin d'encourager les
gouvernements et les organisations des pays en développement à élargir
l'utilisation et les avantages des technologies de l'information et
des communications (TIC).
À la faveur d'une combinaison de contributions
financières et en nature, le Réseau fournira un capital de démarrage
aux petites et moyennes entreprises et servira de lien entre les
fournisseurs de biens et de services et les organisations qui
fournissent un soutien au secteur privé et aux entrepreneurs. Cela
permettra également de tirer parti des investissements du secteur
privé dans les TIC en Afrique et de fournir des conseils aux
gouvernements sur les bonnes politiques dans ce secteur et en ce qui
concerne les petites entreprises et le commerce.
Renforcement du secteur public africain
Le Canada versera une contribution de 28
millions de dollars sur trois ans pour aider à améliorer les
compétences du secteur public dans les pays africains attachés à une
meilleure gouvernance. L'aide visera des domaines bien ciblés :
l'analyse et la gestion de la politique économique; la gestion
financière et la reddition de comptes; la tenue de statistiques
nationales; la gestion de l'administration publique; la participation
du secteur privé et de la société civile à la gouvernance.
Cette initiative fera fond sur le partenariat
qui existe déjà entre le Canada et la Fondation pour le renforcement
des capacités en Afrique. La Fondation est une institution
panafricaine indépendante qui a son siège à Harare, au Zimbabwe, et
dont les activités sont financées par les contributions des
gouvernements africains et un large éventail de partenaires bilatéraux
et multilatéraux.
Consolidation des Parlements en Afrique
Le Canada versera une contribution de 9
millions de dollars sur trois ans pour aider les partenaires africains
et canadiens à travailler avec les gouvernements africains attachés à
la bonne gouvernance. Les mesures viseront à renforcer :
- les réseaux et les associations
parlementaires panafricains et infrarégionaux, par la prestation
d'une assistance technique africaine et canadienne;
- la participation des femmes au processus
politique;
- la responsabilité financière et la
surveillance parlementaire, dans le cadre d'une collaboration
soutenue avec le Bureau du Vérificateur général du Canada;
- les mesures parlementaires de lutte contre
la corruption, dans le cadre d'un partenariat avec l'Union
parlementaire africaine, une organisation panafricaine dont le siège
est à Abidjan, en Côte d'Ivoire, et d'autres instances
parlementaires régionales, et par une affiliation directe avec
certaines assemblées législatives nationales;
- l'accès du public aux gouvernements en
Afrique;
- la participation des parlementaires à
l'administration des stratégies nationales de réduction de la
pauvreté et leur contribution à cet égard.
Figureront, parmi les partenaires africains,
l'Union parlementaire africaine, diverses instances parlementaires,
des assemblées législatives nationales de même qu'un certain nombre
d'organismes de la société civile s'occupant de recherche et de
politique publique. Or, le Canada a des compétences en ce domaine et
collabore depuis longtemps avec les parlements africains, par le biais
de plusieurs organisations, plus particulièrement le Centre
parlementaire. Ce dernier sera le principal partenaire canadien et
pourra compter sur la contribution active de parlementaires africains
et canadiens.
Renforcement des administrations locales en
Afrique
Le Canada contribuera 6 millions de dollars
sur trois ans pour aider à créer des partenariats durables et
autosuffisants non seulement en Afrique, mais aussi entre
municipalités africaines et canadiennes. Plus spécifiquement, cette
initiative viendra renforcer :
- les réseaux et institutions qui s'occupent
de la gestion des affaires publiques, de manière qu'ils puissent
mieux répondre aux besoins de leurs clients;
- le développemennt des politiques nationales
en matière d'administration locale et de décentralisation;
- la capacité des municipalités à assurer la
prestation des services, par exemple dans les domaines de l'eau, de
l'assainissement et de la santé;
- la participation et l'accès du public au
gouvernement.
Le partenaire canadien sera la Fédération
canadienne des municipalités. Les municipalités canadiennes
participantes apporteront des contributions en nature qui majoreront
de 30% l'engagement global du Canada.
