Opinion |
La Société des Gens de Baignade ¨De l'audace, encore de l'audace, toujours
de l'audace¨ (G. Danton, Discours à la Convention de Paris, 1792) Il nous semble pour tout dire incroyable qu'en ce début du 21e siècle, une Ville - Capitale de surcroît - préconise la construction d'un édifice à bureaux et d'un hôtel sur le rivage même du plan d'eau urbain le plus accessible à sa population. Nous assumions - à tort - que c'en était terminé du bétonnage des rives urbaines au Québec. D'où la présente démarche auprès du Maire de Québec, pour laquelle nous sollicitons l'appui de tous. (Lettre jointe) Québec ville balnéaire 1608 - 2008 Par ailleurs, les membres de la Société
des Gens de Baignade vous sauront gré de bien vouloir prendre connaissance
du dossier: "Québec ville balnéaire 1608 - 2008". Nous
soumettons à la discussion publique un concept innovateur: la mise en place
progressive d'une station aquatique quatre-saisons, publique et polyvalente,
au cœur de la Capitale du Québec. Nous soumettons que la mise en valeur - dans une optique grand public - de l'actuel "bassin Louise intérieur" constitue un des grands projets à considérer à l'horizon de 2008, si l'on veut "Redonner le fleuve aux Québécois" quatre siècles après la fondation de la Ville par Samuel de Champlain. Québec, le 6 janvier 2001. Léonce NAUD, Président ------------------------------------------------ Québec, le 4 janvier 2001. Monsieur Jean-Paul L'ALLIER OBJET : remise en question de l'option
d'aménagement de la Ville de Québec en faveur de l'immobilier privé sur
le rivage du bassin Louise. Dans un rapport récent, la Ville de Québec affirme: "Pour des raisons d'accessibilité publique, il est essentiel que la construction d'un hôtel soit privilégiée à la tête du bassin Louise, et non d'un édifice à bureaux comme l'envisage l'Administration du Port de Québec." [ ! ] Cette affirmation nous paraît - à sa face même - invraisemblable. Elle figure pourtant dans un important rapport qui vient d'être soumis par votre Administration au gouvernement du Québec, dans le cadre d'audiences publiques tenues par la Commission de la Capitale nationale ayant pour thème: "Redonner le fleuve aux Québécois". Selon nous, la Ville de Québec défie le sens commun en prétendant que la construction d'un établissement hôtelier sur le rivage d'un plan d'eau urbain - occupant et privatisant un espace actuellement dégagé et public - favorisera de quelque façon que ce soit l'accès de la population au plan d'eau en question. Bien au contraire, un tel bâtiment et une telle fonction hôtelière à la tête du bassin Louise nous semblent avoir comme motif réel de servir de "verrou immobilier" afin d'empêcher que quiconque - même des pouvoirs publics - ne forme un jour le projet de démocratiser l'accès à ce grand lac urbain, présentement interdit d'accès à la population. Une volonté apparente de verrouiller pour des générations à venir l'utilisation privative actuelle du plan d'eau, en disposant pour cela de lourds bâtiments sur ses berges immédiates, nous semble également constituer le motif sous-jacent du zonage qui affecte un second espace riverain encore libre. Celui-là est situé lui aussi sur le rivage même du bassin, entre le Centre d'interprétation de Parcs-Canada et les condominiums "Les Quartiers de l'Académie". En effet, la Ville souhaite voir s'implanter à cet endroit…un édifice à bureaux ! La Ville planifie ainsi des édifices
massifs sur le littoral, lesquels empêcheront la population d'utiliser le
bassin, car on aura rendu impossible l'usage de ses rives. Malgré les
millions investis, la population héritera du seul droit de déambuler sur
un trottoir, la surface liquide lui demeurant à tout jamais inaccessible.
