sommaire 40 ans de jumelage SOMMAIRE
Textes et photos par Daniel Allard L'événement " Québec-Bordeaux Côte à côte " de l'automne 2001 avait été le pendant Québec de ce qui se tenait à Bordeaux, cet automne. Pour bien marquer 40 ans de jumelage, on y allait d'une " Semaine de Québec à Bordeaux ", du 27 septembre au 4 octobre 2002. Trois élus, le maire Jean-Paul L'Allier en tête, avec quatre fonctionnaires de la ville, entraînaient des Québécois de tous les horizons pour brasser des affaires à Bordeaux. L'édition, la traduction, le lobbying, les cabinets d'avocats, la production énergétique en mini-centrale, l'ingénierie et le service-conseil, la foresterie étaient par exemple les secteurs couverts par les entreprises de la région de Québec présentes pour profiter de cette " vague Québec " à Bordeaux. Mais 11 conventions de coopération ont aussi été signées entre divers partenaires bordelais et québécois. Bref, beaucoup d'action et de découvertes pour justifier une facture officielle de 130 000 $ comme coûts à l'organisation de cette semaine spéciale, partagée entre la Ville de Québec, le MRI, le MCC et la Société des alcools du Québec. Voici ce que COMMERCE MONDE en rapporte: EUROPLASMA: UNE BELLE OPPORTUNITÉ POUR L'INCINÉRATEUR DE QUÉBEC Europlasma, c'est une des entreprises bordelaises qui a quelque chose de stratégique à offrir à la région de Québec. Particulièrement à la Communauté métropolitaine, qui gère maintenant l'incinérateur des déchets urbains. Une infrastructure publique qui arrive à maturité et pour laquelle il faudra très bientôt prendre des décisions lourdes de conséquences: agrandir? fermer et rebâtir? Le Plan triennal d'investissement de Québec qui vient d'être rendu publique comprend d'ailleurs un montant de 16,3 millions $ pour des travaux de réfection à l'incinérateur régional. Un contexte qui se prête évidemment très bien à se demander si des innovations technologiques pourraient aussi venir améliorer les options envisageables. C'est ici qu'Europlasma entre en jeu. Depuis quelques années, l'incinérateur de Cenon qu'a fait construire la Ville de Bordeaux fonctionne avec la technologie de torche à plasma mise au point par Europlasma.
Résultat, les résidus de cendres, très toxiques et nécessitant un enfouissement de type particulier, sont transformés en vitrifiat inerte. Bref, en banals morceaux de verre. La torche à plasma à arc non-transféré a été mise au point par le géant Aérospatial (maintenant EADS LV), qui en a vendu le brevet à la PME que dirige Didier Pineau. Principale caractéristique: l'engin permet d'atteindre des températures jusqu'à 5000 degrés Celsius. Assez pour briser n'importe quelle molécule, toxique ou pas; d'où l'avantage dans le cas de cendres d'incinérations hautement toxiques. L'autre usage en cours consiste d'ailleurs à éliminer les résidus amiantés. Europlasma est effectivement co-propriétaire de INERTAM, qui gère le seul site en Europe d'inertage des déchets amiantés, à Morcenx, en pleine forêt des Landes à une centaine de kilomètres au sud de Bordeaux. Encore ici, la vitrification fait son oeuvre! La logique de la torche à plasma est toute simple. Par les très hautes températures qu'elle provoque à l'intérieur d'un four approprié, la matière qui y est introduite prend l'état du plasma. C'est quoi du plasma? Le plasma, c'est l'état de la matière à très haute température. Très, très haute température! Un bel exemple: le Soleil est à l'état de plasma... encore bien plus chaud que l'état gazeux. D'ailleurs, lorsque le moment vient de vider le four, on assiste à une véritable coulée de matière en plasma, très semblable à une coulée de métal en fusion (voir photo ici-bas).Mais rapidement, le plasma passe à un état solide qui devient un gros bloc de verre, avec un rendement très intéressant: un mètre cube de cendres se transforme en 25 centimètres-cube de vitrifiat (1m3 devient 25cm3), soit une réduction de 75%.
