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Islande, IN ou OUT ?

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par Daniel Allard

  • Vol Québec-Paris, 985$, en sardine sur Air Transat...

  • Vol Québec-Boston-Reykjavik-Paris, 984$, confortable sur American Eagle et Icelandair... et donc possibilité de découvrir l'Islande chemin faisant...

Que choisissez-vous? Moi j'ai pris d'instinct le second choix... pour le plaisir de l'aventure, l'avantage de découvrir un nouveau pays et le risque de dévoiler un petit Klondike caché aux lecteurs de COMMERCE MONDE. Et aujourd'hui, je m'en félicite.

L'Islande... L'Islande... Un pays "IN"? Un pays "OUT"? Voici la réponse:

Accoté sur le cercle polaire tout en haut de l'Atlantique nord, émergent sur tout juste 103 000 km2 et carrément assise aux frontières continentales de l'Europe et de l'Amérique, cette grosse île couvrant l'équivalent de la superficie de l'État de New York mais peuplée seulement de 287 000 habitants, a définitivement de quoi intéresser les gens d'affaires québécois.

Ne serait-ce qu'avec un PNB per capita de 29 167 $US et un 7e rang en 2001 à l'Indice de développement humain de l'ONU (comparativement au 3e rang pour le Canada), l'Islande a les moyens de ses ambitions. Le revenu moyen per capita était de 25 900 $US en 2001.

PETIT " A à Z " DE L'ÉCONOMIE DE L'ISLANDE

Après la pêche et le tourisme, la production d'aluminium " is the big story here! ". Et c'est une compagnie canadienne qui est à l'honneur. D'au moins un kilomètre de long, l'usine d'Alcan, à Straumsvik, impressionne en arrivant près de Reykjavik. On y produit 200 000 tonnes annuellement. Mais cette fierté canadienne est maintenant menacée, même si un important investissement confirmé poussera la production d'Alcan à 330 000 t après une première phase d'agrandissement, puis ultimement à 460 000 t. Nous y reviendrons plus loin. Mais disons immédiatement que l'Islande regorge tellement d'énergie - en puissance et en potentiel de développement - que les pronostiques sont à faire rêver: la production d'aluminium pourrait être multipliée par dix dans les 10 prochaines années avec le potentiel inexploité.

" Were the fish goes, the country goes... " Cette séculaire expression qui colle encore bien à l'économie islandaise pourrait donc bientôt changer. L'autre pilier, les bas coûts de l'énergie (hydroélectrique et géothermique), attirent de plus en plus les grands producteurs d'aluminium, voire d'hydrogène. L'avantage donne au pays son " Docteur hydrogène ", qui se fait avant-gardiste dans d'autres secteurs énergétiques. Grâce aux travaux du Dr Bragi Arnason pour rendre opérationnelle une première station-pompe de type commercial, il est en effet projeté dès 2003 d'instaurer un projet-pilote de bus à l'hydrogène dans la capitale! C'est Norsk Hydro Electrolysers SA qui construit d'ailleurs l'usine de production de " carburant vert " pour permettre à trois autobus de circuler.

Cette étrange oeuvre d'art mi-ossature et mi-bateau de Vicking embellie les alentours du port à Reykjavik

" L'économie de l'Islande, c'est deux fois et demi celle de Malte ou la moitié de celle du Luxembourg ", image Màr Gudmundsson, l'économiste en chef de la Banque centrale d'Islande. Une économie qu'il qualifie de " typiquement post-industrialisée, sauf pour les pêcheries ", qu'il ne dénigre pas pour autant, la considérant comme l'une des plus efficaces industries de la pêche au monde. Mais surprise, ce n'est pas de là que provient l'augmentation des exportations dans les dernières années: " C'est le pharmaceutique... les gros de cette industrie avaient oublié l'Islande et lorsque les marchés de l'Europe de l'Est se sont ouverts dans les années ‘90, nos entreprises en ont largement profité ", dévoile encore l'économiste bien informé.

Mais si la diversification économique s'affirme de plus en plus, c'est qu'il y a de l'énergie dans l'air. En fait, dans l'eau et dans la terre! " Il n'y a ici que 17% du potentiel énergétique de construit, un développement qui se fera essentiellement en parallèle avec celui de la production de l'aluminium ", planifie Màr Gudmundsson. Parce qu'il faut savoir que déjà neuf habitations sur dix se chauffent modiquement grâce aux fameuses sources géothermiques.

Comme le Québec, l'Islande regorge de potentiel hydroélectrique. Mais ses centrales, dont trois géothermiques, sont à la mesure de son marché et donc beaucoup plus petites qu'au Québec. La plus grosse, Burfjll, produit 270 MW, suivent: Hrauneyjafoss (210 MW), Blanda (150 MW), Sigalda (150 MW), Sultartangi (120 MW) et une demi douzaine d'autres, produisant entre 90 MW et 28 MW, dont l'impressionnant site de Krafla, qui uniquement à partir des sources géothermiques produit 60 MW d'électricité. En 2001, les 20 centrales hydroélectriques installées pouvaient produire 1270 MW, comparativement à 183 MW par diverses sources géothermales).

