Groupe Conseil Nexus Inc.
Deux entrepreneurs de Québec se font une place au soleil en visant les pays dits "moins avancés"

par Daniel Allard

 

Savoir qu’en 18 mois, deux jeunes entrepreneurs récemment installés à Québec ont réussi à s’établir en affaires dans le difficile milieu de la consultation et des bureaux d’études en affaires internationales a quelque chose de très encourageant. Particulièrement pour l’image de la santé économique générale de la grande région de Québec.

Mieux, Slim Saïdani et Saïf Mallek ont réussi en offrant aux exportateurs québécois un accompagnement vers une unique destination d’affaires, au surplus «exotique». Ceci a sûrement à voir avec la démonstration de l’atteinte d’une certaine maturité de l’économie et du milieu des gens d’affaires de la région. Ceci prouve assurément que les efforts de diversification de l’économie de la région de la capitale donnent des résultats. Ceci confirme surtout que la détermination, la compétence et la débrouillardise conduisent encore à des succès en affaires!

La Tunisie, leur pays d’origine, aura été leur première et unique carte de visite. Et avec succès. La liste des entreprises de la région de Québec qu’ils ont accompagné dans la dernière année sur le marché tunisien et ailleurs est déjà impressionnante: Amadeus International, DMR Consulting Group Inc., Dolbec Logistics International, Gespro, Entrepreneuriat Laval, MLemieux, Québec Expérience et Royal Mat. Et la liste de leurs clients de l’extérieur et de l’étranger n’est pas moindre: IrisScience, Bayramlar Group, CATT, Cynex Software, Nomvuyo Molefe Associates, SIL Industriel, SOPAL, X-Vision et Walla Walla Environmental

C’est vrai que les jeunes entrepreneurs avaient mis une autre carte dans leur manche: «Au départ, nous avons aussi eu comme stratégie de ne pas réclamer de salaire avant les résultats. On a dit à nos premiers clients, on vous facturera lorsque l’argent rentrera chez vous également...», raconte Saïf, en laissant toute la paternité de cette idée audacieuse à son partenaire Slim, qui tenait manifestement à ce que ce soit ainsi... et qui a tenu son bout.

Ayant lui-même fondé, en 1993, sa propre maison de commerce, SINBAD Négoce International, en achetant d’abord du saumon, des couches et des petits pots de nourriture pour bébé, des feuilles d’aluminium et des vêtements de sport... tout cela parallèlement à la poursuite de ses études, Slim Saïdani a eu le réflexe d’accumuler très tôt de l’expérience en commerce international. En 1997, il se joint à l’entreprise d’André Roberge et fils, le bureau de consultants à l’international ACCIE (Agence canadienne de consultation pour l’investissement étranger) où il accepte les responsabilités de vice-président Afrique et Moyen-Orient. Il y prend encore de l’expérience, surtout dans des dossiers de transfert de technologie, pendant deux ans, jusqu’à la création de Nexus.

En 1999, une bonne étoile veut que son compatriote tunisien Saïf Mallek, pour sa part tout juste finissant à l’Université Laval et aussi changé de cours, utilise la banque de données du gouvernement du Canada dédiée au commerce international, STRATÉGIS, à la recherche d’un partenaire pour se lancer en affaires. Il y trouve les coordonnées d’un certain Slim, aussi tunisien, qu’il ne connaît pas encore, mais qui a comme lui l’avantage de se trouver à Québec. «C’est véritablement comme ça que j’ai trouvé Slim, pour ensuite rapidement le convaincre de lancer notre entreprise. Dès notre première rencontre, j’ai eu la certitude que je venais de trouver la personne que je cherchais», raconte Saïf Mallek.

Leur idée de départ: fonder un bureau d’étude avec une valeur ajoutée, c’est-à-dire offrir une division étude, complétée par une division démarches et résultats. Et c’est ce qu’ils font à partir de mars 1999. En choisissant aussi de se donner immédiatement pignon sur rue. En choisissant aussi de ne pas piler sur les plates-bandes des autres consultants à Québec.