Une technologie techniquement fonctionnelle, mais que les ingénieurs d'Europlasma voudraient rendre encore moins coûteuse, en perfectionnant la durée et la résistance des fours. Une situation actuellement problématique, car avec les très hautes températures atteintes, l'intérieur des fours se désagrège rapidement et il faut remplacer. C'est coûteux. Actuellement, il n'existe dans le monde que 4 unités en production (2 en France et 2 au Japon) et trois autres sont en construction (une à Morcenx, sur le site d'INERTAM, en France et 2 au Japon). Des ventes de licences du procédé de vitrification ont été faites, en 2000, à Kobe Steel et, en 2002, à Hitachi-Zosen et sept torches ont été vendues encore au Japon en 2001. Il y a aussi le contrat de maintenance d'une torche qui avait été vendue à Peugeot par Aérospatial, il y a 15 ans. (Peugeot fait un usage en métallurgie pour chauffer les cubilots de fonderie. En sidérurgie, les torches à plasma améliorent la compétitivité des fours.) Bref, la trentaine de personnes qui sont à l'emploi d'Europlasma ne chôment pas (50 autres sont à l'emploi d'INERTAM). Europlasma s'occupe de la conception et du montage des torches, mais sous-contracte pour la fabrication. " Et si les débouchés tardent à venir pour le vitrifiat, je pense de plus en plus à m'occuper directement de commercialiser son usage ", confie Didier Pineau, qui évalue à environ 2000 tonnes/an à Cenon et 4000 à INERTAM les volumes de vitrifiat à disposer. Sur le site d'INERTAM, les autorités permettent temporairement la disposition du vitrifiat pour en faire du simple remplissage sur le terrain de l'usine. Pour l'incinérateur de Cenon, c'est une autre histoire. " Des efforts en R&D, le Programme Vivaldi, permettent d'étudier des modes de réutilisation du résidu vitrifié. La piste des dalles bétonnées donne de bons résultats ", explique Didier Pineau. Aussi avant-gardiste qu'audacieux, lui à fait fabriquer pour son épouse une jolie paire de boucles d'oreilles en vitrifiat de déchets toxiques. Une initiative que les Greenpeace de ce monde devraient vite récupérer, voire même la Ville de Bordeaux pour se faire faire des cadeaux originaux, avec de l'impact, pour ses visiteurs de l'étranger ! Mais pour le pdg d'Europlasma, les réalités commerciales l'obligent encore à attendre des autorisations gouvernementales officielles.
En Amérique du Nord, Didier Pineau connaît ses concurrents: Technologie IEC, SOLENA (l'ancienne compagnie GPS), Phoenix Solution, Westinghouse Plasma System, Resorbtion Canada Limited, d'Ottawa, qui utilise des torches pour de la recherche. Et il aimerait bien s'y faire plus présent. " La Semaine de Québec à Bordeaux " lui faisait espérer de voir les autorités de Québec s'intéresser à sa technologie et il n'a pas manqué de se faire lui-même très présent. Comme pour lui donner raison, un professeur d'université présentait, pendant la même semaine, un bilan sur l'usage de la torche à plasma à Bordeaux, lors des 2e Rencontres Champlain-Montaigne. Québec ferait effectivement une très belle tribune technologique pour la torche à plasma d'Europlasma, si son incinérateur en faisait l'acquisition. Est-ce que Québec pourrait se négocier un bon prix, en acceptant de jouer le rôle de vitrine technologique nord-américaine de cette fameuse torche à plasma? Sans doute! Pouvant au surplus compter sur l'expertise et l'expérience de sa jumelle Bordeaux (les deux villes en font mention dans leur plan d'action 2003-2005), Québec aurait une raison supplémentaire de saisir l'opportunité de se faire connaître comme première utilisatrice de cette technologie en Amérique du Nord (qui peut aussi servir pour éliminer les BPC). Cette opportunité, Didier Pineau ne la réserve évidemment pas à Québec en exclusivité. L'homme d'affaires n'a pas caché qu'il entretenait déjà des contacts d'affaires avec Hydro-Québec. Il est vrai que sa torche consomme beaucoup d'électricité: pour l'incinérateur de Cenon, c'est 500 KW/h d'électricité. " À Cenon, l'ensemble de l'opération a nécessité 10 millions d'euros, dont deux pour les études et brevets. Dorénavant, il en coûterait environ 5 M d'euros pour une installation comparable ", répond Didier Pineau. Soit un investissement d'environ 7 millions en $ du Canada.