Mais plusieurs projets hydroélectriques sont sur la table, dont celui à Thjorsarver, dans le sud-ouest, le potentiel ferait rêver tous les Hydro-Québec de ce monde. Actuellement, l'évaluation du potentiel supplémentaire est de 30 TWh/an d'hydroélectricité et de 20 TWh/an d'énergie géothermique. Environ 50% de l'énergie primaire est de source géothermique en Islande, alors que le pétrole compte pour 30%, l'hydroélectricité pour 17% et le charbon pour moins de 3%.

Un projet d'exportation énergétique voudrait même faire construire un lien sous-marin avec l'Écosse, mais comme le prix de l'électricité doublerait une fois rendu à l'autre bout du câble, il ne démarre pas.

Comment l'économiste en chef voit-il le futur économique de l'Islande? " La croissance du secteur de la pêche demeurera limité, sauf pour le knowhow. Il faut donc un deuxième pilier. Un pilier qui viendra d'un secteur comme l'aluminium, avec le défaut de nécessité énormément de capital. Le troisième pilier devrait être celui de l'industrie de la connaissance, particulièrement en biogénétique. Et je vois le développement du tourisme devenir notre quatrième pilier économique ".

Parlant du système bancaire actuellement mixte, le plan est de compléter la privatisation avant la fin du présent terme du parlement. Et s'il n'y a pas de banques étrangères en Islande, " ce n'est pas une question de règlements, c'est une question de marché ".

Souhaite-il personnellement adhérer à l'Union européenne? L'économiste se refuse à toutes décisions hâtives " parce que les conditions sont trop changeantes ". Concernant un accord avec le Canada, c'est une autre histoire. Il souhaite sans difficulté que les négociations aboutissent. (La question de la construction navale avec la Norvège bloque actuellement les négociations d'un accord de libre-échange Canada-AELE.) Parce que bien que l'Islande ne soit pas membre de l'Union européenne, elle fait partie de l'Association européenne de libre-échange (AELE) et de l'Espace économique européen (EEE). Dans une perspective nord-américaine, le pays donne donc avantageusement accès à l'ensemble du marché européen.

Agaçante noirceur au tableau indicateur de l'Islande, l'inflation qui se maintenait autour de 6,6% en 2000-2001 et devrait atteindre 6% en 2002 (elle avait même débuté 2002 avec un taux dans les 8%), est toujours loin de l'objectif de la Banque centrale de ramener le taux à 2% d'ici fin 2003. " L'inflation importante des dernières années fut compensée par un taux de croissance de l'ordre de 4%, ainsi que par une monnaie forte. C'est un problème conjoncturel et sous contrôle ", assure-t-il. Pour le chômage, c'est une tout autre histoire. Avec 2,7% de chômage, l'Islande se prépare à importer des travailleurs bientôt, et comme la Ville de Québec, l'Europe de l'Est est dans la mire. Un défi qui ne sera pas un gros enjeu d'intégration, le pays étant actuellement très homogène avec 3% de citoyens d'origines étrangères.

En attendant, l'Islande continue d'attirer de plus en plus de touristes. Comptant le plus gros glacier d'Europe, pas moins de 11% du pays est recouvert de glaces permanentes et de glaciers. Ne laissant pas leur place, les 30 volcans y étant entrés en éruption depuis 200 ans laissent un autre 10% du territoire recouvert de laves et de terres incultes. Incidemment, si l'intérieur du pays est inhabité, c'est parce qu'il est inhabitable! Une nature rude - il n'y a que 20% de terres arables et aucune forêt - avec laquelle les Islandais arrivent maintenant à charmer les touristes. La tendance à la croissance demeure importante: 303 000 visiteurs étrangers en 2000, comparativement à 142 000 en 1990. Exploitant d'ailleurs un filon culturel cher à Montmagny, une ville à 30 minutes de voiture de Québec, qui fait de même: l'Islande tient un Festival national de l'accordéon une fois tous les trois ans.

L'Islande,
c'est finalement
une immense (100 000 km2)
petite ville (287 000 habitants);
la moitié de Québec la nouvelle
sur le territoire de
l'État de New York!

Mais attention, faire le tour complet du pays, sur des routes pas toujours asphaltées, ajoutera 1400 km au compteur de votre véhicule, bien que la ligne côtière très sculptée frise les 5000 km (4 970 exactement) !!!