Rappelons ici que ce grand lac urbain - quoique propriété publique - reste
formellement interdit à l'immense majorité de la population, notamment
celle de revenus modestes des quartiers centraux de la ville. Un club privé
- exactement comme les anciens clubs privés de chasse et pêche - occupe ce
domaine public exceptionnel. La jouissance paisible de l'élément liquide
par une minorité est assurée par une force policière vigilante: on donne
la chasse à quiconque ose toucher à l'eau, même aux jeunes pêcheurs à
la ligne… Explications demandées 1) En premier lieu, nous demandons à savoir en quoi exactement la construction d'un hôtel sur le rivage présentement dégagé à la tête du bassin Louise améliorera l'accès public au plan d'eau. [Parenthèse. Nous n'ignorons pas que pour certains fonctionnaires de la Ville de Québec, des établissements hôteliers privés tels le Hilton, le Concorde ou encore le Château Frontenac équivalent à des espaces publics tels des parcs, vu qu'ils sont accessibles à toute la population. Il est en effet exact que n'importe qui peut aller se baigner dans la piscine en plein air de l'hôtel Hilton, même en février. Nous suggérons cependant que la Ville approfondisse ce concept en l'appliquant non plus seulement à la tête du bassin Louise, mais également à la plage de l'actuelle Base de plein air de Sainte-Foy, bientôt Base de plein air de Québec. En effet, si le concept d'hôtel-équipement-public convient au rivage du bassin Louise, mutatis mutandis, il devrait convenir tout aussi bien à l'espace gazonné ou ensablé qui jouxte le plan d'eau de l'actuelle Base de plein air de Sainte-Foy. Il sera toutefois prudent de solliciter l'avis des usagers de la Base quant à la présence éventuelle d'un hôtel sur le rivage de ce plan d'eau. Fin de la parenthèse. ] 2) En second lieu, nous demandons que la
Ville explique pourquoi, dans les plans joints au Rapport présenté au
Gouvernement du Québec, elle indique que l'espace à la tête du bassin
Louise ne fait pas partie des "Parcs ou espaces publics
existants". Cela est faux. Contrairement à ce que montrent les plans,
cette partie du rivage du plan d'eau est publique et appartient à tous les
Canadiens et à tous les Québécois. Elle sert de stationnement, usage
réversible s'il en est un. Rappelons ici que le gouvernement fédéral - formé alors par le parti Libéral du Canada - a déjà promis de garder libre, pour l'usage de la population en général, l'espace situé à la tête du bassin Louise ainsi que le tiers du bassin Louise intérieur (23 mars 1981). Quant à la Ville de Québec, son propre
Comité exécutif - sous votre Présidence - a confirmé sans équivoque la
vocation "d'espace vert" de la tête du bassin Louise, ceci dans
un Communiqué en date du 25 mai 1992: La Ville de Québec propose trois principes
directeurs Un espace vert à la tête du Bassin Louise "Concrètement, ces trois principes
directeurs amènent la Ville à confirmer les usages récréatifs actuels
sur les abords nord-ouest du Bassin Louise. En raison du point de vue
exceptionnel qu'elle offre sur la marina et sur la falaise, la tête du
bassin Louise est quant à elle réservée, conformément au zonage actuel,
à la fonction d'espace vert. Toutefois, la Ville y accepterait, pour une
période temporaire, l'aménagement d'espaces de stationnement… - Quant à
la possibilité d'y construire un ou des édifices à vocation
institutionnelle, évoquée dans la proposition soumise à la consultation
en décembre 1990 dans le cadre du plan d'action sur le quartier Saint-Roch,
elle n'apparaît pas opportune pour la Ville." (p. 2) Source: Richard
Lacasse 3) En troisième lieu, nous voulons être fixés sur le statut actuel des trois "Principes directeurs" énoncés par le Comité exécutif de la Ville le 25 mai 1992. La population a droit à des explications claires et précises, à savoir : de quelle façon la construction d'un hôtel sur le bord de l'actuel bassin Louise ainsi que l'occupation d'une autre partie du rivage de ce bassin par un édifice à bureaux vont-ils contribuer à redonner le fleuve aux Québécois, notamment aux résidants d'aujourd'hui et de demain des quartiers centraux de la Capitale. À ce propos, on aura intérêt à relire
l'éditorial de M. Gilbert Lavoie dans le journal LE SOLEIL du 20 juillet
