1e édition Expo
TECH Chaudière-Appalaches par Daniel Allard
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Tout
juste située au sud de la capitale du Québec, la Beauce est une région
très fière de sa réputation de «mine d’or» de l’entrepreneuriat.
Une renommée qui la distingue même sur la scène internationale. Lorsqu’on
a l’occasion de scruter les dessous des succès économiques beaucerons,
on découvre aussi un impressionnant vivier de ressources consacrées à l’innovation
technologique. Bel
exemple, juste au sein d’une entreprise de Saint-Georges-de-Beauce, une
équipe est dotée d’un budget de R&D de 2 millions $ par année! L’équivalent
du chiffre d’affaires entier de biens des PME du Québec. À l’usine COMACT
St-Georges, 75% du chiffre d’affaires de 50M$ provient de produits
qui n’existaient pas il y a quatre ans. Spécialisée dans les
équipements pour les scieries, l’entreprise développe 2 à 3 nouveaux
produits par an. Pour
MAAX, qui possède son centre de recherche à Sainte-Marie-de-Beauce
depuis 1989, la règle, c’est de consacrer 1,5% du chiffre d’affaires
à la R&D. C’est-à-dire actuellement 7,5M$ avec des ventes qui
atteignent 500M$. Douze personnes travaillent à son labo de robotique,
mais l’ensemble du budget à la R&D est divisé entre ses trois
sites: un à Montréal, un aux USA et celui du siège social en Beauce. «ROMAXX,
le premier robot de l’entreprise, est arrivé en 1989. Pour mieux le
faire accepter des employés, nous avions organisé un concours afin de
lui trouver un nom», explique David
Poulin, v-p corporatif de l’entreprise familiale. Avec
COMACT et MAAX, Voilà
deux exemples de ce que la 1e édition d’Expo
TECH Chaudière-Appalaches aura permis de mettre en valeur. Cette
première journée à caractère «techno» se donnait pour mission de
sensibiliser les gens d’affaires à l’importance de l’innovation
technologique au sein des entreprises. Les témoignages de plus d’une
douzaine d’industriels étaient d’ailleurs le point fort de l’agenda
de l’évènement tenu le 27 septembre à Sainte-Marie-de-Beauce. Succès
de foule, pas moins de 365 personnes sont passées sous la tente annexe de
la salle Danube Bleu, lieu de l’activité,
dans laquelle se concentraient une vingtaine d’exposants provenant du
milieu de la recherche, de la finance et des services aux entreprises. Il
s’agissait de l’une des premières manifestations organisées par le Groupe
d’action pour l’avancement technologique et industriel de la région
de Québec-Chaudière-Appalaches (GATIQ Technorégion) avec ses
partenaires sur le territoire de la Beauce. Un succès qui a fait
souhaiter à plusieurs participants rencontrés sur place une répétition
d’Expo TECH dès l’an prochain. À suivre... Les
Beaucerons ont-ils été si nombreux à répondre à ce rendez-vous de l’innovation
technologique parce qu’elle leur fait défaut, ou plutôt parce que,
justement, ils en sont de friands utilisateurs? Les présentations de
cette journée du 27 septembre obligent à pencher en faveur de la
deuxième option. Une étude, réalisée en 1998 dans la région de
Chaudière-Appalaches par le professeur Réjean Landry de l’Université
Laval, révèle d’ailleurs qu’environ 70% des entreprises innovent
chaque année, même s‘il y a une méconnaissance générale des
organismes et des centres de recherches présents dans la région. Rotobec,
qui signifie «rotations du Québec», avait l’une des plus belles
histoires d’innovation technologique à raconter. Fondée en 1975, cette
entreprise qui compte aujourd’hui 250 employés est carrément née par
l’innovation technologique. On y développa un système de rotation à
360 degrés pour régler un problème de grappins forestiers. Avec un
chiffre d’affaires de 30 millions $ par année dont 40 à 45% à l’exportation,
Rotobec se mesure maintenant avec les géants de l’industrie. Sa vision
d’avenir: continuer de miser sur l’innovation pour gagner contre Caterpilar
et John Deer. Depuis un an, en plus de son département d’ingénierie
relié aux ventes, Rotobec compte aussi un deuxième département d’ingénierie
uniquement dédié au développement, afin de parvenir à véritablement
consacrer du temps de recherche en développement technologique. La
norme veut plutôt que le Québec vende ses matières premières aux
Américains, qui s’enrichissent à les transformer. Industrie
Maibec achète sa matière première, le bois, au Maine et le revend
transformé en bardeau de cèdre, principalement en Nouvelle-Angleterre,
depuis plusieurs décennies. En impliquant l’Institut
national d’optique (INO), situé à Québec, elle vient d’ailleurs
de bâtir une nouvelle usine en Outaouais, en opération depuis juin 2000,
qui n’a pas besoin de scieurs manuels, en plus de produire un meilleur
produit fini.
Tous
ces exemples de succès possèdent leur propre histoire, mais la présence
sur le territoire beauceron de plusieurs organismes spécialisés dédiés
à l’innovation technologique n’est probablement pas étrangère à la
formule gagnante de cette économie florissante:
Si
de promouvoir les avantages du virage technologique dans le milieu
industriel a fait un succès de foule en Beauce, le commanditaire du 5 à
7 de clôture de l’événement n’a pas oublié de mettre aussi en
évidence une priorité de plus en plus problématique pour les grands
exportateurs que sont les Beaucerons. Le cri d’alerte devant la pénurie
de main-d’oeuvre bilingue, de la part de l’homme d’affaires
fondateur de MAAX, Placide Poulin,
avait un petit quelque chose d’un discours de politicien à son
meilleur. Le message sera-t-il entendu? |