Évidemment, il serait gênant de quitter le pays sans visiter une station de bain thermale, comme Blue Lagoon, seulement à 15 minutes de l'aéroport international. Une expérience quatre saisons, dans ce pays jamais chaud et jamais froid: 11 degrés Celsius en moyenne en juillet et une fraction sous zéro en janvier, à Reykjavik.

UNE HISTOIRE ÉPIQUE

  • Jusqu'en 873: terre inhabitée.
  • 874-930: colonisation par des Vikings norvégiens.
  • 930: fondation de l'Althingi (Parlement) et de la république.
  • 930-1030: période des " sagas ".
  • 1000: conversion au christianisme.
  • 1262-1380: domination norvégienne.
  • 1380-1918: domination danoise.
  • 1550: luthéranisme devient religion officielle.
  • 1878: octroi d'une première constitution par le roi du Danemark.
  • 1904: autonomie interne.
  • 1906: pose d'un câble télégraphique avec l'Écosse qui met fin à l'isolement de l'île.
  • 1918: indépendance du royaume d'Islande sous la souveraineté du roi de Danemark.
  • 1944: séparation définitive d'avec le Danemark et proclamation de la république.

Des élections législatives pour les 63 sièges de l'Althingi se dérouleront en 2003, le dernier parlement ayant été élu pour quatre ans le 8 mai 1999 (alors que le président Olafur Ragnar Grimsson est en poste depuis 1996).

(Si tous les noms de famille vous semblent toujours plutôt semblables, avec leurs terminaisons en " son " et en " dòttir ", c'est parce que ce n'en sont pas! Environ 90% de la population islandaise possède un patronyme: Pétursson = fils de Péturs et Pétursdòttir = fille de Peters!

Particulièrement pour le monde des affaires, l'Islande, en vérité c'est sa capitale! Quand la deuxième ville du pays, Akureyri, fait 15 600 habitants et toutes les autres moins de 5 000... Comptant 112 000 habitants, mais 178 000 en considérant la banlieue, la ville de Reykjavik regroupe 62% des Islandais. Un pays où l'heure y est celle de Greenwich toute l'année. Donc un écart de 4 heures avec le Québec l'été et 5 pendant l'hiver; mais de 2 heures avec Paris, Bruxelles ou Berlin.

Au fait, à 50 kilomètres de la capitale, l'Aéroport international de Keflavik est a environ une heure de bus de Reykjavik. Pourquoi si loin de la capitale? " Pourquoi bâtir une autre piste, alors que les 2 000 soldats de la base de l'OTAN entretiennent parfaitement bien celle de Keflavik, où il n'a suffit de bâtir qu'un terminal pour les passagers? ", répondra tout Islandais!

" Les Islandais sont entrepreneur minded et travaillent beaucoup ", assure Thòrdur Fridjônsson, le pdg du Iceland Stock Exchange (ICEX). Ils travaillent beaucoup et ils travaillent longtemps: en plus d'avoir la plus jeune population d'Europe, l'âge de la retraite y est généralement autour de 67-70 ans. Ils exportent aussi 40% de leur PNB, des exportations qui prennent le chemin de l'Europe à 70% et celui de l'Amérique du Nord pour 15 à 18% de la valeur des échanges. Pesant pour environ 60% du PNB du pays, les 67 entreprises inscrites à la Bourse ICEX donnent d'une autre manière une bonne idée de ce qu'est l'Islande économique.

Surtout qu'entre janvier et août 2002, l'indice ICEX-15 est le seul à afficher un taux positif (+10%), alors que du OSE norvégien (-21%) au DAX allemand (-28%), du FTSE 100 anglais (-19%) à l'OMX suédois (-38%), sans oublier Nasdaq 100 (-41%) et NYSE Composite (-20%) tout étaient dans le rouge! Pourquoi? " Les données macroéconomiques sont demeurées en bonne position et en même temps nos compagnies ont rapporté de bons résultants en planifiant aussi de bonnes perspectives " explique le pdg.

Bel exemple, Pharmaco, en achetant récemment Delta, une autre grosse pharmaceutique du pays, a créé la plus grosse compagnie cotée à la bourse d'Islande, avec un chiffre d'affaires dépassant les 560 millions $US. Thòrdur Fridjônsson invite aussi à porter attention à des compagnies comme Bakkavör Group, Össur et Marel, à titre d'importants opérateurs en commerce international inscrits à l'ICEX.

C'est dans ce bel édifice de verre tout neuf, où l'Ambassade du Japon occupera le 6e étage, que la Bourse ICEX vient de déménager.

Effectivement, c'est en Islande que se trouve la plus importante compagnie au monde qui fabrique des jambes artificielles: Össur. Une information qui touche à sa façon une petite entreprise de Québec, Victhom, qui vient d'ailleurs de tripler ses effectifs depuis octobre 2001 en passant de 7 à 21 employés. Venant récemment de recevoir un soutien financier supplémentaire de 1,2 million $ de la part de ses partenaires. L'entreprise a aussi signé une entente exclusive avec la société Univalor qui en fait la seule entreprise au monde à pouvoir exploiter le capteur neuroélectrique mis au point par l'École polytechnique de Montréal pour commercialiser la première jambe artificielle intelligente!

