Immigration La Rive-Sud de Québec se prend en main par Daniel Allard
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La
Chambre de commerce de la Rive-Sud de Québec (CCRSQ) veut relever
le défi de l’immigration. Passant de la parole à l’acte,
l’organisme vient de conclure une entente avec le gouvernement du Québec.
Le souper-conférence qu’elle organisait le 6 février dernier fut
l’occasion, pour le conférencier Sylvain Simard, alors ministre
des Relations avec les citoyens et de l’Immigration (MRCI), de
confirmer l’octroi d’une subvention de 50 800$ à la CCRSQ, provenant
du Fonds de développement de l’immigration en région (FDIR). Ce
financement pour un an est une première à plus d’un titre. La
CCRSQ devient la première chambre de commerce au Québec à signer une
telle entente avec le MRCI. Et il s’agit aussi d’une première
tentative de s’intéresser concrètement aux enjeux de l’immigration
pour la CCRSQ. Des premiers balbutiements qui imposeront à Karine
Verreault, la coordonnatrice du projet Immigration en poste depuis le
8 janvier, des objectifs modestes. Parce que tout est à faire dans cette
région. «Il y a aucune structure sur la Rive-Sud actuellement, le MRCI
n’a même pas de bureau régional, nous relevons de celui de Québec,
comme l’ensemble de l’Est du Québec en fait», explique-t-elle en
entrevue téléphonique, le jour même de la tenue de la première réunion
du comité qu’elle a mis sur pied. «Notre
objectif est de réussir 20 placements pour cette première année»,
poursuit Karine Verreault, qui vise prioritairement les travailleurs stratégiques
et les immigrants indépendants entrepreneurs ou investisseurs.
S’agit-il d’un objectif réaliste? Difficile d’en convenir. Les
chiffres actuellement disponibles sont trop globaux pour savoir ce qui en
ressort présentement de l’état de l’immigration spécifiquement sur
la rive sud de Québec. L’idée n’est de toute façon pas de se précipiter
pour faire venir inutilement des gens dans un milieu mal préparé pour
les accueillir.
Il
y a d’abord toute une structure de base à mettre en place pour voir à
la francisation des immigrants, à l’accueil des familles, etc. De plus,
elle compte initialement faire beaucoup de sensibilisation auprès des
entreprises. Il faudra aussi mettre sur pied une banque d’emplois.
L’intégration à l’emploi est la clé de voûte du succès en
immigration et la région n’a pas de banque d’emplois en la matière.
Mais la CCRSQ, qui compte quelque 900 membres sur le territoire qu’elle
couvre, soit celui des MRC Desjardins et Chutes-de-la-Chaudière,
a ici un potentiel évident. Le projet de la CCRSQ permettra également de
créer des réseaux au sein des milieux d’affaires de la Rive-Sud de Québec,
pour favoriser l’intégration des immigrants dans l‘ensemble de la région
Chaudière-Appalaches. Le
développement de la concertation et de la mobilisation sera même le fer
de lance du projet de régionalisation de l’immigration de la CCRSQ.
Atout important dès le départ, la région de Chaudière-Appalaches
compte parmi les taux de chômage les plus faibles au Québec. De plus,
elle bénéficie à la fois des possibilités liées à la proximité
d’un grand centre urbain, Québec, en plus de celles liées aux milieux
ruraux et semi-ruraux. UN
DÉFI AUDACIEUX POUR LE QUÉBEC Sylvain
Simard tient aussi à avoir les moyens de ses ambitions. Ministre à ce
poste depuis seulement le 12 octobre 2000, il a eu l’occasion de mettre
la touche finale au Plan triennal du ministère pour favoriser
l’immigration en région, rendu public fin octobre dernier. Tendance
lourde, plus de 90% des immigrants qui arrivent au Québec s’établissent
toujours dans la région de Montréal. D’ici trois ans, le ministère
veut que 25% des immigrants prennent plutôt la route des régions et vise
particulièrement à faire de la grande région de Québec le deuxième pôle
d’attraction en la matière dans la province. Depuis
plusieurs années, le Québec accueille entre 25 000 et 30 000 immigrants
par an. En 1999, ces nouveaux Québécois ont été 29 000. Signe
encourageant, en 2000 le Québec a accueilli 32 384 immigrants, soit 11%
de plus que l’année précédente. D’ici 2003, on vise à en
accueillir de 40 000 à 45 000 par année. On parle donc d’une
augmentation d’environ 50%. Pour atteindre l’objectif, Sylvain Simard
ne cache pas qu’il devra par exemple revoir la configuration du réseau
des bureaux et des ressources du Québec à l’étranger dédiés à
l’immigration. Outre les services d’immigration offerts dans les six délégations
du Québec à l’étranger, le gouvernement ne compte actuellement que
trois «Bureaux» spécifiquement ouverts à cette fin dans les villes de
Damas, en Syrie, de Vienne, en Autriche, et de Hong Kong, en Chine. «Un
redéploiement de nos ressources à l’étranger est effectivement en préparation»,
confirme le directeur de cabinet du ministre, Daniel Amar. En
l’an 2000, Si
le gouvernement atteint ses objectifs, il réussira d’ici trois ans à
diriger entre 10 000 et 12 000 immigrants (25%) par an dans les régions
du Québec plutôt que de les laisser se concentrer à Montréal. «Un
objectif audacieux, reconnaît le ministre, mais qui vaut la peine»,
enchaîne aussitôt celui qui présente lui-même l’immigration comme «le
carburant stratégique pour maintenir le rythme de la croissance et gravir
des échelons». LE
DÉFI DE LA RÉGIONALISATION De l’aveu même
du ministère, la régionalisation ne met pas les 17 régions que compte
le Québec toutes sur un même pied. En réalité, six régions sont
particulièrement ciblées, dont celle de la capitale, qui accueille
actuellement moins de 1 500 immigrants par an. Pour les trois prochaines
années, le plan du gouvernement prévoit qu’au total, 11 000 immigrants
s’installeront à Québec et dans l’Est, mais principalement dans la région
de la capitale. Ici, on parle donc de plus que doubler les chiffres
actuels. «S’il n’y a
pas de volonté d’une région, impossible de réussir le défi de
l’immigration», prévient le ministre. Comment le milieu peut-il aider?
En organisant des visites industrielles, en aidant à faire des missions
à l’étranger. Sylvain Simard a donné l’exemple des gens de la Cité
de l’optique à Québec: «Ils ont besoin de 900 spécialistes et ils
ont identifié les pays cibles. On va organiser avec eux une mission pour
aller les chercher.» «Rien n’est
plus valorisant pour une population que d’avoir réussi un processus
d’intégration. Cela montre sa maturité», a conclu le ministre Simard,
en invitant les gens d’affaires de la Rive-Sud de Québec à
s’associer à son ministère. Tableau 1 COMITÉ DES PARTENAIRES SUR LA RÉGIONALISATION DE L’IMMIGRATION DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE LA RIVE SUD DE QUÉBEC Serge
Belval, Centre local
de développement Chutes-de-la-Chaudière Suzanne
Doiron, Voyages en
liberté Richard
Forgues,
Caisse Populaire de Lauzon Louise
Gagnon, CLSC - Centre
de santé Paul-Gilbert André
Gingras, Cégep Lévis-Lauzon Virginie
Jolivet, Centre local
d’emploi de Lévis Rithoul
Om, Tan et Cie Micheline
Potvin, Ministère des
Relations avec les citoyens et de
l’Immigration Cheng
Tan, Tan et Cie Karine
Verreault, Chambre de
commerce de la Rive-Sud de Québec (Source:
CCRSQ, février 2001) |