ONU et mondialisation
Un nouveau rôle pour l’ONU?

 

(CMQC) Plus de cinquante ans après sa fondation, comment faut-il réformer l’ONU ? Dans le contexte de la préparation de l’Assemblée générale de septembre 2000, Maurice Strong, à titre de conseiller spécial pour la réforme des Nations Unies, avait reçu, au nom de Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, un exemplaire du nouveau livre Des États remaniés-Mondialisation, souveraineté et gouvernance, publié par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), une société d’État créée par le Parlement du Canada en 1970 afin d'aider les scientifiques et les collectivités des pays en développement à trouver des solutions à leurs problèmes économiques, sociaux et environnementaux au moyen de la recherche. C’était en mars dernier. La rédaction de ce document avait été commandée en 1999 par la United Nations Foundation et le Better World Fund, spécialement en prévision de l'Assemblée du millénaire de l'ONU de septembre 2000.

Préparer un document qui prétend passer en revue l’essentiel de ce qui ne tourne pas rond dans la gestion des affaires de la planète n’a rien de modeste. Ce projet a d’ailleurs été imaginé et commandé par des gens d’envergure : l’homme d’affaires, grand philanthrope et aussi président du conseil d’administration de la UN Foundation, Ted Turner, le canadien Maurice Strong et Tim Wirth, président de la Fondation.

L’initiative, déjà remarquable par le cheminement qui l’a fait naître, est également importante parce qu’elle a été confiée à deux auteurs de très grande réputation qui vont au cœur du sujet. Dans Des États remaniés, les auteurs, Gordon Smith et Moisés Naím, font des recommandations concrètes pour une meilleure gouvernance et une réforme des Nations Unies.

Gordon Smith est directeur du Centre for Global Studies de l'Université de Victoria et associé principal au Liu Centre for International Studies à l'Université de la Colombie-Britannique, au Canada. Il est président du Conseil des gouverneurs du CRDI de même que de l'Institut canadien d'études climatologiques; il dirige en outre le Programme canadien des changements à l'échelle du globe. Auparavant, M. Smith était sous-ministre des Affaires étrangères et représentant personnel du Premier ministre du Canada pour les sommets économiques. Il a également été ambassadeur du Canada à l'OTAN et sous-ministre du ministère d'État au Développement social. Il a fait ses études à l'Université McGill et il détient un doctorat du Massachusetts Institute of Technology.

Moisés Naím est rédacteur en chef du magazine Foreign Policy. Il a beaucoup écrit sur le commerce international et l'investissement, les organisations multilatérales, les réformes économiques et la mondialisation du point de vue économique. Il a à son actif huit ouvrages et un grand nombre d'articles dont il est l'auteur ou qui ont été publiés sous sa direction. M. Naím a été ministre du Commerce et de l'Industrie au Venezuela et a joué un rôle de premier plan dans l'instauration d'importantes réformes économiques en 1989. Avant d'être ministre, il a occupé les postes de professeur et de doyen à l'Instituto de Estudios Superiores de Administración à Caracas. De 1992 à 1996, il était directeur des projets sur les réformes économiques et sur l'Amérique latine à la Dotation Carnegie pour la paix internationale à Washington. Il a également été associé à la Banque mondiale, d'abord en tant que directeur administratif et, quelques années plus tard, à titre de conseiller principal au président. Il détient un doctorat et une maîtrise du Massachusetts Institute of Technology.

 

UN LIVRE QUI FERA MARQUE

«Il existe plusieurs livres qui décrivent les horreurs et les tragédies de notre monde et même certains en identifient les causes», a dit Maurice Strong. «Des États remaniés présente des solutions qui permettront aux nations, non seulement de composer avec les problèmes du nouveau millénaire, mais aussi de s’adapter et d’en venir à bout».

Les auteurs explorent la dynamique de la mondialisation et se penchent sur ce qui la distingue. Smith et Naím remettent en question la conception la plus répandue en ce qui a trait à la souveraineté et au pouvoir de l'État, et débusquent l'imposture. Ils s'interrogent sur la pertinence de la souveraineté : est-elle un obstacle ou un préalable à la sécurité et à la prospérité ? Et, sur trois tableaux critiques (la prévention des conflits meurtriers, la création de perspectives d'avenir pour les jeunes et la gestion des méfaits du changement climatique), ils proposent des plans d'action grâce auxquels les États, en collaboration avec les autres acteurs de la communauté mondiale, réussiront à tenir la barre.

Des États remaniés transmet un message d'espoir, mais non sans faire une mise en garde : la mondialisation ouvre toutes grandes les portes de la prospérité, de la sécurité et du bien-être, pour peu que l'on trouve de nouvelles façons de gérer les affaires mondiales. L’analyse montre aussi que les Nations Unies doivent diriger ce processus.              

Texte intégral de l’ouvrage en ligne à : http://www.idrc.ca/booktique/index_f.cfm