Prolab Technologies par Vincent Doyon
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Que de changements pour Prolab au cours des derniers mois! En effet, cette entreprise de Black Lake vient de procéder à une réorganisation complète de son réseau de distribution et de ventes, en plus de s’inscrire officiellement à la Bourse de Montréal. On se souviendra sûrement des années 2000 et 2001 comme des années-charnières dans l’historique de cette compagnie spécialisée dans le développement, la production et la distribution de produits chimiques, lubrifiants et traitements de haute performance. La plupart des gens connaissant Prolab l’identifie comme étant principalement un fabricant de lubrifiants, alors que la majorité de ses activités se concentre autour du développement technologique. Précisément, plus de 10 millions $ ont été investis en R&D au cours des sept dernières années afin de mettre au point des produits concurrentiels. Toutes les étapes sont réalisées à partir de l’usine située dans la région de l’Amiante; développement, production et distribution des produits qui se veulent uniquement de haute performance. “C’est notre niche, nous ne concurrençons pas les grandes sociétés pétrolières. Nous visons principalement trois marchés, soit les marchés industriel, de l’automobile et de l’oléochimie”, souligne Charles Boulanger, vice-président exécutif et chef de l’exploitation. Gestionaire dans la jeune quarantaine, il habite maintenant à Sillery et brasse une bonne partie de ses affaires dans la capitale québécoise.
D’UN BESOIN À UNE SOLUTION La fabrication des nombreux produits de Prolab s’effectue à partir de gras usés, une matière qui est pratiquement inépuisable et qui provient principalement de l’industrie alimentaire. En la transformant et en la recyclant grâce à des procédés technologiques complexes réalisés en laboratoire, on lui procure une valeur ajoutée importante. Ce qui est particulier, c’est que l’évolution de Prolab se distingue de la plupart des compagnies qui oeuvrent dans le domaine du recyclage. D’habitude, les entrepreneurs se retrouvent avec une matière recyclable au départ (les gras usés, dans le cas de Prolab) et tentent de mettre au point des produits découlant de cette matière. Pour Jean-Guy Grenier, président de Prolab, ce fut l’inverse. En 1993, afin de fournir au CN des biolubrifiants, il a dû remonter le cours des étapes en apprenant à fabriquer ces produits, jusqu’à parvenir à une source initiale, qui en plus se voulait environnementale, c’est-à-dire les gras usés. “En 1993, le CN a demandé à M. Grenier s’il était possible d’avoir une graisse biodégradable pour injecter sur les roues de wagons de chemins de fer, en particulier sur les longs convois de l’Ouest, explique M. Boulanger. En bon entrepreneur beauceron, il a accepté d’en produire, ne sachant absolument pas comment procéder. Il s’est donc associé avec une équipe de l’Université de Sherbrooke et de Kemestrie pour développer des formulations de biolubrifiants, et c’est ainsi que l’histoire a commencé.”
Pour atteindre cet objectif, des années de R&D ont été nécessaires. Le coût du marché pour les biolubrifiants étant trop variable, le fondateur décida de créer la matière première, soit l’acide azélaique. L’équipe a donc dû mettre sur pied un second programme de R&D, en collaboration avec Hydro-Québec. Bien que le procédé développé fut valable, son coût de transformation en biolubrifiant était encore trop cher. Il fallait donc trouver le moyen de fabriquer la matière première, soit l’acide oléique, ce qui a nécessité une autre année de R&D. Finalement, on est parvenu à la base, soit les gras usés. Bilan: sept années de recherche et développement et un investissement de 10 millions $. Une démarche beaucoup plus longue et beaucoup plus chère que ne l’avait prévu M. Grenier au départ, mais qui rapportera des dividendes à long terme. L’AN 2000: UN VIRAGE STRATÉGIQUE Au cours des dernières années du 20e siècle, les ventes de Prolab stagnaient. Plusieurs facteurs pouvaient expliquer ce phénomène, dont le réseau de distribution qui n’était plus convenable. L’an 2000 a donc été marqué de plusieurs événements majeurs, incluant l’inscription à la Bourse de Montréal en juillet et la restructuration corporative. Entre autres, on a procédé à l’ouverture de nouveaux réseaux de distribution, au renforcement de l’équipe de direction, à la nomination des administrateurs externes, à l’implantation d’un système intégré de gestion, à la rationalisation des produits et au lancement du projet d’une nouvelle usine via une filiale: Prolaïk.
Maintenant, alors que Prolab Technologies s’occupe de la recherche, ses deux filiales, Technolub et Prolaïk, complètent le portrait. La première se concentre sur la production, la distribution des lubrifiants ainsi que le traitements et ses opérations sont effectuées à l’intérieur des locaux du siège social. Récemment, elle a conclu deux ententes de distribution importantes, avec Rona et Cycles Lambert, qui s’ajoutent à celle réalisée avec UAP, à l’échelle nationale. Il faut également mentionner l’acquisition des produits de la société E.Q.U.I.P. International Inc., qui produit des lubrifiants industriels spécialisés pour le marché du Québec.
Pour sa part, Prolaïk produira des matières de base recyclées à partir de résidus de gras, afin d’assurer l’approvisionnement de Technolub. On construira une nouvelle usine pour abriter les activités de Prolaïk, sur un terrain de Black Lake, entre la voie ferrée et la piste cyclable. Un projet qui nécessite un investissement de 25 millions $ et dont la construction devrait débuter au cours de l’année prochaine.
OPTIMISER LE RÉSEAU D’APPROVISIONNEMENT Le contrôle de la matière première; voilà un principe qui est fondamental pour Prolab. C’est pourquoi la compagnie procédera au cours des prochains mois à l’acquisition de réseaux de distribution et de collecte de gras usés. “Nous allons avoir une quinzaine d’usines-satellites qui vont amasser des graisses pour nous aux États-Unis et à Montréal. On prend des participations dans les réseaux de collecte de graisse et nous modifions les usines pour qu’elles correspondent à nos critères d’admissibilité de la matière première à notre usine. Nous avons testé et analysé des matières premières qui proviennent d’environ 80 partenaires potentiels aux États-Unis”, précise M. Boulanger.
L’acquisition d’une entreprise de la Californie, XP Lab, vient tout juste d’être confirmée
L’un des premiers résultats en ce sens est la récente entente pour l’acquisition de l’entreprise XP Lab de San Diego, en Californie. “Ce qui nous a surtout intéressés dans cette acquisition est leur réseau de distribution en Amérique du Sud, comprenant une quinzaine de distributeurs répartis dans autant de pays. C’est un réseau simple, léger et efficace.”
Bien sûr, Prolab prévoit d’autres acquisitions sous peu. De plus, deux campagnes publicitaires majeures verront le jour bientôt, l’une destinée principalement à la région de Montréal, et l’autre au reste du Québec.
Employant une cinquantaine d’employés, l’entreprise de Black Lake est bien implantée dans sa région, une implantation qui sera d’autant plus solidifiée avec la venue d’une seconde usine, celle de Prolaïk. Elle commandite également une équipe de hockey qui porte son nom et qui évolue dans la Ligue de Hockey Semi-Professionnelle du Québec. |