1e
nord-américaine Québec aura son Hôtel de Glace début janvier 2001 par Daniel Allard
|
Le
rêve, puis la persévérance de Jacques
Desbois vont, encore une fois, faire vivre à la région de Québec
une première en Amérique du Nord sur le thème de la neige et du froid.
Dans la foulée du 1e Sommet
mondial de la nordicité de 1999 et du 1e Jam
international des neiges de l’an 2000, le projet de l’Hôtel de Glace souhaite faire tourner à son avantage l’hiver
québécois en l’offrant comme un attrait sur le marché touristique
international. De moindre envergure, des centaines de milliers de dollars
ont tout de même dû être amassés avant de confirmer ce chantier hors
du commun, dont 103 000$ directement du Gouvernement
du Québec (50 000$ du ministère du Tourisme,
50 000$ du Bureau de la Capitale
nationale et 3 000$ du cabinet du vice-premier ministre Bernard
Landry) et 25 000$ de l’Office
du tourisme et des congrès de la Communauté urbaine de Québec, qui
seront puisés à même le Fonds
régional de promotion et de développement touristique. Le jour
même de l’annonce officielle du projet et de l’ouverture du site
Internet transactionnel de Hôtel
de Glace/Ice Hotel Québec-Canada Inc (www.icehotel-canada.com),
le 31 octobre dernier, les promoteurs assuraient déjà détenir 1 000
demandes de réservations d’un peu partout à travers le monde. Une
donnée rassurante, à soixante jours de l’ouverture prévue du complexe
hôtelier de 22 lits, six suites à thème unique, deux galeries d’art,
un bar de 300 places et un cinéma, qui verra le jour dès le 1e
janvier prochain, au Parc de la
Chute-Montmorency. Sur une superficie de 1 000 mètres carrés, le
site ne sera qu’à quelques dizaines de mètres derrière l’historique
Manoir Montmorency, qui servira de lieu de restauration. LA
SUÈDE SERT DE MODÈLE Le
nombre de 1 000 demandes de réservation n’est sûrement pas étranger
au fait que les hôtels de glace sont une denrée très rare sur le
marché du tourisme international. La Suède serait actuellement le seul
endroit dans le monde à offrir une telle aventure touristique. Le Icehotel
suédois attire chaque année plus de 30 000 visiteurs et génère un
chiffre d’affaires d’environ 3 millions $CAN. Il est situé à
Jukkasjärvi, une petite ville qui est à plus de sept heures de route de
la capitale de la Suède, Stockholm. À 200 km au nord du cercle polaire,
l’initiative de la Laponie suédoise, qui a vu le jour il y a plus de
dix ans, a enregistré quelque 6 000 nuitées en 98-99 et 35 000 visiteurs
de jour. Une entente pour le transfert de la technologie et du
savoir-faire lie d’ailleurs l’équipe du projet de Québec avec le
Icehotel. Et une deuxième touche suédoise viendra bien rappeler les
origines du projet, par la commandite exclusive de l’Hôtel de Glace de
Québec signée avec VODKA ABSOLUT. Ce
modèle, Jacques Desbois l’a donc découvert il y a près de cinq ans, d’abord
dans une revue consultée en 1996, avant de le visiter, une première
fois, en 1998: «J’ai alors découvert qu’il ne s’agissait pas de
construire un gros igloo, mais qu’il faut en fait bâtir une entreprise
touristique. Il y a le défi de construction et d’architecture, mais
aussi celui d’activités d’écotourisme complètes et intégrées...
Une image vaut 50 000 mots là-bas!»
«Depuis
quatre ans, nous nous sommes acharnés à attraper cette opportunité pour
la région de Québec», explique encore cet homme d’affaires actif dans
les activités de tourisme hivernal à Québec depuis plusieurs années.
Le réputé Carnaval de Québec,
la Fête des Neiges de Montréal,
le Musée de la Civilisation de
Québec font d’ailleurs partie des clients de La
Piste Desbois, l’entreprise d’écotourisme, mise sur pied en 1996
par Jacques Desbois, qui se spécialise dans l’offre de concepts
interactifs de «Village Igloos». Attirant la curiosité, le défi peu commun qu’il s’est donné a déjà généré plus de 125 reportages médias (journaux, magazines, radio et télévision) partout dans le monde depuis le printemps 2000. Il faut dire qu’il s’agit d’une expérience jamais tentée auparavant en Amérique, selon les promoteurs québécois.
