Savoir
qu’en 18 mois, deux jeunes entrepreneurs récemment installés à Québec
ont réussi à s’établir en affaires dans le difficile milieu de la
consultation et des bureaux d’études en affaires internationales a
quelque chose de très encourageant. Particulièrement pour l’image de
la santé économique générale de la grande région de Québec.
Mieux,
Slim Saïdani et Saïf Mallek ont réussi en offrant aux
exportateurs québécois un accompagnement vers une unique destination
d’affaires, au surplus «exotique». Ceci a sûrement à voir avec la démonstration
de l’atteinte d’une certaine maturité de l’économie et du milieu
des gens d’affaires de la région. Ceci prouve assurément que les
efforts de diversification de l’économie de la région de la capitale
donnent des résultats. Ceci confirme surtout que la détermination, la
compétence et la débrouillardise conduisent encore à des succès en
affaires!
La
Tunisie, leur pays d’origine, aura été leur première et unique carte
de visite. Et avec succès. La liste des entreprises de la région de Québec
qu’ils ont accompagné dans la dernière année sur le marché tunisien
et ailleurs est déjà impressionnante: Amadeus International,
DMR Consulting Group Inc., Dolbec Logistics International,
Gespro, Entrepreneuriat Laval, MLemieux, Québec
Expérience et Royal Mat. Et la liste de leurs clients de
l’extérieur et de l’étranger n’est pas moindre: IrisScience,
Bayramlar Group, CATT, Cynex
Software, Nomvuyo Molefe Associates, SIL
Industriel, SOPAL, X-Vision et Walla Walla
Environmental
C’est
vrai que les jeunes entrepreneurs avaient mis une autre carte dans leur
manche: «Au départ, nous avons aussi eu comme stratégie de ne pas réclamer
de salaire avant les résultats. On a dit à nos premiers clients, on vous
facturera lorsque l’argent rentrera chez vous également...», raconte
Saïf, en laissant toute la paternité de cette idée audacieuse à son
partenaire Slim, qui tenait manifestement à ce que ce soit ainsi... et
qui a tenu son bout.
Ayant
lui-même fondé, en 1993, sa propre maison de commerce, SINBAD Négoce
International, en achetant d’abord du saumon, des couches et des
petits pots de nourriture pour bébé, des feuilles d’aluminium et des vêtements
de sport... tout cela parallèlement à la poursuite de ses études, Slim
Saïdani a eu le réflexe d’accumuler très tôt de l’expérience en
commerce international. En 1997, il se joint à l’entreprise d’André
Roberge et fils, le bureau de consultants à l’international ACCIE
(Agence canadienne de consultation pour l’investissement étranger) où
il accepte les responsabilités de vice-président Afrique et
Moyen-Orient. Il y prend encore de l’expérience, surtout dans des
dossiers de transfert de technologie, pendant deux ans, jusqu’à la création
de Nexus.
En
1999, une bonne étoile veut que son compatriote tunisien Saïf Mallek,
pour sa part tout juste finissant à l’Université Laval et aussi
changé de cours, utilise la banque de données du gouvernement du Canada
dédiée au commerce international, STRATÉGIS, à la recherche
d’un partenaire pour se lancer en affaires. Il y trouve les coordonnées
d’un certain Slim, aussi tunisien, qu’il ne connaît pas encore, mais
qui a comme lui l’avantage de se trouver à Québec. «C’est véritablement
comme ça que j’ai trouvé Slim, pour ensuite rapidement le convaincre
de lancer notre entreprise. Dès notre première rencontre, j’ai eu la
certitude que je venais de trouver la personne que je cherchais», raconte
Saïf Mallek.
Leur
idée de départ: fonder un bureau d’étude avec une valeur ajoutée,
c’est-à-dire offrir une division étude, complétée par une division démarches
et résultats. Et c’est ce qu’ils font à partir de mars 1999. En
choisissant aussi de se donner immédiatement pignon sur rue. En
choisissant aussi de ne pas piler sur les plates-bandes des autres
consultants à Québec.
«Nous
ne touchons pas aux marchés des États-Unis. Notre approche n’est pas
d’offrir ce qui l’est déjà par d’autres entreprises de la région.
Nous, nous offrons l’accompagnement vers les pays en développement.