Appui aux activités d'information sur le NEPAD
en Afrique
Le Canada contribuera 3 millions de dollars
sur trois ans pour appuyer les initiatives visant à faire mieux
connaître aux Africains les principes et les objectifs du NEPAD, à
promouvoir le dialogue public sur le partenariat et le programme de
réformes exposés dans le NEPAD et à favoriser, de manière générale,
les échanges entre les Africains et leurs gouvernements. De plus, le
Canada collaborera étroitement avec le Secrétariat du NEPAD, basé à
Pretoria, en Afrique du Sud, pour l'aider à accroître la participation
de la société civile.
Les dirigeants africains tiennent absolument à
ce que le NEPAD soit un processus participatif en Afrique,
c'est-à-dire qu'il ouvre toutes grandes ses portes à la société civile
et au secteur privé.
Création en Afrique d'un centre de ressources
pour l'élaboration d'une cyberpolitique et d'un centre pour la
connectivité
Le Canada versera 25 millions de dollars sur
trois ans dans le but de créer en Afrique un centre de ressources pour
l'élaboration d'une cyberpolitique et un centre de connectivité. Un
centre de ressources pour l'élaboration d'une cyberpolitique en
Afrique permettra aux institutions africaines de renforcer la gestion
démocratique et améliorera le climat des investissements en aidant les
pays africains à développer leurs propres cyberstratégies nationales.
On entend par cyberstratégies les lois, politiques et cadres
réglementaires mis en place par les gouvernements afin de promouvoir
le développement des télécommunications, de l'Internet, du commerce
électronique et des services gouvernementaux en ligne.
La Commission économique des Nations Unies
pour l'Afrique (UNECA) assurera un financement initial dans le but de
créer des liens entre les institutions africaines. Elle sera le point
de convergence des demandes présentées par des institutions et des
particuliers africains, par exemple des experts en politiques, des
gestionnaires de programmes et des rédacteurs législatifs voulant
obtenir l'avis de spécialistes sur un sujet donné. L'UNECA tirera
parti des solides compétences dans le domaine de la cyberpolitique des
ministères, du secteur privé et des organisations à but non lucratif
du Canada.
Prestation d'une aide à l'Union africaine pour
prévenir les conflits
Le Canada engage 4 millions de dollars sur
trois ans dans le but de renforcer les mécanismes dont dispose l'Union
africaine (anciennement l'Organisation de l'unité africaine) pour le
règlement des conflits. Des experts techniques et du matériel seront
mis à la disposition de celle-ci pour l'aider à améliorer les systèmes
d'alerte, les efforts de médiation et la coordination politique. Le
Canada collaborera avec l'Union africaine et d'autres donateurs pour
faciliter la réalisation de cette initiative concernant le règlement
des conflits.
Avec le NEPAD, les dirigeants africains
s'engagent à assumer conjointement la responsabilité de renforcer les
mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Ils
reconnaissent que l'instauration d'un environnement pacifique et sûr
est une condition préalable au progrès du continent et à
l'amélioration de la vie et des moyens de subsistance de millions de
personnes. Cela se fera par le resserrement des liens avec les
institutions régionales et infrarégionales, et par la ferme
détermination des autorités locales à donner à l'Union africaine la
capacité de prévenir et de régler les conflits.
Élargissement du partenariat Canada - CEDEAO
pour la sécurité communautaire
En collaboration avec d'autres donateurs, le
Canada engage 15 millions de dollars sur trois ans pour élargir son
partenariat avec la Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO), qui compte 15 membres. Deux domaines sont visés :
- travailler avec la CEDEAO à renforcer la
capacité et la coopération des États membres et des institutions qui
ont à coeur la réforme du secteur de la sécurité; l'accent sera mis
sur la justice, le maintien de l'ordre, la sécurité frontalière et
les relations entre civils et militaires;
- contribuer à donner à la CEDEAO - sur les
plans de l'analyse, du dialogue politique et de la coordination - la
capacité de soutenir les objectifs de paix et de sécurité qui ont un
effet direct sur la sécurité des communautés, y compris protéger les
droits de la personne, contrer la circulation des armes, éliminer le
danger des mines terrestres, veiller à la réinsertion sociale des
anciens combattants et aider les réfugiés à vivre une vie normale.
Favoriser l'éducation pour tous
Le Canada doublera son investissement dans
l'enseignement de base en Afrique, investissement qui se chiffrera à
100 millions de dollars par année d'ici à 2005. Les investissements
dans les ressources actuelles et nouvelles cibleront un petit nombre
de pays africains qui ont montré de façon évidente leur adhésion aux
principes du NEPAD et se sont dotés de stratégies nationales efficaces
de lutte contre la pauvreté et de programmes dans le secteur de
l'éducation.
