Accès Tunisie et
Europe par Daniel Allard
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Les
deux fondateurs de Groupe Conseil Nexus, Slim Saïdani et Saïf
Mallek, opèrent leur jeune entreprise d’accompagnement en commerce
international depuis moins de deux ans. En choisissant de se lancer en
affaires dans le difficile milieu de la consultation professionnelle en se
spécialisant et en offrant d’abord uniquement le marché de la Tunisie,
ils devaient sûrement savoir des choses que biens des gens d’affaires
québécois ne maîtrisent pas. Car le succès est au rendez-vous.
Pourquoi? La
Tunisie doit maintenant être considérée comme un tremplin vers
l’Europe et c’est exactement ce qu’ils offrent à leurs clients. Comme
le Canada avec les États-Unis, la Tunisie profite énormément de son
accord de libre-échange avec l’Union européenne (UE), en vigueur
depuis le 1er mars 1998. La Tunisie, avec son soleil prisé,
n’est donc pas seulement la 1re destination touristique au
sud de la Méditerranée. Elle est aussi le 1er fournisseur des
pays de l’UE en pantalons de ville et le 5iem fournisseur en
produits d’habillement. Et les deux fondateurs de Groupe Conseil Nexus
voient d’ailleurs une complémentarité entre les économies tunisienne
et québécoise: «Dans l’industrie du textile, il y a un potentiel de
maillage important... Mais ce n’est pas tout. La Tunisie, c’est aussi
un pays francophone», rappellent-ils, avant d’énumérer formellement
une liste d’avantages à considérer la Tunisie comme porte d’entrée
industrielle vers l’Europe: 1er
avantage:
prime de 20% - avec une autre subvention de 15% supplémentaire si on va
investir en zone éloignée - sur les investissements; 2iem
avantage:
absence pour l’entreprise d’impôt et de taxe pour 10 ans; 3iem
avantage:
main-d’oeuvre la plus compétente d’Afrique (avant celle de
l’Afrique du Sud, selon une étude publiée au Forum économique
mondial de Davos, en 1998); 4iem
avantage:
charges sociales pour les employés prisent en charge par l’État pour 5
ans; 5iem
avantage:
subvention de 33% pour le fret maritime et de 50% pour le fret aérien
(des conditions exceptionnelles semble-t-il encore tolérées par l’Organisation
mondiale du commerce parce que la Tunisie a très peu de ressources
naturelles et qu’elle agit ainsi pour se donner un avantage
concurrentiel). Le
Rapport 1998 sur la compétitivité en Afrique élaboré par le
Forum économique mondial de Davos classait d’ailleurs la Tunisie au
second rang de tous les pays dits «africains» (juste derrière l’Ile
Maurice et devant le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud, alors en
cinquième place). Économie libérale et dynamique, la Tunisie a aussi
pris de vitesse le Maroc, qui vient tout juste de conclure un accord de
commerce avec l’UE. Grâce à des accords bilatéraux conclus en 1998 et
1999, des zones de libre-échange s’instaurent par ailleurs
graduellement non seulement avec le Maroc, mais avec la Jordanie et l’Égypte.
À plus long terme, il faut aussi garder en mémoire l’intention de
mettre en place, d’ici l’an 2010, une vaste zone de libre-échange
euro-méditerranéenne (séries d’accords entre l’UE et les pays sud-méditerranéens)
pour plus de 800 millions de personnes, qui va projeter la Tunisie dans
une position stratégique encore plus avantageuse. La
Tunisie bénéficie également de réductions tarifaires consenties dans
le cadre du Système Généralisé de Préférence (SGP) pour les
produits manufacturés, agricoles et artisanaux avec l’Australie, le
Canada, les États-Unis, le Japon et la Suisse. Pointe
nord-africaine, d’ailleurs à la même latitude que la Sicile, comptant
9,5 millions d’habitants dont plus du tiers ont moins de 16 ans, ce pays
est géographiquement une sorte de «banlieue» au sud immédiat du centre
de l’Europe. Le détroit de Sicile sépare d’ailleurs la Tunisie et
l’Europe de seulement 140 kilomètres. Tunis, sa capitale de 2 millions
d’habitants, n’est qu’à une heure d’avion de Rome (le même temps
qu’un vol Québec-Montréal), à 2 heures de Barcelone, 2h10 de Paris et
2h40 de Bruxelles. Et quel Québécois refusera de faire des affaires dans
un pays à la température moyenne de 12 Celsius en hiver et de 29 Celsius
en été? Représentation
économique de Tunisie à Montréal |