«Nous ne touchons pas aux marchés des États-Unis. Notre approche n’est pas d’offrir ce qui l’est déjà par d’autres entreprises de la région. Nous, nous offrons l’accompagnement vers les pays en développement. C’est notre spécialité», explique Slim Saïdani, maintenant PDG de Groupe Conseil Nexus Inc.

Le duo a aussi fait le choix stratégique de se donner pignon sur rue sans attendre, afin de donner confiance à sa clientèle. «Nous sommes là, nous avons une adresse bien visible sur l’avenue Maguire, à Sillery, et les gens savent que nous serons encore là le mois prochain. Nous ne voulions pas être comme de nombreux consultants, qui travaillent dans le sous-sol de leur maison», justifient-ils.

Ce choix d’une adresse de prestige sur la principale artère de Sillery, au 1315, a d’ailleurs été possible principalement grâce à la compréhension et à l’appui du propriétaire du bâtiment, qui a su être très patient durant les cinq premiers mois du bail. Un beau geste de solidarité en affaires qu’il ne regrette sûrement pas aujourd’hui!

C’est ainsi que l’un, nouveau gradué d’un MBA en marketing international, et l’autre, diplômé d’un baccalauréat en science appliquée en consommation et d’une formation technique en commerce international du Collège Bart de Québec, ont aujourd’hui la fierté de dire qu’en moins de deux ans, ils ont réussi à bâtir leur propre entreprise avec la certitude que la crédibilité est déjà un acquis.

«On a deux fois refusé de faire une étude pour des clients, car après une analyse sommaire, nous jugions que ça ne valait pas la peine», ne cache pas monsieur Mallek, en montrant le haut professionnalisme qu’il s’impose.

VOIR LA TUNISIE COMME UN TREMPLIN VERS L’EUROPE

Leur succès avec la Tunisie doit beaucoup au fait qu’il réussissent à faire comprendre aux gens d’affaires québécois que la Tunisie est un excellent tremplin vers le marché de l’Union européenne (UE). Comme le Canada avec les États-Unis, la Tunisie profite énormément de son accord de libre-échange avec l’UE, en vigueur depuis le 1er mars 1998.

La Tunisie, avec son soleil prisé, n’est donc pas seulement la 1ère destination touristique au sud de la Méditerranée. Elle est aussi le 1er fournisseur des pays de l’Union européenne en pantalons de ville et le 5ième fournisseur en produits d’habillement. Et les deux fondateurs de Groupe Conseil Nexus voient d’ailleurs une complémentarité entre les économies tunisienne et québécoise: «Dans l’industrie du textile, il y a un potentiel de maillage important... Mais ce n’est pas tout. La Tunisie, c’est aussi un pays francophone», rappellent-ils, avant d’énumérer formellement une liste d’avantages à considérer la Tunisie comme porte d’entrée industrielle vers l’Europe:

1er avantage: prime de 20% - avec une autre subvention de 15% supplémentaire si on va investir en zone éloignée - sur les investissements;

2ièm avantage: absence pour l’entreprise d’impôt et de taxe pour 10 ans;

3ièm avantage: main-d’oeuvre la plus compétente d’Afrique (avant celle de l’Afrique du Sud, selon une étude publiée lors du Forum économique mondial de Davos, en 1998);

4ièm avantage: charges sociales pour les employés prisent en charge par l’État pour 5 ans;

5ièm avantage: subvention de 33% pour le fret maritime et de 50% pour le fret aérien (des conditions exceptionnelles semble-t-il encore tolérées par l’Organisation mondiale du commerce parce que la Tunisie a très peu de ressources naturelles et qu’elle agit ainsi pour se donner un avantage concurrentiel).

«Et il ne faut que 43% d’apport dit tunisien pour que la marchandise puisse entrer en Europe sans droit de douane», ajoutent encore les deux spécialistes de ce pays.

Cette impressionnante liste d’avantages a déjà convaincu quelques entreprises de la région de Québec. Elles sont maintenant passées en mode action vers la Tunisie. Royal.Mat, en Beauce, a par exemple un projet d’usine, actuellement à la phase d’étude, pour produire des panneaux d’isolation en caoutchouc recyclé pour le marché de l’UE. Également dans le cadre des mécanismes du Programme de coopération industrielle de l’ACDI, l’équipe de Nexus s’occupe d’un autre projet de transfert de technologie impliquant SaniMétal, qui en est à ces débuts dans ce dernier cas.

