Exemple à suivre pour l’aéroport?
4 millions $ de plus pour la promotion de Québec à l’étranger grâce à la taxe à 2$

par Daniel Allard

 

À compter d’avril 2001, les 400 hôteliers de la région de Québec factureront une nouvelle taxe de 2$ par nuit, par chambre, dans l’unique but d’amasser un Fonds de partenariat touristique qui atteindra 4 M$ par année et sera destiné au marketing de la région de Québec à l’étranger.

Après Montréal et Laval, la région de la capitale accepte donc cette stratégie et devient la troisième région du Québec à utiliser une telle taxe d’hébergement. Originale, cette solution est d’ailleurs très utilisée aux États-Unis, où pas moins de 350 agglomérations récoltent ainsi un trésor de guerre pour financer leur promotion.

La décision a été prise début décembre, par l’Office du tourisme et des congrès de la Communauté urbaine de Québec (OTC), après une longue consultation auprès de ses membres du secteur de l’hôtellerie. Il faut savoir que cette idée d’une taxe spéciale de 2$ n’avait pas la cote à Québec. Le projet avait été refusé en 1997 et à nouveau en 1998. L’actuel budget de plus de 8M$ de l’OTC ne suffit pas pour permettre à Québec de relever les défis de la concurrence en la matière. Depuis quatre ans, la région de Montréal a ainsi amassé 32M$ pour assurer sa propre promotion internationale.

Selon le projet annoncé, 60% de l’argent servira à la promotion et la publicité hors Québec afin de diversifier la clientèle touristique en visant les divers marchés américains, les marchés français et du Royaume-Uni et aussi les marchés de l’Asie et d’Amérique latine; 15% sera réservé pour la promotion faite à l’étranger par les promoteurs d’événements sportifs et culturels; enfin, 20% des 4M$ du nouveau Fonds de partenariat touristique seront réservés directement au marketing des hôtels, en solo ou en groupe.

UN OUTIL QUI NE RÈGLE PAS LE PROBLÈME DE L’AÉROPORT
La région de Québec aura bien beau attirer plus de touristes étrangers à la visiter, mais vaut-il la peine de diriger des millions de dollars en promotion sans apporter de solution plus proactive à la problématique de la desserte aérienne? Actuellement, vouloir se rendre à Québec n’équivaut pas souvent à pouvoir, pour ceux qui doivent prendre un avion et s’attendent à des correspondances efficaces. Les ténors de l’industrie touristique de la capitale s’entendent tous pour mettre en tête de liste l’amélioration de l’accès de la destination par avion. Si les efforts de promotion exerceront une pression à la hausse sur la demande auprès des compagnies aériennes, il est loin d’être assuré que la réponse viendra à temps. Ne faudrait-il pas utiliser la même formule auprès des clients de l’aéroport afin de constituer un autre fonds spécial qui permettrait de subventionner de nouvelles liaisons aériennes entre Québec et quelques aéroports étrangers stratégiques en Amérique et en Europe?

Devant cette suggestion, Claude Pinault, le pdg du Centre des congrès de Québec qui siège aussi depuis plus d’un an sur un comité précisément créé pour cette problématique du développement de nouvelles liaisons aériennes à Québec, répond que cette formule pourrait être une possibilité à retenir. “Utiliser une taxe d’aéroport pour subventionner de nouvelles liaisons aériennes? Est-ce que cela peut être une option à ce stade-ci? Est-ce réaliste? Je pense qu’il faut d’abord encore attendre le rapport de l’étude commandée par l’Office du tourisme et des congrès qui doit nous parvenir dans les prochaines semaines, mais effectivement c’est une possibilité. En soit, ce n’est pas bête, mais j’ai bien peur que cette solution à elle seule ne suffise pas. Je m’attends à des besoins financiers très importants et j’ai le sentiment qu’il nous faudra mettre en place un montage financier complexe”, explique-t-il en avouant aussi qu’il n’avait pas pensé à cette solution jusqu’ici.

Le comité en question, que dirige Pierre Labrie, le directeur de l’Office du tourisme et des congrès de la Communauté urbaine de Québec, doit recevoir le rapport final de l’étude d’analyse sur ce dossier quelque part durant le mois de février.