Selon la plus récente étude international de KPMG sur les coûts d'établissement pour les entreprises, globalement l'Islande est le pays le moins coûteux d'Europe et arrive au second rang, après le Canada, de l'ensemble des dix pays considérés. Sur une base sectoriel, l'Islande est en tête pour les plus bas coûts dans neuf des 14 secteurs étudiés, dont la R&D en biomédical ou système électronique, le " advanced software ", le pharmaceutique, l'assemblage électronique, les pièces de précision. Un taux de 18% de taxe corporative n'est pas le moindre des avantages. Le Tableau 1 présente ici-bas des arguments pour choisir la ville de Reykjavik selon les résultats de la même étude de KPMG.

Tableau 1
Reykjavik #1 parmi 87 villes selon KPMG

  • Production of high-precision machined components:
    Ranked #1 of 87 cities.
  • Biomedical Research and Development:
    Ranked #1 of 87 cities.
  • Advanced software:
    Ranked #1 of 87 cities.
  • Content development for Web and multimedia products:
    Ranked #1 of 87 cities.
  • Server farms:
    Ranked #1 of 87 cities.
  • Medical devices:
    Ranked #2 of 87 cities and ensures Iceland first place in comparision between countries.
  • Electronic systems development and testing:
    Ranked #4 of 87 cities and ensures Iceland first place in comparision between countries.
  • Pharmaceuticals:
    Ranked #5 of 87 cities and ensures Iceland first place in comparision between countries.
  • Electronics assembly:
    Ranked #8 of 87 cities and ensures Iceland first place in comparision between countries.

L'ENJEU ARCTIQUE SELON L'AMBASSADEUR DU CANADA

Gerald R. Skinner, ambassadeur en poste depuis novembre 2001, avait surtout l'enjeu de l'Arctique en tête lorsqu'il nous accorda une entrevue le 8 octobre 2002. Fraîchement de retour d'une conférence du Northern Research Forum (NRF), à Novgorod, en Russie, où des dizaines de spécialistes avaient rendez-vous du 19 au 22 septembre 2002, il lançait d'entrée de jeu: " L'Islande prend la présidence pour deux ans du Conseil arctique, qui regroupe huit pays, cette semaine".

 

" C'est la seule organisation internationale gouvernementale qui comprend tous les pays du Cercle arctique. C'est important: pour rapprocher les peuples autochtones russes du monde et pour les questions environnementales face aux menaces de la pollution ", fait-il encore remarquer. Sous l'égide de cette organisation, l'ambassadeur Skinner pense même que la sécurité internationale pourrait se consolider, après les événements de Berlin et la fin de la guerre froide. Bref, il ne manquera pas de travailler de concert avec l'ambassadrice canadienne pour les affaires circumpolaires, Mary Simon. Un Nordic Council qui par ailleurs comporte aussi une Nordic Investment Bank!

Si l'Islande et les affaires arctiques sont si importantes, pourquoi avoir attendu l'an 2001 pour ouvrir une ambassade du Canada? La vérité, c'est que l'établissement récent de relations diplomatiques trouve une bonne partie de son explication dans l'initiative prise d'abord par l'Islande d'ouvrir une ambassade à Ottawa en 2000. Le Canada a ensuite voulu faire la réciproque. " D'abord, avec un recul de 1000 ans, dans le contexte de l'anniversaire de la présence vicking à l'Anse-aux-Meadows, le temps était venu. Deuxième raison: les intérêts commerciaux, de plus en plus importants, représentant au moins 100 millions $ par an, et la question de l'Arctique qui devient primordiale ", explique Gerald Skinner, dans une version plus diplomatique.

" Vous n'êtes pas comme les autres, vous êtes de la famille " lui avait lancé le président islandais, alors qu'il lui présentait ses lettres de créance comme nouvel et premier ambassadeur canadien à s'installer en Islande, l'an dernier. L'anecdote que raconte fièrement Gerald Skinner trouve peut-être une explication dans le fait que le Canada compterait environ 150 000 citoyens d'origine islandaise. Leurs ancêtres avaient fuit au XIXe siècle suite à une importante irruption volcanique et beaucoup vivent maintenant à Gimli, près de Winnipeg, au Manitoba. Et qu'importe les raisons pour que les deux pays s'échangent si tardivement des ambassadeurs, les deux nations sont voisines depuis toujours et de bon commerce.