Appui du Canada à la recherche novatrice d'un
vaccin contre le VIH pour l'Afrique
Le Canada versera 50 millions de dollars sur
trois ans pour appuyer les travaux de recherche effectués dans le
cadre de l'Initiative internationale pour un vaccin contre le sida et
du nouveau Partenariat africain pour un vaccin contre le sida afin de
trouver et mettre au point un vaccin contre le VIH. Ces deux
initiatives ont l'appui d'ONUSIDA, de l'Organisation mondiale de la
santé et d'autres partenaires.
Éradication de la polio en Afrique
Le Canada versera 50 millions de dollars sur
trois ans à l'Organisation mondiale de la santé, qui coordonne la
campagne mondiale de l'éradication de la polio, et à l'UNICEF, qui
obtient le vaccin. Plus importante initiative de l'histoire en matière
de santé publique, la campagne vise à garantir qu'il n'y aura plus de
polio dans le monde en 2005.
Soutien à la recherche agricole en Afrique
Le Canada doublera son appui en investissant
40 millions de dollars sur les trois ans dans la programmation ayant
un rapport avec l'Afrique par le truchement du Groupe consultatif pour
la recherche agricole internationale. L'appui du Canada permettra à ce
réseau, qui englobe 16 centres de recherche dans le monde, de se
concentrer sur les besoins particuliers des petits exploitants et des
productrices.
Le soutien canadien ira aux programmes dans
les domaines suivants :
- l'agriculture durable en Afrique, y compris
la protection de l'environnement et la gestion des ressources
naturelles;
- les activités de recherche en Afrique
soutenant les objectifs de sécurité alimentaire des plus démunis,
dans le cadre desquelles les intervenants participent à la
conception et à l'analyse des projets;
- les systèmes nationaux de recherche
agricole, dont les réseaux de recherche africains;
- les dimensions stratégiques, commerciales
et sociales de la recherche en matière d'agriculture et de sécurité
alimentaire en Afrique.
Amélioration de la gestion de l'eau en Afrique
Le Canada consacre 50 millions de dollars sur
trois ans pour soutenir les efforts des gouvernements africains
résolus à améliorer la gestion des ressources en eau et l'accès à
l'eau et à l'assainissement. Le Canada collaborera avec le Partenariat
mondial pour l'eau, des institutions africaines et des partenaires
internationaux, tirera parti d'une expérience canadienne riche dans ce
secteur et misera sur une base élargie de partenariats déjà en place
dans le secteur de l'eau en Afrique.
Nos activités seront axées sur
- le développement participatif d'une
législation, de politiques et de règlements améliorés;
- la définition ou la clarification des
droits de propriété;
- l'établissement des rôles et
responsabilités que devraient assumer les divers paliers de
gouvernement, la société civile et les organisations du secteur
privé;
- le renforcement des capacités au sein des
institutions visées, y compris la formation ciblée des ressources
humaines dans les secteurs techniques et administratifs pertinents;
- l'incitation au dialogue et à la
coopération entre les instances qui partagent les ressources en eau;
- la mise en place de méthodes de financement
efficaces de l'infrastructure et de la prestation des services, tout
en assurant l'accès aux populations vulnérables.
Création d'un mécanisme de préparation de
projets pour l'Afrique
Le Canada versera 10 millions de dollars sur
trois ans à la Banque africaine de développement (BAD) pour contribuer
à mobiliser un soutien technique et financier supplémentaire qui
renforcera la capacité des institutions clés et des gouvernements
africains à élaborer des propositions viables et de qualité supérieure,
susceptibles d'attirer le financement des secteurs public et privé en
faveur du développement. La BAD est une des institutions chargées de
la mise en oeuvre du NEPAD et la principale source de financement du
développement africain. Le Canada coordonnera également ces activités
en collaboration avec d'autres donateurs.
Le mécanisme de préparation de projets visera
à renforcer l'analyse de projets et les services de faisabilité et de
conception, à encourager de nouvelles approches d'élaboration de
projet, notamment les partenariats publics-privés, et à soutenir les
institutions et les gouvernements africains qui s'efforcent d'élaborer
des approches de mise en oeuvre de programmes efficaces dès le départ. |
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