L’écoterrorisme sort de l’ombre  

(CMQC) L’incarnation la plus vivante du terrorisme à saveur écologique en Amérique aura maintenant un visage. Et même plutôt quatre! La police a mis la main, en février, sur quatre individus accusés d’avoir incendié, l’an dernier, des bâtiments dont ils estimaient qu’ils endommageaient la nature. Il s’agirait d’une première pour les forces policières aux États-Unis contre ce qui est décrit pour être des opérations «écoterroristes».

Ironiquement, une des quatre personnes arrêtées est un fils de policier new-yorkais. Trois sont d’âge mineur et ils ont plaidé coupable. L’adulte est Connor Cash et il est maintenant inculpé d’incendie criminel, pour avoir déposé des bombes incendiaires dans des résidences luxueuses en construction dans les rares espaces encore vierges de Long Island, dans la région de New York. Ils auraient agi au nom d’un réseau ultra-secret et très efficace, très difficile à infiltrer, qui est connu sous l’appellation du «Front de libération de la Terre» (ELF). Les inculpés ont d’ailleurs reconnu avoir trouvé le mode d’emploi pour fabriquer des bombes incendiaires à retardement sur les sites Web de l’ELF.

Pourtant actifs depuis plusieurs années, c’est la première fois que des membres de l’ELF sont arrêtés. L’ELF est né dans les années 90 de la radicalisation de certains membres de la mouvance écologiste aux États-Unis. Il est actuellement classé parmi les groupes terroristes dans ce pays. L’ELF s’attaque surtout par le feu aux symboles de ce qu’il considère comme la destruction ou la colonisation de la nature. Les exploitations forestières, les station de ski, les maisons luxueuses dans les endroits reculés, les laboratoires de recherche et les récoltes transgéniques sont parmi ses cibles privilégiées.

40 M$ de dégâts
aux USA

Jusqu’à décembre dernier, l’ELF avait été plutôt actif dans le nord-ouest des États-Unis. Sur l’ensemble du pays, les incendies criminels reconnues comme étant sous la responsabilité de l’ELF ont causé à ce jour pour pas moins de 40 millions $ de dégâts. Chiffre vérifiable, car le mouvement a l’habitude de signer ses actes et de laisser près des lieux incendiés des graffitis indiquant «Si vous construisez, nous brûlerons»!

AU CANADA

Le mouvement ELF ne semble pas actif au Canada, mais des actes d’écoterrorismes ont déjà été perpétrés, surtout en Colombie-Britannique et en Alberta. Le Canada n’est donc pas à l’abri de l’écoterrorisme.

Sans être directement liée à cette problématique, une action récente du gouvernement du Canada pourra aussi avoir des conséquences sur la lutte aux opérations écoterroristes. Le gouvernement doit en effet déposer très prochainement, vraisemblablement en mars, un projet de loi devant permettre de priver de son statut d’organisation caritative tout groupe récoltant des fonds afin de subventionner des activités terroristes. Une initiative législative promise depuis plusieurs années.

Actuellement, le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) est déjà autorisé à fournir des informations en secret aux tribunaux dans l’intérêt de la sécurité nationale. Le projet de loi irait plus loin, permettant au SCRC d’informer aussi le Solliciteur général et le ministre du Revenu dans des cas qui pourraient par la suite conduire à priver un groupe de son statut d’organisation caritative si ses fonds avaient été destinés à des terroristes.

Le Canada est actuellement dans l’obligation d’adopter une loi en cette matière, car il a paraphé, l’an dernier, une entente des Nations Unies portant sur la suppression de toute forme de soutien financier au terrorisme.