S'INSPIRER DES RELATIONS INTERNATIONALES FACON BORDELAISE Alors que Québec en compte une petite douzaine, Bordeaux est fière de parler des quelque 50 représentations consulaires sur son territoire. Elle est aussi le siège de l'Institut francophone des nouvelles technologies de l'information et de la formation (INTIF), une constituante de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie (au même titre que l'Institut de l'énergie et de l'environnement, à Québec, www.intif.francophonie.org ). Québec est aussi en pleine réorganisation de ses structures, encore dans la première année de la nouvelle villes issue des fusions. Sa jumelle Bordeaux a sûrement de quoi l'inspirer! C'est une espèce de triumvirat d'organismes qui structure le milieu international à Bordeaux: la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux (CCIB), l'Agence de développement économique Bordeaux-Gironde (BRA - pour Bordeaux Region development agency) et la Ville de Bordeaux. Au surplus, le Conseil régional d'Acquitaine n'est pas sans importance non plus pour tout le territoire d'Aquitaine. Avec une population comparable à Québec, Bordeaux compte pourtant une équipe de 15 personnes à l'international juste à la chambre de commerce. Cette institution fondée en 1705 par un regroupement de négociants et dont le pouvoir est maintenant, par décret, reconnu d'intérêt public. Ainsi, pour ouvrir un entrepôt, il faut un avis de la CCIB, pour agrandir un magasin, il faut aussi un avis de la CCIB. C'est même cette structure privée qui gère l'aéroport, une école de commerce et possède 51% du capital de Vinexpo. Quelque 500 personnes sont employés de la CCIB sur tout le territoire de la Gironde (à l'exception du Libourne). Comment fonctionne la direction internationale? " Au XVIIIe siècle, Bordeaux était déjà une place forte du commerce de la France pour son commerce extérieur vers l'Afrique, l'Amérique et l'Asie à cause de son port. On exportait du vin et importait le cacao et la vanille... " Notre équipe doit assurer la stratégie internationale de la chambre et accompagner nos entreprises ", explique Francis Beunot, responsable du pôle développement des entreprises à l'international et numéro deux de l'équipe, après le directeur des relations internationales et du commerce extérieur, Jean-Christophe Guérin. Exemple de cette stratégie: tous les deux ans, la CCIB organise une grosse " Opération Afrique " en invitant plusieurs chefs d'entreprises africaines à Bordeaux. Ce sont eux qui ont aussi la responsabilité d'accueillir les entreprises étrangères, seule ou en délégation. " On peut avoir une bonne idée du poids du commerce international dans l'économie de l'Aquitaine à partir des chiffres de la douane, qui enregistre quelque 5000 opérations d'entreprises à l'international sur une année. Mais du nombre, la CCIB n'en garde que 2000 à titre d'entreprises actives sur une base régulière ", précise Francis Beunot.