1995: rien n'a changé depuis sa publication. "Redonner le fleuve aux Québécois" (Ministre Paul Bégin) Dans le cas du bassin Louise, il est peu probable que ce domaine public liquide, situé au cœur de la Capitale, reste indéfiniment interdit à la population ainsi qu'aux millions de touristes qui visitent Québec. Rappelons que le système de clubs privés de chasse et pêche installés sur des terres publiques a été aboli depuis plus de deux décennies par le gouvernement du Québec, et cela même en région. Alors, bétonner les privilèges d'un club privé nautique qui monopolise un lac public au centre-ville… Qui plus est, il faut désormais tenir compte d'une volonté gouvernementale québécoise de "Redonner le fleuve aux Québécois" (ministre Paul Bégin). Dans ce cadre, le bassin Louise - idéalement situé - revêt désormais un intérêt national et non plus seulement local, à l'instar des rives du fleuve Saint-Laurent où intervient déjà la Commission de la Capitale nationale. L'interdire au public signifie en exclure sept millions de Québécois, 23 millions de Canadiens, sans parler de millions de touristes: pas très indiqué pour le développement social et touristique de la Capitale… - C'est pourquoi nous acheminons aussi le présent courrier à M. Lucien Bouchard, Premier ministre, à Mme Agnès Maltais, députée de Taschereau, à M. Paul Bégin, ministre responsable de la Capitale, à Madame Louise Harel, ministre des Affaires municipales, à M. Maxime Arseneau, ministre du Tourisme et à Madame Christiane Gagnon, députée de Québec à Ottawa. Nous ajoutons à cette liste les ministres des Transports du Québec et du Canada, compte tenu que le bassin Louise intérieur appartient à la Couronne fédérale à titre d'équipement portuaire - aujourd'hui obsolète quant au chargement ou déchargement de marchandises ou de passagers. Il n'est plus utilisé que de façon tout à fait résiduelle pour des fonctions portuaires qui - elles - sont effectivement d'intérêt public. Dans l'attente d'une réponse à chaque
point abordé dans le présent courrier, nous demeurons, M. le Maire, vos
tout dévoués quant à l'accès populaire, public et gratuit aux rivages et
plans d'eau de la Capitale du Québec. Nos berges cadenassées par Gilbert Lavoie
Le fait que Léonce Naud s'intéresse à cette question depuis longtemps n'est pas étranger au fait qu'il ait vécu à Ottawa pendant quelques années. Il a pu y constater à quel point les planificateurs de la capitale nationale ont préservé des espaces pour le monde ordinaire autour de leurs points d'eau. Même Toronto pourrait nous faire la morale: grâce aux pressions de la population et de quelques élus, on a sauvegardé les berges des îles de la ville-reine pour le grand public. L'accès est gratuit. On ne peut en dire autant de Québec. À l'exception de la plage Jacques-Cartier et des battures de Beauport, toutes nos rives ont été sacrifiées au développement immobilier, aux routes et aux marinas privées. Nos gouvernements n'ont même pas eu la sagesse de préserver certaines portions des rives de nos lacs pour utilisation publique. Les lacs Beauport, Saint-Joseph, Sergent et Sept-Îles sont ceinturés de propriétés privées. Il y a une plage municipale au lac Saint-Joseph, mais la municipalité exige $ 7 dollars par jour pour la baignade et $ 22 dollars pour la mise à l'eau d'une embarcation. C'est un coût exorbitant. Sainte-Foy a fait des efforts louables en aménageant sa base de plein-air. C'est modeste comme opération, mais c'est tout de même une petite oasis dans une région où l'on a privilégié le béton et les autoroutes. On peut s'y baigner pour $ 3 dollars par jour, y faire du camping sauvage, louer des embarcations et même y taquiner la truite pour un prix fort abordable. Mais le tarif double si vous n'êtes pas un résident de la municipalité. Les lacunes de la région ne se limitent pas aux plages publiques. Les propriétaires de petites embarcations n'ont pas plus d'accès aux plans d'eau que les baigneurs. Sillery est la seule ville où l'on peut encore utiliser gratuitement une rampe publique pour la mise à l'eau des petites embarcations, mais l'administration municipale planifie actuellement la mise en place d'une grille tarifaire. Cap-Rouge exige $ 10 dollars de ses contribuables pour l'utilisation de sa rampe et $ 15 dollars des résidants des villes voisines. A Saint-Romuald, la marina privée exige $ 13 dollars pour l'utilisation de sa rampe qui n'est même pas pavée. Bref, Québec est peut-être la plus belle
ville au Canada, mais elle accuse un retard incroyable dans l'aménagement
de ses rives et de son port. On constate incidemment le même retard dans la
mise Si la nouvelle Commission de la Capitale nationale, que le gouvernement Parizeau s'apprête à mettre sur pied, veut véritablement se mettre au service du monde ordinaire, elle devrait peut-être consacrer moins de temps à l'architecture et nous redonner un peu de nos espaces verts et de nos plans d'eau. ___________________ Équipe : Stéphane BOUCHARD, Gérald
BOUCHER, Louis-H. CAMPAGNA, Marlyne CASEY, Léonce NAUD (Président), Richard TURCOTTE. |