Avant que la chancellerie de l'ambassade canadienne ne soit ouverte, en mai 2001, le Canada n'avait qu'un consul honoraire en Islande avec une attachée commerciale depuis plusieurs années. Arrivé en novembre 2001, l'ambassadeur Skinner y dirige maintenant une équipe de six personnes: deux Canadiens (lui et Éric Petersson) et quatre employés locaux, en plein coeur de la ville, face à l'Ambassade de Russie.

Deux Canadiens et quatre employés locaux forment le personnel diplomatique de l'Ambassade du Canada, dans cet édifice de la rue Tungata, en plein coeur de la ville, face à l'Ambassade de Russie.

Après presque une année à son poste, il résume les priorités bilatérales à trois sujets: les questions stratégiques pour promouvoir la coopération et protéger le Grand Nord (il pense notamment au danger de la tuberculose en Russie du Nord); favoriser les contacts entre les deux populations; les échanges économiques. " Je suis convaincu que le futur de ce pays avec le Canada c'est le Grand Nord. Ce n'est pas l'Atlantique et les pêcheries ", résume l'ambassadeur.

Et en pensant au grand débat concernant une éventuelle adhésion de l'Islande à l'Union européenne, Gerald Skinner se demande où est la base de l'intérêt économique de ce pays en lançant carrément: " Leur futur c'est l'Amérique, l'Europe est leur passé! "

Ne pensant sans doute pas si bien illustrer son propos, l'ambassadeur racontera plus tard que, comme il est facile de l'imaginer, sur cette île polaire et volcanique, presque tout doit être importé. Ainsi, le blé pour la fabrication du pain provient du Canada, mais ne figure pas dans les statistiques commerciales du commerce bilatérale car c'est l'affaire d'un commerçant suédois!

" Les États-Unis sont très populaires ici. Les Islandais se sentent proches des USA, car ce sont eux qui ont développé l'économie pendant et après la guerre ", précise-t-il encore.

Le Canada pourrait exporter des
lamas en Islande

Une demande en ce sens attend les autorisations du ministère de l'Agriculture en Islande, car trois hommes d'affaires de la compagnie ISLAMA affirment que le lamas est meilleur que le cheval et moins dommageable pour l'environnement afin de promener les touristes dans les Highlands du pays. Et pourquoi les importer du Canada? Parce qu'aucun signe de maladie n'a été signalé dans le cheptel canadien!

En Islande, il pense que les entreprises canadiennes devraient s'intéresser particulièrement au domaine de la génétique, à la construction de maison en bois, à celle des bateaux et à la fourniture de filets de pêche. La présence de beaucoup de centres de recherche renommés, les possibilités d'échanges de technologie en géothermie et dans les technologies de l'hydrogène sont aussi mentionnées. En génétique, la société deCODE, qui est cotée à la bourse NASDAQ, fait effectivement beaucoup parler d'elle en Islande.

Et Reykjavik, ce n'est pas tout: " Je vous invite fortement à visiter Akureyri, la capitale scientifique du pays, la vraie ville du Nord ", conseille-t-il. Avec son université et ses 15 600 habitants, la deuxième plus grosse ville d'Islande, à une heure d'avion au Nord, vaudrait donc le déplacement. Merci! Une autre fois monsieur l'ambassadeur!

UNE IMPOSANTE INDUSTRIE DE LA PECHE

Faut-il dire imposante? Les pêcheries pèsent pour 40% du PNB du pays, fournissent 10% des emplois. Si on se base sur les prise de 1997, l'Islande est la 12e puissance mondiale en matière de pêche. Une autre source affirme que ce secteur se place 6e au monde en terme d'exportation nette. Pas étonnant qu'une des multinationales du domaine soit islandaise: Marel.

" We can do every thing, but not in the quantity we need ", explique le pdg Hördur Arnason, en faisant visiter les nouvelles installations du siège social et d'une usine, en banlieue de Reykjavik, toutes neuves, qu'il n'occupe que depuis juin 2002.

" Au début on fabriquait des balances... " Fondé en 1983, ce spin off de l'Université de l'Islande est maintenant une société cotée à la bourse (depuis 1992), avec un chiffre d'affaires de 100 millions $US en 2002. Seulement en Islande, 280 personnes travaillent pour Marel, qui en compte au total 750 dans 12 filiales dans 10 pays; 95% de la production est exportée à travers 60 pays dans le monde. En Amérique, elle a une usine à Halifax (depuis 1985) et à Kansas City, en plus d'un employé en Alberta et d'un agent à Toronto. L'ouverture d'un bureau en Ontario fait officieusement partie des plans.

L'édifice du siège social de Marel, comprenant aussi une usine, dans la banlieue de Reykjavik.