Le deuxième joueur, le BRA, était d'ailleurs initialement une structure interne de la CCIB. En le fondant formellement, en septembre 1996, celui qui le dirige toujours avait fait d'ailleurs de son externalisation une condition. Mais ce BRA autonome a toujours pour double mandat de promouvoir la région et d'y attirer les investissements étrangers. " Il y a cinq ans, personnes des institutions ne se parlaient. Lorsqu'en 1993 on m'avait demandé de prendre les choses en main et de sortir cette structure de la chambre de commerce, j'ai dû attendre trois ans pour que des élections passent et que le contexte soit favorable ", se rappelle le d.g. Robert Ghilardi de Benedetti. Maintenant, à son conseil d'administration de 10 personnes (5 du public et 5 du privé), les langues se délient facilement. Un bloc de 51% du BRA est contrôlé en trois parts égales par la CCIB, la Communauté urbaine et le Département. La Mairie et la région se partagent 25% et le préfet, qui représente l'État un autre 15%. Les cotisations d'entreprises et d'organismes comptent pour le 9% restant (des cotisations modulées variant de 300 à 4 700 euros par année). En plus de son équipe de 15 personnes qui s'activent sur les dossiers internationaux, le BRA n'a pas peur d'utiliser des consultants. Lors de l'entrevue, le d.g. expliquait en avoir un pour la France, deux aux USA et un au Royaume-Uni. Des gens à contrat qui ont mandat de faire le premier repérage pour ouvrir les portes aux experts du BRA qui vont ensuite finaliser les opérations de démarchage. Une très bonne formule, selon Robert Ghilardi. Quels sont les arguments qu'il aime alors servir?
La région de Bordeaux s'active même dans le milieu du pétrole et du gaz. " Eh oui! La forêt landaise fournit 1% des besoins nationaux en pétrole ", nous révèle encore monsieur Ghilardi. Pour le gaz, c'est une autre histoire qui approche malheureusement de sa conclusion: " C'est un gros problème, car le gisement de gaz des Pyrénées s'achève - d'ici 2005 selon les prévisions - et il y a ici une vraie industrie utilisatrice. Pour remplacer cette source d'approvisionnement, le Groupe Total réfléchit pour investir dans un terminal gazié-méthanié au Verdou, le port en eau profonde de Bordeaux. Mais il s'agirait d'un projet de 800 millions d'euros ", explique-t-il. La forêt landaise Et ces arguments attirent-ils des entreprises canadiennes? " Nous avons très peu d'implantations canadiennes. La dernière, c'est le rachat d'une entreprise dans le papier par Cascades, qui s'est retirée depuis et qu'a repris Tembec ", affirme Robert Ghilardi, en sachant que si les entreprises canadiennes se font encore attendres, il a déjà 400 entreprises étrangères installées à Bordeaux. Il pourra aussi peut-être compter sur la prochaine mission économique des gens de Bordeaux à Québec, qui est à l'agenda pour mai 2003, avec en plus une mission " Laser-Optique " prévue pour avril ou mai 2003. En troisième lieu, du côté de la mairie, c'est l'élu responsable des questions économiques qui développe le sujet en entrevue: " S'il y a un effort à faire entre Québec et Bordeaux, c'est sur le plan économique ", tient rapidement à affirmer Jean-Charles Bron. Mais que pense-t-il de l'état des jumelages de sa ville? " Le problème, c'est moins le nombre que la qualité des liens ", précise-t-il, en ajoutant que Bordeaux ne cherche pas à élargir la liste. " Le premier jumelage c'est Bristol, en 1947. Actuellement, les plus actifs sont, je dirais: Munich, Fukuoka, Casablanca, Porto... et Québec, bien sûr! " Bordeaux est aussi officiellement jumelée avec Madrid, Ashdod (ville portuaire d'Israël), Los Angeles, Saint-Pétersbourg, Wuhan (en Chine) et Lima. À quelques pas de son bureau, l'équipe de 9 personnes du Bureau des relations internationales de Bordeaux s'active.