C’est notre spécialité», explique Slim Saïdani, maintenant PDG de Groupe
Conseil Nexus Inc.
Le
duo a aussi fait le choix stratégique de se donner pignon sur rue sans
attendre, afin de donner confiance à sa clientèle. «Nous sommes là,
nous avons une adresse bien visible sur l’avenue Maguire, à Sillery, et
les gens savent que nous serons encore là le mois prochain. Nous ne
voulions pas être comme de nombreux consultants, qui travaillent dans le
sous-sol de leur maison», justifient-ils.
Ce
choix d’une adresse de prestige sur la principale artère de Sillery, au
1315, a d’ailleurs été possible principalement grâce à la compréhension
et à l’appui du propriétaire du bâtiment, qui a su être très
patient durant les cinq premiers mois du bail. Un beau geste de solidarité
en affaires qu’il ne regrette sûrement pas aujourd’hui!
C’est
ainsi que l’un, nouveau gradué d’un MBA en marketing international,
et l’autre, diplômé d’un baccalauréat en science appliquée en
consommation et d’une formation technique en commerce international du Collège
Bart de Québec, ont aujourd’hui la fierté de dire qu’en moins de
deux ans, ils ont réussi à bâtir leur propre entreprise avec la
certitude que la crédibilité est déjà un acquis.
«On
a deux fois refusé de faire une étude pour des clients, car après une
analyse sommaire, nous jugions que ça ne valait pas la peine», ne cache
pas monsieur Mallek, en montrant le haut professionnalisme qu’il
s’impose.
VOIR LA TUNISIE COMME UN
TREMPLIN VERS L’EUROPE
Leur
succès avec la Tunisie doit beaucoup au fait qu’il réussissent à
faire comprendre aux gens d’affaires québécois que la Tunisie est un
excellent tremplin vers le marché de l’Union européenne (UE). Comme le
Canada avec les États-Unis, la Tunisie profite énormément de son accord
de libre-échange avec l’UE, en vigueur depuis le 1er mars
1998.
La
Tunisie, avec son soleil prisé, n’est donc pas seulement la 1ère
destination touristique au sud de la Méditerranée. Elle est aussi le 1er
fournisseur des pays de l’Union européenne en pantalons de ville et le
5ième fournisseur en produits d’habillement. Et les deux
fondateurs de Groupe Conseil Nexus voient d’ailleurs une complémentarité
entre les économies tunisienne et québécoise: «Dans l’industrie du
textile, il y a un potentiel de maillage important... Mais ce n’est pas
tout. La Tunisie, c’est aussi un pays francophone», rappellent-ils,
avant d’énumérer formellement une liste d’avantages à considérer
la Tunisie comme porte d’entrée industrielle vers l’Europe:
1er
avantage:
prime de 20% - avec une autre subvention de 15% supplémentaire si on va
investir en zone éloignée - sur les investissements;
2ièm
avantage:
absence pour l’entreprise d’impôt et de taxe pour 10 ans;
3ièm
avantage: main-d’oeuvre
la plus compétente d’Afrique (avant celle de l’Afrique du Sud, selon
une étude publiée lors du Forum économique mondial de Davos, en 1998);
4ièm
avantage: charges
sociales pour les employés prisent en charge par l’État pour 5 ans;
5ièm
avantage:
subvention de 33% pour le fret maritime et de 50% pour le fret aérien
(des conditions exceptionnelles semble-t-il encore tolérées par l’Organisation
mondiale du commerce parce que la Tunisie a très peu de ressources
naturelles et qu’elle agit ainsi pour se donner un avantage
concurrentiel).
«Et
il ne faut que 43% d’apport dit tunisien pour que la marchandise puisse
entrer en Europe sans droit de douane», ajoutent encore les deux spécialistes
de ce pays.
Cette
impressionnante liste d’avantages a déjà convaincu quelques
entreprises de la région de Québec. Elles sont maintenant passées en
mode action vers la Tunisie. Royal.Mat, en Beauce, a par exemple un
projet d’usine, actuellement à la phase d’étude, pour produire des
panneaux d’isolation en caoutchouc recyclé pour le marché de l’UE.
Également dans le cadre des mécanismes du Programme de coopération
industrielle de l’ACDI, l’équipe de Nexus s’occupe
d’un autre projet de transfert de technologie impliquant SaniMétal,
qui en est à ces débuts dans ce dernier cas.