Marel fait aussi enregistrer 8 à 10 brevets par an. Parce que cette fabrique de convoyeur industriel est résolument une entreprise de haute technologie. En 1997, Marel hf est d'ailleurs devenue la première dans ce domaine dans le monde à recevoir l'accréditation ISO 9001. Ses propres chercheurs utilisent allègrement l'optique laser, et le silence qui enveloppe les chaînes de production que nous avons visitées témoigne de l'importance de l'informatique dans les processus de fabrication. Marel produit, par exemple, elle-même ses logiciels de traçabilité. " Nous investissons 8-9% de notre chiffre d'affaires en R&D. Nous avons 60 chercheurs ici et 30 autres en Allemagne et au Danemark. C'est important pour compétitionner la Chine et le Vietnam. Il faut que nos coûts de main-d'oeuvre soient moins de 10%. C'est d'ailleurs notre objectif d'atteindre ce 10%, qui est actuellement de l'ordre de 15% ", explique le grand patron, qui n'a même pas encore 40 ans et qui a gravi bien des échelons depuis 1987. Pour relever ce défi, Marel compte beaucoup sur le développement de la technologie des Rayons X. Elle a d'ailleurs reçu une subvention de 2 millions $US l'an dernier du gouvernement de la Norvège.

Depuis 1992, la diversification se fait dans l'industrie du poulet, et depuis 1996 dans celle de la viande. Deux secteurs qui représentent maintenant 45% du chiffre d'affaires de Marel. L'entreprise est donc devenue un leader du développement et du marketing en fabrication d'équipement de haute technologie dans l'industrie alimentaire.

Marel Group, c'est Marel Canada, Marel USA, Marel Russia, Marel Australia PTY, etc., Carnitech au Danemark, CP Food Machinery et Arbor Technologies en France, c'est aussi Marel TVM et Marel Production Software (MPS).

En Islande, évidemment, même les TI s'affèrent dans le monde de la pêche. Et Marel n'occupe pas toute la place. Avec une marque de commerce frappant l'imagination telle WiseFish, une compagnie comme Maritech ne manque pas de vendre elle aussi à l'étranger. Les logiciels d'assurance qualité et de traçabilité font la force de l'entreprise fondée en 2001. Son pdg, Halldor Ludvigsson, fait aussi jeune dans la trentaine. Jeune mais déjà très bien déployée, parce que l'équipe fait partie du groupe TM Software - TölvuMyndir en islandais - que dirige le colosse Fridrok Sigurdsson: 90 employés en Norvège, 10 en Écosse, 24 à Halifax (un bureau ouvert en 1999). Un groupe diversifié actif aussi dans la finance, les services publics et la santé, avec entre autres un logiciel pour les robots qui administrent des médicaments. Une clientèle qui couvre Boston et aussi la côte ouest, au point tel que la décision est prise d'ouvrir, début 2003, un autre bureau en Amérique, à Seattle ou Vancouver. Une information qu'Éric Petersson n'a pas manqué d'enregistrer.

Sans compétiteur direct au Canada et ne connaissant que quelques entreprises aux États-Unis, en Floride et à Boston, qui font du comparable mais sans couvrir toute la chaîne de production, Maritech a de l'avenir. Elle sait très bien qu'à partir de janvier 2005, une directive européenne imposera la traçabilité de tous les produits de la pêche. " Le défi, ce sera la traçabilité externe: le transport, dans les supermarchés ", ne cache pas Halldor Ludvigsson. Toujours à la recherche d'un premier client au Québec, il aimerait bien également réussir à intégrer ses logiciels dans du hardware canadien.

Marel et Maritech ne sont que deux exemples de belles entreprises islandaises que nous avons retenues parce qu'elles sont également actives au Canada. Plus stratégiquement, pour s'intéresser à l'industrie de la pêche et de la mer en Islande, il est aussi fortement conseillé de retenir les noms de EIMSKIP, de SAMSKIP et de NESSKIP, les trois importantes sociétés de transport maritime, surtout la première, qui nous a été décrite " comme une pieuvre ayant des entrées dans toutes les compagnies du pays ".

DES PENDANTS QUÉBÉCOIS AUX " SUCCES STORIES " D'ISLANDE

Neptune Technologies et Bioressources, une entreprise en biotechnologie marine qui a son siège social à Laval, dans la région de Montréal, mise sur les vertus curatives et nutritives de l'huile de krill. Qualifiée de " biotech marine " qui connaît le plus de succès actuellement au Québec, l'entreprise fondée en 1998 a ouvert, à Sherbrooke, à l'automne 2002, une usine d'extraction de biomasses marines de 5 millions $.

C'est un professeur de biochimie de l'Université de Sherbrooke, Adrien Beaudoin, qui a mis au point le procédé d'extraction de l'huile de krill. Un procédé qu'a acquis la compagnie Neptune, qui produit actuellement une huile marine, " Neptune, huile de krill ", et un concentré de protéines, " Neptune Aquatéïne ", destinés aux marchés nutraceutique, biopharmaceutique et cosmétique.