Que sont pour lui les principaux défis économiques de Bordeaux: " le rééquipement commercial du centre-ville et la question du manque d'espace foncier pour accueillir les entreprises ". Aussi adjoint au maire Juppé et vice-président de la CUB, l'élu Bron mentionne à ce dernier titre les 27 hectares du site Alienord d'Aquitaine à aménager sans thématique spéciale. Après quelques décennies sous la gouverne tranquille d'un maire " historique ", Jacques Chaban-Delmas, la ville de Bordeaux en était venue à porter le nom de " ville endormie ". Prenant le pouvoir en 1995, Alain Juppé semble n'avoir lésiné sur aucun moyen pour réveiller ses commettants, remplissant Bordeaux de marteaux piqueurs et de bout de tramway en devenir. Maintenant consacrée 3e pôle de création de richesse en France, 4e région industrielle, dotée d'un aéroport desservant 3 millions de passagers en 2000 vers 30 destinations et jouant le rôle de hub d'Air France pour la péninsule ibérique, avec un port redevenu escale de gros bateaux de croisières (50 en 2002), Bordeaux est bien vivante. Déjà à 3 heures de TGV de Paris, le train n'en mettra pas plus que deux en 2010. LA LIGNE DE TRAMWAY " Ville de Québec " ROULERA À BORDEAUX EN 2003 On ne fête pas 40 ans de jumelage sans échange de cadeaux. Bordeaux a offert une toile, alors que Québec y allait d'une lithographie intitulée " Vol d'oies " de l'artiste Benoît Côté. Mais le maire Alain Juppé ne sait pas arrêté-là. Les gens de Bordeaux avaient eu une autre idée qui ne déplaisait certainement pas à Québec. C'est donc devant un parterre bien garnis en plein dîner officiel à l'hôtel de ville que le premier élu a annoncé que fin 2003, la ligne de tramway " Ville de Québec " roulera à travers Bordeaux! Eh oui, la première des trois lignes du tramway de la ville jumelée à Québec portera officiellement le nom de la Ville de Québec. Un cadeau-surprise fort apprécié. Le futur tramway de Bordeaux utilise d'ailleurs une technologie novatrice d'alimentation électrique par le rail, donc permettant la disparition des fils électriques. Un détail que n'oubliera certainement pas le maire Jean-Paul L'Allier, qui sait aussi que Bordeaux a également une célèbre rue Sainte-Catherine, la rue piétonne qui fait plus de deux kilomètres, en traversant tous le vieux Bordeaux. Donc bravo pour les Trams urbains qui écologiseront davantage la ville, graduellement, au rythme des longs travaux qui se termineront en 2006; mais aussi pour ces minibus électriques à tarif unique qui desservent déjà le coeur historique et touristique de la ville, en s'arrêtant n'importe où sur demande au long de la ligne bleu de son tracé carrément peint sur la chaussée. Une initiative, cette dernière, qui a enchanté le maire de Québec, parlant de cette " petite ligne bleu magique " en pensant aux 900 gros autobus touristiques qui envahissent le Vieux-Québec l'été. Et encore bravo pour l'immense Place des Quinconces que bordent deux forêts urbaines qui sont, en fait, des stationnements que bien dissimulés. Voilà de bien beaux gestes verts, à l'honneur de la ville jumelle, mais qui ne compensent sans doute pas pour toutes les bouteilles de verre jetées aux ordures. À vue d'oeil, le mot recyclage ne semble pas encore bordelais! Au surplus, avec ses WC à presqu'un $ (0,50 euro), la gare de la SNCF-Saint-Jean de Bordeaux vous donne justement comme un goût de modérer votre consommation de vin et de bouteilles! Petits constats d'étranger qui imposent de souhaiter que le jumelage Québec-Bordeaux continue d'apporter des bonnes idées dans les deux sens! SIGNATURE D'UN 2E PLAN TRIENNAL D'ACTION ENTRE LES DEUX VILLES En 1999, les deux villes avaient signé un premier Plan d'action comprenant 52 projets. Selon la mairie de Québec, c'est finalement 88 projets qui auront vu le jour pendant les trois années 1999, 2000 et 2001. Le nouveau plan triennal mentionne une soixantaine de projets touchant l'administration du territoire, l'éducation, l'économie, la culture, les hôpitaux, la jeunesse et l'action sociale. Le Tableau 1 présente le contenu de ce " Plan triennal d'action " tel qu'il était lors de sa signature début octobre: Tableau 1 NB: sont présentés en caractère gras, les projets qui ont retenu favorablement l'attention de la Commission Permanente de Coopération Franco-Québécoise, lors de sa 58e session, le 09/11/2000. Ces projets devraient faire l'objet d'un co-financement du ministère français des Affaires étrangères, voire du ministère québécois des relations internationales. I. COOPÉRATION ENTRE ADMINISTRATIONS TERRITORIALES