Après
quatre années d’efforts, Jacques Desbois et ses deux associés, Francis Léonard, v-p communication/marketing et Yvon
Guérard, v-p finances, ont autour d’eux plusieurs commanditaires
qui ont accepté d’appuyer cette initiative originale: RONA
L’entrepôt, Seagram Canada
qui donnera le nom de ses produits Absolut Vodka au bar de l’hôtel, Chlorophyll H. tech et Informatique
COMTEL Télécommunications. RONA L’entrepôt, fournisseur officiel
des matériaux, ne cache pas son investissement total de 75 000$, dont le
tiers en argent. Mais
pour boucler un budget d’opération annuel de 800 000$, les trois hommes
d’affaires ont aussi fait appel à un partenaire financier d’importance.
Un investissement de 400 000$ provient du Fondaction
de la CSN. Créé en 1996 et doté d’un actif total de 150 millions
$, le fonds de développement de la CSN pour la coopération et l’emploi,
que préside Léopold Beaulieu, représente une forme d’assurance pour la
crédibilité financière du projet. Dans
les derniers mois, l’équipe de l’Hôtel de Glace a aussi pu compter
sur les services de Michel Mordret,
à titre de conseiller senior en tourisme. M. Mordret a une longue
carrière avec Air Transat derrière lui et travaille comme consultant depuis son
retour d’Europe. Il possède une très bonne réputation dans le milieu
de l’industrie touristique internationale. «Pour 2001, il s’agit d’un hôtel de démonstration. Et le site de la chute Montmorency se prête merveilleusement bien à cette opération de commercialisation que nous devons réussir cette année. Mais on n’attire pas des visiteurs de l’étranger avec seulement la possibilité de passer une nuitée sous la neige. Dès 2002, l’Hôtel de Glace sera donc localisé à la Station écotouristique de Duchesnay, qui sera en mesure de nous permettre d’offrir toute une gamme de sports d’hiver indispensable pour attirer une clientèle internationale», explique Michel Mordret.
À
environ une heure de voiture au nord du centre-ville de Québec, l’Hôtel
de Glace de l’hiver 2002 aura alors 70 lits, selon les plans. Un bar de
glace permanent pourrait également revoir le jour au Parc de la chute
Montmorency, s’il y a succès de foule cet hiver. Car les promoteurs ne
conçoivent pas recevoir uniquement des clients pour une nuit sur la glace
(à 150$ petit-déjeuner américain inclus). Ils inviteront toutes la
population à visiter le site, à utiliser le bar et le cinéma. Leur plan
d’affaires prévoit d’ailleurs 40 000 visiteurs qui auront la
curiosité de payer un prix moyen d’entrée de 12$ pour découvrir,
comme un musée, ce lieu très spécial. Troisième source de revenus, le
lieu pourra également être loué pour des mariages, un événement
spécial, un lancement de produit, etc... Évidemment,
on y boira de la vodka dans de véritables verres taillés dans la glace.
Tout ça jusqu’à la toute fin du mois de mars, promettent les
hôteliers de glace. L’utilisation, en 2001, du site de la magnifique
chute Montmorency aura aussi l’avantage de favoriser le
re-développement du potentiel hivernal de la chute, passablement oublié
comparativement aux années fastes du fameux «pain de sucre», qui
attirait des touristes amants de la glissade d’aussi loin que New York
au siècle dernier. 1000m2 DE GLACE ET DE NEIGE Le
contrat de construction de l’Hôtel de Glace Québec-Canada Inc., qui
créera pendant cinq semaines, dès la mi-novembre, un chantier de huit
personnes pour manipuler 1 000 blocs de glaces (250 tonnes) et aussi 4 500
tonnes de neige, a été confié à la firme d’architectes Émile
Gilbert et associés, à la société Thermeca
services de génie et à l’ingénieur Yves
Gilbert, tous de Québec. Avec
des plafonds dépassant cinq mètres de hauteur, la construction sera
imposante. D’ailleurs, des caméras Web seront installées pour
permettre aux internautes de suivre en direct la progression des travaux.
Et dès l’ouverture officielle, des ordinateurs installés dans le bar
permettront aux visiteurs de l’hôtel de partager leur expérience avec
le monde entier via Internet, histoire d’illustrer parfaitement le
mariage de la technologie et de la féerie. À 90 minutes de vol de New York ou de Toronto, à deux heures de route de Montréal, les promoteurs ne doutent pas une minute du succès de leur entreprise, déjà garanti pour les deux années à venir. Ce qui est à souhaiter, car dès l’an 2 de leur projet, ils ne profiteront plus d’aucune subvention. Si tout se déroule comme ils le souhaitent, ils ne s’arrêteront d’ailleurs pas là. L’équipe d’Hôtel de Glace Québec-Canada inc. projette déjà d’implanter un deuxième hôtel de glace dans l’ouest du continent américain au cours des prochaines années. |