L'huile de krill est déjà un produit homologué par la Food and Drug Administration des États-Unis comme nouveau supplément alimentaire. Neptune affiche déjà une vente de 5,4 millions $ aux USA, via son distributeur américain. Krill, mais aussi crabe rouge et calanus - une espèce de zooplancton - sont les ressources qu'elle exploite et qu'elle importe de l'étranger actuellement, car les pêcheurs n'ont même pas les autorisations pour les cueillir dans le fleuve Saint-Laurent. Dans son plan de développement des trois prochaines années, Neptune prévoit ouvrir une autre usine au moins quatre fois plus grande dans le Parc technologique maritime de Rimouski. Mais ce sera lorsque les 5000 kilogrammes d'huile de krill et 36 000 kilogrammes de concentré de protéines de krill produits chaque mois à Sherbrooke auront trouvé preneurs sur les marchés.

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La traçabilité préoccupe déjà le secteur de la transformation agroalimentaire au Québec. Le Groupe Brochu, de Saint-Henri-de-Lévis, vient même de prendre une longueur d'avance en dotant ses filiales Salaison Brochu et Lafleur d'un système de traçabilité en guise de véritable " assurance alimentaire " pour les consommateurs. Il s'agirait du premier système de la sorte d'Amérique du Nord installé dans un établissement de transformation des viandes. Pas obligatoire au Canada, la traçabilité donne un avantage si le marché européen est visé. Actuellement, en Europe, les normes de traçabilité se développent si rapidement que les consommateurs de certaines chaînes alimentaires peuvent connaître jusqu'au nom et l'adresse du producteur comme de ceux de l'entreprise de transformation. Les spécialistes du Groupe Brochu affirment que leur système permettra de détecter en seulement une heure un problème affectant la qualité d'un produit, alors qu'il fallait plus d'une journée de travail pour effectuer la même recherche auparavant. Plus de chance à prendre pour cette entreprises de 3000 employés avec un chiffre d'affaires dépassant les 800 millions $ annuellement.

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À l'expérience, avec ses eaux froides, le Québec ne s'est pas révélé un territoire propice à l'acquaculture, soit l'agriculture en eau douce. L'alternative, la mariculture - l'agriculture marine en eaux salée - est une industrie apparue dans les années 1980 aux Iles-de-la-Madeleine. Maintenant, on parle de la deuxième vague maricole au Québec. Une Société de développement de l'industrie maricole (SODIM) existe d'ailleurs, sous la présidence de Gilbert Scantland. Dotée d'un fonds d'investissement de 4 millions $, la SODIM est actuellement impliquée financièrement dans une douzaine d'entreprises maricoles. Elle compte également sur une mise de 9M$ du MAPAQ, destinée uniquement à la R&D pour une période de trois ans. Globalement, l'industrie maricole du Québec compterait une vingtaine d'entreprises, employant au total 150 personnes, pour qui près de 95% du volume et de la valeur des productions est généré par l'élevages de moules et de pétoncles. L'oursin, l'ombre et la mys complétant le tableau, une production qui atteint tout près de 1000 tonnes en 2002.

On est bien loin de la Norvège, qui produit 600 000 tonnes de saumon par an en mariculture!

L'HYDROÉLECTRICITÉ Y ATTIRE AUSSI LES ALUMINERIES

Au Québec, le tarif industriel privilégié offert aux alumineries - le fameux Tarif L uniformisé aux grands consommateurs d'électricité (ceux avec pas moins de 5000 kW de puissance) - est de 2,42 cents canadiens/kilowattheure, qui s'additionne à un 10,95$ par kW de puissance chaque mois. Un tarif que compétitionne assez bien le prix islandais évalué à 2,2 cents US par kWh (soit la moitié du prix aux USA et le tiers du prix en Allemagne).

Résultat: Alcan/ISAL - qui a décliné la demande d'interview pour COMMERCE MODE en Islande - malgré son gros projet d'agrandissement, doit composer sur plusieurs fronts avec la concurrence même sur le tout petit sol islandais:

  • Récemment, alors qu'il annonçait ne plus aller de l'avant avec un investissement de 3 milliards $US au Labrador, au Canada, le géant mondial ALCOA confirmait une usine de 295 000 t dans l'Est de l'Islande.
  • Une filiale de Columbia Venture Corp. (Nordic Aluminium ou NORDURAL), qui a déjà fait passer sa capacité de 60 000 t à 90 000 t en 2001, projette maintenant 180 000 t en 2004 et 300 000 t ensuite.
  • N'oublions pas que Icelandic Aluminium Compagny (filiale à 100% de Alusuisse Lonza Group) avec une expansion de 60% en 1996-98 peut maintenant produire 162 000 t.
  • Enfin un consortium anglo-islando-russe se prépare aussi, en visant un site dans le nord-est de l'Islande, à Hùsavìk. Transal Ltd., du R.U., pour 80%, et l'islandaise Altech pour 20%, ont incorporé Atlantsal. Transal et Russian Aluminium (RusAl) sont les propriétaires principaux de VAMI (Russian National Aluminium-Magnesium Institute à Saint-Pétersbourg). Un projet d'aluminerie de 360 000 t, utilisant la technologie de VAMI, incluant également une raffinerie de 2 000 000 de tonnes est en processus d'étude de faisabilité avec des résultats attendus fin 2003.