II. ÉCONOMIE
III. ÉDUCATION ET ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
IV CULTURE
V. HÔPITAUX ET MÉDECINE
VI. ACTION SOCIALE
VII. JEUNESSE ET SPORT
Une des belles réalisations du plan de coopération précédent fut l'envoie d'une vingtaine de stagiaires de Québec en boulangerie et charcuterie pendant trois mois. Au moins une des stagiaires à depuis ouvert sa propre boulangerie, sur la Rive-Sud de Québec, confirme Berthe Bernatchez, la directrice des services de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes à la Commission scolaire de la Capitale, présente à Bordeaux pour rechercher d'autres bonnes pistes de stages pour ses étudiants. Parmi les résultats plus certains, on sait maintenant que la région de Québec a le feu vert pour sa participation au prochain Salon du Bourget, aux côtés de Bordeaux, qui a déjà ses entrées à cette foire mondiale de l'aéronautique. Bordeaux et la ville russe de Saint-Pétersbourg sont jumelées depuis 1992. Les autorités se sont arrangées pour faire en sorte que le gouverneur de la ville russe, Vladimir Yakovlev, se rende officiellement à Bordeaux - d'ailleurs pour une première fois! - en même temps que le maire de Québec. Les trois élus réunis se sont rencontrés et ont signé un accord tripartite de coopération pour utiliser la prochaine année à approfondir des sujets d'échanges communs. Saint-Pétersbourg fêtera en 2003 le tricentenaire de sa fondation. Le maire L'Allier doit d'ailleurs s'y rendre, à la tête d'une délégation de Québec, en mai. Accord tripartite Bref, le jumelage Québec-Bordeaux est actuellement en pleine santé. Jusqu'au milieu des années 80, on résume la chose " ...qu'à une relation de registres sans réelle existence sur le terrain ". En 1986, la formation d'un comité Québec-Bordeaux de chaque côté de l'Atlantique avec mission de dynamiser le jumelage amorce un certain rapprochement. C'est finalement le choc des maires actuels qui animera réellement la relation Québec-Bordeaux. Des missions économiques dans chaque sens en 1996 donnent un signal de dynamisation qui ne démord plus depuis (Noël québécois à Bordeaux en 1997, coopération touristique en 1998, Printemps du Québec en France avec plusieurs activités à Bordeaux en 1999, signature du programme triennal en 2000, événement Québec-Bordeaux Côte à côte en 2001).
IMMIGRATION: OPÉRATION BORDEAUX COUTE QUE COUTE Étrangement, il s'en est fallu de peu pour que " La Semaine de Québec à Bordeaux " devienne une belle occasion manquée, en matière de sensibilisation à l'immigration à Québec! Depuis un an chef de la promotion du service d'immigration de la Délégation générale du Québec à Paris, Manon Boucher se rappelle, autour de février-mars 2002, avoir rencontré des représentants de la Chambre de commerce de Québec (CCQ), venus présenter leur démarche proactive. En août, elle téléphonait à la Ville de Québec pour savoir s'il y aurait un volet immigration lors de la " Semaine à Bordeaux ". La réponse fut: " Si c'est le cas, c'est la CCQ qui sera responsable. " " J'ai ensuite tenté de rejoindre la personne responsable à la chambre de commerce, sans réponse... J'ai donc décidé de m'arranger toute seule. " Sans demander de permission à personne, elle a loué une salle à Bordeaux avec l'aide d'Espace Emploi International, une équipe de fonctionnaires français spécialisés avec qui elle a l'habitude de travailler, pour organiser une soirée d'information qui adonnait en même temps que le passage des Québécois. Elle a fait son travail, quoi, en profitant d'un excellent " timing ". Malheureusement, elle est restée seule et la Ville de Québec n'aura que très peut profité