Encore
aujourd’hui, 80% de leurs affaires origine du commerce Tunisie-Canada.
«Nous avons également eu un mandat d’une firme tunisienne pour la
construction de deux chalutiers, selon un cahier de charges très précis.
Nous avons donc fait le tour du Québec, à la recherche du meilleur
chantier disponible, mais finalement c’est vers le Texas que nous avons
dirigé notre client», raconte Saïf Mallek. Mais leur carte de visite présente
aussi des réalisations ailleurs en Afrique, en Asie et en Amérique
latine.
LES AFFAIRES SONT AUSSI BONNES
EN AFRIQUE DU SUD, EN CHINE, À CUBA ET EN COTE D’IVOIRE
Ils
ont aussi à leur actif un troisième projet de transfert de technologie,
toujours dans le cadre des mécanismes du Programme de coopération
industrielle de l’ACDI, à Cuba, avec l’entreprise M. Lemieux inc.,
dans un projet de construction d’une usine de vis et écrous. Une
entreprise partenaire avec laquelle ils planifient même l’ouverture
conjointe d’un bureau permanent dans ce pays des Caraïbes.
Mais
Cuba n’est pas le seul exemple de leur capacité à couvrir le monde
entier: «Nous avons également réalisé un mandat d’établissement de
prix pour des boulons pour M. Lemieux inc., en Chine». Depuis, ils reçoivent
une commission sur chaque commande.
Nexus
fait aussi avancer les procédures pour se développer du côté de
l’Afrique, en Côte–d’Ivoire: «Nous sommes qualifiés pour le
programme FAMEX de la Banque mondiale, non seulement en
Tunisie, mais aussi pour la Côte-d’Ivoire. Et un des membres-experts de
notre équipe est d’ailleurs à Abidjan en permanence», poursuit Slim
Saïdani. Et ce mois-ci, en mai, il a prévu retourner en Afrique du Sud,
avec un client de Québec, pour finaliser une vente actuellement en négociation.
«Il
est donc possible qu’en 2001 seulement, nous finissions l’année avec
quatre bureaux: Québec, Cuba, Tunisie et Côte-d’Ivoire», avance avec
plein d’assurance le PDG, qui explique également vouloir développer le
créneau de la veille et celui de l’impartition. Bref à moyen terme,
ils ont la vision d’affaires d’une petite multinationale de la
consultation en commerce international!
Il
ne faut donc pas se surprendre que le nom qu’ils ont trouvé pour leur
entreprise, NEXUS, est un mot technique en informatique signifiant
«connexion».
Parlant
de «connexion», les deux fondateurs de Nexus rêvent aussi d’une «zone
franche», comme à Mirabel, mais cette fois quelque part dans la Beauce,
près de la frontière américaine. L’idée est lancée!
LE RÉSEAU
NEXUS
Actuellement,
outre les deux fondateurs, l’équipe de Nexus compte aussi quatre
autres professionnels: Jean Joncas, Vice Président,
Agroalimentaire, Emir Ghauzia, Directeur de Projets –
Associé, ainsi que Alla Séne Gueye et Joseph
Patrick Moulod, à titre de conseiller.
Cette
équipe en poste à Québec approfondit aussi son expertise à
partir d’un réseau international de partenaires actifs en
Allemagne, en France et au Moyen Orient (ÉAU et Syrie):
-
Phoenix
Group,
un regroupement d'entreprises actif sur le marché de la Syrie,
impliquant M. Tarek Nizameddine;
-
A-Z-Consulting,
une firme de consultation en management et en commerce
international en Allemagne, impliquant Mme Alexandra Zimmer;
-
Groupe
Al Mazroui,
des Émirats Arabes Unis, spécialisé dans le commerce
international dans plusieurs pays du Moyen Orient, impliquant
M. Abdelouahab Bouftass;
-
Agence
du Commerce International
(ACI), qui, en France, propose des services - opportunités
d'affaires, offres de partenariats, base de données
d'entreprises exportatrices, pack export, veille commerciale -
via un club de facilitation d'affaires permettant aux
entrepreneurs et aux décideurs francophones de se développer
sur de nouveaux marchés, impliquant M. Emmanuel Guillard.
|
www.groupe-nexus.qc.ca
|