Évidemment, certain des projets ne passent pas les processus d'études comme une lettre à la poste. Le projet d'ALCOA, à Reydarfjördur, nécessite aussi l'harnachement dans le Nord-Est, à Karahnjûkar, du réputé plus grand site encore vierge d'Europe, à partir d'un barrage de 200 mètres de haut asséchant le canyon Hafrahvammagljufur. Initiative que les mouvements écologistes contestent actuellement (source: www.icelandreview.com, Vol. 40, #3, 2002).

Toute cette concurrence n'empêche pas le Québec de continuer d'avancer, gardant alertes les entreprises sous-contractantes qui se voient sûrement autant clientes en Islande qu'en territoire québécois. L'aluminerie Alouette de Sept-îles, qui démarre sa phase II avec un investissement de 1,41 milliard $, verra du métal couler en février 2005, alors que la production annuelle passera de 243 000 t à 550 000 t d'aluminium de première fusion, devenant ainsi la plus grosse aluminerie des Amériques.

LES VEDETTES DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION

Le petit bottin de l'industrie du software que remet Gudmundur Asmundsson, à son bureau de la Federation of Icelandic Industries (www.si.is) contient aussi une liste des 52 entreprises du secteur. " Strictement dans le software, nous regroupons environ 35 entreprises qui ont réalisé en 2001 un chiffre d'affaires de 20 millions ISK (50 ISK=1 $CAD) ", résume-t-il. L'invitation à pointer les entreprises les plus intéressantes en matière de partenariat international donne une liste imposante: Betware, EJS (160 employés), GoPro Landsteinar (540 employés) qui a reçu le President of Iceland's Award for Export Achievement in the year 2001, Maritech, Nyherji (235 employés), Skyrr (156 employés) et Tölvumidlun, ainsi que OZ dont il ne pouvait pas oublier de parler, cette compagnie qui déménageait la presque totalité de son entreprise à Montréal, récemment, après l'acquisition d'une compagnie canadienne, mais qui est a nouveau en perte de vitesse et tente une nième relance, cette fois dans le wireless.

Si la majorité des 52 entreprises sont directement établis dans la capitale, la banlieue de Kopavogur en compte encore huit, dont HB International, fondée en 1984, qui a une vingtaine d'employés et est très performante à l'exportation. Cette concentration géographique est évidemment un bel avantage. Autre fait significatif, 24 de ces 52 entreprises ont été fondées depuis moins de cinq ans, dont 12 depuis l'an 2000. Preuve qu'un véritable boom de croissance stimule le petit monde islandais des TIC. Un très petit monde aussi, puisque 8 compagnies exportent 61% du total de l'industrie. Une industrie du software qui fait tout de même 1,1% des exportations de l'Islande.

Déjà en 1998, l'Islande était
un véritable " e-money country "
avec 241 000 cartes débits
et 168 000 cartes de crédit
pour 275 000 habitants!

Très concentré et très jeune, mais comptant des senior matures, ce monde des TIC vivait d'ailleurs, les 10-11 et 12 octobre 2002, la seconde édition de AGORA: " the largest professional exhibition of hightech, software and IT in Iceland ". AGORA est le nom d'un événement rassembleur initié en 2000 par Einar G. Gudmundsson, président de RSN, l'entreprise qui donne déjà un troisième rendez-vous, du 7 au 9 octobre 2004, " dans un événement du même genre qui se voudra cette fois le carrefour de l'Europe et de l'Amérique en TI ", promet le patron.

Si on met en perspective les résultats d'une enquête du Harvard Center of International Development publiée en février 2002 et montrant que l'Islande arrive au second rang mondial pour l'utilisation des TI pour la création de la richesse (on compte 39 ordinateurs personnels pas 100 habitants) le rendez-vous d'AGORA mérite sûrement l'attention.

Grâce au système de captation laser mis au point par sa société, Einar G. Gudmundsson, président de RSN, offrait à tous les participants d'AGORA un accès efficace et exhaustif à l'information sur les visiteurs de l'événement. (www.agora.is)


Inward Investment Agency: www.aflvaki.is
www.reykjavikresources.com
www.si.is
www.sa.is
www.chamber.is
www.invest.is
www.canadaeuropa.gc.ca/iceland/menu_rek-f.as
www.canada.is

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