de cette belle occasion de marquer des points. Manon Boucher s'est tellement arrangée seule que ce n'est que le lundi 23 septembre qu'elle croise, par hasard, l'attachée de presse du maire de Québec, elle aussi à la délégation générale du Québec à Paris pour finaliser le programme, et lui apprend qu'elle tiendra cette soirée d'information à Bordeaux, le mardi 1er octobre. Les réflexes bien aiguisés, Luci Tremblay lui a automatiquement dit: " O.K.... Monsieur L'Allier va être là! ". Le maire de Québec fut effectivement présent, modifiant son agenda en conséquence pour pouvoir venir saluer une salle comble pendant une quinzaine de minutes. L'honneur était sauvé! On appelle ça attraper un train au passage à quelques kilomètres de l'arrivée! Si l'anecdote démontre la volonté du maire Jean-Paul L'Allier d'être présent à des activités faisant la promotion de l'immigration à Québec, elle montre aussi qu'il a fallu dans ce cas que l'initiative vienne d'ailleurs, pas des principaux intervenants de la région de Québec. Il y avait, de plus, de manière évidente, de la confusion entre la Ville et la CCQ. La machine n'est manifestement pas rodée. Peut-être parce que la France n'est d'ailleurs pas l'objectif premier de la Chambre de commerce de Québec, qui identifie d'abord l'Europe de l'Est pour répondre aux besoins de la région de Québec.
UN " TGV POUR QUÉBEC " MANQUÉ Le lendemain, de 9h à 17h, Manon Boucher poursuivait son opération Bordeaux et offrait encore une initiative spéciale baptisée " Un TGV pour le Québec ". Dans les bureaux d'Espace Emploi International et avec un autre petit coup de main de la responsable de ce service, Catherine Galharret, elle a rencontré immédiatement les gens ayant leur formulaire rempli à la main en l'évaluant sur le champ, leur épargnant une démarche administrative qui impose normalement deux à trois mois d'attente. L'occasion était rêvée de voir aussi un représentant de la Ville de Québec y tenir en même temps une journée " Un TGV pour Québec ", rencontrant et informant du coup tous ces demandeurs de nouvelle citoyenneté en espérant les attirer jusqu'à Québec. Au moins cinq équipes de journalistes, de France et du Québec, sont venues faire leur travail en parallèle à celui de Manon Boucher. Mais personne de la ville de Québec. On peut encore parler d'une belle occasion manquée. Après sa journée exténuante d'entrevues, Manon Boucher avait encore le sourire pour faire immédiatement le bilan devant trois journalistes qui avaient hâte de savoir: " J'ai une très bonne moyenne avec 59 acceptations et 7 refus et six ou sept personnes sont reparties avec le formulaire pour réfléchir davantage ", annonce-t-elle visiblement satisfaite. Le taux de passage de cette première étape - tout à fait gratuite - est généralement autour de 55%. Était-elle surprise de voir cette salle comble le soir d'avant? " La salle, hier, c'était une bonne salle, mais pas une surprise. C'était comme à Nice, à Marseille ou Lyon ", commente Manon Boucher. À coup de 200-300 personnes, son cheminement face à l'objectif du Québec d'accueillir toujours plus d'immigrants semble fait de pas substantiels. Et pour cette fois à Bordeaux: mission accomplie! D'un jour à l'autre environ 60 personnes recevront leur invitation à déposer officiellement une Demande de certificat de sélection, en n'oubliant pas d'y inclure les 300$ de frais. Dans environ six mois, une bonne proportion (autour de 85% seront sélectionnés) s'apprêtera à partir vivre au Québec. Sans doute moins à Québec que si la ville avait été plus proactive à les attirer jusque dans la capitale, un certain mercredi 2 octobre tout ensoleillé de 2002! UN DOCTORAT D'HONNEUR POUR JEAN-PAUL L'ALLIER " Le local est la nouvelle horloge du temps mondial, sent Jean-Paul L'Allier, en devenant maire en 1989 ", selon l'éloge qui lui fut fait à l'Université Montesquieu à l'occasion de sa première remise d'un Doctorat honoris causa. Le maire de Québec a aussi pu savourer pour la première fois de sa vie un tel honneur en compagnie de ses amis de Bordeaux durant " La Semaine de Québec à Bordeaux ".
