Le Programme solaire mondial par Daniel Allard
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«Le
Soleil au service de l’humanité» a
été le sujet d’un congrès international organisé par l’UNESCO
en 1973. La crise du pétrole de l’époque aura sans doute suscité une
telle initiative, autant qu’elle aura montré les limites qu’impose le
roi pétrole. Il faudra ensuite attendre exactement vingt ans pour que le Processus
solaire mondial soit initié, encore par l’UNESCO, en 1993. Sous
cette lancée, l’intérêt pour cette forme inépuisable d’énergie a
généré une suite continue d’initiatives au sein de la communauté
internationale. À
l’occasion du processus de préparation du Sommet solaire mondial,
tenu à Harare, au Zimbabwe, en septembre 1996, les chefs d’État et de
gouvernement de 17 pays ont décidé de donner une nouvelle impulsion au développement
et à l’utilisation des sources d’énergie renouvelables, tant dans
les pays en développement que dans les pays industrialisés, en créant
la Commission solaire mondiale. Constituée dès début 1995, cette
Commission était alors sous la présidence du président du Zimbabwe et réunissait
également les chefs d’État d’Afrique du Sud, Chine, Costa Rica,
Espagne, Géorgie, Indonésie, Pakistan, Sénégal, Tunisie, les chefs de
gouvernement d’Australie, Autriche, Inde, Israël, Jamaïque, Malaisie
et du président de l’Autorité palestinienne. Il n’y avait, évidemment,
pas de précédent dans le système des Nations unies d’un
programme scientifique ayant un organe directeur d’un tel niveau.
Depuis, cette commission offre une autorité et une orientation au plus
haut niveau au Programme solaire mondial 1996-2005 qu’elle a
approuvé en 1997. Ce
Programme solaire mondial (PSM) est une initiative majeure en matière de
développement durable, en partie parce qu’il comprend toutes les énergies
propres et renouvelables. En effet, le terme «solaire» est ici employé
au sens large et signifie toutes les énergies renouvelables
(thermosolaire, photovoltaïque, micro-hydrolique, géothermique, éolienne,
issu de la biomasse, des marées, des mers...). Visant à créer une stratégie
industrielle capable de satisfaire les besoins d’un marché estimé à
200 milliards $US en l’an 2005, le PSM présente un grand intérêt
autant pour les pays en développement que pour les pays industrialisés. L’un
des objectifs avoués du PSM est de développer un climat politique
favorable pour l’utilisation à grande échelle des énergies propres et
renouvelables, en démontrant notamment la viabilité économique et
l’acceptabilité sociale des projets. Plus concrètement, la mise en
place de deux ou trois projets d’énergie propre et renouvelable à
large échelle dans chaque pays comporterait un investissement de quelque
200 milliards $US d’ici l’an 2005. Or, aucun instrument de financement
n’est actuellement disponible pour satisfaire ces besoins.
«Si
le développement des «Énr» (Énergies renouvelables) a connu des
fortunes diverses dans les dernières décennies, c’est plus en raison
de conditions réglementaires, législatives, institutionnelles ou de
courte vue économique que de difficultés techniques», croit
d’ailleurs El Habib Benessahraoui, le directeur exécutif de l’Institut
de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF). Un
peu bizarrement, pourrait-on dire, c’est l’UNESCO qui a été à
l’origine de la préparation du Sommet solaire mondial, dans le cadre du
suivi de la Conférence de Rio, et le Sommet de Harare a décidé
que le Secrétariat de la Commission solaire mondiale ferait partie de la
Division des Sciences de l’ingénieur et de la Technologie de
l’UNESCO. Mais le PSM 1996-2005 ne doit pas pour autant être considéré
comme un programme de l’UNESCO: «...il est devenu un instrument au
service de la communauté internationale pour la promotion des sources
d’énergies renouvelables et la diffusion de la technologie nécessaire»,
soumet Luis G. Marques, consultant auprès de la Commission solaire
mondiale. «Pour
ma part, je vois cette initiative de l’UNESCO plutôt comme un geste
politique pour sensibiliser et éduquer les décideurs à travers le monde
à l’importance de cette forme d’énergie et à la direction qu’il
faut prendre», expose Sibi Bonfils, directeur adjoint de l‘IEPF. Présentement,
le PSM comprend cinq projets majeurs à l’échelle mondiale et quelque
500 projets nationaux. Ces cinq projets majeurs du PSM sont:
Depuis
l’approbation du PSM 1996-2005, la Commission solaire mondiale a déjà
été en mesure de mobiliser quelque 600 millions $US d’aide
internationale pour l’exécution de plus de 400 projets prioritaires
dans les pays en développement. Boris Berkovski agit à titre de
secrétaire général de la Commission solaire mondiale. Il est aussi le
directeur de la Division des Sciences de l’ingénieur et de la
Technologie de l’UNESCO. Les
enjeux entourant l’énergie solaire risquent d’ailleurs d’alimenter
les débats d’un rendez-vous important de l’année 2001. La Commission
du développement durable de l’ONU, créée à la suite de la Conférence
de Rio, consacrera sa 9e session, en avril 2001 à New York, à
examiner le thème de l’énergie. Des assises stratégiques auxquelles
l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie,
qui a son siège à Québec, ne manquera pas de participer, confirme aussi
Sibi Bonfils. |