Encore aujourd’hui, 80% de leurs affaires origine du commerce Tunisie-Canada. «Nous avons également eu un mandat d’une firme tunisienne pour la construction de deux chalutiers, selon un cahier de charges très précis. Nous avons donc fait le tour du Québec, à la recherche du meilleur chantier disponible, mais finalement c’est vers le Texas que nous avons dirigé notre client», raconte Saïf Mallek. Mais leur carte de visite présente aussi des réalisations ailleurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

LES AFFAIRES SONT AUSSI BONNES EN AFRIQUE DU SUD, EN CHINE, À CUBA ET EN COTE D’IVOIRE

Ils ont aussi à leur actif un troisième projet de transfert de technologie, toujours dans le cadre des mécanismes du Programme de coopération industrielle de l’ACDI, à Cuba, avec l’entreprise M. Lemieux inc., dans un projet de construction d’une usine de vis et écrous. Une entreprise partenaire avec laquelle ils planifient même l’ouverture conjointe d’un bureau permanent dans ce pays des Caraïbes.

Mais Cuba n’est pas le seul exemple de leur capacité à couvrir le monde entier: «Nous avons également réalisé un mandat d’établissement de prix pour des boulons pour M. Lemieux inc., en Chine». Depuis, ils reçoivent une commission sur chaque commande.

Nexus fait aussi avancer les procédures pour se développer du côté de l’Afrique, en Côte–d’Ivoire: «Nous sommes qualifiés pour le programme FAMEX de la Banque mondiale, non seulement en Tunisie, mais aussi pour la Côte-d’Ivoire. Et un des membres-experts de notre équipe est d’ailleurs à Abidjan en permanence», poursuit Slim Saïdani. Et ce mois-ci, en mai, il a prévu retourner en Afrique du Sud, avec un client de Québec, pour finaliser une vente actuellement en négociation.

«Il est donc possible qu’en 2001 seulement, nous finissions l’année avec quatre bureaux: Québec, Cuba, Tunisie et Côte-d’Ivoire», avance avec plein d’assurance le PDG, qui explique également vouloir développer le créneau de la veille et celui de l’impartition. Bref à moyen terme, ils ont la vision d’affaires d’une petite multinationale de la consultation en commerce international!

Il ne faut donc pas se surprendre que le nom qu’ils ont trouvé pour leur entreprise, NEXUS, est un mot technique en informatique signifiant «connexion».

Parlant de «connexion», les deux fondateurs de Nexus rêvent aussi d’une «zone franche», comme à Mirabel, mais cette fois quelque part dans la Beauce, près de la frontière américaine. L’idée est lancée!

LE RÉSEAU NEXUS

Actuellement, outre les deux fondateurs, l’équipe de Nexus compte aussi quatre autres professionnels: Jean Joncas, Vice Président, Agroalimentaire, Emir Ghauzia, Directeur de Projets – Associé, ainsi que Alla Séne Gueye et Joseph Patrick Moulod, à titre de conseiller.

Cette équipe en poste à Québec approfondit aussi son expertise à partir d’un réseau international de partenaires actifs en Allemagne, en France et au Moyen Orient (ÉAU et Syrie):

  • Phoenix Group, un regroupement d'entreprises actif sur le marché de la Syrie, impliquant M. Tarek Nizameddine;

  • A-Z-Consulting, une firme de consultation en management et en commerce international en Allemagne, impliquant Mme Alexandra Zimmer;

  • Groupe Al Mazroui, des Émirats Arabes Unis, spécialisé dans le commerce international dans plusieurs pays du Moyen Orient, impliquant        M. Abdelouahab Bouftass;

  • Agence du Commerce International (ACI), qui, en France, propose des services - opportunités d'affaires, offres de partenariats, base de données d'entreprises exportatrices, pack export, veille commerciale - via un club de facilitation d'affaires permettant aux entrepreneurs et aux décideurs francophones de se développer sur de nouveaux marchés, impliquant M. Emmanuel Guillard.

www.groupe-nexus.qc.ca