Dans son discours de réponse, Jean-Paul L'Allier a tenu à rappeler que selon-lui: " La ville d'avenir est une ville qui a un devoir international. Le devoir de chercher des partenaires avec qui elle peut avoir un maximum d'échanges ". Des mots qui résonnaient très bien dans ce contexte de fête de 40 ans de jumelage entre les villes de Québec et de Bordeaux. RENCONTRES CHAMPLAIN-MONTAIGNE: LA 2E ÉDITION CONFORTE LA FORMULE Le premier défi de cette seconde édition des Rencontres Champlain-Montaigne était certainement de démontrer la pérennité du jeune événement. En février 2000, la signature de l'entente créant cette initiative transatlantique de partenariat universitaire démarrait un cycle: Québec en septembre 2001 et Bordeaux en septembre 2002. Un cycle introductif, volontairement plus rapproché, qui laissera dorénavant place à un rythme biennal: les 3e Rencontres Champlain-Montaigne seront à Québec en 2004, les 4e à Bordeaux en 2006 et il y aura retour à Québec en 2008, en cette année de son 400e anniversaire de fondation. La participation à Bordeaux aura été plus soutenue que celle à Québec en 2001. C'est déjà une bonne nouvelle. Mais les organisateurs ont compris que la direction à prendre est celle de spécialiser les " Rencontres " sur des thèmes plus spécialisée à l'avenir. Il ne serait pas surprenant que l'événement de 2004 soit appelé sur le thème de l'agroalimentaire et le nutraceutique, par exemple. Mais ce sont des choses qui restent à être confirmé. Chose certaine, l'événement est maintenant là pour rester. Les deux journées de présentations scientifiques à Bordeaux auront, par exemple, révélé les dessous de cette impressionnante histoire " Des photons au pays du vin "! Le projet de LASER MEGA JOULE (LMJ), ce megalaser qui fera 300 mètres de longueur et coûtera au moins 2,5 milliards d'euros, fait en effet vibrer beaucoup de monde à Bordeaux. Depuis la décision politique de son implantation à Bordeaux, en 1995, ça bouge (particulièrement parce que la vision politique imposait aussi que le LMJ, militaire, développe une application civile en accompagnement): 1996 lancement du projet ELIA; 1998 création du CELIA (Centre lasers Intenses et Application). Il y a aussi la PALA: Plate-Forme d'Application Laser en Aquitaine, mise sur pied pour appuyer et développer l'industrie. Une industrie qui a déjà des noms dans le secteur privé: Dix-Quinze, Novalase, Amplitude Systèmes, Syclope Électronique, Laser Technologies et St-Gobain sont déjà des entreprises bien vivante à Bordeaux autour de cette filière pleine de promesses. On parle même d'une " Route des lasers " entre Bordeaux et Arcachon! Belle initiative de cette seconde édition des Rencontres Champlain-Montaigne, l'implication de quatre jeunes de Québec dans des ateliers parallèles sur les problématiques jeunesses. Un succès de foule! Une des contributions qui impliquaient le Conseil régional de concertation et développement de Québec (CRCDQ) qui montre bien toute la profondeur que peut avoir l'effet d'un jumelage entre deux villes. Autre exemple de ce foisonnement de liens divers: le Diplôme
d'études supérieures en affaires publiques et représentation des intérêts,
un programme offert conjointement par l'Université Laval et l'Institut
d'études politiques de Bordeaux depuis l'automne 2002. Le
programme s'adresse aux praticiens et futurs praticiens qui visent un
complément de formation permettant précisément d'arrimer une première
formation universitaire à une pratique de représentation plus efficace en
société et en rapport avec les instances de décision politique. Son
directeur est le professeur de science politique |